Jonas Åkerlund, l'homme
qui se cache derrière Spun,
engeance dérivée aux couleurs survitaminées des classiques Requiem
for a Dream
de Darren Aronofsky et Trainspotting de
Danny Boyle revient dix-sept ans plus tard avec
Polar,
extension toute aussi inoffensive dans sa conception de la violence
que sa première saillie artistique. Le suédois convoque l'un des
plus grands acteurs danois de sa génération. L'hyper charismatique
Mads Mikkelsen qui de nombreuses années après avoir incarné Tonny
dans le sombre, violent et bouleversant second volet de la trilogie
culte de Nicolas Winding Refn Pusher,
s'offre une seconde jeunesse dans ce néo-noir tout en couleurs
flashy. Inspiré du roman graphique Polar:
Came from the Cold
de Víctor Santos, le nouveau long-métrage de Jonas Åkerlund est le
type de produit parfaitement formaté pour une diffusion sur la
plateforme Netflix
où il a d'ailleurs vu le jour. Pas de diffusion sur grand écran,
donc. Héritant de son statut d'adaptation au format live d'une
longue bande dessinée, il était sans doute logique que
l'opportunité soit offerte à Jonas Åkerlund, cet ancien
''clippeur''
de travailler dessus. Son style visuel collant parfaitement au
concept d'origine d'un roman graphique, le réalisateur suédois
choisit en revanche de surenchérir en la matière plutôt que de son
contenter d'une esthétique en bichromie comme le veut la
bande-dessinée dont les cases sont généralement remplies de noir
et d'orange.
Duncan
Vizla, surnommé ''Black Kaiser'' dans sa profession de tueur à
gages est d'ors et déjà prêt à prendre sa retraite qui doit
survenir dans deux semaines. Refusant tout d'abord un contrat de la
part de son employeur Blut, sa collaboratrice Vivian parvient à
convaincre Duncan d'accepter cette nouvelle mission pour laquelle il
recevra la modique somme de deux millions de dollars. Mais ce qu'il
ne sait pas, c'est qu'en réalité, l'objectif à abattre, c'est lui.
En effet, Blut rencontrant d'importants soucis financiers, il n'a pas
l'intention de reverser les huit millions de dollars qu'il doit payer
à son futur ex-employé lors de son départ à la retraire. Alors
qu'il aspirait à une nouvelle vie au Canada, dans un chalet isolé,
Duncan va devoir faire à nouveau parler les poings et la poudre.
D'autant plus qu'il a à faire à une bande de jeunes tueurs à gages
particulièrement bien organisée et sans états d'âme...
Le
scénario de Jayson Rothwell étant ultra basique, la force de Polar
ne doit donc reposer que sur l'action. Et dans ce domaine, Jonas
Åkerlund remplit parfaitement son contrat. On ne s'ennuie quasiment
pas et les gunfights et autres combats à mains nues promettent
quelques réjouissantes séquences bien saignantes. Membres brisés,
impacts de balles, geysers de sang, le film compte également sur une
galerie de portraits hauts en couleurs et en excentricité. D'un
côté, le héros incarné par l'acteur danois, donc. Aux côtés
duquel on retrouve la charmante Vanessa Hudgens qui campe une voisine
particulièrement fragile prénommée Camille. Face à Duncan, un
groupe de mercenaires tout droit sortis d'un manga japonais parmi
lesquels on retrouve les séduisantes actrices Katheryn Winnick et
Ruby O. Fee ainsi que les brutes épaisses de service en les
personnes de Robert Maillet, Josh Cruddas, et surtout Matt Lucas qui
incarne Blut. Le réalisateur s'offre une petite virée du côté du
Old Boy
du sud-coréen Park Chan-Wook mais sans avoir le courage ou le
tempérament de tourner en plan-séquence le passage durant lequel le
héros combat un grand nombre de soldats aux ordres de Blut dans un
couloir étroit. Alors qu'une suite a déjà été envisagée, Polar
est un sympathique petit film qui s'oubliera par contre très
rapidement. Une œuvre mineure dans la carrière de Mads Mikkelsen
mais logique dans celle de Jonas Åkerlund...
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