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mercredi 7 août 2019

Autómata de Gabe Ibáñez (2014) - ★★★★★★☆☆☆☆



Réalisé dix ans après I.Robot d'Alex Proyas, Autómata de Gabe Ibáñez en reprend les fondamentaux. A tel point que l'on a parfois l'impression d’assister à une version brut et bien plus sombre et désespérée. Là encore, il est question de robotique et des lois qui l'entourent, du moins, la première et la troisième puisque la seconde n'est jamais vraiment évoquée. Dans un univers à la Blade Runner façon Ridley Scott, le cinéaste espagnol plonge son héros en 2044, quatorze ans après qu'une éruption solaire ait totalement détruit les réseaux de télécommunications terrestres ainsi que les centrales électriques, l'environnement de la planète se trouvant alors être totalement irradié. Quelques dizaines de millions de personnes au total ont survécu à la catastrophe et vivent dans des zones urbaines entourées d'un immense désert. C'est dans l'une d'elles que l'on retrouve Jacq Vaucan, agent d'assurance travaillant pour la ROC et ersatz de Rick Deckard, héros du long-métrage de Ridley Scott qui sous son long-manteau et son attitude générale rappelle carrément le personnage principal de ce grand classique de la science-fiction. Le climat ainsi que l'ambiance eux-mêmes cultivent des points communs avec Blade Runner et ce même si visuellement, le cinéaste espagnol opte pour un visuel moins sombre, moins obscure, et éclairé de plans parfois remarquables.

Gabe Ibáñez confie le rôle principal à Antonio Banderas, acteur espagnol d'abord fidèle au cinéaste Pedro Almodóvar et qui devient par la suite un ''client'' régulier du réalisateur mexicain Roberto Rodriguez. Ici, le sujet central, plus que de connaître les raisons pour lesquelles un homme en est venu à ''tuer'' un robot modèle ''Pilgrim 7000'', tourne surtout autour de ces automates normalement restreints dans leur comportement par les fameuses lois érigées par l'écrivain Isaac Asimov. Des lois que certains d'entre eux ont réussi à contourner grâce à un modèle de ''kernel'' (ensemble de gènes et de biomolécules constituant une molécule unique qui, une fois organisés, conduisent à une cellule fonctionnelle) différent et beaucoup plus évolué.

Autómata se situe donc sur le chemin de l'évolution des machines les menant à des capacités de réflexion proches de celles de l'homme à la différence qu'elles n'auront pas eu besoin de millions d'années d'évolution pour être capables d'accéder à certaines connaissances. Ici, il ne s'agit pas tant pour le réalisateur de faire exploser les carcans imposés par les lois de la robotique que de développer l'hypothèse de machines capables de vivre indépendamment de son créateur au point même de pouvoir lui survivre en s'auto-réparant ou en constituant des groupes capables de subvenir à leurs propres besoins. Ces quelques spécimens que recherchent les membres de la ROC constituant sans doute la prochaine étape de leur évolution et une menace pour une espèce humaine dont l'avenir est incertain, l'existence de ces derniers étant menacée...

Ce qui séduit et peut même parfois dérouter concernant Autómata, c'est son approche esthétique tantôt crépusculaire, tantôt surréaliste. Illuminé par de superbes ''matte painting'', le long-métrage de Gabe Ibáñez est souvent parcouru de visions et de décors réellement stupéfiants. Une œuvre de science-fiction à mi-chemin entre l’œuvre contemplative et la réflexion philosophie ''pour les nuls'' ! Pourtant, malgré le parti-pris esthétique et scénaristique de Gabe Ibáñez, Autómata demeure relativement fluide et compréhensible même pour le novice qui voudrait se pencher sur cette étonnante expérience cinématographique. Pour autant, ce qui s'apparente parfois à une copie directe de I.Robot s'extasiant un peu trop longuement sur son visuel au détriment de séquences épisodiquement ennuyeuses n'est pas dénué de charme. En contre-partie, on pourra préférer ou pas cette vision beaucoup moins ''lisse'' dont l'univers ressemble davantage à celui d'un post-apo ou d'un cyberpunk. Bien que ressemblant davantage à des machines construites à partir de pièces de récupération, les robots de Gabe Ibáñez entrent directement en conflit avec ceux de I.Robot qui avaient parfois du mal à s'avérer crédibles de par leur manque de réalisme (des CGI trop visibles). Au final, Autómata est une expérience très particulière qui sur le coup peut séduire comme elle peut rebuter mais qui sait aussi et surtout se faire très rapidement oublier le film une fois achevé...

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