Auteurs de Body
en 2015 et de The Stakelander
l'année suivante, les scénaristes et réalisateurs Robert Olsen et
Dan Berk revenaient en 2019 avec leur troisième long-métrage en
commun. Le bien nommé Villains
qui dans la bienveillance et la naïveté de son titre que l'on peut
traduire chez nous sous celui de Méchants
résume finalement assez bien le concept de ce huis-clos
comico-horrifique qui sous ses dehors de redite dans le domaine du
home invasion dont les codes sont inversés s'avère remarquablement
interprété par son quatuor d'acteurs : Bill Skarsgård, Maika
Monroe, Kyra Sedgwick et Jeffrey Donovan y font effectivement
sensation. Les deux premiers forment un jeune couple plein
d'enthousiasme (et le nez plein de poudre) qui après avoir braqué
une petite épicerie de campagne prend la fuite à bord de leur
voiture. Oui mais voilà, le véhicule de Mickey et de sa petite amie
Jules tombe en panne dans un trou paumé des États-Unis d'Amérique.
Un coin où le rêve américain peut parfois prendre une drôle
d'allure. Comme le démontreront si fièrement George et Gloria, un
couple dans la cinquantaine bien tassée vivant dans une très belle
demeure dont la décoration laisse supposer que le temps s'y est
arrêté au beau milieu des années soixante.
À
grands renforts de bibelots, de mobilier rustique et d'un vieux
tourne-disque qui dispense une vieillissante mais non moins anxiogène
musique du fond des âges, Robert Olsen et Dan Berk installent donc
une ambiance qui se veut immédiatement trouble. Face à ce touchant
mais néanmoins criminel duo qu'interprètent avec fraîcheur Bill
Skarsgård (qui interpréta tout récemment l'inquiétant Pennywise
du diptyque Ça
de Andy Muschietti en 2017 et 2019) et Maika Monroe, les
réalisateurs leurs opposent une Kyra Sedgwick et un Jeffrey Donovan
carrément flippants. De ces individus trop propres et polis sur eux
pour être véritablement honnêtes. L'antithèse des consanguins de
Wrong Turn
pourtant reliés à ce même esprit de famille ou de couple et cette
même folie qui régie leur existence.
Entre
humour très, très noir et thriller domestique, Villains
constitue
l'une des meilleures alternatives à cette vague sans cesse
grandissante de films d'épouvante opposant un nombre plus ou moins
important d'individus à des familles de tarés, les premiers étant
irrémédiablement attirés tels des aimants vers la demeure des
seconds. Un foyer qui cache un lourd secret. Maîtrisant la bête de
bout en bout, Robert Olsen et Dan Berk parviennent à maintenir un
rythme relativement soutenu même si le scénario ne fait en réalité
que tourner en rond. Quelques détails croustillants relèvent fort
heureusement l'intérêt aux moments opportuns et ce qui n'a l'air au
début qu'une petite comédie mâtinée d'une touche d'épouvante
n'est rien moins qu'éprouvant à certaines occasions. Les deux
réalisateurs se permettent même une petite pointe d'émotion
lorsque le plus grand défit de Mickey se présente enfin à lui.
Enfin débarrassé de son sinistre ''masque'' de Pennywise, Bill
Skarsgård se révèle réellement épatant. Sa compagne à l'écran
n'a pas cette même chance car même talentueuse, son personnage
s'avère déjà plus classique à entreprendre. Restent enfin Kyra
Sedgwick et Jeffrey Donovan qui incarnent ce couple de tarés à la
mesure d'Everett McGill et Wendy Robie dans The People
Under The Stairs de
Wes Craven. Sinistres et parfaitement représentatifs d'un certain
rejet du ''progressisme'', ces deux monstres parfois touchants
marquent par le décalage qu'ils entretiennent par rapport au monde
extérieur. Villains s'avère
au final une excellente surprise...
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