Réalisé en 1984 par
Glen Coburn, Bloodsuckers From Outer Space
est sans doute parmi les plus remarquables séries Z de toute
l'histoire du cinéma. De ces OFNI que tout amateur de nanars se doit
d'avoir vu au moins une fois dans son existence. Car il faut dire que
le réalisateur dont il s'agissait là du tout premier long-métrage
(une carrière qu'il poursuivra avec Tabloid
en 1989 et Hollywood Deadbeat six
ans plus tard) a fait très fort. Plutôt que de nous proposer un
produit totalement indigeste, c'est en jouant de ses défauts que le
film tire toute sa puissance. Tourné au Texas dans ce qui semble
être le trou du cul du monde, Bloodsuckers From
Outer Space semble
avoir été incarné par les habitants d'un patelin paumé de
l'Amérique. Des rednecks sans une once de talent peu aidés par des
dialogues absolument délirants et une direction d'acteurs
anarchique. Inutile d'espérer y retrouver une quelconque star du
cinéma américain. Ni même le plus petit second rôle vu dans
d'autres circonstances. Ici, la plupart des interprètes n'ont pas
poursuivi plus loin leur carrière d'acteur. Parmi eux, il en demeure
quelques-uns qui ont tourné ensuite dans le second long-métrage de
Glen Coburn, et même un, allez, qui traîna tout de même ses
guêtres sur les plateaux de plusieurs séries télévisées (La
Croisière s'Amuse
et L'Île Fantastique)
et de l'excellent Ça va Cogner de
Buddy Van Horn avec le grand Clint Eastwood...
Ici,
les personnages ne brillent pas par leur intelligence. À commencer
par les rednecks en question. Mais s'il n'y avait qu'eux. Déjà que
parmi les autorités, la police fait figure de vitrine dans le
domaine d'une éventuelle consanguinité parmi ses représentants,
l'armée et la science n'en mènent pas large non plus et tendent à
confirmer que quelque par, l'humanité à déjà intellectuellement
régressé dans tous les domaines. À titre d'exemple, et même si
pour vous l'expérience s'avère trop insupportable pour être vécue
jusqu'à son terme, il vous faudra quand même résister jusqu'à
cette fameuse séquence réunissant autour d'une table, des
''sommités'' en matière de recherche opposées à deux
''brillants'' représentants des forces militaires américaines. Ou
comment démontrer que la survie de l'espèce humaine ne peut être
confiée à des hommes en blouse blanche ou en uniforme. Nous sommes
ici en présence non pas d'un pur film d'horreur mais plutôt d'une
comédie noire et horrifique qui fera trembler les murs de votre
espace de confort à force de répercuter les nombreux rires que vous
ne pourrez vous empêcher d’émettre...
Car
comment réagir autrement que par le rire devant cette accumulation
de scènes ressemblant davantage à une succession de sketchs
humoristiques ? Les acteurs sont mauvais ? Et bien
profitons de l'occasion pour sublimer leur absence de talent en
accentuant le pittoresque des situations comme semble l'avoir bien
réfléchi le réalisateur. Tour commence alors que Glen Coburn
''teste'' sa caméra en filmant des fermiers dans leur quotidien.
C'est alors que survient un vent étrange venu de l'espace, un champ
d'énergie dont les effets seront expliqués un peu plus tard par un
''spécialiste de
la structure moléculaire relative''
complètement à la ramasse. Toujours est-il qu'un fermier est la
première victime de ce qui s'apparentera à une véritable épidémie
transformant les habitants du coin en zombies/vampires buveurs de
sang. Des êtres blafards (justifiant sans doute l'écoulement d'un
important stock de fond de teint dont ne savait probablement que
faire le réalisateur) déambulant à la recherche de nouvelles
victimes. Un sous produit mêlant sans le moindre scrupule film de
zombies, de vampires, et invasion extraterrestre façon ''Body
Snatchers''.
C'est laid, mal joué, mal dirigé, et pourtant,
Bloodsuckers From Outer Space possède
un atout majeur, surtout pour le public français ; son
doublage !
Car
dans le genre, on a rarement vu des doubleurs saper aussi
consciencieusement leur travail. C'est à se demander quel degré
d'alcool ils avaient tous dans le sang au moment de synchroniser leur
voix avec les images car le résultat à l'écran ne se fait pas
longtemps attendre : inimaginable dans un contexte classique,
ils redorent le blason d'un Bloodsuckers From
Outer Space
qui sans cet ''artifice'' serait sans doute rapidement tombé dans
l'oubli. Sauf qu'en l'état, l’œuvre de Glen Coburn devient pour
le coup, cultissime. Si la direction d'acteurs laissait déjà
présager d'un goût prononcé pour le cynisme de la part de Glen
Coburn, le doublage effectué par les doubleurs (qui méritent tous
un Oscar pour leur contribution) renforce le sentiment que l'on est
davantage face à une comédie potache qu'à un film de
science-fiction/ horreur se voulant véritablement sérieux. Une fois
le concept digéré, le spectacle est absolument réjouissant.
Quelque part, Bloodsuckers From Outer Space
peut être considéré comme l'ancêtre involontaire de l'émission
culte Message à Caractère Informatif
créée par le duo Nicolas et Bruno à la fin des années
quatre-vingt dix...
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