Dealer...
derrière ce titre réducteur, le spectateur pourra envisager le
troisième long-métrage du cinéaste français Jean-Luc Herbulot
comme une ode à la poudre, à la résine ou tout autre forme que
peuvent prendre les drogues et qui sont désormais la principale
source de revenus des petits caïds de cités sevrés aux Scarface
de Brian de Palma. L'auteur de Concurrence Loyale
et de Sick
semble avoir plutôt été son inspiration dans le cinéma du
cinéaste danois Nicolas Winding Refn et de son excellente trilogie
Pusher.
Jean-Luc Herbulot concentre ici tous les malheurs de son unique
(anti)héros en un seul film. Et ce personnage dont le film semble au
départ faire l'apologie n'est qu'un petit voyou sans presque aucune
envergure, affublé d'un pull marqué du sceau CCCP, marié, père
d'une gamine et amant d'une pute. Le sujet aurait pu se révéler
agaçant. Voir ce dealer de drogue érigé en héros d'une œuvre
sentant dès le départ, le souffre et la mort. Celle procurée par
la dope qu'il vendait jusqu'à maintenant mais qu'il a décidé de
laisser tomber. Enfin, presque. Juste une dernière affaire et Dan
passera à autre chose. Sauf que comme dans le film de Nicolas
Winding Refn ce dernier deal sera celui de trop. Lors d'une descente
de flics en civil dans son immeuble, Dan, porteur d'un sachet de
cocaïne, décide de planquer la poudre dans les toilettes de Chris,
la prostituée. Lorsqu'il repasse plus tard dans l'appartement, le
jeune dealer constate que la drogue a disparu. Interrogeant Chris qui
nie y avoir touché, Dan est désormais condamné à rembourser son
fournisseur, le 'black'
Delo, avant minuit. Mais comme une fois encore, rien ne va se passer
comme prévu, les heures qui le séparent de l'échéance vont
transformer l'existence de Dan et de ses proches en véritable
calvaire.
Dealer
est brut(al). Il prend le spectateur de front sans jamais rien lui
épargner. Ni les errances verbales d'un Dan en voix-off ou prise
directe avec ses interlocuteurs. A la manière d'un très long rap
sans musique, le héros balance sa mélopée durant plus d'une heure
et quart. C'est bien écrit, et même foisonnant de métaphores.
L'argot des banlieues y maintient son règne, l’œuvre de Jean-Luc
Herbulot ne tournant autour que de ses héros dont le quotidien est
gangrené par la violence et la nécessité de faire du fric quoi
qu'il en coûte. Le film est un exercice de style parfaitement
maîtrisé par son auteur ainsi que par ses interprètes, et
notamment l'acteur Dan Bronchinson qui n'interprétait là, que son
second personnage sur grand écran après quelques courts-métrages.
Dealer,
c'est aussi parfois des scènes crues, dont l'une retiendra sans
doute l'attention par son caractère difficilement supportable :
l'égorgement (halal) de l'ami de Dan dans des conditions
abominables. Un acte sans concession qui témoigne de la volonté du
cinéaste de ne rien concéder au romanesque. Dealer
pue
(dans le bon sens du terme) le vécu et dans le paysage français, ça
fait du bien, d'autant plus que Jean-Luc Herbulot ne choisi ni de
condamner son personnage, ni de le ériger en héros des temps
modernes. Il s'agit là simplement d'un témoignage diablement
excitant. Le Nicolas Winding Refn ? Peut-être bien, oui...
Wolfen
de Michael Wadleigh, An American Werewolf in
London de
John Landis, Howling
de Joe Dante, autant de films traitant du sujet de la lycanthropie.
Autant de projets considérés comme de véritables chefs-d’œuvre
pour une ou plusieurs raisons. Du moins, parmi les plus célèbres et
les plus reconnus, et auxquels j'accorderai toute mon attention dans
un prochain article spécial Loups-Garous.
Tout ça pour aborder un autre long-métrage traitant du même sujet
mais dans un registre le rapprochant nettement davantage du conte que
du simple film d'épouvante. The Company of
Wolves du
cinéaste et écrivain irlandais Neil Jordan, auteur d'une vingtaine
de long-métrages pour le grand écran fait partie de ces œuvres qui
ont laissé une empreinte indélébile à toutes celles et ceux qui
l'ont découvert à l'époque de sa sortie en salle. La première
chose qui saute aux yeux, c'est sa ressemblance avec le conte de
Charles Perrault, Le Petit Chaperon Rouge dont
il reprendra d'ailleurs la trame en fin de récit. D'ailleurs, le
cinéaste ne semble pas s'en cacher puisque sa jeune héroïne
Rosaleen étant elle-même affublée d'un chaperon de la même
couleur que celui que porte celle du célèbre conte pour enfants, le
rapport n'est plus inenvisageable. Pourtant, malgré son statut de
conte, le film de Neil Jordan est (ou était, du moins à l'époque
de sa sortie) à réserver aux adultes.
