Originaire de la
République Tchéque, le cinéaste Petr Jak réalisait en 2015 son
second long-métrage après Kajínek
en
2010 et avant le prochain Medieval
prévu pour l'année 2020. c'est donc avec une régularité de
métronome que le réalisateur signait The
Ukrainian Cannibal également
connu sous le titre Ghoul.
Un long-métrage d'horreur ayant la prétention de s'inspirer de
faits-divers authentiques. Ce que semble tout d'abord confirmer
l'appartenance d'une partie de sa thématique avec la grande famine
''organisée'' par le dictateur soviétique Joseph Staline et connue
sous le nom de Holodomor,
qui eut lieu en Ukraine en 1932 et 1933 et fit entre deux et cinq
millions de victimes. Le réalisateur se servant de ce fait
historique et des conséquences dramatiques qui en découlèrent (une
partie de la population ukrainienne s'adonnant alors au
cannibalisme), Petr Jak évoque un autre traumatisme qui a
profondément marqué le pays et l'histoire de la criminologie
mondiale en la personne d'Andreï Romanovitch Tchikatilo, sans doute
le tueur en série le plus célèbre de l'Union Soviétique et
originaire de l'oblast de Soumy. Officiellement reconnu comme
coupable de plus d'une cinquantaine de meurtres de femmes et
d'enfants, il fut condamné à mort le 15 octobre 1992 et exécuté
moins de deux ans plus tard, le 14 février 1994, d'une balle dans la
nuque. La biographie d'Andreï Romanovitch Tchikatilo indiquant que
sa mère lui raconta étant enfant que son frère Stephan fut tué et
mangé par des voisins s'adonnant au cannibalisme lors du Holodomor,
le
réalisateur Tchèque s'empare également de cet événement pour
nourrir son œuvre qui malgré ses ambitions, est au final un piètre
film d'horreur qui résulte d'une mise en scène, d'un scénario et
d'une interprétation des plus médiocres...
En
effet, The Ukrainian Cannibal
n'est pas l’œuvre particulièrement réjouissante à laquelle
l'amateur de cinéma d'horreur ou de faits-divers criminels
authentiques pouvait ou avait le droit de s'attendre. Le long-métrage
de Petr Jak n'est rien d'autre qu'un found
footage
indigeste dans lequel l'Histoire croise le fer avec le surnaturel
pour un résultat qui dépasse de loin le pire de ce que l'on pouvait
craindre. Le réalisateur use et abuse des gimmicks d'un genre éculé
depuis des lustres et dont l’efficience s'est faite la malle depuis
pas mal d'années déjà. Caméra à l'épaule dans un style
reportage parfois visuellement insupportable (cette manière de
filmer le sol en oubliant de cadrer les personnages est proprement
irritant même s'il participe du concept du
found footage)
et jump scare
dont l'incapacité à faire peur tourne au ridicule sont donc au menu
d'un film qui se sert au départ de deux faits aussi dramatiques
qu'authentiques pour nous servir au final une soupe nettement moins
convaincante que les classiques du genre, Cannibal
Holocaust
de Ruggero Deodato et The Blair Witch Project de
Daniel Myrick et Eduardo Sánchez en tête de cortège...
Pourtant,
le cadre aurait dû offrir sa part de malaise avec une Ukraine rurale
aussi dépaysante qu'inconfortable. Si tel est le cas dans un premier
temps, le film vire au sous-found
footage à
travers la quasi totalité des plans tournés soit dans les bois,
soit dans la baraque d'un type particulièrement louche avec lequel
ont rendez-vous nos étudiants en cinéma amateurs d'origine
américaine. The Ukrainian Cannibal
n'est qu'une succession de séquences se répétant jusqu'à
l'épuisement, d'où un scénario carrément faiblard, où les
hurlements incessants, les fuites en forêt et les quelques
apparitions volontairement mal filmées n'offrent qu'un intérêt
limité. Tout le potentiel qu'offre l'idée de départ est détruit
par le peu de cas que fait finalement le réalisateur du matériau
d'origine. Alors que The Ukrainian Cannibal
aurait pu relancer la mode du found
footage,
son œuvre est au final l'un des pires de sa catégorie. À oublier
très vite...
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