Le très prolifique
japonais Takashi Miike revenait en 2016 avec l'adaptation au cinéma
du seinen manga Terafōmāzu
du scénariste Yū Sasuga et du dessinateur Kenichi Tachibana.
Terraformars est donc l'un des innombrables longs-métrages de ce
cinéaste capable de réaliser le meilleur comme le pire. Fécond
puisqu'en vingt-cinq ans de carrière environs, il a réalisé plus
de cent films dont certains sont devenus cultes. On pense notamment
aux très trash Ichi The Killer et Visitor Q,
ou a ses sagas Dead or Alive et Crow Zero.Alors
qu'un relent d'amateurisme transpire d'une bonne partie de son œuvre,
le cinéaste est parfois capable d'une belle maîtrise esthétique,
même lorsque celle-ci s'inscrit dans le domaine de l'horreur avec,
par exemple, son esthétisant et traumatisant Audition.
Concernant Terraformars, la donne demeure pourtant en
total décalage avec ce dernier. Comme son nom le laisse entendre, ce
film de science-fiction qui dans l'esprit rappelle forcément les
mangas japonais, fait d'un point de vue visuel, l'effet d'un
véritable choc traumatique. Et pas dans le bon sens du terme, car
Terraformars demeure
une torture permanente pour la fragile rétine des spectateurs
nourris aux blockbusters.
Si
l'on a l'habitude de pardonner à Takashi Miike certaines de ses
errances scénaristiques, qui font heureusement le bonheur de
certains spectateurs, et ce, grâce à des intrigues souvent
totalement biscornues (voir les films cités plus haut), on aura
beaucoup plus de mal à excuser la bouillie de pixel qu'est
Terraformars.
Une
indigence que ne parvient malheureusement pas à contrebalancer une
intrigue, au demeurant intéressante, mais qui entre les mains de ce
touche à tout de takashi Miike réserve bien plus de mauvaises
surprises que de bonnes. Soyons clairs, Terraformars
est
un nanar. Un long-métrage de science-fiction proprement ringard. De
sa conception à l'interprétation des acteurs majoritairement
masculins ( seinen
manga oblige),
le film est un ratage complet qui n'assouvira les fantasmes que des
amateurs de séries Z purs et durs à la recherche de la perle à
côté de laquelle ils sont passés.
Entre l'interprétation donc, le scénario, et les effets-spéciaux,
l'éventail d'atrocités est tellement large que l'on pourrait y
plonger une main à l'aveuglette tout en demeurant certain de pouvoir
en extraire plusieurs exemples :
Passionné
de mangas, Takashii Miike nous offre quelques portraits de
personnages fort absurdes mais logiques lorsque l'on connaît le goût
du bonhomme en la matière. L'un des dirigeants de la mission
BUG 2
n'est-il pas, à ce propos, attiré par les tenues vestimentaires
féminines ? Quant aux autres interprètes, ne comptez pas sur
eux pour donner un coup de fouet à des dialogues qui
appesantissement l'intrigue. Chacun échange avec son congénère sur
un ton et un rythme qui finissent de décourager les plus résistants.
Le scénario, lui, s'il peut être envisagé en tant qu'anime ou
manga, a bien du mal à faire son chemin sur grand écran. Ultra
répétitif, on espère atteindre sans s'endormir les portes du
vaisseau donnant sur la planète Mars sur la surface de laquelle vont
s'enchaîner moult combats. Formé d'un groupe de repris de justice
envoyés sur Mars afin d'éradiquer la présence de cafards envoyés
cinq-cent ans auparavant afin de terraformer la planète rouge, ces
hommes (et les quelques femmes très vite dézinguées) vont devoir
faire face en réalité à des Blattodea
qui en un demi-millénaire ont muté pour devenir d'énormes
créatures humanoïdes.
Et c'est là qu'interviennent les effets-spéciaux numériques. La
bouillie numérique évoquée plus haut. La planète Mars n'a jamais
parue aussi laide et irréaliste. Et pourtant, la vision qu'en aura
le spectateur ne sera rien en regard des créatures que combattront
les membres de la mission. Leur apparence est en tout point ridicule.
De gros organismes humanoïdes aux muscles sur gonflés au sommet
desquels des têtes d'insectes aux yeux globuleux généreront
involontairement des rires étouffés. Concernant leur animation, le
travail accompli est d'une pauvreté désarmante et n'est même pas
digne des modèles en trois dimensions que l'on pu découvrir à
l'époque des premiers jeux vidéos en 3D. Face aux cafards mutants,
des repris de justice auxquels sont injectées différentes
substances permettant de modifier génétiquement leur organisme et
de leur conférer les pouvoirs de différents insectes terrestres. Si
Takashi Miike s'est visiblement amusé à mettre en scène un
spectacle de débauche où même la couleur de l'hémoglobine n'est
pas respectée, le spectateur risque de finir sur les genoux face à
tant de déception. Terraformars est une véritable
purge. A éviter.
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