Majoritairement (pour ne
pas dire, unanimement) encensé par la presse française, Hunger
Games : L'Embrasement
est la seconde adaptation de la trilogie de romans écrits par
Suzanne Collins. Deux choix s'imposent que l'on soit amateur du genre
ou pas. Si l'on se positionne en tant que spectateur ayant aimé
Hunger Games,
premier du nom, on pourra aimer cette suite, même s'il faut
reconnaître objectivement qu'elle ne ressemble à rien d'autre qu'à
une 'mise à jour
2.0' du
premier. Alors, bien sûr, si l'on n'est pas trop regardant et que la
possibilité d'assister à un même spectacle divisé en plusieurs
actes amélioré de quelques effets supplémentaires nous suffit,
pourquoi pas. Sauf qu'en fait d'embrasement, le long-métrage de
Francis Lawrence (qui contrairement aux apparences n'a pas de liens
de parentés avec l'actrice incarnant l'héroïne Katniss Everdeen,
Jennifer Lawrence) cette suite se révèle plutôt timide. N'ayant
pas lu la série de romans, je ne peux par conséquent affirmer ou
pas que le long-métrage demeure fidèle au second tome, mais
concernant son adaptation, et malgré les indéniables qualités du
premier que le nouveau réalisateur à su mettre à son profit pour
proposer un spectacle plus impressionnant encore, on pourra quelque
peu s'ennuyer devant la redondance du récit. Car Hunger
Games : L'Embrasement
n'explore que très peu de nouvelles idées. Il fallait à tout prix
trouver le moyen de renvoyer l'héroïne combattre dans l'arène. Et
pour cela, le récit invoque
l'Expiation',
cette formule qui permet tous les vingt-cinq ans d'envoyer parmi
d'anciens combattants, ceux tirés une fois de plus au hasard. Retour
à la case départ donc pour Katniss, Peeta, et en arrière-plan,
Haymitch Abernathy (Woody Harrelson), Cinna (Lenny Kravtiz) et
l'exubérante Effie Trinket (Elizabeth Banks). Donald Pleasance et le
monstrueux personnage Coriolanus Snow sont toujours du voyage.
A
part quelques petites nouveautés au niveau du scénario (révolte
timide d'une partie du peuple vivant dans les différents secteurs
des districts, volonté du président Snow de se débarrasser de
Katniss, principe d'alliance, combattants de tous âges), Hunger
Games : L'Embrasement se
décompose de la même manière que l'épisode précédent. Tirage au
sort des candidats, avec à la clé, quelques courageux volontaires.
Présentation devant le peuple du Capitole, entraînement au combat,
et enfin, survie en milieu hostile pour les combattants du
soixante-quinzième tournoi des Hunger
Games.
Mieux vaut éviter de regarder les deux premiers volets
consécutivement car sinon, c'est l'ennui qui guette. En effet, on a
très souvent l'impression de regarder le premier opus deux fois de suite. Heureusement que quelques bonnes idées viennent améliorer
une œuvre qui se révélait déjà convaincante. La forêt devient
tropicale, les combattants forment des groupes d'alliés solides et
attachants, et quelques ingénieuses propositions donnent une ampleur
dramatique supplémentaire à la phase 'survivaliste'.
Comme cette horloge climatique gigantesque ou l'immense champ de
force qui recouvre le ciel au dessus de la tête des combattants. On
le savait déjà, un troisième volet était logiquement prévu, mais
mon dieu que Hunger Games : L'Embrasement se
termine en queue de poisson. Comme une ellipse improbable qui donne à
la fin de ce second épisode les allures d'un brouillon laissé en
l'état. Le long-métrage de Francis Lawrence est une déception
pour qui aurait préféré que l'intrigue avance davantage et ne nous
resserve pas la même sauce que l'année précédente. Le budget de
cette suite fut de cent-trente millions de dollars. Le film rapporta
en l'espace du premier week-end seulement et ce, à travers le monde,
la modique somme de trois-cent sept millions de dollars. La preuve
que le public y adhérait totalement. Il n'aura pas fallut attendre
longtemps pour que sorte le troisième volet qui apparu sur les
écrans en novembre de l'année suivante...
