Larguées ?
Avec un S ? C'est sans doute un peu plus tard après le
générique d'ouverture que le spectateur comprendra la signification
de cette ''plurielification''
d'un terme qui dévoile toute la tristesse du sort accordé à une
femme qui s'apprête à fêter ses soixante-ans en compagnie de ses
deux filles alors même que son mari est parti avec une autre. ''Une
pute'' (c'est
pas moi qui le dit mais l'une des deux sœurs) accessoirement
infirmière, laquelle attend un bébé de l'époux (et père)
adultère. A la réalisation, nous retrouvons la réalisatrice belge
Eloïse Lang, ''coupable''
aux côtés de Noémie Saglio d'avoir créé la série télévisée
Connasse
(2013-2015) et réalisé son adaptation cinématographique en 2015
avec Connasse, Princesse des Coeurs.
On ne s'étonnera donc pas de retrouver une fois de plus l'actrice
''sans filtre''
Camille Cottin qui contrairement aux apparences ne semble pas avoir
participé à l'écriture du scénario auprès de la réalisatrice
qui elle-même s'est inspirée du long-métrage de la réalisatrice,
humoriste et actrice danoise Hella Joof, All
Inclusive
qu'elle réalisa en 2014 (rien à voir avec le film éponyme sorti
cette année et réalisé par Fabien Onteniente).
On
ne sait pourquoi l'on ressent ce sentiment, mais Larguées
transpire
la féminité de sa réalisatrice et de ses interprètes. Frais,
drôle et parfois outrancier, l’œuvre d'Eloïse Lang rendrait
presque coupable la gente masculine de s'immiscer dans un récit
n'ayant à l'origine pour but que d'élever la femme au rang de
victime/prédatrice de l'homme que l'on aimerait alors voir réduit à
celui de chair à canon. Pourtant, rien n'est définitivement établi
dès le départ. Certains clichés sont balayés et Larguées
est
là pour nous démontrer que rien n'est immuable : Thierry
(l'excellent acteur belge Johan Heldenbergh) n'est pas l'alter ego du
Popeye des Bronzés
que l'on s'attend à croiser. Miou Miou abandonnera son comportement
de sexagénaire abattue et acceptera de se prêter au jeu
''organisé''
par sa fille Rose. Cette dernière (incarnée par la formidable
Camille Cottin) mettra un peu d'eau dans son vin lorsqu'il s'agira de
remettre un peu d'ordre dans le bordel qu'elle aura causé. Quant à
Alice (Excellente Camille Chamoux), sœur de Rose, elle aussi fera
quelques concessions pour passer de la gentille fille à sa maman, de
cette mère et épouse à laquelle tout le monde raccroche au nez, à
une Alice mimant un peu maladroitement sa sœur, elle, beaucoup moins ''coincée''.
Pourtant,
il faudra tout d'abord s'habituer au style. (Parfois un peu trop)
léger, musique assourdissante, esprit ''Club
Med''.
Accepter de remettre la finesse aux calendes grecques. Tout ça pour
constater qu'au fil du récit, on finit par s'attacher aux
personnages. Pour réaliser également que le pathétique fait place
neuve pour accueillir des dialogues et des séquences parfois
réellement amusants. Dans l'esprit, c'est vrai, on retrouve un peu
de l'humour façon ''punchline''
du classique de Patrice Leconte et de sa suite Les
Bronzés font du Ski (toutes proportions gardées bien évidemment).
Les répliques s'enchaînent sans discontinuer. Jamais vraiment très
fin mais carrément jubilatoire, Larguées
offre un panel de personnalités hautes en couleurs dont les trois
principales interprètes n'ont pas l'exclusivité. En effet, à côté
de Miou Miou, Camille Cottin et Camille Chamoux (sans oublier Johan
Heldenbergh), on retrouve les indispensables second-rôles au titre
desquels on peut relever la présence d'Olivia Côte (à l'origine de
l'une des séquences les plus drôlatiques du film), de Gunther Love
(Sylvain Quimène) dans le rôle de Romain, le barman ''barré'',
ou encore de Thomas Scimeca et Elliot Daurat qui forme un tandem
père/fils attachant.
Le film d'Eloïse Lang (tourné sur l'île de La Réunion) remplit
parfaitement son objectif. On rit énormément, on ne s'ennuie pas un
seul instant. Le spectateur ne se retrouvera pas forcément face à
une grande comédie française mais prendra un pied total devant les
élucubrations de ses interprètes. Jouissif !
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