Laurent Baffie perdait
ses Clés de Bagnole
quinze ans plus tôt pour finalement les retrouver dans l'une des
poches de son pantalon. Aidé par des dizaines de potes dont ses
complices Daniel Russo et Pascal Sellem, cet humoriste au caractère
bien trempé et à l'incroyable répartie avait accouché d'un
long-métrage étonnant, inhabituel, à mille lieues de l'habituelle
soupe que le cinéma français nous sert depuis une bonne vingtaine
d'années. En 2018, Julien Hervé et Philippe Mechelen, qui auprès
de Lionel Dutemple et Benjamin Morgaine écrivirent pour les Guignols
de l'Info
sur Canal +
durant un « quinquennat »
prennent à leur tour le chemin du grand écran pour signer un film
à deux dont le scénario rappelle sensiblement l’œuvre de Laurent
Baffie. Pourtant, Lionel Dutemple et Benjamin Morgaine revoient leur
casting à la baisse car à part ses deux principaux interprètes et
quelques invités de passage, Le Doudou
convoque beaucoup moins d'artistes à la fête. De plus, ça n'est
pas parce que les ces deux là ont tout comme Benoît Delépine et
Gustave Kervern fait leurs armes sur la quatrième chaîne de télé
française que leur film aura la prétention d'être un OFNI
de
la trempe d'un Avida,
d'un Grand Soir
ou d'un Saint Amour.
Le Doudou est,
dans l'ensemble, plutôt classique. Même s'il réserve quelques
idées délirantes au rayon desquelles David Salles (Denis,
Babysitting)
incarne un vigile particulièrement gratiné, le film du duo déroule
une intrigue relativement simple quoique émaillée de quelques
séquences plutôt amusantes.
Le Doudou
tente très modestement d'installer une complicité entre deux
individus n'ayant au départ aucune raison de sympathiser ou de se côtoyer (l'un est responsable de la voirie de Poissy tandis que le
second n'y est qu'un petit employé à l'aéroport). Si Michel Barré
(Kad Merad) et Sofiane (Malik Bentalha) vont partager une poignée
d'heures ensemble, c'est parce que le premier a perdu le doudou de sa
gamine et que l'autre espère toucher cent-cinquante euros une fois
l'objet retrouvé. Afin d'étoffer quelque peu le scénario qu'ils
ont eux-mêmes écrit à quatre mains, les deux cinéastes ont inclus
une sous-intrigue inintéressante tournant autour du personnage
incarné par Malik Bentalha, lequel s'est fait plaquer par sa
compagne Léa, qui elle, est interprétée par l'actrice Lou Chauvin.
C'est vrai, on se fiche un peu (et même beaucoup, à dire vrai) de
leur rupture et de la navrante tentative de Sofiane de récupérer
son ex-petite amie. Malik Bentalha est sans doute très amusant
lorsqu'il monte sur scène et il appréciable d'assister à sa
répartie lorsqu'il participe au désopilant jeu télévisé Burger
Quiz,
mais dès qu'il s'agit pour lui d'exprimer diverses émotions, c'est
à ce moment très précis que l'acteur-humoriste montre ses
limites : on n'y croit pas un seul instant, le visage de Malik
Bentalha demeurant figé comme l'un des mannequins de cire du Musée
Grévin
justement cité dans le film. Kad Merad, sans être exceptionnel,
assure le minimum syndical comme dans la majeure partie des
longs-métrages qu'il interprète.
Le Doudou
tient surtout la route et évite de tomber dans le fossé grâce à
quelques savoureux décalages humoristiques. Entre un David Salles en
mode « vigile
amoureux de son (sa) chien(ne) »,
un Mahdi Alaoui en agent de sécurité costaud mais pas très malin,
un Guy Marchand en vieillard faussement sénile amateur de sites
pornos, et un Elie Sémoun dont le personnage du père Gouthard ne dépareillerait sans doute pas avec ceux qu'il a créé pour sa série
des Petites
Annonces d'Élie.
Si Julien Hervé et Philippe Mechelen ont de la suite dans les idées,
il va cependant leur falloir étoffer quelque peu leurs idées s'ils
veulent pouvoir définitivement se démarquer de la concurrence. Le
Doudou
n'est pas l'ultime alternative entre le cinéma français humoristique plan-plan
ayant
tendance à se généraliser depuis quelques années et celui
beaucoup plus barré du duo Benoît Delépine et Gustave Kervern, ou
mieux, d'un Quentin Dupieux, mais de minuscules idées permettent de
passer un moment relativement sympathique d'autant plus que, il ne
faut pas se le cacher, il arrive que l'on rigole devant certaines
scènes...
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