Adapté du roman Snømannen
écrit par le norvégien Jo Nesbø, tourné par le
cinéaste suédois Tomas Alfredson (lequel réalisa l'épatant Morse
en
2008) et notamment interprété
par l'acteur germano-irlandais Michael Fassbender (Alien :
Covenant, Steve
Jobs) et la française Charlotte
Gainsbourg (Cement Garden,
Antichrist,
Prête-moi ta main),
The Snowman
(titré chez nous, Le Bonhomme de
Neige) aurait pu être un très
grand film. Malheureusement, toutes les attentes de cette adaptation
d'un best seller par un excellent réalisateur et interpréter par de
bons acteurs n'est au final qu'une immense déception. Comment Claire
Simpson et Thelma Schoonmaker ont-ils pu nous proposer un montage
aussi désastreux ?
Au
départ, l'intrigue fort passionnante tournant autour d'une série de
disparitions inexpliquées sur lesquelles enquêtent l'inspecteur
Harry Hole et la nouvelle recrue Katrine Bratt ouvrent l'appétit de
l'amateur de thriller finement ficelés. Avec un tel déluge de
personnages, de ramifications, de récits tournant (ou pas)
directement autour du sujet qui nous intéresse, nous pouvions
prétendre avoir le droit d'assister à une œuvre au scénario
concit, diablement efficace, et ménageant toute une série de
surprises dont les britanniques et les scandinaves ont d'habitude le
secret.
Sauf
qu'ici, tout fonctionne au ralenti. De l'enquête, perpétuellement
parasitée par des actions et des personnages secondaires dont la
présence se révélera au final fort inutile. Si le roman est un
best seller, la présence de certains individus au cœur de
l'intrigue handicapent par contre énormément son adaptation. J.K
Simmons a beau être un excellent acteur, il est ici sous-employé et
son personnage, que l'on trouvera suffisamment trouble pour le
soupçonner, fait partie de ces erreurs de casting incompréhensibles.
C'est drôle, mais l'adaptation sur grand écran de The
Snowman me rappelle certaines
critiques émises à l'encontre de l'énorme pavé que constitue la
série de romans écrits par Nicci French et mettant en scène la
psychothérapeute Frieda Klein, des avis mitigés revenant sur le
fait que ce double auteur à la ville comme en privé ait eu la
mauvaise idée d’inclure dans leur œuvre, un trop grand nombre de
personnages.
C'est
bien cet effet plutôt inconfortable qui nuit au long-métrage de
Tomas Alfredson. Du portrait classique de son héros alcoolique,
divorcé, sous la menace d'une mise à pied, jusqu'à cet homme
d'affaire, Arve
Støp, projetant d'organiser les prochains jeux d'hiver à Oslo, en
passant par les différents proches des victimes, des chirurgiens, de
l'ex-épouse du héros, de leur fils. Trop de voies nous sont
proposées, cassant le rythme de l'enquête. D'autant plus que dans
la majorité des cas, ces histoires personnelles qui n'ont en fait
rien de commun avec le meurtrier qui court dans la région, ne sont
là que pour établir un récit touffu, alambiqué, aussi complexe
que possible. Noyant le spectateur sous un amas de données dont
l'issue ne peut être qu'une certaine lassitude.
Michael
Fassbender demeure pourtant toujours aussi charismatique, et
Charlotte Gainsbourg aussi charmante. Concernant l'inutilité de
certains emplois, on notera la présence de l'acteur américain Val
Kilmer qui fait un passage éclair dans la peau d'un ancien flic,
sorte de vieil alter ego du personnage incarné par Michael
Fassbender. Le spectateur en voudra certainement plus au réalisateur
qu'aux autres membres de l'équipe technique ou qu'à ses
interprètes. Lui qui nous avait offert un Morse aux nombreuses et
indéniables qualités nous est revenu en 2017 avec un thriller fort
décevant, preuve qu'il ne suffit pas de relancer la machine à neige
et plonger son œuvre dans un décor hivernal pour en faire un
classique instantané. Une grosse déception...
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