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vendredi 6 août 2021

Les démoniaques de Jean Rollin (1973) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Ouh là, me dis-je en tombant sur l'affiche de ce Démoniaques réalisé par le cinéaste français Jean Rollin en 1973. Ne serais-je pas tombé dans la période cochonne de l'auteur de Hard Penetration ou de Petites pensionnaires impudiques ? C'est que le film a l'air rudement chaud dis-donc. Du moins ses interprètes féminines ont-elles l'air de s'y désaper avec beaucoup de facilité... Comme nous l'explique une voix off en préambule, le récit s'articule autour de trois marins. ''Au siècle dernier (et vu que le film date de 1973, on parle là du dix-neuvième et non pas du vingtième siècle), des hommes sans foi ni loi qui attiraient les bateaux contre les rochers afin de piller les épaves...'' Sur un plan fixe montrant les restes brûlants de l'une de celles-ci, on a la nette impression que Jean Rollin a choisi d'investir un genre dont il n'est pas coutumier : le péplum. Mais à la manière des italiens, la musique de Pierre Raph renforçant ce sentiment. Puis avec un (mauvais) goût prononcé pour l'esthétique télévisuelle, il nous expose à travers des inserts les hommes en questions parmi lesquels, John Rico (Non, non, pas celui de Starship Trooper de Paul Verhoeven, faut quand même pas déc...) qui interprète le capitaine aux commandes des naufrageurs. Trois hommes, mais aussi une femme, Tina, maîtresse du capitaine interprétée par l'actrice Joëlle Cœur qui après avoir été mannequin de charme fit l'essentiel de sa carrière dans le cinéma érotique (Les Petites Saintes y touchent de Michel Lemoine en 1974, Les Lesbiennes de José Bénazéraf l'année suivante). Puis survient le générique. Et là, l'impression que Les Démoniaques sera un western plutôt qu'un péplum se précise, une évidence comme le souligne une fois encore la bande-son du compositeur français...


Sauf que... ben en fait, on a tout faux ! Nous somme même très loin de la vérité car à dire vrai, le long-métrage de Jean Rollin est de ces œuvres parfaitement inclassables. Ou presque... Avec leur look de pécheurs havrais, nos trois hommes ainsi que leur délicieuse et perverse ''accompagnatrice'' vont être les victimes de deux ''créatures'' féminines vengeresses. De celles qui, allez savoir pourquoi, acceptent mal l'idée de se faire violer au bord de l'océan par trois marins avant d'être laissées pour mortes. Interprétées par Lieva Lone et Patricia Hermenier, les deux jeunes femmes accoutrées comme deux adolescentes s'apprêtant à aller se coucher reviennent se venger de leurs agresseurs qui depuis se sont confortablement installés dans la taverne du coin pour y boire et surtout profiter des faveurs des filles aux mœurs légères qui y travaillent. Et l'on comprend mieux alors l'idée de cette affiche pleine de promesses qui laisse envisager l'idée que nous pourrions nous y rincer l’œil. Et de ce côté là, Jean Rollin et ses interprètes féminines nous régalent. Les jeux érotiques s'y multiplient en effet. Avec ou sans le consentement de ces dames d'ailleurs puisqu'il y en aura pour tous les goûts. À à bien y regarder, on a parfois l'impression que certaines d'entre elles ne sont pas vraiment acquises à la cause d'un scénario qui veut qu'elles se foutent à poil dès que la caméra tourne. Du péplum et du western ''espérés'' jusqu'au film de vampire, la distance que notre imaginaire doit parcourir est très petite. Car cette gargote dans laquelle vont s'enfermer nos trois vilains naufrageurs rappelle cette auberge dans laquelle un certain Comte Dracula réserva une chambre pour son hôte, le clerc de notaire Jonathan Harker, dans le célèbre roman fantastique de l'écrivain britannique Bram Stoker...


Mais non, là encore, nous faisons fausse route. Mais alors, peut-être est-ce du côté de l'expressionisme allemand qu'il faudra chercher ? Là, oui, un peu tout de même puisque Jean Rollin semble vouloir pousser certains de ses interprètes à davantage d'expression corporelle et faciale qu'à l'accoutumée. En témoigne par exemple l'acteur John Rico qui à certaines occasions nous remémore le fascinant Docteur Mabuse de Fritz Lang inspiré du roman de l'auteur luxembourgeois Norbert Jacques, Dr Mabuse, der Spieler. Et puis, tout part alors en sucette et Les Démoniaques se transforme en une sorte de pièce de théâtre à ciel ouvert ou chacun y va de sa prose. Et là, ça devient franchement barré. Déjà que la première partie pratiquement dénuée de tout dialogue nous avait préparé à un spectacle hors du commun, on n'imaginait tout de même pas croiser dans un seul et même film trois naufrageurs et la perverses maîtresse du capitaine, deux revenantes vengeresses, une nuée de prostituées travaillant dans une auberge, mais également une sorte de prêtre mystique (l'acteur Ben Zimet en robe de bure), le Diable en personne (Micha Zivomir Miletic) et même, oui, un clown, tout cela étant mélangé ensemble pour un résultat hautement improbable. Une œuvre aussi foisonnante qu'incompréhensible, poétique que ridicule, léthargique que sexuelle, dans des décors parfois saisissants comme cette imposante ruine de château. Tellement dingue, le concept peut autant fasciner que révulser, mettre en éveil que se révéler assommant. En tout cas, une œuvre vraiment pas comme les autres que seuls les fans de Jean Rollin risquent malheureusement d'intéresser...

 

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