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vendredi 6 décembre 2019

Les Confins du Monde de Guillaume Nicloux (2018) - ★★★★★★★☆☆☆



En 2018, le cinéaste français Guillaume Nicloux mettait un terme à sa trilogie des ''Guerres Intérieures'' avec Les Confins du Monde. Une trilogie débutée trois ans plus tôt avec Valley of Love et poursuivie l'année suivante avec The End. L'errance de différents personnages avec pour point d'orgue, la présence de Gérard Depardieu. Seule différence entre les deux premiers volets de la trilogie et ce qui demeure à ce jour l'avant-dernier long-métrage de Guillaume Nicloux, Gérard Depardieu n'en est plus la vedette même s'il y arpente plusieurs séquences dans le rôle de l'écrivain Saintonge qui va se lier d'amitié avec le héros incarné par l'acteur Gaspard Ulliel. Véritable vedette de ce drame sur fond de guerre indochinoise, le jeune militaire français Robert Tassen est le témoin en 1945 d'un massacre perpétré par les japonais sur les habitants d'un village d’Indochine. Parmi les victimes, son frère, décapité, et sa belle-sœur, éventrée et dont ses bourreaux ont extrait le fœtus. Tassen n'a donc plus qu'un projet en tête : retrouver Yo Binn Yen, celui-là même qui a la tête des vietcong, fut le responsable du massacre. Organisant un groupe de prisonniers reconvertis et de soldats de l'armée française parmi lesquels le cynique Cavagna (excellent Guillaume Gouix), Robert Tassen, aveuglé par la vengeance, va s'enfoncer toujours plus loin dans la jungle à la recherche de l'ennemi...

Ce qui saute tout d'abord aux yeux avec Les Confins du Monde, c'est l'oppression quasi permanente qui se dégage des environnements dans lesquels fut tourné le long-métrage de Guillaume Nicloux. On y retrouve l'imagerie dépaysante et cauchemardesque ayant servi de cadre au conflit indochinois juste après la seconde guerre mondiale. Ici, le réalisateur ne se fait pas le critique de la colonisation mais aborde son œuvre sous un angle parfois surréaliste caractérisé par un visuel absolument remarquable, tant dans les horreurs qui y sont décrites que dans la majesté d'une jungle qui dévore littéralement ceux qui osent s'y aventurer. Si du propre aveu de Guillaume Nicloux qui nie toute relation entre son Tassen et le colonel Kurtz de Apocalypse Now de Francis Ford Coppola pour rapprocher davantage son œuvre de La 317e section de Pierre Schoendoerffer, c'est pourtant l'incroyable Vinyan du cinéaste belge Fabrice du Welz qui semble avoir soufflé quelques bonnes idées au long-métrage du réalisateur et scénariste français. En effet, les deux conservent une même approche et ce, même si leur quête respective demeure d'un genre bien différent. Entre voyage initiatique, environnements cauchemardesques et ambiance étouffante, les deux films cultivent de troublantes ressemblances...

Tout, pourtant, n'est pas définitivement noir dans l’œuvre de Guillaume Nicloux. Le cinéaste y apporte une certaine sérénité à travers la relation ponctuelle qu'entretiennent le héros et l'écrivain Saintonge. Tout comme celle que partage le premier avec la prostituée Maï (la jeune Lang Khê Tran), le réalisateur érotisant quelque peu le propos lors d'échanges amoureux enfiévrés. Une sensualité n'apaisant cependant le propos que pour une courte durée puisque Les Confins du Monde offre aux spectateurs l'exposition d'une horreur toute humaine à travers ici, un charnier ou là, des corps démembrés. La guerre dans toute son atrocité. L'un des personnages demeurant essentiels au récit se situe au niveau des décors, de la photographie et de la direction artistique. Les Confins du Monde est un spectacle visuel permanent. Le film ''suinte'' littéralement. Sueur, sang, et stupre y jaillissent en un flot perpétuel entre la moiteur de la jungle, les massacres perpétrés par le fantasmé Yo Binn Yen et ses hommes, et les étreintes de Robert et Maï. Guillaume Nicloux referme ainsi ses ''Guerres Intérieures'' sous une forme éblouissante. À voir...

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