En un peu moins d'une
heure, le cinéaste turc Naki Yurter assène aux spectateurs l'un des
plus infamants rip-off de l'histoire du cinéma. Pire encore que le
Biri Beni Gözlüyor de Omer Ugur. Avec Intikam kadini
ou, Turkish I Spit on Your Grave nous atteignons le
degré zéro du genre. Pillant ouvertement I Spit on your Grave
(ou Day of the Woman) de Meir Zarchi, qui dans
le genre faisait déjà preuve d'un minimalisme scénaristique
désolant, Naki Yurter repousse le principe de la page blanche dans
ses derniers retranchements. Pas un brin d'histoire à part le
sordide récit d'une jeune femme violée par quatre hommes, lesquels
vont, comme si cela ne suffisait pas, tuer son père. Vient alors
l'heure de la vengeance pour la jeune femme grimée en fausse blonde
qui tour à tour, va tuer les quatre individus en terminant avec le
chef de la bande, bien entendu.Entre les génériques de
début et de fin, c'est le vide abyssal. Cinquante-huit minutes, pas
une de plus, pour ne rien raconter d'autre qu'une vengeance aussi
plate que le multiple viol dont a été victime la jeune femme. Le
montage est dans le genre,un monument. C'est à n'y rien comprendre.
Jours et nuits se succèdent sans cohérence. Du moins, le spectateur
doit-il de lui-même reconnaître à quel moment précis agissent les
personnages du film. Quelque détails viennent heureusement parfois
nous aider. Lorsque le chef de bande s'étire, il faut alors
comprendre que la nuit qui s'est écoulée est enfin achevée. Un
exercice de style involontaire, évidemment. Comme l'est
l'utilisation parcimonieuse de bruitages.
Commençons par la bande originale employée dans Intikam
kadini.
Comme dans tout bon long-métrage turc pillant quelques
valeurs sûres du cinéma américain(ce
qui signifie forcément ici de mauvais film), l’œuvre
de Naki Yurter ne se gène pas pour se servir de musiques
occidentales dont il ne s'est même pas donné la peine de demander
les droits. Ici, nous reconnaîtrons plusieurs titres obscures de
pop-electro ainsi que certaines compositions du célèbre grec
Vangelis, et notamment le titre Pulstar que le musicien
composa en 1976 pour l'album Albedo 0.39. Outre l'utilisation
frauduleuse d’œuvres musicales ne collant d'ailleurs pas du tout
avec les scènes évoquées dans le film, le turc ne semble pas
s'être préoccupé des bruitages. En conséquence, il n'est pas rare
d'assister à des oublis fort étonnants. Des portières de voitures
qui se ferment violemment sans que ne retentisse le moindre bruit de
claquement ou des véhicules passant à proximité sans qu'aucun
bruit de moteur ne se fasse entendre. Et je ne vous parle même pas
de la post-synchronisation qui, mieux (ou pire) encore qu'à
l'habitude, manque cruellement de rigueur. Décalage intempestif
entre le mouvement des lèvres et les dialogues réinterprétés. Une
pratique courante permettant en général d'améliorer la qualité
des dialogues. Un élément essentiel qu'à pourtant omis le
cinéaste.
L'interprétation est
quant à elle au ras des pâquerettes, les voyous n'ont aucun
charisme (il faut voir l'un d'eux besogner la victime du viol pour
s'en convaincre) et les actes sexuels répétés sont tout sauf
émoustillants. Ajoutez à cela une qualité d'image catastrophique
due au fait que le film soit devenu depuis sa sortie une œuvre
difficile à dénicher et vous obtenez un monumental nanar que l'on
envie de regarder en accéléré malgré sa courte durée initiale.
Contrairement au film dont il s'inspire, Intikam kadini
est tout sauf dérangeant. Les actes sexuels répétés sont d'un
pathétique ennui. Les interprètes ne sont même pas fichus de
BAISER correctement là où le film aurait pu connaître un regain
d'intérêt pour certains d'entre nous. Une belle petite daube à
ranger tout au fond du placard en espérant que le temps fasse son
œuvre et que la copie déjà bien abîmée finisse enfin en
poussière...
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