Josiane Balasko dans un
long-métrage signé Guillaume Nicloux ? Après Anémone,
Jean-Pierre Darroussin, Thierry Lhermitte et avant Monica Bellucci,
Guillaume Canet, Isabelle Huppert ou Gérard Depardieu pourquoi pas ?
D'autant
plus que l'actrice plus souvent habituée des comédies nous offre
ici une interprétation à contre-emploi magistrale. Cette
Femme-là est
le deuxième volet d'une trilogie policière débutée par Guillaume
Nicloux un an auparavant en 2002 avec Une Affaire
Privée
et conclue en 2007 avec La Clé.
Difficile d'affirmer que Cette Femme-là
est le meilleur d'entre tous, mais une chose est certaine : le
cinquième film du réalisateur français, également auteur du
scénario est de ces longs-métrages qui laissent une entaille
profonde dans l'inconscient des spectateurs qui s'en référeront
forcément chaque fois qu'ils seront par la suite confrontés à ce
type de films. Cette Femme-là
est
un policier... un thriller du meilleur cru. Outre l'incarnation d'une
Josiane Balasko absolument remarquable dans la peau d'une flic hantée
par un drame personnel dont elle n'arrive pas à se soigner (le
personnage de Michèle Varin qu'elle interprète porte le deuil en
permanence), la mise en scène de Guillaume Nicloux est absolument
remarquable...
Alambiqué
et ''contaminé'' par le style si particulier de l'auteur de The
End
ou des Confins du Monde,
Cette Femme-là
est tantôt incommodant dans son approche relativement complexe,
tantôt passionnant lorsque le spectateur subit les incessants
cauchemars de son héroïne, faisant de l’œuvre de Guillaume
Nicloux, un film à la limité de l'épouvante. Le long-métrage se
doit d'être découvert sans que le spectateur ne se soit au
préalable intéressé à la bande-annonce, au synopsis, ni au
moindre commentaire ou la moindre critique. Il faut s'y plonger
vierge de la moindre connaissance à son sujet pour que le flou qui
entoure l'intrigue vous imprègne de sa chape de plomb. De son
austérité, de son caractère dramatique mais aussi de l’ambiguïté
que revêt l'extrême complexité de certains personnages ou
certaines situations. S'apparentant parfois au fantastique à travers
l'évocation du Diable ou plus loin lors de séquences dont on ne
sait plus trop si elles reflètent la réalité ou l'imaginaire de
l'héroïne, Guillaume Nicloux endosse le costume d'un transfuge.
Celui du cinéma cher au génial David Lynch dont il s'inspire de
certaines postures et certains décors pour nous offrir des tableaux
macabres aussi beaux qu'anxiogènes...
Loin
d'être ridicule, le réalisateur signe une œuvre parfaitement
cohérente même si parfois l'on peut ressentir une certaine gêne
lorsqu'il s'agit d'expliquer et de comprendre certains passages.
C'est peut-être d'ailleurs ce qui différencie l’œuvre de
l'américain de celle du français. En effet, contrairement à David
Lynch, Guillaume Nicloux semble parfois perdre le contrôle des
événements. Une hypothèse à mettre pourtant entre guillemets et
un ''fait'' dont l'importance s'amenuise face à l'ampleur du
spectacle auquel il nous est donné d'assister. Le scénario de Cette
Femme-là,
dont le récit est symbolisé par l'art du puzzle dont l'héroïne
est une adepte, est un incroyable enchevêtrement de pistes, parfois
abstraites, tantôt concrètes. Un thriller croisant le fer avec un
pseudo-fantastique et des personnages dont l'approche les rend
parfois aussi troublants que l'héroïne. Aux côtés de Josiane
Balasko, on retrouve Eric Caravaca, Aurélien Recoing, Frédéric
Pierrot, Pascal Bongard ou encore Pascal Demolon ici, dans un rôle
digne du plus frappadingue des personnages évoluant dans la sphère
''lynchienne''. À noter l'apparition en forme de clin d’œil de
Thierry Lhermitte qui rendosse pour une poignée de minutes le
personnage de François Manéri qu'il incarnait l'année précédente
dans Une Affaire Privée...
En attendant, Cette Femme-là
est un thriller terriblement prenant, énigmatique et oppressant. À
découvrir absolument...
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