Breakfast Club
est presque à lui seul à l'origine de l'existence de Cinémart.
Tout au moins sa création est-elle en partie née de l'idée d'y
inscrire des envies, des impressions se dégageant de toute forme
d'objectivité, comme le veut la pratique de la critique. Comme un
livre ouvert sur une passion partagée par des millions d'individus
passionnés par cet art qui lie pour au minimum, une heure trente,
des hommes, des femmes, de tous âges et de tous horizons. Breakfast
Club est
une œuvre générationnelle, une vraie. Pas comme un certain Grand
Bleu
auquel tout le monde sentait le besoin, à l'époque, de se
raccrocher. Une œuvre ambassadrice ? Peut-être, mais
certainement pas la mienne. Le film de John Hugues demeure peut-être
passéiste puisque s'inscrivant dans les années quatre-vingt, mais
relatant une histoire qui nous est commune à tous, que l'on se
raccroche davantage au personnage de John, de Claire, d'Andrew, de
Brian ou d'Allison. L'adolescence... difficile période durant
laquelle il nous faut faire des choix. Plus ou moins judicieux,
traînant avec tel ou tel individu plutôt qu'un autre. Par choix,
sans doute, mais aussi, parfois par contrainte. Celle que l'on nous
impose. Un surdoué, un athlète, une détraquée, une
fille à papa et un délinquant constituent les personnages
principaux du sixième long-métrage de l'auteur d'Une créature
de rêve, ou de La Folle Journée de Ferris Bueller.
Sous ses airs de petite comédie, au demeurant, fort sympathique, se
cache en réalité une œuvre forte, sur la différence et la
tolérance.
Cette différence qui
crée des frontières entre jeune fille de bonne famille et petite
frappe dont les parents sont au chômage, picolent, et frappent leur
enfant. Entre premier de la classe et meilleur joueur de l'équipe de
lutte. Il en est même qui subissent des sorts plus terribles encore
puisque d'amis, ils n'en ont point. Comme Allison Reynold, la
détraquée. Celle qui planque son joli visage sous une
épaisse mèche de cheveux et porte des pulls trop longs pour elle et
des chaussettes désaccordées. Comment faire face aux préjugés
lorsque l'on est si différent d'une Claire Standish, la Reine de
promo, la fille de bonne famille. Bien habillée, faisant partie
d'un club dont l'opportunité de faire partie rend jalouses celles
qui n'y sont pas admises ? Ou face encore à Brian Ralph
Jonhson, le petit génie de ce groupe réduit de cinq adolescents qui
vont être contraints de passer la journée du samedi dans la
bibliothèque de leur lycée, chacun punit pour une raison
différente. Les codes comportementaux ne sont plus les attributs
uniques de ces individus de milieux et de classes sociales
différentes. Même la façon de se vêtir revêt une importance
considérable. Du moins pour certains. Surtout pour ce moqueur de
John Bendon. Le rebelle du groupe. Celui dont le caractère semble
apparemment le plus fort. Une sacrée personnalité, jusqu'à ce que
Richard Vernon, le professeur chargé de surveiller les punis appuie
là où ça fait mal. La famille ? Pas vraiment, John s'en
fiche. Un peu, et même beaucoup. Pas comme Brian qui lui, a presque
faillit commettre l'acte irréparable. Tout ça parce que cet
excellent élève a reçu pour la seule et unique fois de sa vie
d'élève, un deux sur vingt. On voit poindre des préoccupations qui
sur une échelle de dix varient selon les individus.
Certains se préoccupant
de choses puériles tandis que d'autres ont de vraies bonnes raisons
de s'inquiéter. Breakfast Club condense
avec réalisme tout ce qui préoccupe l'adolescent d'alors. Nous
parlons bien de celui des années quatre-vingt et non pas celui
d'aujourd'hui qui, s'il persévère dans son désir de
reconnaissance, paraît se complaire dans une certaine forme
d'uniformisation. Les tourments ont changé de visage et le film de
John Hugues peut se voir comme un témoignage du passé, et dont ses
personnages crient à la face du monde leurs angoisses. Judd Nelson,
Molly Ringwald, Emilio Estevez, Anthony Michael Hall et Ally Sheedy
campent cinq personnages adolescents radicalement différents. Le
cinéaste imprime cependant certains traits de caractère similaires
entre divers personnages, créant ainsi une connexion nécessaire
pour que puisse s'ouvrir le dialogue. Claire et Andrew, de part leur
condition d'élèves appréciés et parfaitement intégrés, enfants
de bonnes familles. Ou les marginaux, Allison et John. Quant à
Brian, le seul fait d'en avoir fait le personnage le plus
intelligent, il est de par nature ouvert sur l'autre. Ça n'est
d'ailleurs pas un hasard si John Hugues l'a choisi comme fil
conducteur du récit.
Nous
ne sommes pas là pour rire même si Breakfast
Club provoque
très souvent le sourire chez le spectateur. On est loin, très loin
de la comédie américaine adolescente débile que l'on a trop
l'habitude de subir. Si vous lisez quelque part l'incompréhension de
tel ou tel individu pour le statut de film culte de Breakfast
Club,
dites-vous bien que cette personne n'était sans doute pas encore née
dans les années quatre-vingt ou bien trop jeune pour découvrir ou
comprendre le film de John Hugues à l'époque. Lorsque l'on a vécu
ce chef-d’œuvre à l'époque de sa sortie, on ne peut que se
rallier à toutes celles et ceux qui le vénèrent depuis. Breakfast
Club est l’œuvre culte de toute une génération...
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