Hunger Games - La Révolte : Partie 1, c'est le
changement dans la continuité. Francis Lawrence nous épargne
heureusement une seconde redite et fait enfin avancer le récit d'une
dystopie qui n'oublie cependant pas d'abreuver ses images des mêmes
métaphores que dans les deux précédents épisodes. L'embrasement
annoncé lors du second opus, bizarrement, ne survient finalement
qu'au cœur de cette révolte tant attendue, que le spectateur aura
sans doute la désagréable occasion de voir scindée en deux, le
laissant orphelin de ses héros pendant presque une année entière.
L'une des grandes tragédies de cette saga adolescente
post-apocalyptique devait survenir durant le générique de fin de
Hunger Games - La Révolte : Partie 1, puisque sans que
l'on y soit forcément préparé, nous apprenions que ce troisième
épisode rendait hommage à l'acteur Philip Seymour Hoffman, retrouvé
mort dans sa salle de bain. C'est alors un peu honteusement que l'on
pouvait penser qu'outre ce malheureux événement, Francis Lawrence
avait peut-être tout de même eu la chance d'avoir en sa possession
les scènes qu'avait tourné l'acteur pour le quatrième et dernier
volet qui allait sortir l'année suivante, en 2015 ? la réponse
est... oui. Une interprétation posthume pour un acteur dont
l'absence allait profondément marquer le paysage cinématographique
mondial... Si les premiers rôles incarnés n'ont physiquement pas eu
le temps de vraiment vieillir (Jennifer Lawrence et Josh Hutcherson
n'ont par exemple qu'un an de plus par rapport à l'épisode
précédent), leur personnage respectif a part contre beaucoup mûri,
conférant ainsi une certaine crédibilité à ces personnalités
quittant peu à peu le monde de l'adolescence pour celui, beaucoup
plus concret, des adultes. Le récit lui-même semble avoir muté et
demeure beaucoup plus sombre qu'auparavant. Débarque pour la
première fois, l'actrice américaine d'origine écossaise Julianne
Moore dans le rôle de la présidente Alma Coin du District 13.
Comme
écrit plus haut, la métaphore persiste dans sa volonté de décrire
la manipulation par l'image dans un contexte pas si éloigné du
notre. En bons élèves, ce sont cette fois-ci les rebelles qui en
font usage afin d'opportunément rallier un maximum d'individus à
leur cause. Si l'émotion semblait avoir été bannie du second
épisode, et si cette émotion n'est pas des plus courante dans ce
troisième opus, il demeure tout de même une séquence foudroyante,
magnifiquement mise en images, en musique et en paroles. La chanson,
L'arbre du Pendu,
dont nous envisagions déjà auparavant la portée mais qui trouve
ici matière à chavirer le cœur des spectateurs, donne lieu à une
séquence aussi belle que bouleversante. Hunger
Games - La Révolte : Partie 1 forme
une sorte de huis-clos situé presque exclusivement dans la tour
souterraine de quarante étages du District 13. Le cadre se veut plus
anxiogène et demeure en total décalage avec la forêt tropicale du
second épisode. Les rares sorties en extérieurs servent de prétexte
pour nous montrer un paysage dévasté par la guerre et par un homme,
un seul, le toujours tyrannique Snow (excellent Donald Sutherland),
posant fièrement en dictateur ultime d'un monde en pleine
déliquescence. Comme l'est de plus en plus sa suprématie, mise à
mal par le grondement d'un peuple qui ne veut plus vivre sous son
joug. Visuellement, il demeure dans ce troisième épisode, une
énigme difficile à résoudre, et que pas même le budget de
cent-vingt cinq millions de dollars ne peut expliquer. Pourquoi
suggérer les combats plutôt que de nous en mettre plein la vue ?
En effet, même si la subjectivité de l'attaque de l'armée du
Capitole contre le District 13 a l'avantage de présenter
l’affrontement sous un angle plus anxiogène que spectaculaire (le
spectateur est ainsi directement confronté aux conséquences du
bombardement de la tour souterraine par les missiles ennemis), une
partie du public pourra regretter que le film soit souvent plus
contemplatif que rentre dedans. Au bout de trois épisodes, on
pouvait espérer que la saga verse davantage dans l'affrontement
direct, d'autant plus qu'en terme de tactique militaire, Hunger
Games - La Révolte : Partie 1
est plutôt timide. Espérons simplement que le quatrième et dernier
volet apportera la réponse attendue du public éprit de vengeance...
