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mardi 23 octobre 2018

Cycle Stephen King : Dolores Claiborne de Taylor Hackford (1995) - ★★★★★★★★☆☆



Lorsqu'un cinéaste adapte un ouvrage de qualité, on pourrait être en droit de penser qu'il part sur des bases beaucoup plus saines et solides que celui qui aura la dure mission de transformer un piètre roman en un long-métrage convainquant et que la réussite est acquise dès le départ. Mais encore faut-il que ce cinéaste puisse rendre à l'écran tout ce que l'écrivain a injecté dans son roman. Plus que jamais, Stephen King, celui que tout le monde à découvert un jour caché derrière l'un de ses romans d'épouvante, n'a sans doute jamais été aussi profond qu'en abordant l'écriture sous un angle différent. Quoique, l'épouvante pouvant ressembler à autre chose qu'à des fantômes, des vampires et autres loups-garous, l'auteur de The Dead Zone, de Misery, de Rita Hayworth and Shawshank Redemption, ou de The Body a déjà prouvé à maintes reprises qu'elle pouvait s'inscrire dans un contexte tout à fait crédible. Un peu comme cela est le cas avec son dix-neuvième roman Dolores Claiborne. Un excellent ouvrage qui montrera à ceux qui ne cessèrent de le conspuer en affirmant que son oeuvre est mineure, qu'il est capable de grandes choses.

Il fallait donc que son adaptation sur grand écran soit à la hauteur, et ainsi donc confié à un cinéaste capable de produire une œuvre aussi riche et profonde que l'est le roman. C'est donc au cinéaste américain Taylor Hackford qu'échut la responsabilité de mettre en scène ce drame poignant. Un cinéaste qui s'était notamment fait remarquer jusque là avec An Officer and a Gentleman en 1983. Dolores Claiborne n'est pas un film d'épouvante. Ou si peu...

Car la vie de cette femme au service d'une richissime vieille dame depuis plus de vingt ans va basculer du jour au lendemain, lorsque Dolores Claiborne va être surprise par le facteur, un rouleau à pâtisserie entre les mains, assise au dessus de son employeuse agonisante. Soupçonnée par l'infâme détective John MacKey (excellent Christopher Plummer) qui n'a jamais accepté que la gouvernante soit reconnue innocente de la mort de son époux il y a de nombreuses années, le film de Taylor Hackford revient sur le douloureux passé de Dolores Claiborne. De sa vie avec son époux Joe (génial David Strathairn), alcoolique et violent, jusqu'aux années passées au service de l’acariâtre et méprisante Vera Donovan (Judy Parfitt), en passant par les moqueries dont elle fut la victime de la part des habitants de Little Tall, dans le Maine.

Dolores Claiborne, c'est l'actrice Kathy Bates, qui cinq ans après son incroyable performance dans le film de Rob Reiner, Misery, réapparaît pour la seconde fois dans une adaptation d'une œuvre de Stephen King. A ses côtés, l'actrice Jennifer Jason Leigh incarne avec talent la propre fille de Dolores, Selena St. George. Deux personnages, une mère et sa fille, qui n'ont eu de cesse de subir des épreuves terribles et qui entretiennent des rapports difficiles et conflictuels depuis la mort du mari de la première et du père de la seconde. Alors ? Accident ou meurtre ? Le mystère se prolonge. Longtemps... Dolores a-t-elle tué son mari, et beaucoup plus tard, son employeuse ? C'est ce que tente d'établir le cinéaste qui avec Dolores Claiborne signe l'une des meilleures adaptations de Stephen King. Une œuvre profonde, oui, mais parfois, également, terriblement sombre. Comme si aucune fée ne s'était penchée sur le berceau de son héroïne, martyrisée par un Mal prenant autant de visages que Little Tall compte d'habitants.

Taylor Hackford bâtit une œuvre au scénario complexe mais d'une étonnante fluidité, revenant de manière incessante sur différentes périodes de l'existence de son héroïne. Bourru, le personnage magnifiquement incarné par Kathy Bates n'en est pas pour autant moins attachant. Au contraire, l'actrice y est si convaincante qu'il n'est pas rare que l'on soit bouleversé. Il ne faudra cependant pas éclipser Jennifer Jason Leigh, qui offre une composition qu'il serait dommage d'oublier vu l'immense présence de Kathy Bates à l'écran. Accompagné par une partition musicale signée du compositeur « attitré » de Tim Burton, Danny Elfman, Dolores Claiborne impressionne par la mise en scène du cinéaste et par le jeu absolument bouleversant de Kathy Bates et Jennifer Jason Leigh, ainsi que par celui, effroyable, de Christopher Plummer et David Strathairn. Un film majeur dans la carrière cinématographique "adaptée" de Stephen King... Regardez-le, vous n'en ressortirez pas indemne. Car lorsque l'on croit que tout est dit, Stephen King possède cette faculté stupéfiante consistant à nous asséner des coups de poignard supplémentaires. Comme si le spectateur n'avait pas suffisamment enduré d'épreuves. Un classique !!!

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