La Habitación del
Niño fait partie d'une série de six téléfilms diffusés à
la télévision espagnole en 2006 dans le cadre de la collection
« Películas para no dormir »
que l'on peut littéralement traduire chez nous par « Films
pour ne pas dormir ». En
ce qui concerne celui réalisé par Alex de la Iglesia, on peut
effectivement imaginer qu'un certain public peu habitué au genre
épouvante ait eu quelques soucis durant leur sommeil après l'avoir
regardé. Non pas que La Habitación del Niño soit
un monument de l'horreur et de l'épouvante mais tout de même, le
téléfilm de l'espagnol parvient à procurer quelques frissons du
plus bel effet, et ce, en usant de procédés assez simples.
Simple,
l'histoire l'est également très clairement. Un couple emménage
dans une luxueuse demeure d'un très chic quartier de Barcelone. Juan
et Sonia sont les parents d'un très joli bébé et pour pouvoir le
surveiller la nuit sans avoir à se lever, ils installent dans sa
chambre un écouteur afin de suivre ses activités nocturnes. Mais
très vite, les sons qui sortent du récepteur qu'ils ont installé
dans leur chambre se révèlent inquiétants. Alors qu'ils entendent
l'enfant rire, le souffle d'un homme se fait lui aussi entendre à
travers l’émetteur. Se précipitant dans la chambre de leur fils,
Juan ne constate cependant rien d'anormal. Après quelques nuits
agitées, il décide d'acheter un appareil de vidéo surveillance.
Désormais, le système à infra-rouge permet aux parents de voir ce
qu'il se passe dans la chambre de leur fils à travers un écran
vidéo silencieux. Malheureusement, ce que Juan y découvre le
terrifie. Cette fois-ci c'est certain : un homme erre la nuit
dans la chambre de son enfant. Se précipitant dans celle-ci armé
d'un couteau, il est très vite rejoint par Sonia qui, découvrant
leur fils dans les bras de son époux tenant une arme, prend peur et
décide dès le lendemain de partir s'installer avec leur bébé chez
sa mère. Malgré les suppliques de Juan qui demande à Sonia de
changer d'avis, le voici désormais seul, contraint d'affronter
lui-même celui qui rôde chaque nuit dans leur magnifique demeure...
Malgré
ses allures de téléfilm ne dépassant pas les quatre-vingt minutes
(obligeant ainsi Alex de la Iglesia à entrer directement dans le vif
du sujet), La Habitación del Niño instaure
un climat de suspicion et de peur assez convaincants. En usant de
jump scare,
l'espagnol s'assure un certain nombre de sursauts de la part des
spectateurs. Mais ce qui convainc davantage encore, c'est l'emploi
des divers appareils de surveillance. Des parasites émis par
l'écouteur jusqu'à ceux produits par la caméra de surveillance.
Des bribes d'images renvoyant sur ce que l'on pourrait envisager
comme une dimension parallèle à travers laquelle un visiteur
malveillant a choisi de sévir. A l'aide d'un montage nerveux
permettant de camoufler des mouvements manquant de symétrie (entre
le décor environnant et celui que retransmet la caméra lorsque le
personnage de Juan part à la chasse au rôdeur), Alex de la Iglesia
fait monter la pression d'un cran supplémentaire. L'image en noir et
blanc, parasitée et dévoilant un décor plus sombre que l'univers
du jeune couple est plutôt convaincant lui aussi.
Toute
l'intrigue repose sur la véracité ou non des événements qui se
produisent sur plusieurs jours. Une assez courte période durant
laquelle le cinéaste explore les thématiques du double maléfique,
du fantôme, de la paranoïa et de la méfiance vis à vis de
l'autre. La Habitación del Niño est
une parenthèse dans l’œuvre de Alex de la Iglesia qui abandonne
pour un court moment le délire visuel de ses précédents
longs-métrages pour s'accorder avec un style bien plus posé. Cette
différence de rythme n'a fort heureusement aucun conséquence sur
les qualités du téléfilm même si l'on est habitué au style
particulièrement enjoué de l'espagnol. Au final, La
Habitación del Niño est
une assez réjouissante surprise qui ne souffre d'aucune longueur du
fait de sa courte durée. Une première incartade dans le genre
horrifique qui réussit plutôt bien à Alex de la Iglesia. Pour
l'occasion, le cinéaste s'offre les services de nouveaux venus parmi
ses interprètes en la personne de Leonor
Watling et F. Javier Gutiérrez...
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