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jeudi 10 novembre 2022

Men d'Alex Garland (2022) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

C'est davantage par curiosité que par intérêt pour le réalisateur Alex Garland qui était parvenu à me séduire avec Ex machina en 2014 mais m'avait déçu avec son second long-métrage Annihilation trois ans plus tard que je me suis lancé dans la projection de Men. Un titre tout auréolé de symboles phalliques mais aussi et surtout d'une réputation sulfureuse pas toujours très élogieuse. C'est ainsi qu'en fuyant tout ce qui renvoie à la culture post #MeToo et à certains de ses récipiendaires toujours prompts à jeter de l'huile sur le ''nœud'', que par goût de la douleur psychologique j'ai à mon tour choisi de me vautrer bière et cornet de frites bien grasses en main dans mon fauteuil. Et de laisser se dérouler l'action d'une œuvre qui a priori avait plus de chance de me déplaire que de conquérir mon cœur. Brouillant les pistes avec son final aussi incompréhensible que visuellement effarant, le revirement de Annihilation ressemblait au type qui pour éviter que son embarcation ne finisse au fond d'une rivière la vidait à l'aide d'une petite cuillère. Men, lui, semble être la version longue de ce délire visuel dont on aura eu du mal à se remettre mais qui survint alors que l'on avait déjà abandonné tout espoir d'apprécier à sa juste valeur la manière dont le script du réalisateur fut mis en scène. Là où l'on peut dire qu'Alex Garland jette toutes ses tripes sur la table, c'est lorsque le bonhomme fait preuve de talent en matière d'esthétique. Qu'il s'agisse de son second long-métrage où ici de son troisième, le réalisateur britannique sait s'y prendre pour nous décrire des univers aussi enchanteurs qu'inquiétants. Pourtant, là où auraient dû s'éveiller mon esprit de contradiction et celui de la rébellion, ceux-ci sont demeurés en sommeil. Car si certains ont semble-t-il (entre)aperçu durant une grande majorité du récit un message nauséabond visant le mâle sous toutes ses formes et toutes ses coutures (du plus simple appareil à celui de l'homme de foi), il faut d'abord apprécier la chose sous son angle artistique : en effet, si Men est dans la continuité de Annihilation, c'est pour son style visuel pourtant beaucoup plus réaliste mais filmé de telle manière que l'on a parfois le sentiment que l'héroïne incarnée par l'actrice Jessie Buckley vit à la lisière entre notre univers et un second, dans lequel elle a choisi de se réfugier. Un monde bientôt perverti par la présence masculine d'un et même de plusieurs personnages tous interprétés par le même acteur, Rory Kinnear !


Battue par un homme qu'elle a choisi de quitter et dont elle fut témoin du suicide, Harper par s'installer à la campagne dans une superbe demeure afin d'y trouver la tranquillité et la sérénité. Malheureusement pour elle, le Mal semble s'être tapis et harcèle la jeune femme. Prenant le visage du propriétaire des lieux, d'un homme nu errant dans les parages, d'un flic, d'un client de bar et même d'un prêtre portant comme les trois précédents le même visage, Men paraît dès lors vouloir se refuser à faire la moindre distinction entre les hommes et faire de l'attitude d'un seul, celle de tous ceux de son espèce. Comme l'indiquent très clairement la niaiserie de certains dialogues et l'attitude contrite de l'héroïne dont nous ne distinguerons aucun signe d'exubérance, Men se situe entre le plaidoyer mollasson et le film d'horreur Lovecraftien où l'indicible est désormais visible. La normalité peu à peu glisse vers une accumulation de séquences qui indéniablement marquent au fer rouge une œuvre qui au fond repose moins sur sa thématique que sur le formidable travail d'esthète d'Alex Garland. Et de ce point de vue là, on peut considérer la tâche très honnêtement accomplie. Si le britannique paraît insister lourdement sur l'image qu'il offre de l'homme, il faut cependant peut-être y voir simplement l'obsession d'une femme traumatisée par l'attitude de celui qui partagea son existence avant de sauter du haut de leur immeuble. Soyons fous et allons jusqu'à imaginer qu'elle soit tombée dans l'un de ces repères où la consanguinité a fait son œuvre comme celle-ci paraît l'avoir notamment fait dans l'excellent Calvaire du belge Fabrice Du Welz ! Avec Alex Garland, tous les hommes naissent et demeurent libres (de frapper leur femme) et égaux en droits (et en cruauté). Lourds, libidineux, pédants, il n'en demeure pas un pour rattraper les autres. Et face à eux se place une frêle jeune femme planquant ses formes sous un énorme pull à col roulé et un pantalon informe...


