Saint Amour, c'est l'histoire de Jean, éleveur de
bovins, qui une fois encore est monté à Paris pour le Salon de
l'Agriculture afin d'y présenter sa plus belle bête,
Nabuchodonosor, un taureau de plus de mille cinq cent kilos. C'est
aussi celle de Bruno, son fils, qui en a décidément marre du métier
d'agriculteur et qui espère bien se faire embaucher dans un
Jardiland. Comme chaque année au Salon de l'Agriculture, son
oncle et lui participent à leur propre Route des Vins en passant
d'un stand de dégustation à l'autre en finissant toujours ivres.
Bruno rêve de rencontrer celle qui partagera sa vie. Jean, lui,
aimerait bien se rapprocher de son fils.
Depuis que sa femme est morte, il n'a plus que lui et pour rester au
contact de Bruno, Jean décide de l'accompagner dans une Route des
Vins grandeur nature. A bord d'un taxi conduit par le jeune Mike, père
et fils vont apprendre à s'apprivoiser. Et ce, non seulement au
contact l'un de l'autre, mais aussi grâce aux diverses rencontres
qu'ils vont être amenés à faire durant leur périple de plusieurs
jours...
Saint Amour
est le septième long-métrage que le duo Benoît Delépine et
Gustave Kervern, deux des auteurs et interprètes de l'émission
trash diffusée sur Canal Plus, Groland
(et ses dérivés), coréalisent. S'y croisent sur les routes de
campagne, non seulement le couple formé par Gérard Depardieu et
Benoît Poelvoorde qui signent ici une interprétation chargée
d'émotion, d'amour et d'amitié, mais également Vincent Lacoste que
l'on a pu notamment découvrir dans Lolo
de Julie Delpy ou Camille
Redouble
de Noémie Lvovsky, Céline Sallette, Ana Girardot, Chiara
Mastroianni, Andréa Férreol, Ovidie, ou encore l'écrivain Michel
Houellebecq dans le rôle d'un propriétaire de chambre d'hôte tout
à fait particulière.
Comme
l'on pouvait s'y attendre, le film est décalé, acide, drôle,
étonnant, parfois noir aussi tout en demeurant lumineux. Filmé
caméra à l'épaule, l’œuvre de Benoît
Delépine et Gustave Kervern peut tout à fait s'envisager comme un
long-métrage indépendant, le genre de pellicule visible au festival
de Sundance mais, ici, à la sauce française.
Le
duo crée un décalage plutôt réaliste entre le monde rural et le
monde urbain en assénant de véritable coups de poings qui s'en en
avoir l'air et en disposant ça et là des répliques plutôt
amusantes laissent en réalité un goût amer. A titre d'exemple, la
scène de fête durant laquelle une future mariée n'ose pas avouer
que son futur époux est agriculteur devant les visages jusque là
amusés de Jean et Bruno finit de nous glacer les sangs lorsque le
père et le fils réalisent le pourquoi de ce silence. Et des scènes
comme celle-ci, Saint-Amour
en regorge. Mai comme nos deux cinéastes sont également des êtres
sensibles, ils composent équitablement chacune de leurs scènes avec
l'humour noir qu'on leur connaît, mais aussi avec une certaine
poésie que les deux immenses acteurs que sont Gérard Depardieu et
Benoît Poelvoorde parviennent à rendre toujours crédible. Entre le
père semblant idolâtrer son fils et ce dernier qui apparaît sans
cesse au bord de la rupture, les deux acteurs font des miracles et
parviennent à émouvoir même lorsque les situations paraissent
improbables dans leur décalage.
La
ritournelle musicale qui accompagne le film tout entier est composée
par Sébastien Tellier. Quatre millions d'euros, c'est tout ce qu'à
coûté le film de Benoît Delépine et Gustave Kervern. Un petit
budget pour un très grand film. Une œuvre que l'on ne se lassera
sans doute jamais de voir et revoir...
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