Voilà bien le genre de
long-métrage qui a le cul entre deux chaises. Du pain béni pour à
peu de chose près, toutes les catégories de spectateurs. Du
critique aigri qui après avoir raté sa vocation d'acteur ou de
cinéaste a choisi de se venger en écrivant dans des feuilles de
chou des articles assassins, en passant par le fan assidu de
science-fiction compulsant la totalité des œuvres abordant le
sujet, et jusqu'à l'amateur hardcore de nanars et autres séries Z.
En réalité, c'est plutôt le spectateur lui-même qui a le cul
entre deux chaises, ne sachant plus s'il faut cracher sur le film de
Luke Sparke ou si, bien au contraire, il vaut mieux lui louer cet
humour involontaire qui l'émaille de part en part. Après avoir
d'abord été rebutés, ma compagne et moi avons ensuite choisi
d'accepter le principe selon lequel Occupation
était un bon gros navet dont il valait mieux rire que pleurer.
Deux
heures !!! Oui, quasiment cent-vingt minutes d'un objet filmique
presque non identifiable de part sa mise en scène totalement
chaotique. Épileptique aurais-je même envie de dire tant le montage
semble n'avoir été le fruit d'aucune logique spécifique. Des
ellipses en veux-tu, en voilà, et des invraisemblances qui
n'auraient pas à rougir de honte face au contraste persistant
opposant une partition musicale épique marquant les esprits tant
elle semble s'être échappée d'un long-blockbuster, à une œuvre
parfaitement absurde. Une drôle de production qui lorgne du côté
du post-apocalyptique mâtiné d'invasion extraterrestre alors même
qu'il aurait sans doute gagné le titre de chef-d’œuvre s'il
s'était contenté de n'être qu'une parodie. Chose qu'il n'est
malheureusement que de manière involontaire, je le répète.
Pour
les incontinents, prévoyez des couches parce que vous allez vous
faire pipi dessus. Les asthmatiques, votre Ventolin.
Occupation
propose un catalogue à ce point rarissime d'erreurs de mise en
scène, d'interprétation, d'écriture et de montage qu'il mériterait
à lui seul d'être étudié dans les écoles de cinéma du monde
entier. Le genre d'établissements que n'a d'ailleurs sans doute pas
fréquenté son auteur tant son film fait montre d'un grave manque
d'aptitudes dans tous ces domaines. Luke Sparke pose son œuvre en
alter ego des meilleures productions du genre en imposant à ses
interprètes une implication de tous les instants. Chacun y croit dur
comme fer, s'imaginant sans doute déjà monter sur la scène de
l'un des festivals de cinéma australien pour y dérober le prix du
meilleur interprète...
Le
spectateur sera presque pris de pitié pour Temuera Morrison, Dan
Ewing, Rhiannon Fish et les autres acteurs devant l'engouement
personnel dont il font tous preuve pour un résultat, au final,
presque aussi drôle que le cultissime Monty
Python, Sacré Graal
(qui soit dit en passant, l'était, lui, volontairement). Maintes
fois abordé au cinéma et à la télévision, Occupation
oppose
les habitants d'une ville australienne (le cinéaste, sans doute
faute de moyens, installera son intrigue au milieu de stands
installés à l'occasion d'un match de football très attendu plutôt
que dans la ville invoquée) à des extraterrestres parmi les plus
mal fagotés qu'il m'ait été donné de rencontrer. Planqué sous des
armures dignes des chevaliers du moyen-âge forgées dans des métaux
qui n'auraient eu, malheureusement, rien de nobles, le cinéaste leur
a affublé en sus, une cape qui rend l'aspect de ces créatures
totalement grotesque. De quoi rire un bon coup. Et même plusieurs.
Armés de fusils à laser produisant un bruit métallique
inapproprié, les acteurs cachés sous leur costumes agitent leur
joujou d'avant en arrière afin de reproduire de manière irréaliste
le recul produit par les tirs.
Mais
ça n'est qu'un détail parmi tant d'autres. Il faudrait une rame
entière de papier ou un disque dur d'un giga au moins pour les
recenser tous. Sorti récemment, Occupation
ressemble surtout à un mauvais épisode de série de science-fiction
des années quatre-vingt. C'est moche, et l'incarnation des acteurs y
est outrancière au regard du résultat final. Le compositeur
Christopher Elves y gâche littéralement son talent. Pourtant,
dégagé de ses intentions initiales, Occupation
reste une excellente comédie (!!!), involontaire, soit, mais
carrément efficace. Ayant des prédispositions pour la parodie, Luke
Sparke aurait tout intérêt à se recycler dans ce domaine et
abandonner tout de suite toute tentative de réplique en matière de
science-fiction. Occupation
loupe donc totalement le coche à cause d'une mise en scène, et d'un
scénario incohérent bourré de clichés et surtout, à cause d'un montage et de
raccourcis absolument grotesques... Allez, trois étoiles... parce
que je suis de bonne humeur...
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