''Je sais déjà où tu es''... C'est à partir de ces quelques mots que le troisième long-métrage d'Alex Garland commence à porter ses fruits même si jusque là on pouvait avoir déjà noté la déviance de certaines situations (la séquence se déroulant dans l'étrange tunnel). Un poison qui mettra tout de même plus d'une heure avant d'envahir tout l'espace et plonger l'héroïne dans un cauchemar visuel et auditif saisissant. Harper a croqué la pomme et semble s'être alors saisie d'un sortilège menant à quarante minutes de pure folie. Les musiciens et compositeurs Geoff Barrow et Ben Salisbury signent une partition musicale et sonore absolument phénoménale. Un argument se suffisant à lui seul puisque même les yeux fermés, l'imaginaire du spectateur s'y déploiera sans soucis. Accouplés à certains visuels cauchemardesques (Harper, le visage plongé dans la baignoire, s'arrachant presque la mâchoire dans un hurlement silencieux), chants ''sacrés'' et drone music s'accouplent pour le bonheur de celui qui aime voir explorées des situations inédites. La faiblesse de Men, c'est en revanche son écriture. En effet, on ne peut pas dire que le scénario soit à l'aune de l'imagerie, ce qui empêche au long-métrage de devenir une véritable révolution dans les domaines de l'horreur et de l'épouvante. Un film, c'est un tout. Pourtant, le réalisateur semble préférer se reposer presque exclusivement sur le travail effectué par le directeur de la photographie Rob Hardy et le décorateur Mark Digby. Alex Garland ne parvient malheureusement pas à transcender son sujet. Malgré les images et le son. Malgré les fulgurances graphiques (et gore). Malgré les effets-spéciaux (l'acteur Rory Kinnear démultiplié). Malgré l'interprétation...

 

mardi 30 juillet 2019

Annihilation d'Alex Garland (2018) - ★★★★★☆☆☆☆☆



Il m'aura fallut deux séances pour que me soit définitivement acquise la mauvaise impression que me fit d'abord la première projection du troisième long-métrage de l'auteur du pourtant remarquable film de science-fiction Ex Machina du réalisateur, scénariste et écrivain britannique Alex Garland. Partant d'un postulat pourtant alléchant, son second long-métrage a connu les honneurs d'une sortie sur grand écran dans son pays d'origine et au Québec tandis que les spectateurs français et britanniques ont dû se contenter d'une diffusion exclusive sur la plate-forme Netflix. Il est pourtant inutile d'être un fan inconditionnel de ''hard science-fiction'' pour juger des faibles qualités d'un long-métrage qui pourtant bénéficie d'un scénario particulièrement original. C'est dans une zone proche d'un phénomène électromagnétique que ni l'armée ni les scientifiques ne sont encore parvenus à s'expliquer que l'héroïne incarnée par l'actrice israélo-américaine Natalie Portman vient chercher des réponses sur la disparition et la réapparition soudaine de son époux. Alors qu'à l'origine Lena n'est pas prévue parmi les membres exclusivement féminins qui doivent pénétrer la zone iridescente, la jeune femme se porte volontaire. C'est donc auprès d'Anya, de Josie et de Cassie qu'elle traverse le champ électromagnétique et se retrouve en leur compagnie dans un monde où les valeurs temporelles, génétiques et magnétiques sont bouleversées. Ce qui s'apparente notamment à une traversée en canoë de quelques heures a pris en réalité plusieurs jours aux quatre jeune femmes. La végétation semble avoir muté. Tout comme la faune d'ailleurs puisqu'après avoir tué un alligator qui s'en prenait à elles, Lena et les autres constatent que la mâchoire du saurien est tout sauf semblable à celle de ses congénères. Plus le temps avance, et plus l'expédition est l'occasion de découvertes étonnantes. Pour autant, ce magnifique voyage haut en couleur n'est pas dénué de danger et les jeunes femmes vont très vite en faire l'expérience...

Ce qui très rapidement saute au yeux et peut tout aussi bien déranger qu'émerveiller dès lors que les quatre protagonistes féminines ont commencé à fouler le sol de cet étrange environnement, ce sont les décors. Ou plutôt, certains détails des dits décors. La flore par exemple. Il n'est pas rare d'y trouver des plantes aux couleurs si marquées qu'il devient difficile de croire à autre chose qu'à un décor de cinéma. Trop de couleurs appliquées sur la flore donne à l'ensemble un aspect artificiel qui ne permet pas de se plonger tout à fait dans ce récit au demeurant fort intriguant. Il y a pourtant de quoi se passionner pour cette aventure qui en dehors de ces quelques détails qui paraîtront cependant sans importance pour certains, conserve un certain mystère et offre quelques tableaux angoissants. Telle l'idée d'un secteur bouleversant le code génétique de la faune et de la flore (on imagine en frissonnant les conséquences que pourrait avoir un tel processus sur nos héroïnes si elles avaient la mauvaise idée de roder dans les parages plus que nécessaire), ou bien encore le complexe militaire abandonné et ses grandes salles anxiogènes. Et que dire de la séquence nocturne durant laquelle trois des héroïnes attachées sur une chaise font connaissance avec un ours sur le code génétique duquel l'environnement a fait son œuvre ?

Malheureusement, à part quelques bonnes intentions, Alex Garland ne réussit pas l'exploit de réitérer tout l'intérêt de son précédent long-métrage. Trop contemplatif mais ne survolant que trop superficiellement son sujet, Annihilation est une grosse déception qui cependant, offrira un cadeau appréciable à celles et ceux qui auront eu le courage d'aller jusqu'au bout. En effet, arrivée au terme de son périple, l'héroïne incarnée par Natalie Portman vivra (et fera par conséquent vivre au spectateur) une expérience pour le moins psychédélique dans des décors partiellement inspirés des oeuvres du suisse Hans Ruedi Giger. Le genre de séquence qui aurait pu faire de cet Annihilation, un vrai bon film s'il ne s'était pas majoritairement contenté de nous balader au cœur d'un scénario, au fond, plutôt stérile et linéaire. Dommage... !
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