Deux ans après la sortie
du phénoménal Godzilla
de Gareth Edwards, le pays de naissance du plus célèbre des Kaijū
reprend possession de sa mythique créature et propose rien moins
qu'une nouvelle histoire prenant pour cadre la baie de Tokyo. D'une
durée avoisinant le précédent long-métrage, Shin
Gojira
a coûté à la production, quinze millions de dollars. Soit dix fois
moins que son prédécesseur. La différence se voyant très
clairement à l'écran, ce nouveau long-métrage réalisé par
Hideaki Anno et Shinji Higuchi signe le retour d'un Godzilla version
costume, mais pas seulement puisque la créature apparaît également
sous la forme d'images de synthèse qui, malheureusement, ne font pas
le poids face à celle de Gareth Edwards. Plutôt que de signer une
suite quelconque, les deux cinéastes japonais s'accordent sur la
mise en chantier d'une sorte de reboot puisque tel que se montre
Godzilla à l'écran pour la première fois, celui-ci demeure encore
impossible à identifier et ne porte pas de nom dans un premier
temps. Mieux : il apparaît sous une forme primitive avant de
disparaître et de réapparaître plus tard sous la forme qu'on lui
connaît généralement.
Si
dans les précédentes aventures de Godzilla ce dernier incarnait le
seul espoir pour l'humanité de vaincre les deux Muto,
dans Shin Gojira
il a en revanche le mauvais rôle puisqu'il semble être sorti des
eaux pour tout détruire sur son passage. Après des dizaines de
palabres entre agents gouvernementaux, premier ministre, conseil
d’État et scientifiques, le choix d'attaquer la créature au beau
milieu de la ville est décidé. D'une manière générale, les
effets-spéciaux sont nettement moins aboutis que dans le précédent
long-métrage. Qu'il s'agisse d'un Godzilla incarné par un cascadeur
ou créé à l'aide d'images de synthèse, les limites du budget, ou
tout simplement celles des concepteurs en effets-spéciaux se font
cruellement ressentir. Si encore, le film était rattrapé par une
action trépidante. Mais là encore, l’œuvre de Hideaki Anno et
Shinji Higuchi est infiniment inférieure à celle de Gareth Edwards,
et si à certains égards le duo de cinéastes japonais tente de
reproduire certaines séquences de Godzilla
version 2014 malgré un scénario bien différent, le résultat est
très loin d'être à la hauteur.
Shin Gojira
est beaucoup trop bavard et les interventions de Godzilla (qui se
font généralement beaucoup trop attendre) sont à l'écran, presque
toujours inefficaces. On regretterait presque sa forme primitive
pourtant ridicule (mon dieu, ces yeux!) qui permettait à la créature
de se traîner au sol et donc de détruire absolument tout sur son
passage, tandis que le Godzilla tel qu'on le connaît sous sa forme
adulte fait du surplace en attendant bien sagement que les armées
japonaises et américaines lui tirent dessus. Impossible pour
Hideaki
Anno et Shinji Higuchi de nier l'inspiration que fut sans doute le Godzilla
de Gareth Edwards, surtout lors des séquences nocturnes durant
lesquelles la créature est sublimée par l'apparition d'un mur de
poussièr opaque qui lui donne une effrayante apparence. Pour le
reste, Shin Gojira
mélange décors miniatures et incrustation de Godzilla en images de
synthèse dans des décors réels. Plus ou moins convaincants (et
plutôt moins que plus, d'ailleurs), les effets visuels sont à mille
lieues de l'adaptation américaine du mythe. C'est d'autant plus
dommage que Shin Gojira réserve
malgré tout quelques moments d'anthologie, telle cette séquence
lors de laquelle la créature déploie son impressionnant souffle
radioactif qui lui permet d'anéantir en quelques instants des
quartiers entiers de Tokyo ou l'attaque finale visuellement plutôt
convaincante. Shin Gojira
est une nouvelle occasion d'aborder la peur du nucléaire mais pas
seulement puisque sont également évoqués l'impuissance du pays
face à l'hypothétique décision des Nations Unies de permettre à la
puissance américaine d'envoyer sur Tokyo une bombe nucléaire, ainsi
que les conséquences économiques et politiques désastreuses liées aux
événements. Une œuvre moins impressionnante que le Godzilla
de Gareth Edwards, molle et manquant de nervosité mais qui a au
moins le mérite d'allier technologies traditionnelles et
effets-spéciaux de dernière génération...
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