Produit par Alain Attal,
Comment je suis devenu super-héros n'est
très clairement et très officiellement pas une œuvre qui a
l'intention de marcher sur les plates-bandes du cinéma fantastique
outre-atlantique. On est loin des blockbusters américains produits à
la chaîne et à coups de centaines de millions de dollars puisque le
budget alloué au long-métrage de Douglas Attal (qui se trouve être
le fils du producteur) s'élève à 15 millions d'euros. Adapté du
roman éponyme écrit par le sociologue français Gérald Bronner, le
projet cinématographique de Comment je suis devenu
super-héros
est à l'origine né dans l'esprit de Douglas Attal en 2015 lors du
festival consacré à la pop culture et à l'imaginaire, le Comic
Con Paris.
Comme on le constate assez rapidement, le film ne s'inscrit pas dans
un univers fantastique jusqu’au-boutiste où le réel n'a plus
vraiment sa place comme c'est le cas dans le cinéma américain. Ici,
le contexte est volontairement réaliste, faisant des super-pouvoirs
des héros et des antagonistes un élément presque secondaire
servant tout d'abord une intrigue policière. Au regard de celle-ci
,menée par l'inspecteur Gary Moreau et sa nouvelle coéquipière
Cécile Schaltzmann, et débarrassée de son habillage fantastique,
Comment je suis devenu super-héros
est relativement classique. Nous sommes loin en effet de l'enquête
policière labyrinthique qui habille souvent les cinémas américains
ou scandinaves. On est même très loin de l'univers du pourtant...
très proche Olivier Marchal, ancien flic reconverti dans l'écriture
et la réalisation de longs-métrages...
Les
films de supers-héros français sont rares. C'est pourquoi il faut
les prendre pour ce qu'ils sont et non pas ce que l'on pourrait
attendre d'eux. Pourtant, si Comment je suis
devenu super-héros
pouvait être attendu comme le nouveau messie sept ans après
l'excellent Vincent n'a pas d'écailles
de Thomas Salvadore, sans être tout à fait décevant, le film est
au dans le fond, d'un classicisme déconcertant. Comme si allait
débarquer à l'image le fantôme du commissaire Navarro
qu'interpréta l'acteur Roger Hanin durant plus de quinze ans. Non
pas que le long-métrage de Douglas Attal soit ennuyeux mais ses
enjeux narratifs n'ont malheureusement rien d'exceptionnels. À poil,
sans le moindre effet-spécial et dénué de tout aspect fantastique,
le film n'en serait que plus anodin. Principalement interprété par
Pio Marmai et Vimala Pons, le duo ne vaut pas celui qu'incarna le
premier avec l'actrice Audrey Tautou dans le poétique et parfois
absurde En liberté !
de Pierre Salvadori en 2018. Vimala Pons/Cécile Schaltzmann y est
arrogante et donc, peu attachante. Presque un antagoniste au fond,
face à un Pio Marmai/Gary Moreau addict aux bonbons qui
heureusement, se montre aussi indifférent que sa nouvelle collègue
peut être insolente. Aux côtés du duo, l'actrice Leïla Bekhti,
qui après avoir été coach sportive dans Le
grand bain
de Gilles Lellouche trois ans auparavant se retrouve une fois de plus
à gérer une équipe sportive. Sauf qu'elle y tient également le
rôle de l'ancienne super-héroïne Callista qui forma par le passé
aux côtés de Monté Carlo et Gigaman, l'équipe du Pack
Royal,
un trio de supers-héros qui s'est dissout à la mort de l'un d'entre
eux (Gigaman, qu’interprète Clovis Cornillac)...
Monté
Carlo, justement, qu'incarne l'acteur belge Benoît Poelvoorde dont
la présence à elle seule renforce l'intérêt du film. Pourtant peu
présent à l'écran, on oscille entre rire et émotion grâce à la
présence du plus français des comiques belges. Notamment lorsqu'on
le voit utiliser ses pouvoirs de façon désordonnée ou lorsqu'il
tente de cacher son émotion en toute fin de métrage. Discrets mais
redondants, les effets-spéciaux sont tout juste efficaces et ne font
que servir la cause du récit. Images de synthèse sont couplées à
des costumes tout de tissus composés, rapprochant ainsi davantage le
film de Douglas Attal de certaines productions signées du japonais
Takashi Miike (Zebraman 1 &
2)
que des blockbusters américains. Accompagné par la musique parfois
épique de Nino Vella et Adrien Prévost, Comment
je suis devenu super-héros
est l'histoire simple d'un duo de flics enquêtant sur une série
d'actes criminels reliés à la vente d'une substance permettant
d'acquérir des supers pouvoirs. Dans le rôle du grand méchant loup
prénommé Naja, nous retrouvons l'excellent Swann Arlaud. Un film
sympathique, sans plus...
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