Une mère, sa fille et
l'oncle de cette dernière. Stoker tourne autour de ces
trois personnages. L'auteur du remarquable Old Boy nous
revient en très grande forme. Une œuvre empoisonnée, glaçante,
dérangeante, et dont la symbolique présence d'une araignée définit
assez justement les contours d'une œuvre que n'auraient sans doute
pas renié Brian de Palma et son mentor Alfred Hitchcock. L'acteur
Wenttworth Miller en a écrit le scénario, inspiré par L'Ombre
d'Un Doute du célèbre cinéaste britannique, auteur de
Psychose ou des Oiseaux. Le film de Park
Chan-wook fait preuve d'une maturité qu'on lui connaissait déjà à
travers ses œuvres précédentes tout en abordant son sujet avec une
immense retenue et un sens de l'esthétique qui éclate à chaque
plan.Alors que l'auteur du scénario original paraît avoir été
également inspiré par le Dracula de Bram Stocker (le
titre du film semblant être ainsi un clin d’œil au roman de
celui-ci), il est décidé que la donnée vampirique du sujet sera
abandonnée. D'ailleurs, en la matière, le cinéaste Park Chan-wook
semble avoir tout exprimé avec son précédent Thirst, ceci
est mon sang, tourné quatre ans auparavant.
Pour sa première incartade hors des frontières de sa Corée du sud
natale, le réalisateur d'un Je suis un Cyborg plutôt
anecdotique dans sa riche carrière convoque pour l'occasion
l'actrice australienne d'origine polonaise Mia
Wasikowska, l'acteur britannique Matthew Goode, ainsi que la toujours
aussi resplendissante australo-américaine Nicole Kidman.
Le
déroulement de l'intrigue pourra paraître anecdotique au regard de
certains travaux de son auteur (Old
Boy qui sert ici toujours de
référence ultime), c'est du côté du travail visuel remarquable
que certains se pencheront. La direction artistique de Thérèse
DePrez, les décors de Wing Lee et la photographie de Chung
Chung-hoon titillent les rétines à la mesure du récit qui lui,
nous picote la colonne vertébrale. Et ce grâce au jeu délicieux de
son trio.
On
sent bien que dans cette famille quelque chose cloche. Entre la
curieuse éducation d'une gamine par son père qui l'emmène chasser,
paraît-il, pour lui faire plaisir, une mère qui ne se souvient pas
avoir jamais brossé les cheveux de sa fille, cette dernière ne
supportant pas le moindre contact physique, et souffre-douleur de ses
camarades, ainsi que cet oncle qui débarque le jour des funérailles
de son frère, lequel qui de son vivant n'en avait jamais évoqué
l'existence auprès des siens.
Park
Chan-wook nous trouble l'esprit. Et même à ce petit jeu qui
consiste à deviner avant la fin les tenants et aboutissants de cette
histoire familiale envoûtante, il faudra attendre un moment avant de
savoir qui mène véritablement la barque. Est-ce l'oncle dont on
sait très vite qu'il est capable du pire pour parvenir à ses fins ?
Est-ce la mère qui trop brusquement se tourne vers son beau-frère
alors même que son défunt mari vient d'être fraîchement enterré ?
Ou bien la jeune India est-elle une proie un peu trop facile pour que
l'évidence soit la seule conclusion possible ?
Si
l'auteur des bandes-originales des premiers longs-métrage de Darren
Aronofsky, Clint Mansell, est bien l'auteur des compositions de
Stoker, le nom de Philipp Glass fut un temps évoqué au poste de
compositeur du film. Pourtant, malgré le choix définitif, deux
œuvres spécialement composées pour le long-métrage de Park
Chan-wook ont été finalement incluses, dont la magnifique pièce
inédite Duet que l'on peut entendre lorsque les personnages d'India
et Charly jouent ensemble du piano.
Stoker
est un très beau film, troublant, esthétiquement bluffant. Ses
principaux acteurs offrent de surcroît une généreuse
interprétation...
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