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jeudi 14 septembre 2017

The Breakfast Club de John Hugues (1985) - ★★★★★★★★★★



Breakfast Club est presque à lui seul à l'origine de l'existence de Cinémart. Tout au moins sa création est-elle en partie née de l'idée d'y inscrire des envies, des impressions se dégageant de toute forme d'objectivité, comme le veut la pratique de la critique. Comme un livre ouvert sur une passion partagée par des millions d'individus passionnés par cet art qui lie pour au minimum, une heure trente, des hommes, des femmes, de tous âges et de tous horizons. Breakfast Club est une œuvre générationnelle, une vraie. Pas comme un certain Grand Bleu auquel tout le monde sentait le besoin, à l'époque, de se raccrocher. Une œuvre ambassadrice ? Peut-être, mais certainement pas la mienne. Le film de John Hugues demeure peut-être passéiste puisque s'inscrivant dans les années quatre-vingt, mais relatant une histoire qui nous est commune à tous, que l'on se raccroche davantage au personnage de John, de Claire, d'Andrew, de Brian ou d'Allison. L'adolescence... difficile période durant laquelle il nous faut faire des choix. Plus ou moins judicieux, traînant avec tel ou tel individu plutôt qu'un autre. Par choix, sans doute, mais aussi, parfois par contrainte. Celle que l'on nous impose. Un surdoué, un athlète, une détraquée, une fille à papa et un délinquant constituent les personnages principaux du sixième long-métrage de l'auteur d'Une créature de rêve, ou de La Folle Journée de Ferris Bueller. Sous ses airs de petite comédie, au demeurant, fort sympathique, se cache en réalité une œuvre forte, sur la différence et la tolérance.

Cette différence qui crée des frontières entre jeune fille de bonne famille et petite frappe dont les parents sont au chômage, picolent, et frappent leur enfant. Entre premier de la classe et meilleur joueur de l'équipe de lutte. Il en est même qui subissent des sorts plus terribles encore puisque d'amis, ils n'en ont point. Comme Allison Reynold, la détraquée. Celle qui planque son joli visage sous une épaisse mèche de cheveux et porte des pulls trop longs pour elle et des chaussettes désaccordées. Comment faire face aux préjugés lorsque l'on est si différent d'une Claire Standish, la Reine de promo, la fille de bonne famille. Bien habillée, faisant partie d'un club dont l'opportunité de faire partie rend jalouses celles qui n'y sont pas admises ? Ou face encore à Brian Ralph Jonhson, le petit génie de ce groupe réduit de cinq adolescents qui vont être contraints de passer la journée du samedi dans la bibliothèque de leur lycée, chacun punit pour une raison différente. Les codes comportementaux ne sont plus les attributs uniques de ces individus de milieux et de classes sociales différentes. Même la façon de se vêtir revêt une importance considérable. Du moins pour certains. Surtout pour ce moqueur de John Bendon. Le rebelle du groupe. Celui dont le caractère semble apparemment le plus fort. Une sacrée personnalité, jusqu'à ce que Richard Vernon, le professeur chargé de surveiller les punis appuie là où ça fait mal. La famille ? Pas vraiment, John s'en fiche. Un peu, et même beaucoup. Pas comme Brian qui lui, a presque faillit commettre l'acte irréparable. Tout ça parce que cet excellent élève a reçu pour la seule et unique fois de sa vie d'élève, un deux sur vingt. On voit poindre des préoccupations qui sur une échelle de dix varient selon les individus.

Certains se préoccupant de choses puériles tandis que d'autres ont de vraies bonnes raisons de s'inquiéter. Breakfast Club condense avec réalisme tout ce qui préoccupe l'adolescent d'alors. Nous parlons bien de celui des années quatre-vingt et non pas celui d'aujourd'hui qui, s'il persévère dans son désir de reconnaissance, paraît se complaire dans une certaine forme d'uniformisation. Les tourments ont changé de visage et le film de John Hugues peut se voir comme un témoignage du passé, et dont ses personnages crient à la face du monde leurs angoisses. Judd Nelson, Molly Ringwald, Emilio Estevez, Anthony Michael Hall et Ally Sheedy campent cinq personnages adolescents radicalement différents. Le cinéaste imprime cependant certains traits de caractère similaires entre divers personnages, créant ainsi une connexion nécessaire pour que puisse s'ouvrir le dialogue. Claire et Andrew, de part leur condition d'élèves appréciés et parfaitement intégrés, enfants de bonnes familles. Ou les marginaux, Allison et John. Quant à Brian, le seul fait d'en avoir fait le personnage le plus intelligent, il est de par nature ouvert sur l'autre. Ça n'est d'ailleurs pas un hasard si John Hugues l'a choisi comme fil conducteur du récit.
Nous ne sommes pas là pour rire même si Breakfast Club provoque très souvent le sourire chez le spectateur. On est loin, très loin de la comédie américaine adolescente débile que l'on a trop l'habitude de subir. Si vous lisez quelque part l'incompréhension de tel ou tel individu pour le statut de film culte de Breakfast Club, dites-vous bien que cette personne n'était sans doute pas encore née dans les années quatre-vingt ou bien trop jeune pour découvrir ou comprendre le film de John Hugues à l'époque. Lorsque l'on a vécu ce chef-d’œuvre à l'époque de sa sortie, on ne peut que se rallier à toutes celles et ceux qui le vénèrent depuis. Breakfast Club est l’œuvre culte de toute une génération...

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