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mercredi 1 mai 2019

Larguées d'Eloïse Lang (2018) - ★★★★★★★☆☆☆




Larguées ? Avec un S ? C'est sans doute un peu plus tard après le générique d'ouverture que le spectateur comprendra la signification de cette ''plurielification'' d'un terme qui dévoile toute la tristesse du sort accordé à une femme qui s'apprête à fêter ses soixante-ans en compagnie de ses deux filles alors même que son mari est parti avec une autre. ''Une pute'' (c'est pas moi qui le dit mais l'une des deux sœurs) accessoirement infirmière, laquelle attend un bébé de l'époux (et père) adultère. A la réalisation, nous retrouvons la réalisatrice belge Eloïse Lang, ''coupable'' aux côtés de Noémie Saglio d'avoir créé la série télévisée Connasse (2013-2015) et réalisé son adaptation cinématographique en 2015 avec Connasse, Princesse des Coeurs. On ne s'étonnera donc pas de retrouver une fois de plus l'actrice ''sans filtre'' Camille Cottin qui contrairement aux apparences ne semble pas avoir participé à l'écriture du scénario auprès de la réalisatrice qui elle-même s'est inspirée du long-métrage de la réalisatrice, humoriste et actrice danoise Hella Joof, All Inclusive qu'elle réalisa en 2014 (rien à voir avec le film éponyme sorti cette année et réalisé par Fabien Onteniente).

On ne sait pourquoi l'on ressent ce sentiment, mais Larguées transpire la féminité de sa réalisatrice et de ses interprètes. Frais, drôle et parfois outrancier, l’œuvre d'Eloïse Lang rendrait presque coupable la gente masculine de s'immiscer dans un récit n'ayant à l'origine pour but que d'élever la femme au rang de victime/prédatrice de l'homme que l'on aimerait alors voir réduit à celui de chair à canon. Pourtant, rien n'est définitivement établi dès le départ. Certains clichés sont balayés et Larguées est là pour nous démontrer que rien n'est immuable : Thierry (l'excellent acteur belge Johan Heldenbergh) n'est pas l'alter ego du Popeye des Bronzés que l'on s'attend à croiser. Miou Miou abandonnera son comportement de sexagénaire abattue et acceptera de se prêter au jeu ''organisé'' par sa fille Rose. Cette dernière (incarnée par la formidable Camille Cottin) mettra un peu d'eau dans son vin lorsqu'il s'agira de remettre un peu d'ordre dans le bordel qu'elle aura causé. Quant à Alice (Excellente Camille Chamoux), sœur de Rose, elle aussi fera quelques concessions pour passer de la gentille fille à sa maman, de cette mère et épouse à laquelle tout le monde raccroche au nez, à une Alice mimant un peu maladroitement sa sœur, elle, beaucoup moins ''coincée''.

Pourtant, il faudra tout d'abord s'habituer au style. (Parfois un peu trop) léger, musique assourdissante, esprit ''Club Med''. Accepter de remettre la finesse aux calendes grecques. Tout ça pour constater qu'au fil du récit, on finit par s'attacher aux personnages. Pour réaliser également que le pathétique fait place neuve pour accueillir des dialogues et des séquences parfois réellement amusants. Dans l'esprit, c'est vrai, on retrouve un peu de l'humour façon ''punchline'' du classique de Patrice Leconte et de sa suite Les Bronzés font du Ski (toutes proportions gardées bien évidemment). Les répliques s'enchaînent sans discontinuer. Jamais vraiment très fin mais carrément jubilatoire, Larguées offre un panel de personnalités hautes en couleurs dont les trois principales interprètes n'ont pas l'exclusivité. En effet, à côté de Miou Miou, Camille Cottin et Camille Chamoux (sans oublier Johan Heldenbergh), on retrouve les indispensables second-rôles au titre desquels on peut relever la présence d'Olivia Côte (à l'origine de l'une des séquences les plus drôlatiques du film), de Gunther Love (Sylvain Quimène) dans le rôle de Romain, le barman ''barré'', ou encore de Thomas Scimeca et Elliot Daurat qui forme un tandem père/fils attachant.
Le film d'Eloïse Lang (tourné sur l'île de La Réunion) remplit parfaitement son objectif. On rit énormément, on ne s'ennuie pas un seul instant. Le spectateur ne se retrouvera pas forcément face à une grande comédie française mais prendra un pied total devant les élucubrations de ses interprètes. Jouissif !



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