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mardi 13 mars 2018

Sélection de 3 films à voir, à revoir... ou à éviter (5) Spéciale Hunger Games

Majoritairement (pour ne pas dire, unanimement) encensé par la presse française, Hunger Games : L'Embrasement est la seconde adaptation de la trilogie de romans écrits par Suzanne Collins. Deux choix s'imposent que l'on soit amateur du genre ou pas. Si l'on se positionne en tant que spectateur ayant aimé Hunger Games, premier du nom, on pourra aimer cette suite, même s'il faut reconnaître objectivement qu'elle ne ressemble à rien d'autre qu'à une 'mise à jour 2.0' du premier. Alors, bien sûr, si l'on n'est pas trop regardant et que la possibilité d'assister à un même spectacle divisé en plusieurs actes amélioré de quelques effets supplémentaires nous suffit, pourquoi pas. Sauf qu'en fait d'embrasement, le long-métrage de Francis Lawrence (qui contrairement aux apparences n'a pas de liens de parentés avec l'actrice incarnant l'héroïne Katniss Everdeen, Jennifer Lawrence) cette suite se révèle plutôt timide. N'ayant pas lu la série de romans, je ne peux par conséquent affirmer ou pas que le long-métrage demeure fidèle au second tome, mais concernant son adaptation, et malgré les indéniables qualités du premier que le nouveau réalisateur à su mettre à son profit pour proposer un spectacle plus impressionnant encore, on pourra quelque peu s'ennuyer devant la redondance du récit. Car Hunger Games : L'Embrasement n'explore que très peu de nouvelles idées. Il fallait à tout prix trouver le moyen de renvoyer l'héroïne combattre dans l'arène. Et pour cela, le récit invoque l'Expiation', cette formule qui permet tous les vingt-cinq ans d'envoyer parmi d'anciens combattants, ceux tirés une fois de plus au hasard. Retour à la case départ donc pour Katniss, Peeta, et en arrière-plan, Haymitch Abernathy (Woody Harrelson), Cinna (Lenny Kravtiz) et l'exubérante Effie Trinket (Elizabeth Banks). Donald Pleasance et le monstrueux personnage Coriolanus Snow sont toujours du voyage.
A part quelques petites nouveautés au niveau du scénario (révolte timide d'une partie du peuple vivant dans les différents secteurs des districts, volonté du président Snow de se débarrasser de Katniss, principe d'alliance, combattants de tous âges), Hunger Games : L'Embrasement se décompose de la même manière que l'épisode précédent. Tirage au sort des candidats, avec à la clé, quelques courageux volontaires. Présentation devant le peuple du Capitole, entraînement au combat, et enfin, survie en milieu hostile pour les combattants du soixante-quinzième tournoi des Hunger Games. Mieux vaut éviter de regarder les deux premiers volets consécutivement car sinon, c'est l'ennui qui guette. En effet, on a très souvent l'impression de regarder le premier opus deux fois de suite. Heureusement que quelques bonnes idées viennent améliorer une œuvre qui se révélait déjà convaincante. La forêt devient tropicale, les combattants forment des groupes d'alliés solides et attachants, et quelques ingénieuses propositions donnent une ampleur dramatique supplémentaire à la phase 'survivaliste'. Comme cette horloge climatique gigantesque ou l'immense champ de force qui recouvre le ciel au dessus de la tête des combattants. On le savait déjà, un troisième volet était logiquement prévu, mais mon dieu que Hunger Games : L'Embrasement se termine en queue de poisson. Comme une ellipse improbable qui donne à la fin de ce second épisode les allures d'un brouillon laissé en l'état. Le long-métrage de Francis Lawrence est une déception pour qui aurait préféré que l'intrigue avance davantage et ne nous resserve pas la même sauce que l'année précédente. Le budget de cette suite fut de cent-trente millions de dollars. Le film rapporta en l'espace du premier week-end seulement et ce, à travers le monde, la modique somme de trois-cent sept millions de dollars. La preuve que le public y adhérait totalement. Il n'aura pas fallut attendre longtemps pour que sorte le troisième volet qui apparu sur les écrans en novembre de l'année suivante...

