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dimanche 5 janvier 2020

Le Daim de Quentin Dupieux (2019) - ★★★★★★★★☆☆



De manière irrégulière et depuis presque vingt ans, le cinéaste et musicien Quentin Dupieux (Mr Oizo, c'est lui !) réalise des longs-métrages qui divisent souvent la presse et le public même si une grande partie d'entre eux lui reconnaissent un réel talent. Génie de l'absurde ou provocateur se fichant éperdument de son public (tels certains spectateurs pourraient le concevoir), l'auteur des cultissimes Rubber en 2010, Wrong en 2012 ou Réalité en 2014 se fendait en 2018 d'un Au Poste ! toujours aussi absurde, auquel il faudra tout de même remarquer une certaine tendance à la flemmardise. Même si l'on y retrouve les ingrédients du cinéma délirant de Quentin Dupieux, l’œuvre s’avère rétrospectivement un brin ennuyeuse. Ce qui n'est fort heureusement pas le cas de son dernier effort. Le bien nommé Le Daim. Unique cas de tueur en série dans l'histoire de la criminologie mondiale où l'assassin tue parce que son blouson 100% en daim exige de son propriétaire qu'ils débarrasse la ''concurrence'' des blousons qu'elle porte sur les épaules. Le Daim est l'histoire décidément peu commune d'un homme psychologiquement instable fasciné par son blouson en daim et celle d'une rencontre entre ce vidéaste amateur mythomane et une jeune serveuse de bar rêvant d'être monteuse pour le cinéma...

Avec Le Daim, Quentin Dupieux réalise sans doute son œuvre la plus accessible. Du moins, la plus linéaire et compréhensible pour le néophyte qui voudrait se lancer dans l'imaginaire très particulier de ce cinéaste hors-norme. Derrière son décor de montagnes austère et sa poignée de personnages secondaires pour le moins intrigants (la pute, le propriétaire de l'hôtel, etc...) Quentin Dupieux offre sa vision toute personnel du tueur en série, ce mythe qui dans le cas présent est campé par un Jean Dujardin en mode sociopathe, schizophrène, mythomane et paranoïaque. Si les rires du spectateur demeurent discrets, c'est parce qu'un certain malaise s'y octroie une place importante dans ce long-métrage qui n'excède pas les soixante-dix sept minutes mais sur lequel souffle un vent de solitude relativement décourageant. Avec ses teintes automnales, ses personnages auxquels le spectateur aura du mal à s'identifier et son petit air musical obsédant (The Long Wait, composé par Mort Stevens et His Orch) emprunté à la série télévisée américaine Hawaii 5-0, Le Daim est parfois aussi inconfortable que certaines thématiques abordées dans Steak, le premier long-métrage de Quentin Dupieux et dans lequel évoluait un Ramzy Bedia/Georges désireux de rejoindre un groupe d'adolescents connus sous le sobriquet de ''Chivers''.

Pour autant, le dernier long-métrage de Quentin Dupieux n'est pas dénué de cet humour si particulier qui accompagne généralement son œuvre. On reste souvent circonspect devant certaines situations (surtout si l'on n'est pas familier avec son univers) qui dans le cas présent trouve un terrain d'entente avec les sinistres agissements de son héros qu'incarne avec une troublante véracité le formidable Jean Dujardin. Simple dans sa conception et adapté d'un scénario qui ne l'est pas moins, Le Daim tire une grande partie de sa force dans son approche décalée s'éloignant des canons du genre. Neuf ans après Rubber, Quentin Dupieux qui s'avère de plus en plus productif (trois films en trois ans puisque son nouveau projet Mandibules devrait voir le jour en 2020) se réapproprie à nouveau les codes du ''Serial Killer Film'' pour le broyer, l'ingurgiter, le digérer à sa manière si personnelle avant de signer l'un de ses meilleurs longs-métrages...

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