Le long-métrage What Happened to Monday
connu chez nous sous le titre Seven Sisters pourrait se
résumer en quelques mots : Curiosité, excitation, déception.
Curiosité, car la thématique de la dystopie est un sujet
passionnant qui a donné lieu, en de nombreuses occasions, à
d'excellentes surprises. Excitation, car la présence décuplée de
l'actrice suédoise Noomi Rapace, de surcroît aux côtés de Willem
Dafoe et Glenn Close, est une donnée non négligeable. Déception,
car davantage que l’œuvre d'anticipation profonde à laquelle le
spectateur aurait pu prétendre assister, le film de Tommy
Wirkola se mue en un film où l'action domine tous les autres champs
d'investigation. Pourtant, tout avait débuté sous les meilleurs
augures. Un casting hétéroclite, un sujet, pourtant mainte fois
abordé, auquel accède le cinéaste norvégien sous un angle
intéressant, et d'époustouflants effets-spéciaux numériques.
De
cette œuvre de plus de cent-vingt minutes ne se détacheront
finalement que les trente ou quarante premières. Celles durant
lesquelles le spectateur découvre l'univers pessimiste dans lequel
vit désormais l'humanité en cette année 2073. Le sujet de la
surpopulation n'étant pas tout neuf, il fallait absolument élargir
le thème de l'enfant unique. C'est la raison pour laquelle, Noomi
Rapace ne campe non pas une, ni deux sœurs jumelles dans un monde
qui n'accepte qu'un seul enfant par couple, mais sept.
Et
sept, cela implique la présence de la suédoise dans la peau
d'autant de personnages différents. Plus encore que les différentes
apparences auxquelles a dû se plier l'actrice, c'est dans le
comportement de ces sept sœurs prénommées chacune d'un jour de la
semaine que la véritable performance est mise à jour. Noomi Rapace,
en endossant les rôles de Lundi, Mardi, Mercredi, Jeudi, Vendredi,
Samedi, et de la dernière à sortir du ventre de leur mère,
Dimanche, a dû faire montre de ses talents d'interprète pour qu'à
l'écran, le spectateur n'ait pas l'impression d'assister à
l'incarnation d'une seule actrice mais bien de sept personnages aux
forces, aux faiblesses, aux humeurs et aux sensibilités
diverses. Sur ce point, le contrat est parfaitement rempli. Dans le
genre, le procédé montrant un interprète unique jouer différents
personnages s'entrecroisant à l'écran est une prouesse. La
caractérisation des personnages, si elle n'est pas poussée dans ses
derniers retranchements, est suffisamment étudiée pour que l'on
parvienne à dissocier Noomi Rapace selon qu'elle interprète
Lundi, Mardi, ou l'une de leurs cinq sœurs.
Lorsque
survient la première et très efficace scène d'action durant
laquelle les filles, vivant par elles-mêmes depuis la mort de leur
grand-père (excellent Willem Dafoe), on se dit que, oui, pourquoi
pas. D'autant plus qu'avec ses deux heures et un scénario qui n'a
finalement pas l'air d'avoir envie de se développer au delà de
l'idée toute simple de sept sœurs survivant dans un monde qui
n'accepte qu'un seul enfant par foyer, le film risque de tout
bonnement tourner en rond. Lorsque l'une des sœurs disparaît, on
imagine alors le scénario se développer de manière intelligente.
Alambiquée. Labyrinthique. Malheureusement, l'intérêt initial de
cette œuvre que l'on espérait aussi riche en émotions et en
interrogations que les meilleures du genre finit par se laisser aller
à une accumulation de facilités. Les incarnations de Noomi Rapace tombent chacune à leur tour sur le champ de bataille. Le tout sous un amoncellement
d'invraisemblances qui caractérisent et se généralisent depuis
quelques années au cinéma. De menus détails (ouverture de porte
par lecture d'iris générant une incohérence scénaristique, le
grand méchant interprété par l'excellent Christian Rubeck
survivant au souffle apocalyptique d'une explosion) qui montrent
bien, pourtant, que le scénario n'est pas infaillible. Ou du moins,
que ses auteurs Max Botkin et Kerry Williamson et le réalisateur
Tommy Wirkola se sont contentés du minimum et ne se sont pas donné
la peine d'approfondir leur sujet.
On a tout de même droit à quelques sympathiques
portraits de méchants dont une Glenn Close glaçante, cachée
derrière un visage botoxé aussi inexpressif qu'un masque en carton.
Au casting également, l'acteur néerlandais d'origine tunisienne
Marwan Kenzari, et Pål Sverre Hagen, lequel a notamment joué dans
les très bons polars scandinaves Les
Enquêtes du département V : Délivrance,
et Kraftidioten.
De par son sujet, What Happened
to Monday aurait
pu être une fantastique oeuvre d'anticipation. Il demeure un bon
film d'action inscrit dans un univers science-fiction. On retiendra
la prouesse de son interprète principale. Pour le reste, le film est
un sympathique divertissement mais manquant cruellement de
profondeur...
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