N'attendons
pas et allons directement dans le vif du sujet. Hunger
Games - La Révolte : Partie 2
débute comme s'il n'avait été scindé du précédent épisode que
par une longue page de pub d'un an. Pas de générique en dehors de
la présentation des sociétés ayant produit le film. On retrouve
Katniss comme si nous l'avions quittée un instant auparavant.
Minerve autour du cou, déboussolée par ce qui vient tout juste de
lui arriver. Pas le temps de tergiverser. Francis Lawrence a
exactement cent-trente six minutes pour apporter une conclusion
flamboyante à la saga Hunger Games.
Verdict ? Si dans une grande majorité des cas ce dernier volet
est moins apprécié que les deux premiers (Hunger
Games et
Hunger Games – L'Embrasement)
par la presse et le public, il rempli cependant parfaitement son
objectif, qui est de divertir. Désormais, le combat final est
engagé. Plus le récit de cette saga qui aura tenu en haleine les
spectateurs durant quatre années consécutives progresse, et plus la
colorimétrie s'efface au profit d'une bichromie proche du noir et
blanc. Après un avant-propos détaillant grossièrement le but de
la manœuvre à venir de la part des alliés désormais constitués
des rebelles des treize districts, La Révolte :
Partie 2 offre
une vision urbaine des fameux Hungers Games lors d'une succession de
moments de bravoure trouvant leur point culminant lorsque Katniss et
les membres d'une mission à laquelle elle participe sont contraints
de passer inaperçus en passant sous le Capitol. On pourra reprocher
l'apparition de 'mutants'
qui
dans le contexte de ce récit pourront paraître inappropriés ou du
moins, tout à fait opportuniste (le film sort au beau milieu d'un fatras de longs-métrages sur le thème des 'infectés'). Sauf que, la scène durant laquelle
la dite 'mission'
combat avec acharnement ces créatures humanoïdes est si bien
orchestrée qu'on pardonne aisément cet écart de conduite.
S'enchaînent alors des séquences inoubliables dont un bouleversant
bombardement dont le cinéaste semble avoir le secret. Toujours
magnifiquement accompagnée par la partition musicale de James Newton
Howard (ahhhhh le déchirant thème
The Hanging Tree),
l'aventure est riche en rebondissements avec moult trouvailles (le
raz de marée, la ville piégée, etc...) et quelques rares moments
réellement tétanisants (le massacre des enfants devant les grilles
du Capitol). Les effets-spéciaux conservent leur générosité tout
en se faisant suffisamment discrets pour que le récit n'en pâtisse
pas. Chaque actrice, chaque acteur, incarne avec talent son
personnage. La caractérisation de certains d'entre eux est poussée
jusque dans ses derniers retranchements et laisse souvent entrevoir
des chemins de travers comportementaux auxquels nous ne nous étions
pas forcément préparés même s'ils entrent dans une certaine
logique ( le personnage d'Alma Coin). Parmi les quatre épisodes,
c'est bien ce dernier qui met en lumière l'actrice Jennifer
Lawrence, superbement filmée dans une œuvre entièrement vouée à
son image. A peine reconnaissable en certaines occasions, le
spectateur a l'occasion de noter le double enjeu intellectuel qui
ressort de Katniss et du contrat moral qu'elle a envers son peuple.
Il demeure en effet en elle, ce qui, très étrangement, participe à
l'adhésion du public pour l'actrice qui pouvait jusque là énerver,
comme deux aspects de sa personnalité qui au lieu de s'entrechoquer
se complètent : Volonté et appréhension.
Au
final, on pourra se demander si ce récit qui finalement ne fait que
survoler certaines de ses thématiques méritait quatre
longs-métrages. Mais le spectacle est parfois si effroyablement beau
et le message si proche de nous que l'on se dit que neuf heures de
film n'étaient finalement pas de trop !
Tiens ! Et si j'me lançais dans la saga Harry Potter...?
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