Dix-septième siècle.
Dans un petit village de la campagne autrichienne, l'inquisiteur
Albino fait régner la terreur en décidant de la vie et de la mort
de ses villageois, qui méritant de vivre, qui devant finir sur le
bûcher pour sorcellerie. Imbu de son pouvoir, il inquiète, menace,
terrorise et fait exécuter quiconque refuse de se plier à ses
exigences. Mais lorsqu'il décide de s'en prendre à l’honorable
Vanessa Benedikt, les choses prennent une tournure différente. En
effet, le jeune comte Christian von Meruh, proche de l'inquisiteur
Cumberland qui vient d'arriver en ville afin d'instaurer l'ordre,
est bien décidé à défendre la jeune femme qui après avoir réussi
à échapper à une tentative de viol de la part d'Albino, se voit
désormais accusée de sorcellerie. Malheureusement pour la jeune
femme et son protecteur, celui qui semblait honnêtement représenter
les plus hautes instances religieuses va bientôt se laisser lui-même
glisser vers une certaine dérive mettant en péril l'existence des
villageois condamnés pour sorcellerie et de celle du couple
d'amoureux...
Réputé pour sa grande
violence graphique, Hexen bis aufs Blut Gequält
(sorti chez nous sous le titre La Marque du
Diable)
ne semble pas avoir usurpé sa réputation. D'origine allemande, ce
long-métrage signé en 1970 par le britannique Michael Armstrong et
notamment interprété par l'acteur tchèque Herbert Lom, l'actrice
serbo-yougoslave Olivera Katarina, l'autrichien Reggie Nalder et
l'allemand Udo Kier est un condensé de tortures, de sévices
corporels, de viols et de sadisme comme rarement le septième art en
aura étalé au moment de sa sortie en salle. L'époque, les lieux et
le sujet sont donc propices à une accumulation de séquences
horrifiques des plus gratinées : supplice du chevalet, de la
goutte d'eau, doigt coupés, écrasés, membres étirés, langue
arrachée, plante des pieds brûlées au fer rouge, viols et bien
entendu, exécutions sur la place publique, les villageois se
repaissant de voir sorcières et supposés possédés finir brûlés
vifs. Plus encore que le sang versé, que les cris de douleur, le
plaisir que prennent certains personnages accentue l'aspect malsain
et inconfortable que revêtent de tels traitements. Reggie Nalder,
que l'on a pu notamment voir chez Alfred Hitchcock (L'Homme
qui en Savait Trop,
en 1956) ou chez Dario Argento (L'Oiseau au
Plumage de Cristal,
en 1970) incarne un Albino monstrueux. D'une morale plus que
douteuse, le visage émacié, anguleux et inquiétant, dans son rôle
d'inquisiteur il incarne en fait à lui seul le Mal personnifié...
Son
apparence contraste étonnamment avec celle de l'allemand Udo Kier,
célèbre pour avoir joué dans le diptyque de Paul Morrissey Chair
pour Frankenstein/Du
Sang pour Dracula
en 1973 et 1974, et dont la grande beauté androgyne demeure ici
saisissante. On retiendra également celle des actrices Olivera
Katarina dans le rôle de Vanessa Benedikt et de la superbe actrice
allemande Ingeborg Schöner qui interprète l'épouse d'un noble.
Alors que le film de Michael Armstrong connaît une traduction
étrange dans notre langue, il est intéressant de remarquer que
cette marque du Diable qu'évoque le titre français fait référence
aux stigmates censés apparaître sur le corps des supposées
sorcières, notamment représentés dans le film à travers le grain
de beauté que porte Vanessa sur la joue droite. Témoin d'une époque
trouble habitée dans le cas présent par des villageois incultes et
demeurés, par une justice expéditive et par des actes sanguinaires
justifiés par la foi, Hexen bis aufs Blut
Gequält
est un classique de l'horreur et de l'épouvante qui connut chez
nous une distribution au format VHS en 1982 dans la prestigieuse
collection Les
classiques de l'horreur et de l'épouvante
de René Château, rejoignant ainsi pour l'éternité de grands noms,
tels Massacre à la Tronçonneuse
de Tobe Hooper, Maniac
de William Lustig, ou encore Zombie
de George Romero...
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