Retourner en arrière,
remonter dans le passé, de quelques années. Une grosse dizaine à
vrai dire, et passer des postérieurs Héros,
La Traversée
et
Carbone
au plus ancien Incontrôlable,
c'est un peu comme de déguster un met raffiné avant de manger une
vulgaire tambouille. Sur les conseils (mal)avisés d'un ami (désolé
Christophe), j'ai donc opté pour une œuvre antérieure. Une comédie
balourde, loin des rôles dramatiques qu'ont désormais l'habitude
d'offrir les cinéastes à un Michael Youn, ma foi, pas aussi mauvais
interprète que je l'aurai cru. C'est ainsi donc que l'on reprochera
à l'ancien animateur du Morning
Live
d'avoir assez mal débuté sa carrière d'acteur en enchaînant des
œuvres désarmantes de niaiseries. Dont cet Incontrôlable
échappant
justement à toute forme de raison d'être. Débile, oui. Vulgaire,
certainement. Drôle... ? En de TRES rares occasions. A vrai
dire, surtout au début, lorsque l'on découvre que le personnage de
Georges, scénariste de métier, se réveille un matin avec la voix
d'Eddy Murphy. Comprendre, la voix FRANCAISE de l'acteur américain.
Et plus spécifiquement celle du film d'animation Shrek.
Une situation originale qui n'est pas sans rappeler La
Personne aux deux Personnes
de Nicolas Charlet et Bruno Lavaine, une comédie là encore, assez
faible incarnée par Daniel Auteuil et Alain Chabat. Originale, et
grotesque, puisque malgré l'assurance dont fait preuve le nouvel et
très collant alter ego du héros, sa voix à de quoi décourager
n'importe quel spécimen de la gente féminine confronté au
scénariste en mal d'inspiration. Même la jolie Hélène de
Fougerolles aura bien du mal à garder son calme dans la peau de
Manon, plus vieille amie du héros et en secret, très amoureuse de
ce bêta de Georges qui va durant une heure trente, accumuler les
bourdes.
Incontrôlable,
c'est du lourd(ingue), et même, du très lourd(ingue). Allez,
j'avoue, j'ai ri très fort. Une fois. Et un peu plus discrètement,
à deux autres occasions. La première fois, lors d'un repas partagé
entre Georges et son ami dentiste Roger interprété par Hippolyte
Girardot dont on se demande encore ce qu'il est venu foutre dans une
telle galère. Ne parlons même pas de Patrick Timsit dans la peau
d'un David parfaitement insignifiant, de Régis Laspalès en prêtre
(pas le pire personnage du film au demeurant), ou bien entendu,
Thierry Lhermitte qui incarne sans doute le personnage le moins
décourageant de cette comédie vraiment ratée. On s'en doute assez
rapidement mais Michael Youn est doublé par la voix française
officielle d'Eddy Murphy, l'acteur d'origine mauritanienne, Med
Hondo. Bouffi, l'acteur s'est de plus astreint à un régime
particulier à base de kebab qui lui a fait prendre plus de quinze
kilos. On est cependant loin des trente kilos que pris l'américain
Robert de Niro au tout début des années quatre-vingt pour les
besoins du tournage de Raging
Bull de
Martin Scorsese. Toujours est-il que c'est à cause de ce
long-métrage et de quelques autres également que la mauvaise
réputation de Michael Youn le précède. Et c'est bien dommage car
dorénavant, les cinéastes lui font confiance et lui confient
des rôles du plus grande envergure. Que les réfractaires lui
laissent alors une chance de leur prouver sa valeur, tout en évitant
copieusement, bien sûr, ce furoncle cinématographique... ! ❤❤❤💔💔💔💔💔💔💔
Lorsque
l'on s'écrase au sol, l'important, c'est de se remettre en selle.
Sur un cheval, une bicyclette. Ou comme ici sur un fauteuil de
cinéma. Ne jamais lâcher sa passion pour le cinéma malgré les
désagréments que l'on peut rencontrer lorsque l'on est confronté à
des contrariétés du même type que le film chroniqué précédemment.
Sans Laisser de Trace
renoue d'une manière générale avec ce que l'on attend d'un
long-métrage en évacuant toute la misère que l'on peut ressentir
devant ces heures perdues devant des films qui ne mériteraient même
pas que l'on évoque leur titre. Le réalisateur,
acteur et scénariste français Grégoire Vigneron mettait en scène
en 2010, ce qui devait demeurer jusqu'à aujourd'hui comme son unique
long-métrage. Une œuvre qu'il co-écrivit en compagnie d'un autre
habitué du septième art, le cinéaste et scénariste Laurent
Tirard, auteur dernièrement de l'excellent Le Retour du Héros
avec Jean Dujardin et Mélanie Laurent. Sans Laisser de Trace
a
l'intelligence des thrillers français qui n'essaient jamais de
copier leurs homologues américains, scandinaves ou sud-coréens.