Hunger Games - La Révolte : Partie 1, c'est le changement dans la continuité. Francis Lawrence nous épargne heureusement une seconde redite et fait enfin avancer le récit d'une dystopie qui n'oublie cependant pas d'abreuver ses images des mêmes métaphores que dans les deux précédents épisodes. L'embrasement annoncé lors du second opus, bizarrement, ne survient finalement qu'au cœur de cette révolte tant attendue, que le spectateur aura sans doute la désagréable occasion de voir scindée en deux, le laissant orphelin de ses héros pendant presque une année entière. L'une des grandes tragédies de cette saga adolescente post-apocalyptique devait survenir durant le générique de fin de Hunger Games - La Révolte : Partie 1, puisque sans que l'on y soit forcément préparé, nous apprenions que ce troisième épisode rendait hommage à l'acteur Philip Seymour Hoffman, retrouvé mort dans sa salle de bain. C'est alors un peu honteusement que l'on pouvait penser qu'outre ce malheureux événement, Francis Lawrence avait peut-être tout de même eu la chance d'avoir en sa possession les scènes qu'avait tourné l'acteur pour le quatrième et dernier volet qui allait sortir l'année suivante, en 2015 ? la réponse est... oui. Une interprétation posthume pour un acteur dont l'absence allait profondément marquer le paysage cinématographique mondial... Si les premiers rôles incarnés n'ont physiquement pas eu le temps de vraiment vieillir (Jennifer Lawrence et Josh Hutcherson n'ont par exemple qu'un an de plus par rapport à l'épisode précédent), leur personnage respectif a part contre beaucoup mûri, conférant ainsi une certaine crédibilité à ces personnalités quittant peu à peu le monde de l'adolescence pour celui, beaucoup plus concret, des adultes. Le récit lui-même semble avoir muté et demeure beaucoup plus sombre qu'auparavant. Débarque pour la première fois, l'actrice américaine d'origine écossaise Julianne Moore dans le rôle de la présidente Alma Coin du District 13.
Comme écrit plus haut, la métaphore persiste dans sa volonté de décrire la manipulation par l'image dans un contexte pas si éloigné du notre. En bons élèves, ce sont cette fois-ci les rebelles qui en font usage afin d'opportunément rallier un maximum d'individus à leur cause. Si l'émotion semblait avoir été bannie du second épisode, et si cette émotion n'est pas des plus courante dans ce troisième opus, il demeure tout de même une séquence foudroyante, magnifiquement mise en images, en musique et en paroles. La chanson, L'arbre du Pendu, dont nous envisagions déjà auparavant la portée mais qui trouve ici matière à chavirer le cœur des spectateurs, donne lieu à une séquence aussi belle que bouleversante. Hunger Games - La Révolte : Partie 1 forme une sorte de huis-clos situé presque exclusivement dans la tour souterraine de quarante étages du District 13. Le cadre se veut plus anxiogène et demeure en total décalage avec la forêt tropicale du second épisode. Les rares sorties en extérieurs servent de prétexte pour nous montrer un paysage dévasté par la guerre et par un homme, un seul, le toujours tyrannique Snow (excellent Donald Sutherland), posant fièrement en dictateur ultime d'un monde en pleine déliquescence. Comme l'est de plus en plus sa suprématie, mise à mal par le grondement d'un peuple qui ne veut plus vivre sous son joug. Visuellement, il demeure dans ce troisième épisode, une énigme difficile à résoudre, et que pas même le budget de cent-vingt cinq millions de dollars ne peut expliquer. Pourquoi suggérer les combats plutôt que de nous en mettre plein la vue ? En effet, même si la subjectivité de l'attaque de l'armée du Capitole contre le District 13 a l'avantage de présenter l’affrontement sous un angle plus anxiogène que spectaculaire (le spectateur est ainsi directement confronté aux conséquences du bombardement de la tour souterraine par les missiles ennemis), une partie du public pourra regretter que le film soit souvent plus contemplatif que rentre dedans. Au bout de trois épisodes, on pouvait espérer que la saga verse davantage dans l'affrontement direct, d'autant plus qu'en terme de tactique militaire, Hunger Games - La Révolte : Partie 1 est plutôt timide. Espérons simplement que le quatrième et dernier volet apportera la réponse attendue du public éprit de vengeance...

