Charles Senac est un être
méprisable et odieux envers tous ceux qui le côtoient. Auteur d'un
roman à succès, il n'a depuis plus rien fait éditer. C'est
peut-être pourquoi il est si dur avec ceux qu'il retrouve tous les
jours au café « Le Renard Jaune ». Là, les langues se
délient. Surtout celle de l'écrivain qui s'en prend à un
commandant de l'armée française, à une femme d'un certain âge,
fière d'être une « cougar », une autre, plus jeune,
dont le visage est défiguré par une longue balafre, signature de
Charles Senac lui-même. Ici traîne, et boit surtout, un jeune
peintre sans talent mais qui se voudrait célèbre. Et puis,
évidemment, les serveurs Jean Virmo et Polo, les employés de Léo,
le patron du café-restaurant dont la tête a la fâcheuse habitude
de pencher vers la gauche.
Tous le monde ici
aimerait se débarrasser du détestable écrivain, mais personne
n'ose passer à l'acte. Tous le monde ? Pas tout à fait. Le
jeune phil, lui, est en admiration devant l'écrivain. Il vient de
son pays natal pour rencontrer son idole. Pas de pot ! C'est
justement aujourd'hui qu'est retrouvé le corps sans vie de Charle
Senac, tué à l'aide d'un tisonnier.
Débarque alors
l'inspecteur Giraud, accompagné de son subalterne. L'homme a bien
l'intention de mettre la main sur celui ou celle qui s'est rendu
coupable du meurtre de l'écrivain...
Tourné en 2013, Le
Renard Jaune est un projet qui tient à cœur à Jean-Pierre
Mocky puisqu'il avait prévu de le réaliser quarante-six ans plus
tôt et avait prévu dans les rôle principaux, Maurice Chevalier,
Bourvil, Francis Blanche et Simone Signoret. Un casting de rêve qui
en aurait fait baver plus d'un. Ce n'est donc que beaucoup plus tard
que le cinéaste mettra en chantier ce film policier qui a surtout le
allures d'une pièce de théatre. En place et en lieu des acteurs
cités au dessus, on retrouve une nouvelle fois, un parterre de stars
françaises qui laissent présager du meilleur : Richard
Bohringer, Michael Lonsdale (qui collabore ici pour la neuvième fois
à un projet de Jean-Pierre Mocky), Philippe Chevalier (moitié du
duo Chevalier-Laspalès), Claude Brasseur, Dominique Lavanant,
Béatrice Dalle, Frédéric Diefenthal, les père et fils
Jean-François et Robinson Stévenin, etc...
Que dire alors de ce
Renard Jaune ? L'esprit de liberté
qui transpire des œuvres de Mocky est ici encore bien présent. Tout
cela sent l'improvisation. Quelques petites erreurs de « lecture »
ne dérangent visiblement pas le cinéaste et ne l'obligent en aucun
cas à reprendre certaines répliques. Chacun semble interpréter son
rôle à sa manière avec plus ou moins de bonheur. On s'amuse
beaucoup devant les invectives de Bohringer qui s'éclate à pourrir
la vie de ses concitoyens. Chacun mène sa barque comme il l'entend
sans que Jean-Pierre Mocky ne vienne mettre son grain de sel.
Alors, bien sûr,
l'enquête sur le meurtre n'est qu'un prétexte. D'ailleurs, y en
a-t-il vraiment une ? Elle sert plutôt de faire-valoir à une
réunion d'actrices et d'acteurs cabotins qui s'amusent dans ce
huis-clos qui ne fera sans doute jamais partie des grands classiques
du cinéma français mais qui permet tout de même de passer un
moment agréable... et léger... Un jean-Pierre Mocky en mode
« Agatha Christie »...
Interview de Michael Lonsdale sur le tournage du film:
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