A force de manger du
paradoxe et de la boucle temporels ainsi que du voyage dans le
temps, il fallait bien se douter qu'un jour nous nous farcirions un
met un peu moins prestigieux qui pourtant, à l'énoncé du menu,
avait l'air appétissant. Surtout qu'au générique, la présence de
James Belushi, (frère de John ''The Blues Brothers''
Belushi) avait de quoi aiguiser notre curiosité. Et puis, le nom de
Belushi sonne à l'oreille aussi plaisamment qu'un Dan Akroyd, et
surtout qu'un Bill Murray qui lui aussi interpréta le personnage
principal d'une œuvre dans laquelle le héros était coincé dans
une boucle temporelle (le cultissime Un Jour sans
Fin).
James Belushi est de ces acteurs des années quatre-vingt auxquels on
s'attache immédiatement. Dans le cas présent, il s'agit de
Retroactive,
un film sorti dont ne sait où, une pellicule tout droit venue des
années quatre-vingt dix (1997 pour être plus précis), signée par
un certain Louis Morneau, réalisateur et scénariste américain
habituellement attaché aux créatures du bestiaire fantastique
puisqu'on lui doit toute une série de long-métrages dédiés à
des bestioles du genre dinosaures (Carnosaur 2),
chauves-souris (Bats
ou La Nuit des Chauves-souris)
ou encore loups-garous (Werewolf : la Nuit
du Loup-Garou).
On lui doit même le navrant Hitcher 2,
suite du génialissime Hitcher que
réalisa Robert Harmon sept ans auparavant, en 1986.
Faut
surtout pas s'emballer au moment de découvrir Retroactive
pour la première fois. Et sans doute la dernière car si le film est
on ne peut plus divertissant, le long-métrage de Louis Morneau
risque d'intéresser davantage le genre ''casseurs
dans les manifestations parisiennes''
ou un certain type de supporters de foot, que les intégristes ou
les puristes du voyage dans le temps et des paradoxes temporels. Si
Retroactive
part sur de bonnes bases (bien que le sujet de la boucle temporelle
tarde à se manifester), le film parvient à se rendre plus drôle
que son auteur ne l'avait sans doute envisagé au départ. Thriller
''fantasticomique'',
Retroactive offre
donc bien le phénomène de la boucle et du paradoxe temporels tant
attendus. Malheureusement, Louis Morneau prône la surenchère. Alors
que le puriste s'attend à ce que son héroïne (l'actrice Kylie
Travis qui incarne à l'écran le personnage de Karen, jeune femme
séduisante coincée à l'arrière d'une voiture conduite par un
James Belushi/Franck bientôt coupable du meurtre de sa compagne
Rayanne après avoir appris qu'elle le trompait avec un mexicain) se
souvienne peu à peu des événements qu'elle s'apprête à revivre
une seconde fois, le réalisateur trouve le moyen de gâcher
instantanément le fruit d'un scénario écrit à six mains par
Michael Hamilton-Wright, Robert Strauss et Phillip Badger en lui
offrant la faculté de comprendre immédiatement qu'elle a déjà
vécu cette situation et cela, sans même vraiment s'en étonner. Pour la finesse, on repassera !
De plus, le paradoxe temporel évoqué ici voulant que chaque
réitération soit accompagnée d'une légère modification des
événements est totalement chamboulé par un cinéaste qui choisit
d'en faire des tonnes. Il faut dire qu'en attendant plus du tiers
d'un long-métrage qui ne dure même pas quatre-vingt dix minutes
pour faire intervenir l'élément fantastique, Louis Morneau semble
pressé d'en découvre avec un James Belushi qui cabotine à
outrance. J'évoquais, au dessus, le fait que le rire s'invite
parfois involontairement. C'est vrai. Et même si l'humour fait effectivement partie du voyage, certaines situations fort grotesques en rajoutent
plus qu'il n'en était nécessaire (à moins que ce soit justement ce
surcroît d'humour qui maintienne l'intérêt du spectateur). La
partie de yoyo qui consiste à la prise de contrôle de la situation
par l'un, puis par l'autre, puis par l'un, puis par l'autre, etc,
etc, est pittoresque, invraisemblable, ridicule. La psychologue de
service se montrant capable d'en découdre avec le psychopathe James
Belushi. Amusant, divertissant, mais peu crédible et emballé un peu
trop rapidement, Retroactive se révèle être au final une œuvre mineure dans le contexte du paradoxe temporel... Moyen !
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