Wallace Bryton est un
célèbre podcaster américain. Surtout connu pour interviewer des
hommes et des femmes en marge, le jeune homme se rend au Canada afin
d'y interviewer une nouvelle personne. Malheureusement pour, lui, ce
dernier s'est donné la mort deux jours plus tôt. Désemparé et sur
le point de repartir pour mes États-Unis, l'attention de Wallace est
attirée par un mot accroché sur le mur des toilettes publiques d'un
bar. Un certain Howard Howe y raconte son désir de partager ses
souvenirs. Intrigué, le podcaster téléphone au vieil homme pour
convenir d'un rendez-vous. Après deux heures de route, Wallace
arrive enfin dans la luxueuse demeure de Howe.
L'homme est tétraplégique
et se déplace en fauteuil roulant. Aprè avoir offert du thé à
Wallace, Howard commence à lui parler de son passé. Notamment de sa
rencontre avec Ernest Hemingway sur un bateau, et surtout de sa
passion pour les morses depuis qu'il s'est retrouvé échoué sur une
ile. En effet, d'après ses dires, c'est bien grâce à l'un d'entre
eux qu'il a eu la vie sauve.
Ce que ne sait pas encore
Wallace, c'est que Howe déteste l'humanité. Celui-ci a mis un
somnifère dans son thé et le jeune homme ne tarde pas à
s'endormir. A son réveil, Wallace n'a plus de jambes. Howard Howe a
déjà commencé à travailler sur son projet : transformer
Wallace en morse.
N'ayant plus de nouvelles
de leur ami, Allison Leon et Teddy Craft se rendent au Canada afin de
le retrouver...
Avec un tel sujet, le
cinéaste Kevin Smith ne pouvait donner naissance qu'à un film
barré. Et dire que Tusk l'est est un euphémisme.
L'homme qui tourna vingt ans plus tôt le cultissime Clerks,
les employés modèles met en scène des personnages tout
droit sortis de cette frange du cinéma comique américain que l'on
peut ou pas apprécier. Tusk est donc un curieux
mélange de comédie, de drame et d'horreur. Presque majoritairement
rejeté par le public, on peut se demander pourquoi l’œuvre s'est
retrouvée si malmenée. Kevin Smith endosse un temps le rôle de
fils spirituel de Tom Six qui s'est rendu responsable de la
crapoteuse trilogie The Human Centipede qui,
rappelons-le, mettent en scène des timbrés désireux de transformer
des hommes et des femmes en mille-pattes !!!
Là ou Tom Six donnait
dans le franchement glauque, Kevin Smith lui, injecte suffisamment
d'humour pour désamorcer l'horreur de la situation. Peut-être cela
en a-t-il gêné certains, toujours est-il que la mayonnaise prend
plutôt bien. Autre reproche formulé : l'abondance des
dialogues. Ben ouais, ça parle, et même beaucoup. Mais alors que
les conversations (lorsqu'il ne s'agit pas des monologues du dingue
de service) prennent en otages ceux qui auraient aimé un peu plus
d'action et moins de bavardage, l'écriture nous épargne tout de
même de devoir nous assoupir. Le personnage de Howerd Howe campé
par Michael Parks est suffisamment barré pour que la moindre de ses
interventions nous interpelle. Tusk est aussi marquant
pour ses ruptures de ton. On passe de la comédie adolescente et
boutonneuse à l'horreur pure d'une salle d'opération qui voit le
héros Wallace (Justin Long) se faire charcuter par un type un peu
trop amoureux des animaux. La créature est presque grotesque dans sa
conception et fait plus rire que pleurer.
On remarquera la présence
de l'excellent Johnny Deep qui une fois de plus endosse un rôle des
plus original. Ce qui donne une fois encore l'occasion au cinéaste
de créer une rupture. Si l'apparition de l'acteur semble en avoir
incommodé certains, il faut reconnaître que sa présence donne
quand même un sacré coup de main à une œuvre qui connaît très
vite des limites et que seul Johnny Deep parvient à masquer. Tusk
demeure une œuvre atypique, pas vraiment drôle pour celui qui
n'aime déjà pas particulièrement l'humour post-adolescent venus
des States, pas du tout effrayante non plus, et encore moins
compatissante envers son héros martyrisé. Et pourtant, quelque
chose fait que l'on s'y attache un peu. Comme ces films faits de
bouts de ficelle, avec juste ce qu'il faut d'amour pour que la
recette fonctionne...
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