Je ne comprends pas
l'engouement de certains critiques pour ce film réalisé par le
cinéaste italien Luigi Cozzi qui sept ans plus tard allait signer le
nanardesque et cultissime Contamination. Mince, quoi.
L'Assassino è Costretto ad Uccidere Ancora est une
daube, point final. Affirmer qu'il s'agit de l'un des meilleurs film
du genre giallo est en soit une infamie. Mais le comparer à
Hitchcock est selon moi, encore pire. Pourtant tout avait si bien
commencé. En effet, contrairement à beaucoup de gialli, l'identité
des criminels (le tueur ainsi que celui qui l'engage pour tuer son
épouse) sont connus d'avance. Donc, ici, pas de grand plan sur une
arme blanche. Pas de gants, de masque ou d'uniforme noir. Sans
vouloir être particulièrement grossier, je me fais pourtant un
honneur d'affirmer que je me suis fais royalement chier. Presque de
bout en bout. En fait, seuls le début et la fin m'ont véritablement
intéressé. Une ouverture et une fermeture à la Columbo. Et
d'ailleurs, la date de sortie du long-métrage de Luigi Cozzi me
permet d'évoquer l'éventualité que le bonhomme se soit inspiré de
deux épisodes de la célèbre série américaine. Datant tout deux e
1971. Soit deux années avant la sortie de L'Assassino è
Costretto ad Uccidere Ancora.
Pour
bien comprendre où je veux en venir, commençons par résumer
l'histoire. L'architecte du nom Giorgio Mainardi assiste un soir à
la mise en scène d'un faux accident perpétré par un tueur qui à
l'habitude de maquiller ses meurtres. Trouvant ainsi un moyen de le
faire chanter, Mainardi propose un marché à celui qui se fait
appeler Michel Antoine. Son silence contre le meurtre de son épouse
qui refuse de lui donner l'argent dont il a besoin pour mener à bien
ses projets. L'homme accepte, et c'est ainsi qu'il pénètre la
demeure des Mainardi pendant que Giorgio, lui, se fabrique l'alibi
parfait en participant à une soirée donnée par des amis. Les fans
de Columbo comprendront certainement où je veux en venir. En effet,
cette première partie, qui demeure finalement l'un des rares moments
véritablement intenses de L'Assassino è
Costretto ad Uccidere Ancora
a de faux airs de ressemblance avec l'épisode Plein
Cadre
de la série américaine.
A
tel point que l'on peut se demander dans quelle mesure Luigi Cozzi
s'est inspiré (ou pas, finalement) de l'excellente intrigue mettant
en scène l'acteur Ross Martin pour justifier l'alibi de son propre
personnage campé par l'acteur d'origine hurugueyenne,George Hilton.
Apparition lors d'une soirée au cours de laquelle bon nombre de
convives pourront témoigner de sa présence. Participation active du
personnage lors de ladite soirée pour que les invités impriment
sans doute possible le personnage dans leur esprit. Une coïncidence ?
Difficile d'y répondre lorsque l'on n'est pas obligatoirement
coutumier de l'inspecteur à l'imperméable froissé. On peut même
juger douteuses cette affiliation. Mais alors qu'en toute fin
d'intrigue, Luigi Cozzi nous ressert une scène qui elle aussi semble
avoir été inspirée par un second épisode de Columbo, le doute n'a
plus sa place.
Concernant
l'intrigue de L'Assassino è Costretto ad
Uccidere Ancora,
l'une des plus ingénieuses idées du cinéaste est d'embarquer les
spectateurs dans une balade au cœur de laquelle, le tueur, censé
faire croire à l'enlèvement de l'épouse Mainardi se fait voler la
voiture à l'arrière de laquelle il vient de cacher le corps.
S'ensuit donc une course-poursuite, longue, très longue. Une soirée,
une nuit et une matinée seront nécessaires pour que Michel Antoine
parvienne jusqu'à la demeure où se sont installé ces Bonnie
and Clyde
du dimanche qui se sont rendus responsable du vol. Et ce, sans même
se douter qu'à l'arrière un cadavre attend qu'on le fasse
définitivement disparaître. Durant celle longue nuit de traque, on
assiste à des scènes classiques mais toujours aussi efficace (le
flic arrêtant les voleurs au bord de la route), le tout baigné
d'une exaspérante lenteur et de scènes érotiques tout sauf
excitantes. De quoi remplir le cahier des charges d'un film qui,
sinon, ne tiendrait pas sur la longueur.
Arrive
alors la fin, que je ne divulguerai pas mais que les fans de Columbo
devineront lorsqu'ils sauront, qu'elle se rapproche sensiblement de
celle de l'épisode Faux Témoins avec Robert Culp dans le rôle du
tueur. Une similitude qui laisse une fois encore supposer que le
cinéaste italien s'est inspiré de la série américaine. Avec ou
sans cela, qu'il s'agisse d'une certitude ou non, L'Assassino
è Costretto ad Uccidere Ancora se
révèle terriblement plat. Du moins, au regard de son intrigue
demeure-t-il d'une affligeante médiocrité ? L'un des meilleurs
gialli ? Certainement pas. Et ce n'est sûrement pas la présence
de l'anguleux Antoine Saint-John (L'Au-Delà de Lucio Fulci) qui
changera l'impression d'un beau gâchis...
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