Le
récit tourne donc autour de la jeune et jolie Rosaleen (l'actrice
anglaise Sarah Patterson), endormie dans sa chambre, rêvant d'un
pays imaginaire où les loups sont tant redoutés que ses habitants
en content des légendes effrayantes aux enfants afin qu'ils ne
s'éloignent jamais du droit chemin. Une des trois règles que la
grand-mère incarnée dans le rêve de Rosaleen auquel fait partie la
jeune fille lui conseille d'accorder toute son attention. L'autre
règle essentielle dans ce pays s'enfonçant dans une forêt touffue
où il n'est pas rare de croiser tout un tas d'animaux, est de ne
surtout pas faire confiance aux hommes dont les sourcils se
rejoignent. Afin d'appuyer son propos, la grand-mère de Rosaleen,
interprétée par la célèbre Angela Lansbury de la série télévisée
Arabesque,
lui conte ainsi l'histoire d'un voyageur de commerce fraîchement
marié, qui le soir de la (pleine) nuit de noce disparaît... c'est
presque ainsi que débute donc ce film connu chez nous sous le titre
La
Compagnie des Loups.
Un long-métrage d'à peine une heure-trente mêlant un conte
s'inscrivant dans le songe d'une enfant, lui même parsemé de récits
s'apparentant à des sketchs. Neil Jordan nous rappelle sans cesse
que l'histoire n'est que le cauchemar d'une jeune fille et nous
rassure ainsi sur la nature strictement fantasmée. Des situations
imaginaires ne reposant que sur la fiction. Avec un budget de deux
millions de dollars et la participation des sociétés
d'effets-spéciaux Reel
Eye Company
(spécialisée dans les prothèses) et Snow
Business International (spécialisée,
elle, dans les effets de neige) La Compagnie des
Loups offre
un spectacle enchanteur, à la lisière d'un Neverending
Story 'lycanthropique',
parsemé de décors féeriques en carton-pâte et d'effets-spéciaux
parfois très gore. Pourtant, le film ne peut être considéré comme
une œuvre à l'usage exclusif des amateurs de films d'horreur. Il
s'agit avant tout d'un conte, qui avec plus ou moins de bonheur selon
les situations explorées, honore son contrat. On ne peut retirer à
La Compagnie des Loups son
originalité. Et même si le film, trente-deux ans après sa sortie,
a quelque peu vieilli, il a conservé une grande partie de son
charme... Original, élégant et captivant...
Pour
terminer, nous quittons la lycanthropie pour le vampirisme avec une
œuvre qui là encore, marqua toute une génération. Celle des
années quatre-vingt. On y découvrait presque un Kiefer Sutherland
qui n'avait jusque là tourné que dans une poignée de
long-métrages, dont le génialissime Stand By Me
de Rob Reiner. Ce film, c'est The Lost Boys,
ou, Génération Perdue.
Une œuvre pas tout à fait aussi culte que l'immense Breakfast
Club
de John Hughes, et tournant cette fois-ci non pas autour de quelques
adolescents collés un samedi après-midi dans un collège, mais une
bande de motards aux dents longues. Sur une idée de Richard Donner
(réalisateur entre autres de la saga Lethal
Weapon),
le quatrième long-métrage du cinéaste américain Joel Schumacher
surfe sur le succès du premier volet du diptyque Fright
Night sorti
deux ans auparavant. Il oppose trois gamins à la sauce Goonies
(œuvre justement réalisée en 1985 par Richard Donner et notamment
interprété par Corey Feldman, présent dans Génération
Perdue)
à une petite tribu de vampires aux cheveux longs, portant des
blousons (souvent) noirs, et adeptes de sang, dont le chef n'est
autre qu'un certain David. Une famille constituée de la mère et de
ses deux fils Michael et Sam viennent s'installer en Californie, dans
une ville réputée pour être la plus criminogène du pays. Des
dizaines de personnes, hommes, femmes et enfants ont disparu et il
n'est pas rare de voir en ville placardé sur les murs, des avis de
recherche à leur nom. Lors d'une sortie nocturne, Michael croise le
regard de Star et en tombe immédiatement amoureux. Le hic, c'est que
la jolie jeune femme est la compagne de David, le chez des vampires.
Michael se retrouve embarqué dans une aventure dont les conséquences
vont être terribles : invité à boire un breuvage dont il
ignore l'origine, il va peu à peu se transformer lui-même en
vampire. Il ne pourra compter que sur son frère ainsi que les deux
amis de celui-ci, les frères Frog, pour espérer pouvoir redevenir
le jeune homme qu'il était avant sa rencontre avec la bande de
motards.
L'un
des principaux atouts de Génération Perdue est
d'ignorer une partie de la mythologie du vampirisme pour se
concentrer sur son époque. Celle des années quatre-vingt, ses
voyous organisés en bandes, ses familles éclatées, et même le
SIDA, ici, représenté par le rituel durant lequel Michael boit le
sang de David et est ainsi infecté. On nage en pleines années 80.
La musique et le look des personnages ne trompe personne sur
l'époque. Rock FM, coiffures 'fauves',
néons, le film de Joel Schumacher est une chasse aux vampires
organisée par un trio de gamins, ajoutant à son aspect fantastique,
une bonne dose d'humour. A part quelques effets gore dont un du plus
bel effet (la scène de la salle de bain vers la fin du film), le
film peut se voir comme un bon divertissement familial. S'inscrivant
dans une époque révolue et accusant quelque peu son âge, le film
risque de déplaire au jeune public d'aujourd'hui, sevré aux Saw
et autres torture-porns. A réserver d'abord à ceux qui le
découvrirent en salle à l'époque de sa sortie...
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