N'attendons pas et allons directement dans le vif du sujet. Hunger Games - La Révolte : Partie 2 débute comme s'il n'avait été scindé du précédent épisode que par une longue page de pub d'un an. Pas de générique en dehors de la présentation des sociétés ayant produit le film. On retrouve Katniss comme si nous l'avions quittée un instant auparavant. Minerve autour du cou, déboussolée par ce qui vient tout juste de lui arriver. Pas le temps de tergiverser. Francis Lawrence a exactement cent-trente six minutes pour apporter une conclusion flamboyante à la saga Hunger Games. Verdict ? Si dans une grande majorité des cas ce dernier volet est moins apprécié que les deux premiers (Hunger Games et Hunger Games – L'Embrasement) par la presse et le public, il rempli cependant parfaitement son objectif, qui est de divertir. Désormais, le combat final est engagé. Plus le récit de cette saga qui aura tenu en haleine les spectateurs durant quatre années consécutives progresse, et plus la colorimétrie s'efface au profit d'une bichromie proche du noir et blanc. Après un avant-propos détaillant grossièrement le but de la manœuvre à venir de la part des alliés désormais constitués des rebelles des treize districts, La Révolte : Partie 2 offre une vision urbaine des fameux Hungers Games lors d'une succession de moments de bravoure trouvant leur point culminant lorsque Katniss et les membres d'une mission à laquelle elle participe sont contraints de passer inaperçus en passant sous le Capitol. On pourra reprocher l'apparition de 'mutants' qui dans le contexte de ce récit pourront paraître inappropriés ou du moins, tout à fait opportuniste (le film sort au beau milieu d'un fatras de longs-métrages sur le thème des 'infectés'). Sauf que, la scène durant laquelle la dite 'mission' combat avec acharnement ces créatures humanoïdes est si bien orchestrée qu'on pardonne aisément cet écart de conduite. S'enchaînent alors des séquences inoubliables dont un bouleversant bombardement dont le cinéaste semble avoir le secret. Toujours magnifiquement accompagnée par la partition musicale de James Newton Howard (ahhhhh le déchirant thème The Hanging Tree), l'aventure est riche en rebondissements avec moult trouvailles (le raz de marée, la ville piégée, etc...) et quelques rares moments réellement tétanisants (le massacre des enfants devant les grilles du Capitol). Les effets-spéciaux conservent leur générosité tout en se faisant suffisamment discrets pour que le récit n'en pâtisse pas. Chaque actrice, chaque acteur, incarne avec talent son personnage. La caractérisation de certains d'entre eux est poussée jusque dans ses derniers retranchements et laisse souvent entrevoir des chemins de travers comportementaux auxquels nous ne nous étions pas forcément préparés même s'ils entrent dans une certaine logique ( le personnage d'Alma Coin). Parmi les quatre épisodes, c'est bien ce dernier qui met en lumière l'actrice Jennifer Lawrence, superbement filmée dans une œuvre entièrement vouée à son image. A peine reconnaissable en certaines occasions, le spectateur a l'occasion de noter le double enjeu intellectuel qui ressort de Katniss et du contrat moral qu'elle a envers son peuple. Il demeure en effet en elle, ce qui, très étrangement, participe à l'adhésion du public pour l'actrice qui pouvait jusque là énerver, comme deux aspects de sa personnalité qui au lieu de s'entrechoquer se complètent : Volonté et appréhension.
Au final, on pourra se demander si ce récit qui finalement ne fait que survoler certaines de ses thématiques méritait quatre longs-métrages. Mais le spectacle est parfois si effroyablement beau et le message si proche de nous que l'on se dit que neuf heures de film n'étaient finalement pas de trop ! 

Tiens ! Et si j'me lançais dans la saga Harry Potter...? 

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