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mercredi 4 mai 2016

Antichrist de Lars Von Trier (2009)



Un génie rendant hommage à un génie. Lars Von Trier dédicaçant l'une de ses œuvres les plus sulfureuses au cinéaste soviétique Andreï Tarkovski. Un film déroutant, qui a fait certainement couler plus d'encre qu'il n'en fallait puisque si Antichrist est effectivement très violent, et d'une sexualité parfois dérangeante, l’œuvre n'en demeure pas moins une véritable gifle visuelle et narrative. S'ouvrant et se concluant sur le Lascia ch'io pianga de l’opéra Rinaldo de Haendel, le long-métrage du cinéaste danois est donc constitué d'un prologue et d'un épilogue mais également de quatre actes distinctement nommés Deuil, Douleur, Désespoir et Les Trois Mendiants.

Alors qu'il n'aurait pu s'agir que d'un triste film d'horreur s’imprégnant parfois d’œuvres horrifiques célèbres (la scène du pont semble faire indirectement référence à l'arrivée des personnages du classique de Sam Raimi Evil Dead), Antichrist est bien plus que cela. Il s'agit surtout d'un drame. Celui vécu par un homme et son épouse. L'un est thérapeute, l'autre prépare une thèse sur la sorcellerie chez les femmes. Ils vont connaître la pire des douleurs lorsque leur tout jeune enfant va basculer dans le vide en passant à travers la fenêtre de sa chambre pour venir s'écraser quelques mètres plus bas.

Filmant l'horreur la plus angoissante que puisse connaître un père et une mère tout en lui adjoignant un acte charnel de toute beauté, Lars Von Trier choisit de tourner la scène à mille images par seconde et dans un superbe noir et blanc. L'amour et la mort se conjuguent dans une scène aussi belle que terrifiante. Puis vient le deuil pour les parents. D'abord admirablement filmé au travers du corbillard qui emporte le petit corps de leur fils. Elle (Charlotte Gainsbourg), suivant une thérapie directement administrée par Lui (Willem Dafoe), dans cette forêt, haut lieu de toutes les angoisses de cette mère dorénavant orpheline de son enfant.

Durant ce long parcours expiatoire, Lars Von Trier filme la nature d'une manière si particulière qu'il nous la rend comme jamais auparavant, angoissante. A l'aide de filtres et de ralentis qu'il semble chérir ici, il explore la nature profonde de cette femme qui va sombrer peu à peu dans la folie et ce, malgré l'accalmie qui va bientôt faire temporairement surface. Charlotte Gainsbourg s'offre littéralement devant la caméra. A l’œil du cinéaste danois, et entre les bras de son partenaire à l'écran, Willem Dafoe.

Antichrist tranche avec la majorité des films du genre dont il semble s'inspirer très partiellement. William Friedkin et son Exorciste ne sont peut-être pas très loin. Mais alors qu'en 1973 les spectateurs avaient encore la confortable option de pouvoir se reposer sur les talents du vieil homme d'église, ici, nos deux héros sont désespérément seuls au cœur d'une forêt qu'un n'a ni inimitié ni empathie pour eux.

Le film de Lars Von Trier est certes très violent. Certaines scènes sont davantage assimilables à des accouplements bestiaux qu'à de véritables scènes d'amour entre un homme et une femme épris l'un de l'autre. D'autres sont d'une violence peu commune (la scène de l'auto-excision et l'orgasme sanglant ne peuvent laisser indifférents). Mais dans l'ensemble, Antichrist peut se voir comme une forme d'hymne à la vie, à la mort, et à l'amour. Une expérience extrême, jusqu’au-boutiste, signée par l'un des plus grands cinéastes de notre temps. Un petit chef-d’œuvre qui ne convaincra, évidemment, pas tout le monde...

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