Il m'aura fallut deux
séances pour que me soit définitivement acquise la mauvaise
impression que me fit d'abord la première projection du troisième
long-métrage de l'auteur du pourtant remarquable film de
science-fiction Ex Machina
du réalisateur, scénariste et écrivain britannique Alex Garland.
Partant d'un postulat pourtant alléchant, son second long-métrage a connu les
honneurs d'une sortie sur grand écran dans son pays d'origine et au
Québec tandis que les spectateurs français et britanniques ont dû
se contenter d'une diffusion exclusive sur la plate-forme Netflix.
Il est pourtant inutile d'être un fan inconditionnel de ''hard
science-fiction''
pour juger des faibles qualités d'un long-métrage qui pourtant
bénéficie d'un scénario particulièrement original. C'est dans une
zone proche d'un phénomène électromagnétique que ni l'armée ni
les scientifiques ne sont encore parvenus à s'expliquer que l'héroïne
incarnée par l'actrice israélo-américaine Natalie Portman vient
chercher des réponses sur la disparition et la réapparition
soudaine de son époux. Alors qu'à l'origine Lena n'est pas prévue
parmi les membres exclusivement féminins qui doivent pénétrer la
zone iridescente, la jeune femme se porte volontaire. C'est donc
auprès d'Anya, de Josie et de Cassie qu'elle traverse le champ
électromagnétique et se retrouve en leur compagnie dans un monde où
les valeurs temporelles, génétiques et magnétiques sont
bouleversées. Ce qui s'apparente notamment à une traversée en
canoë de quelques heures a pris en réalité plusieurs jours aux
quatre jeune femmes. La végétation semble avoir muté. Tout comme
la faune d'ailleurs puisqu'après avoir tué un alligator qui s'en
prenait à elles, Lena et les autres constatent que la mâchoire du
saurien est tout sauf semblable à celle de ses congénères. Plus le
temps avance, et plus l'expédition est l'occasion de découvertes
étonnantes. Pour autant, ce magnifique voyage haut en couleur n'est
pas dénué de danger et les jeunes femmes vont très vite en faire
l'expérience...
Ce
qui très rapidement saute au yeux et peut tout aussi bien déranger
qu'émerveiller dès lors que les quatre protagonistes féminines ont
commencé à fouler le sol de cet étrange environnement, ce sont les
décors. Ou plutôt, certains détails des dits décors. La flore par
exemple. Il n'est pas rare d'y trouver des plantes aux couleurs si
marquées qu'il devient difficile de croire à autre chose qu'à un
décor de cinéma. Trop de couleurs appliquées sur la flore donne à
l'ensemble un aspect artificiel qui ne permet pas de se plonger tout
à fait dans ce récit au demeurant fort intriguant. Il y a pourtant
de quoi se passionner pour cette aventure qui en dehors de ces
quelques détails qui paraîtront cependant sans importance pour
certains, conserve un certain mystère et offre quelques tableaux
angoissants. Telle l'idée d'un secteur bouleversant le code
génétique de la faune et de la flore (on imagine en frissonnant les
conséquences que pourrait avoir un tel processus sur nos héroïnes
si elles avaient la mauvaise idée de roder dans les parages plus que
nécessaire), ou bien encore le complexe militaire abandonné et ses
grandes salles anxiogènes. Et que dire de la séquence nocturne
durant laquelle trois des héroïnes attachées sur une chaise font
connaissance avec un ours sur le code génétique duquel
l'environnement a fait son œuvre ?
Malheureusement,
à part quelques bonnes intentions, Alex Garland ne réussit pas
l'exploit de réitérer tout l'intérêt de son précédent
long-métrage. Trop contemplatif mais ne survolant que trop
superficiellement son sujet, Annihilation
est une grosse déception qui cependant, offrira un cadeau
appréciable à celles et ceux qui auront eu le courage d'aller
jusqu'au bout. En effet, arrivée au terme de son périple, l'héroïne
incarnée par Natalie Portman vivra (et fera par conséquent vivre au
spectateur) une expérience pour le moins psychédélique dans des décors partiellement inspirés des oeuvres du suisse Hans Ruedi Giger. Le genre
de séquence qui aurait pu faire de cet Annihilation,
un vrai bon film s'il ne s'était pas majoritairement contenté de
nous balader au cœur d'un scénario, au fond, plutôt stérile et linéaire.
Dommage... !
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