Fort Bravo Texas
Hollywood en Andalousie. C'est dans ces décors plantés en plein
cœur du désert de Tabernas que furent tournées certaines scènes
de plusieurs grands westerns-spaghetti parmi lesquels, Le Bon,
la Brute et le Truand de Sergio Leone. Un village reconstitué
dans lequel le cinéaste espagnol Alex de la Iglesia choisi également
de planter ses caméras pour une œuvre qui plus qu'aucune autre,
demeure incroyablement touchante. De part l'hommage de l'auteur du
Crime Farpait ou du Jour de la Bête au
western italiens. De la nostalgie qui en découle mais aussi du
portrait de cet homme refusant d'abandonner tout ce auquel il a
sacrifié son existence. Alex de la Iglesia s'amuse des codes du
genre tout en rendant un témoignant de sa passion pour les
cascadeurs, personnages centraux d'un récit qui n'oublie jamais de
donner la part belle à une critique sociale féroce. Le dictât
imposé par les puissants face à des tout petits qui pour se
défendre auront recours à des méthodes radicales.
800 Balles
est le titre de ce sixième long-métrage d'Alex de la Iglesia qui
pour l'occasion quitte le confort citadin pour imposer son style dans
des décors poussiéreux où plane l'ombre du grand acteur américain
Clint Eastwood. Un acteur mais également un personnage, idole à
laquelle se réfère sans cesse Julián Torralba, le grand-père de
Carlos, petit-fils qu'il n'a jamais rencontré mais qui va
littéralement bouleverser son existence. La sienne mais celle aussi
de ses compagnons d'infortunes qui comme lui, continuent depuis des
décennies à faire vivre ce petit village croupissant sous un soleil
de plomb. La vie n'a pas épargné Julián. Surtout depuis la mort de
son fils que Laura, sa fille, ne lui a jamais pardonné. Accusé à
tort ou à raison d'en être responsable alors qu'ils tournaient
ensemble une scène de poursuite à cheval il y a de nombreuses
années, le cascadeur ne s'en est jamais remis. Alors, quand débarque
Carlos, tout lui revient en mémoire. Et après des débuts
difficiles entre l'homme et l'enfant, les voici qu'ils deviennent
inséparables. C'est alors que Laura s'apprête à faire démolir le
village afin d'y faire construire un projet qui devrait lui rapporter
des millions de dollars. Face à cet ignoble imprévu, Julián et
ses compagnons se joignent afin de résister à l'envahisseur...
Deux heures suffiront à
hisser 800 Balles au
rang de petit chef-d’œuvre. Après un démarrage difficile qui
perd le spectateur dans un conglomérat de situations un peu
désespérantes et surtout, peu amusantes en regard du passé de
l'auteur de Muertos de Risa,
800 Balles
tire tout ou partie de sa force dans le portrait très émouvant de
ce vieil homme délaissé par sa famille qui retrouve l'amour filial
auprès d'un petit-fils fasciné par celui qui affirme avoir doublé
parmi les plus grands acteurs américains. De George C. Scott dans le
film Patton
de Franklin J. Schaffner à Clint Eastwood dans
Et Pour quelques Dollars de Plus.
Vérité, mensonge ou simple fantasme, il faudra pour cela patienter
jusqu'à la fin pour connaître les tenants et les aboutissants de ce
qui, cependant, reste mineur en comparaison des thèmes abordés par
l'espagnol. Alex de la Iglesia traite ainsi effectivement ses
personnages de cascadeurs comme des réfugiés que les autorités
(police et armée) vont tenter par tous les moyens d'expulser. Les
médias télévisés participant à la grande débâcle, chacun prend
position devant son petit écran.
Amour,
haine et trahison. Rires et pleurs. 800 Balles
passe
par tout un panel d'émotions qui se révèlent étonnantes. Film de
guerre, westerns-spaghetti, drame, action, comédie, Alex de la
Iglesia nous en donne pour notre argent. Son œuvre, malgré les
sentiments mitigés qu'il suscite demeure une formidable réussite et
prouve qu'en matière d'émotion, l'espagnol est capable d'accomplir
de grandes choses. Lors du duel entre Cheyenne (l'acteur Angel de
Andrès Lôpez) et Julián, lequel est interprété par l'acteur et
réalisateur espagnol Sancho Gracia. A leurs côtés, on découvre
une foule d'interprètes attachants parmi lesquels, le non
négligeable Luis Castro dans le rôle de Carlos ainsi que deux des
égéries du cinéaste espagnol, Terele Pávez et Carmen Maura.
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