Redécouvrir Lucio Fulci aujourd'hui lorsque l'on a été un
adolescent féru de gore dans sa globalité, et plus précisément
séduit par celui du cinéaste transalpin, revêt une forme assez
particulière d'extase. Pourtant loin d'être un cinéma exprimant le
bonheur chez ses protagonistes, l’œuvre de Lucio Fulci est bien au
contraire d'une noirceur si profonde que son cinéma devrait
logiquement nous plonger dans une torpeur glaçante.
La
Maison près du cimetière
est peut-être, et même sans doute, le dernier long-métrage du
cinéaste à cultiver suffisamment d'intérêt auprès du public, du
moins ceux qui demeurent regardant, comparant et distinguant ainsi ce
qui fut de ce qui sera. Alors que j'ouvrais les hostilités le lundi
21 mai 2012 en affirmant que L'Enfer
des Zombies
était le premier volet d'une trilogie, il aurait été plus
judicieux d'affirmer qu'il s'agissait en réalité du premier volet
d'une tétralogie qui allait se poursuivre à travers trois autres
classiques : Frayeurs
en 1980, ainsi que L'Au-Delà
et La Maison près du
cimetière
l'année suivante.
Je reprends...
Redécouvrir Lucio Fulci
aujourd'hui à travers La Maison près du
cimetière lorsque
l'on a été un adolescent […] revêt une forme assez spécifique
de... dégoût. Mince me dis-je. Comment ai-je pu me laisser piéger
à l'époque par cette bande horrifique qui, soyons sérieux un
moment, est d'un ridicule qui confine au grotesque. Terminer une si
éblouissante tétralogie de l'Enfer par une œuvre aussi mièvre a
de quoi décevoir. Pourtant, il y a déjà plus de trente ans, on
remarquait une nette baisse en terme de qualité. Moins de gore, et
une accumulation de scènes inintéressantes au possible. Des
incohérences en veux-tu, en voilà. Il en pleut des trombes et celle
durant laquelle l'héroïne (une fois encore interprétée par
l'actrice britannique Catriona MacColl) assiste au nettoyage du sol
maculé de sang par Anna la babysitter (la troublante Ania Pieroni)
sans qu'à aucun moment elle ne se demande d'où il peut provenir est
totalement ahurissante. Certains effets gore sont mal réglés comme
lorsque l'époux de Lucy, le Docteur Norman Boyle est mordu à la
main par une chauve-souris enragée (je vous rassure, ni celle du sketch de
Jean-Marie Bigard, ni celle de Cujo de Stephen King). Lorsque celui-ci lui plante un
couteau dans le dos, le sang coule de plusieurs orifices et non pas
de l'endroit même où a lieu la pénétration de la lame. Un détail
me direz-vous ? Sûrement oui, mais cela démontre le manque de
sérieux de La Maison
près du cimetière.
Le
pire, c'est qu'en accumulant des bourdes de cet acabit et un trop
grand nombre d’invraisemblances (et que dire de certaines
situations infamantes de bêtises), Lucio Fulci réalise en fait un
bon gros nanar qui fait davantage sourire que se dresser les poils de
l'épiderme. Tout ce qui faisait la force de son cinéma, c'est à
dire le gore premier degré et l'ambiance morbide des trois premiers
volets de la tétralogie disparaît donc au profit d'une œuvre
renvoyant le tout aux calendes grecques du genre. Avec un peu plus de
moyens et un peu plus de « gueule », le cinéma de Lucio
Fulci se faisande, mais pas de la plus délicate des façons. Un peu
à la manière du cadavre purulent qui hante la cave de cette Maison
près du cimetière.
Si vous n'avez jamais vu un seul Lucio Fulci, je vous conseille donc
de regarder celui-ci en premier, et pourquoi pas, même, le zapper,
sachant que dans la forme, chaque épisode de la tétralogie peut se
« consulter » de manière tout à fait indépendante et
antéchronologique. Ce dernier volet de la tétralogie des portes de
l'enfer ouvre les portes au cinéma Z d'un certain Lamberto Bava.
Quelques années plus tard, les deux cinéastes italiens ne nous
permettront presque plus de les distinguer. Tout deux en effet
s'appliqueront à l'avenir à ne tourner que d'authentiques navets.
R.I.P Lucio...
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