Deux chums qui après
avoir fait une drave jasent à l'arrière d'un char sur ce qu'ils
auraient aimé entreprendre s'ils le monde n'avait pas viré au
cauchemar. L'un étrive l'autre qui ne se gêne pas d'en faire de
même à son tour. Puis l'un reste sur le carreau, tapon de Vézina
qui aurait mieux fait de se méfier, laissant désormais son chum à
sa solitude. Astheure, Bonin devrait peut-être penser à prendre la
route avant que les affamés ne remontent sa trace... Pas le temps de
se crosser ou de courailler une éventuelle guidoune qui aurait fait
une pause pipi sur le bord de la route. Seule compte ici, la survie !
Pas plus loin qu'à quelques kilomètres de là, Céline tente de
gazer son char quand une charrue pas vraiment chique, un peu matante
mais pas du genre guidoune ruine tous ses espoirs avant de l'inviter
à boire sous son porche. Des scènes d'un quotidien où atchoumer ou
bardasser peut vous faire perdre la vie ou capoter... au sens propre
comme au figuré...
Les affamés
de
Robin Aubert n'est certes pas mon premier film de zombies mais le
premier dont les origines sont le Québec à voir le jour sur
Cinémart.
Un mensonge en réalité puisque si l'on remonte le fil du temps,
furent évoqués La Petite Aurore, L'enfant
Martyre
de Jean-Yves Bigras, Hall
de Francesco Giannini ou Le Bonheur de Pierre
de Robert Ménard. Alors que doit sortir le 29 octobre prochain Brain
Freeze
du québécois Julien Knafo, il était sans doute intéressant de se
pencher sur Les affamés,
ce long-métrage qui quatre ans en arrière s'intéressait déjà au
sujet des zombies. Enfin, disons plutôt des infectés puisque
l'attitude des créatures en question ne laisse la place à aucune
forme d'ambiguïté. En effet, celles-ci semblent avoir un semblant
de réflexion et sont particulièrement véloces contrairement aux
morts-vivants tels qu'ils furent imaginés à l'origine et
(re)conceptualisés en 1968 par l'immense George Romero, devenant
ainsi anthropophages. Tout aussi difficile que puisse être
l'apprentissage de la langue québécoise qui à l'oreille du non
prophète pourra sembler argotique ou du moins familière, Les
affamés n'impose
pas vraiment à nos côtés le moindre dictionnaire. Les moins
aventureux auront tout de même sans doute le reflex de voir en
Netflix
une échappatoire salvatrice permettant de suivre les aventures de
Bonin, Tania, Pauline ou Céline dans un confort tout relatif puisque
différents choix de sous-titres y sont proposés, parmi lesquels le
français-canadien CC (CC (pour Closed Captioning) signifiant que le
film est également accessible aux sourds et malentendants). Après,
faut pas se voiler la face...
L'aventure
que nous propose Robin Aubert s'avère relativement plate, cumulant
plus que de raison les ventres mous auxquels s'ajoutent quelques
rares saillies sanglantes. Véritablement ennuyeux, il est cependant
envisageable de sursauter à une ou deux occasions, lorsque entrent
en interaction les Jump
Scares
et l'assoupissement du spectateur. Ou comment prendre un coup de
fouet en plongeant dans une eau à dix degrés après s'être endormi
sous un soleil de plomb durant des heures. Parsemé de quelques
plans majestueux, voire poétiques, comme cette brume d’où
s'extraie peu à peu un monticule constitué de centaines de chaises.
Lieu de culte pour des zombies véritablement en osmose. Que le
réalisateur ait choisi de n'en rien dire à ce sujet est une chose.
Qu'il soit peu ou prou inspiré par l'idée d'une allégorie sur la
société de consommation en est une autre. En n'éclairant jamais le
spectateur sur les enjeux du récit et de ses personnages, il laisse
son public sur le bord de la route avec cette vilaine idée en tête :
''quel peut donc
être l'intérêt d'un tel projet, où la seule chose qui surnage
sont les quelques blagues très ''Grosses Têtes'' que balancent
certains des protagonistes ?''.
Les interprètes font alors ce qu'ils peuvent pour retenir
l'attention des spectateurs contraint de suivre ce Walking
Dead sous calmants. Plus lent que ne le sont ses créatures, plutôt
bien réalisé mais ratant le coche du scénario bien construit, Les
affamés n'est
au fond pas vraiment une déception, juste un projet sincère mais
soporifique...
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