Valeur sûre du cinéma français, l'immense Benoît Magimel
s'implique comme toujours avec force dans le rôle d’Étienne
Meunier, PDG d'une entreprise florissante spécialisée dans les
produits d'entretien. Un jour, alors qu'il vient de retrouver son
ancien ami Patrick Chambon qu'il n'a plus revu depuis vingt ans,
Étienne ressent le besoin de lui confier un secret qui le ronge
depuis de nombreuses années. En effet, il y a longtemps, Étienne
s'est approprié l'invention d'un homme, laquelle a fait depuis sa
réussite professionnelle. Sur les conseils de Patrick, et afin de
soulager sa conscience, Étienne et celui-ci se rendent chez cet
homme bafoué afin de lui avouer l'outrage dont il s'est rendu
responsable bien des années auparavant. Mais plutôt que de libérer
sa conscience, Étienne va sans le vouloir se retrouver empêtré dans un
engrenage dont il aura bien du mal à se sortir...
Un
casting impeccable pour un thriller psychologique haletant, dont le
scénario écrit avec concision ne souffre d'aucun défaut ni
d'aucune sorte de maladresse. Preuve si l'en est que le cinéma
français en a sous le coude lorsqu'il s'agit de nous conter des
histoires aux multiples ramifications. Sans
Laisser de Trace est
l'exemple type de long-métrage qui assouvit les pulsions du
spectateur avide de récits tout à la fois alambiqués et pourtant
parfaitement limpides dans leur constructions. Grégoire Vigneron est
un sacré pervers. L'enchaînement d'événements pouvant jouer sur
la carrière et la vie privée du héros (un personnage, si l'on
réfléchit un instant, qui n'est pourtant pas des plus remarquable
moralement), est tel que l'on s'inquiète de la tournure que
pourrait prendre son histoire personnelle. D'autant plus que Sans
Laisser de Trace accumule
les twists avec une régularité diabolique sans jamais empiéter sur
le terrain du ridicule. Benoît Magimel y est énorme, comme à son
habitude. François-Xavier Demaison incarne un Patrick Chambon
inquiétant dans sa manière irraisonnée d'aborder la situation. Si
les deux principaux interprètes emportent l'adhésion grâce à leur
excellente interprétation, il serait dommage d'oublier Julie Gayet,
Jean-Marie Winling, et Dominique Labourier formant à eux trois la
compagne et la belle-famille du héros. Ou bien encore Stéphane de
Groodt dans le rôle du collant inspecteur Kazinski, Léa Seydoux
dans celui de Fleur, fille de François Michelet, incarné lui par
l'acteur André Wilms (le très touchant Joseph de l'excellent
Ôtez-moi d'un doute
de Carine Tardieu). Sans Laisser de Trace
n'est pas de ces thriller nerveux reposant sur des courses-poursuites
et des séquences de gunfight.
Non, le long-métrage de Grégoire Vigneron repose sur un scénario
brillant reposant sur le principe des dominos. A voir, donc.
Absolument ! ❤❤❤❤❤❤❤❤💔💔
Pas
comme... Truands
de Frédéric Schoendoerffer, fils de... Pierre Schoendoerffer. A
force de trop vouloir faire dans le glauque, le sexe, la violence et
la noirceur, le cinéaste français originaire de
Boulogne-Billancourt ridiculise tout ce qu'il entreprend. Benoît
Magimel prouve que l'on peut être un excellent acteur et avoir du
mal à convaincre sous la direction d'un cinéaste qui, ici présent,
paraît s'être laissé pousser des ailes en s'imaginant
hypothétiquement être capable de tourner SON King
of New-York,
mais en réalité, sans jamais avoir dans ses valises cette petite
chose que l'on appelle le talent. Du moins, pas cette fois-ci.
Truands est
grotesque, surenchérissant dans le domaine de l'horreur lorsque son
personnage principal surjoué par l'acteur Philippe Caubère pète un
câble et torture (avant de tuer) tout ceux qui nuisent à ses
projets mégalomaniaques. Si seulement le personnage de Claude Corti
s'était contenté de cela. Mais non, car la femme, qui n'aura jamais
été aussi peu considérée qu'en la présente occasion, en prend
plein le cul comme voudrait être formulée l'expression à la
manière des propos orduriers qui parasitent sans cesse le troisième
long-métrage de Schoendoerffer fils. L'acteur se croit sur les
planches d'un théâtre à l'abandon, évoquant avec férocité
quelques personnages de grands films noirs américains sans pour
autant convaincre l'amateur de polars. Le scénario de Frédéric
Schoendoerffer et Yann Brion croupit sous une montagne de dialogues
d'une confondante vulgarité. La voyoucratie
sous son aspect le moins 'noble '
pourrait-on
envisager...
Aux
allures, paraît-il, de docu-fiction (sûrement ces mouvements de
caméra imprécis ou ces voix qui parfois disparaissent sous
l'épuisante (et donc insupportable) bande-son), Truands
déroule une intrigue qui elle, en contrepartie, ne fatiguera
certainement pas les amateurs de thrillers psychologiques en
recherche de sensations inédites. Schoendoerffer signe une œuvre
bas du front. A peine survolée par un Benoît Magimel qui,
certainement sans le vouloir, vient avant tout empocher son cachet
d'interprète. Une navrante parenthèse avant l'efficace Dealer de Jean
Luc Herbulot que
je m’apprêtais à regarder juste après. Mais, ça c'est une autre
histoire que je vous propose de vous raconter la prochaine fois... ❤❤❤💔💔💔💔💔💔💔
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