Réalisé dix ans après
I.Robot
d'Alex Proyas, Autómata
de Gabe Ibáñez en reprend les fondamentaux. A tel point que l'on a
parfois l'impression d’assister à une version brut et bien plus
sombre et désespérée. Là encore, il est question de robotique et
des lois qui l'entourent, du moins, la première et la troisième
puisque la seconde n'est jamais vraiment évoquée. Dans un univers à
la Blade Runner
façon Ridley Scott, le cinéaste espagnol plonge son héros en 2044,
quatorze ans après qu'une éruption solaire ait totalement détruit
les réseaux de télécommunications terrestres ainsi que les
centrales électriques, l'environnement de la planète se trouvant
alors être totalement irradié. Quelques dizaines de millions de
personnes au total ont survécu à la catastrophe et vivent dans des
zones urbaines entourées d'un immense désert. C'est dans l'une
d'elles que l'on retrouve Jacq Vaucan, agent d'assurance travaillant
pour la ROC et ersatz de Rick Deckard, héros du long-métrage de Ridley Scott qui sous son long-manteau et son attitude générale
rappelle carrément le personnage principal de ce grand classique de
la science-fiction. Le climat ainsi que l'ambiance eux-mêmes
cultivent des points communs avec Blade Runner
et ce même si visuellement, le cinéaste espagnol opte pour un
visuel moins sombre, moins obscure, et éclairé de plans parfois
remarquables.
Gabe
Ibáñez confie le rôle principal à Antonio Banderas, acteur
espagnol d'abord fidèle au cinéaste Pedro Almodóvar et qui devient
par la suite un ''client'' régulier du réalisateur mexicain Roberto
Rodriguez. Ici, le sujet central, plus que de connaître les raisons
pour lesquelles un homme en est venu à ''tuer'' un robot modèle
''Pilgrim 7000'', tourne surtout autour de ces automates normalement
restreints dans leur comportement par les fameuses lois érigées par
l'écrivain Isaac Asimov. Des lois que certains d'entre eux ont
réussi à contourner grâce à un modèle de ''kernel'' (ensemble de
gènes et de biomolécules constituant une molécule unique qui, une
fois organisés, conduisent à une cellule fonctionnelle) différent
et beaucoup plus évolué.
Autómata
se situe donc sur le chemin de l'évolution des machines les menant à
des capacités de réflexion proches de celles de l'homme à la
différence qu'elles n'auront pas eu besoin de millions d'années
d'évolution pour être capables d'accéder à certaines
connaissances. Ici, il ne s'agit pas tant pour le réalisateur de
faire exploser les carcans imposés par les lois de la robotique que
de développer l'hypothèse de machines capables de vivre
indépendamment de son créateur au point même de pouvoir lui
survivre en s'auto-réparant ou en constituant des groupes capables
de subvenir à leurs propres besoins. Ces quelques spécimens que
recherchent les membres de la ROC constituant sans doute la prochaine
étape de leur évolution et une menace pour une espèce humaine dont
l'avenir est incertain, l'existence de ces derniers étant menacée...
Ce
qui séduit et peut même parfois dérouter concernant Autómata,
c'est son approche esthétique tantôt crépusculaire, tantôt
surréaliste. Illuminé par de superbes ''matte painting'', le
long-métrage de Gabe Ibáñez est souvent parcouru de visions et de
décors réellement stupéfiants. Une œuvre de science-fiction à
mi-chemin entre l’œuvre contemplative et la réflexion philosophie
''pour les nuls'' ! Pourtant, malgré le parti-pris esthétique
et scénaristique de Gabe Ibáñez, Autómata
demeure
relativement fluide et compréhensible même pour le novice qui
voudrait se pencher sur cette étonnante expérience
cinématographique. Pour autant, ce qui s'apparente parfois à une
copie directe de I.Robot
s'extasiant un peu trop longuement sur son visuel au détriment de
séquences épisodiquement ennuyeuses n'est pas dénué de charme. En
contre-partie, on pourra préférer ou pas cette vision beaucoup
moins ''lisse'' dont l'univers ressemble davantage à celui d'un
post-apo ou d'un cyberpunk. Bien que ressemblant davantage à des
machines construites à partir de pièces de récupération, les
robots de Gabe Ibáñez entrent directement en conflit avec ceux de
I.Robot
qui avaient parfois du mal à s'avérer crédibles de par leur manque
de réalisme (des CGI trop visibles). Au final, Autómata
est une expérience très particulière qui sur le coup peut séduire
comme elle peut rebuter mais qui sait aussi et surtout se faire très
rapidement oublier le film une fois achevé...
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