Un article consacré au
bestiaire fantastique, ça vous dit ? Pour être tout à fait
objectif, j'étendrai le propos en inscrivant dans celui-ci, quelques
individus de l'espèce humaine qui en raison de modifications
physiques ou comportementales ne sont plus tout à fait comme l'homme
tel qu'il est conçu sain de corps et d'esprit.
L'un des cas d'école des
plus intéressant demeure Bub, le mort-vivant apprivoisé du
troisième volet de la première trilogie qu'a consacré le cinéaste
américain George A. Romero aux zombies, Le Jour des
Morts-Vivants. Alors que l'on apprenait au fil de sa
filmographie que les morts revenus sur Terre (l'Enfer n'y pouvant
plus accueillir la moindre âme damnée) y conservait une part de
leur instinct d'anciens vivants, c'est sous terre, dans un camp
militaire transformé en gigantesque bunker où soldats et
scientifiques mènent un combat contre l'invasion de morts-vivants,
que débarque pour la première et unique fois le personnage de Bub.
Une créature humaine, zombifiée, mais que le professeur Matthew
Logan, version moderne du docteur Frankenstein allait tenter avec
plus ou moins de bonheur d'humaniser. Un peu à la manière d'un
lion, d'un tigre, d'un singe ou de n'importe quel animal de cirque,
en lui procurant des offrandes à chaque bonne action. Parfaite
représentation de l'ancien monde peuplé d'hommes et de femmes bien
vivants et du nouveau, dont les rues sont désormais fréquentées
par des millions de macchabées pourrissant sous le soleil de la
Californie. Scandant dans un borborygme quelques phrases acquises
grâce à l'aide de son mentor, Bub apparaît tout d'abord comme une
créature exclusivement attirée par la viande humaine que Logan lui
fournit en l'extrayant du corps de soldats tombés au combat. Mais
après que ce dernier meurt sous les balles d'un officier/dictateur
impérialement interprété par l'acteur américain Joseph Pilato, on
dénote chez le mort-vivant, une certaine forme d'humanité. Face au
corps refroidissant de son hôte bienveillant, Bub ne choisit non pas
de s'en repaître, mais décide d'aller affronter son meurtrier le
capitaine Rhodes. Bub est l'un des rares exemples véritablement
sérieux de zombie apprivoisé. Du moins, le premier de sa
génération. Malheureusement, avec la mort de Logan, l'espoir de
pouvoir contrôler un jour la vague sans cesse grandissante des
morts-vivants devait prendre fin...
S'il demeure bien une
créature qui a profondément marqué les esprits, c'est celle de The
Thing de John Carpenter. Un organisme extraterrestre
épouvantablement résistant puisqu'une seule goutte de sang suffit à
lui permettre de survivre et de prendre possession de n'importe quel
organisme vivant afin de le reproduire à l'exactitude. De quoi
générer un état de paranoïa irréversible chez les hommes du
campement américain situé au pôle nord, persuadés que l'un
d'entre eux est peut-être le monstre tant redouté. Isoléé du reste
du monde, l'équipe de scientifiques va combattre l'une des formes
organiques les plus hostiles qu'ait connu le septième art avec, sans
doute, l'Alien
de Ridley Scott et le Predator
de John McTiernan. L'un des aspects les plus troublants de la chose
demeure dans sa capacité à prendre n'importe quelle forme. Qu'il
s'agisse d'un chien ou d'un humain, on la découvre se muant en
créature hystérique qui, si l'occasion de terminer la phase
d'assimilation lui est refusée, ressemble à un melting-pot des
diverses victimes qu'elle a tenté jusque là d'imiter.
Il
est donc impossible d'évaluer sa forme originelle puisqu'elle
apparaît pour la toute première fois sous celle d'un chien. En
assistant à sa première mutation lors de l'attaque de plusieurs
bêtes dans le chenil où elle a été enfermée par le cynophile du
camp, incapable d'imaginer comme ses camarades le potentiel du
monstre qu'ils viennent d'abriter sous leur toit, on découvre un
organisme polymorphe indéfinissable. Une créature si monstrueuse et
impossible à comparer avec telle ou telle créature terrestre
qu'elle génère un véritable sentiment d'effroi. Pourtant, le
spectateur était là, encore loin d'imaginer le spectacle auquel il
allait assister. Car après plusieurs mutations, la chose allait
revêtir son constume le
plus hideux en prenant la forme de l'une de ses nouvelles victimes,
le géologue Vance Norris, incarné à l'écran par l'acteur Charles
Hallahan. Une vision cauchemardesque, œuvre du maquilleur de génie,
Rob Bottin, lequel débuta sa carrière sur le tournage de King
Kong de John Guillermin...
Autre
créature extraterrestre à avoir marqué de sa présence le cinéma
de science-fiction horrifique. Le bien nommé Predator
de John McTiernan. Une œuvre 'testostéronée'
avec présence, à l'écran, de la star du moment, le bodybuildé
Arnold Schwarzenegger. Face au commando à la tête duquel se trouve
l'américain d'origine autrichienne, il fallait une créature
extraterrestre d'envergure. Du moins, beaucoup plus imposante que le
belge Jean-Claude Van Damme à l'origine pressenti pour jouer le rôle
du chasseur venu de sa planète pour traquer sur Terre, une proie de
choix : l'homme. C'est finalement l'acteur américain Kevin
Peter Hall qui du haut de ses deux mètres dix-neuf interprétera le
Predator. Une créature
qui à l'origine ne ressemblait pas à grand chose d'autre qu'à un
monstre de série Z mais qui, sous la supervision de Stan Winston a
véritablement gagné en charisme. Bien que puissamment armés, le
major Alan 'Dutch' Schaefer (Arnold Schwarzenegger) et ses hommes
vont faire face en pleine jungle d'Amérique centrale à un
extraterrestre dont l'armement est sans commune mesure avec celui des
soldats américains puisque techniquement beaucoup plus avancé
(armes à visée laser, vision thermique, et même bombe nucléaire
déclenchable en cas de mort imminente) . Portant durant une grande
majorité un casque que l'on pourrait supposer lui servir de
protection contre l'atmosphère terrestre (point qui sera démenti
lorsque le predator l'ôtera lors d'un duel musclé contre Schaefer),
la créature porte également plusieurs protections aux mains, aux
bras et aux jambes ainsi qu'une étrange tenue sur le torse lui
donnant parfois l'aspect d'un poisson pris dans les filets d'un
pécheur. De forme humanoïde, ce xénomorphe présente l'une des
gueules les plus impressionnantes de l'histoire du cinéma et l'un
des visages les plus remarquables. Sa peau est jaunâtre, recouverte
de tâches sombres, et il porte sur le crâne de superbes dreadlocks. Mais ce qui demeure sans doute le plus
impressionnant chez ce chasseur extraterrestre, ce sont ses petits
yeux jaunes enfoncés dans leur orbite, et surtout, oui, surtout sa
mâchoire nantie de quatre énormes dents, admirablement animées
grâce au procédé animatronique. Le predator est d'un réalisme
remarquable car outre sa dentition, le maquillage qui recouvre
entièrement l'acteur Kevin Peter Hall est un modèle de précision en
matière de prothèses. Un must en la matière...
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