Il y a des jours comme
ça, où l'on a beau vouloir tenter de nouvelles expériences
cinématographiques et où tout se passe mal. Bienvenue en Suisse de Léa Fazer, Le
Trou Noir de Gary Nelson, puis pour finir, Je t'Aime,
Je t'Aime d'Alain Resnais. Trois longs-métrages, trois
déceptions. Une comédie et deux œuvres de science-fiction. Les
tribulations d'un Suisse vivant en France avec sa compagne...
française, de retour dans son pays natal pour l'enterrement de sa
grand-mère. Les aventures de l'équipage du vaisseau Palomino
tentant de résoudre l'énigme de la station spatiale USS Cygnus,
disparue depuis vingt ans et réapparaissant aux abords d'un immense
trou noir. L'expérience inédite vécue par Claude Ridder, suicidé
raté, qui à sa sortie de l'hôpital est accueilli par des individus
lui proposant de participer à un voyage dans le temps. Trois thèmes
diamétralement opposés mais qui au final ont provoqué ce même
sentiment d'ennui qui gâche parfois le tableau.
Bienvenue en Suisse
fait partie de cette frange de films qui se jouent des clichés
inhérents aux voyages à l'étranger. Ici, la Suisse. Son accent,
ses habitants et leurs étranges
coutumes. Qu'il s'agisse de respecter la nature, d'écouter à
longueur de journée des chants tyroliens, ou de prouver sa valeur en
sachant préparer une fondue savoyarde, tout n'est que prétexte qu'à
rire. Sauf que le film de Léa Frazer, le premier de ses dix
longs-métrages est tout sauf drôle. Amusant, peut-être, parfois,
et même sinistrement ennuyeux, souvent, la majeure partie du temps.
Et pourtant, ça n'était pas faute de goût que d'y accueillir
Vincent Perez, Emmanuelle Devos et surtout Denis Podalydès. Trois
excellents acteurs qui pourtant, ici, vont se perdre en Auvergne,
lieu du tournage. Un film où, étonnamment, le chocolat va y être
dégueulasse, et certaines valeurs suisse vont se révélée faussées
par d'étonnante révélations.
Le
trio de tête à beau se donner à fond, l'alchimie ne fonctionne
pas. Pourtant tout avait si bien commencé. Emmanuelle Devos jetant
un paquet de cigarette vide au sol, Denis Podalydès critiquant
continuellement les suisses et leurs habitudes, ou Vincent Perez
arborant un très désavantageux accent suisse, cela aurait dû faire
mouche. Pourtant, la sauce ne prend pas. Tout au plus pourrions-nous
nous amuser des perpétuelles engueulade entre les frères Adolf et
Jurt Sempach et profiter des magnifiques paysages qui servent de
cadre au récit, mais pour l'humour, tout est à revoir. Trop long
(1h47), Bienvenue en Suisse aurait
mérité un élagage à la serpe. Couper dans le vif d'un sujet qui
ne peut intéresser que les personnages eux-mêmes et certainement
pas un public qui allait tâter à nouveau de la chose quatre ans
plus tard avec Bienvenue Chez les Ch'tis de
Dany Boon, aurait été un bon moyen d’accélérer les événements
pour qu'arrive enfin le libérateur générique de fin. Il n'y a pas
pire sort que d'accorder à un long-métrage un sort si peu enviable.
Avoir envie qu'il se termine pour passer à autre chose. Regarder le
plafond tandis que les minutes s’égrainent. Faire dans sa tête,
la liste des choses à faire. Taper du pied en attendant que le
supplice veuille bien prendre fin.
Il
y a dans Bienvenue en Suisse
quelques
chose qui indispose. Sans doute pas l'image un peu salie d'un pays à
cause des quelques vannes puériles qui veulent en faire une
distraction un peu ridicule, mais plutôt cette recherche permanente
du rire qui échoue lamentablement. Plutôt que d'approfondir le
thème principal en essayant d'en améliorer le caractère
humoristique, Léa Fazer se croit obligée de faire de son couple
principal, la victime d'un adultère. Événement qui, soit dit en
passant, est déjà évoqué à travers le duo formé par Marianne
Basler et Scali Delpeyrat. On ne retiendra donc pas grand chose de
cette comédie pas drôle et dispensable, à part peut-être l'accent
de Vincent Perez (et encore!) et surtout l'interprétation de Denis
Podalydès qui à lui seul, donne un sens au film. A part cela, la
copie du film de Léa Frazer est à revoir du début à la fin...
… à
suivre : Le Trou Noir.
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