Adam quitte le milieu
carcéral dans lequel il a été enfermé. Néo-nazi convaincu et
fier de l'être, il va passer quelques temps auprès de Yvan, homme
d'église à la foi inébranlable qui recueille d'anciens prisonniers
afin de faciliter leur réinsertion une fois leur liberté recouvrée.
Mais entre les deux hommes, la rencontre se passe mal. D'un coté il
y a ce pasteur convaincu de pouvoir « sauver » l'âme du
second. De l'autre, il y a ce nazi qui affiche clairement ses
positions et qui va tout tenter pour briser la foi de son sauveur.
A leur côté, il y a
Gunnar, un ancien tennisman déchu et Khalid, un jeune pakistanais
spécialisé dans l'attaque de stations services.
Yvan propose à Adam de
trouver un objectif simple qu'il devrait accomplir durant son séjour.
Avec un brin d'ironie, Adam propose à son bienfaiteur de faire un
gâteau aux pommes. Ce qui tombe assez bien puisque le jardin qui
entoure l'église possède un pommier qui demande beaucoup
d'attention. Adam devra par conséquent s'en occuper jusqu'au premier
août, jour où il pourra recueillir le fruit de ses efforts et ainsi
préparer une tarte aux pommes...
L’œuvre de Anders
Thomas Jensen (Les Boucher Verts), contrairement aux a
priori que pourrait susciter une telle histoire, n'est pas le simple
film trash auquel on pourrait s'attendre. Cette histoire vieille
comme le monde entre le Bien et le Mal ici personnifiés par un
ex-taulard néo-nazi et un pasteur aveuglé par la foi est une petite
pépite. De celles qui se font si rares que le seul fait de pouvoir
en être le spectateur est un privilège. Une caractéristique propre
à celle et ceux qui fouinent un peu partout pour trouver la perle
rare où qui ont dans leur entourage des relations assez généreuses
pour partager avec d'autres leurs découvertes.
Adam's Apples
est une merveilleuse fable au cynisme peut-être maintes fois vu dans
ces grands cinémas que sont ceux des pays scandinaves et qui n'en
doutons pas, parviennent à se hisser tout aussi haut qu'un certain
cinéma belge (Au Nom Du Fils en étant un parfait
exemple) mais ô combien efficace. Anders Thomas Jensen aurait pu
noyer son œuvre dans un amoncellement d'actes trash et violents et
la rendre ainsi invisible mais ce qui fait en réalité la force de
ce petit bijou est justement ce mélange des genres qui nous
submerge. Mads Mikkelsen, décidément extraordinaire quelque soit le
rôle qui lui est confié, joue ce pasteur à la foi inébranlable
victime de maux qui pourtant ne parviennent pas à le faire plier (il
est atteint d'un mal incurable et est le père d'un enfant handicapé
physique et mental). Face à lui, Ulrich Thomsen en néo-nazi ulcéré,
voire halluciné face à cette incompréhensible implication
religieuse dont fait preuve son bienfaiteur. A leurs côtés, des
seconds rôles épatants : Ali Kazim dans celui de Khalid et
Nicolas Bro dans celui de Gunnar.
Du trash, si vous en
voulez, il y en aura. Mais pas de ceux qui naissent dans l'unique
volonté de choquer. Ici, tout est histoire de sensibilité et de
finesse. C'est peut-être, avec cet aspect de l’œuvre, ce mélange
des genres cité plus haut qui rend chacun d'eux d'une force
exceptionnelle. Cet homme d'église qui tend l'autre joue alors qu'il
vient de subir un passage à tabac en règle, plutôt que de revêtir
cette agaçante image de chrétien vivant hors du temps se trouve
être en réalité particulièrement attachant. Tout comme ce
néo-nazi d'ailleurs qui trouve auprès des spectateurs cet
attachement qui peut-être lui a manqué plus jeune et l'a poussé
dans les bras d'une frange politique extrémiste.
Naît alors une relation
presque fusionnelle entre deux hommes que tout sépare. Une union
impensable que la caméra filme avec beaucoup d'intelligence et
d'émotion. De cette dernière d'ailleurs, on retiendra qu'elle nous
scotche à la fin de l’œuvre, à ce moment très précis où l'on
pense que tout est fini et qui nous cueille sans crier gare.
Anders Thomas Jensen est
un homme généreux, peu avare, tout comme le sont ses acteurs. On
sourit, on rit même parfois très fort (le chat qui fait les frais
de la chasse aux corbeaux orchestrée par Khali), on admire avec
quelle fragilité certaines scènes tiennent la route (tous ces
moments d'intimité vulnérable que partagent les deux principaux
acteurs), bref, on passe un merveilleux moment de cinéma...
bravo mon lolodelabastoutenbas , j'aurais pas defendu ce film de meilleure facon =D
RépondreSupprimermince , c'est fred qui a ecrit hein! le compte de alvin etait encore connecté =D
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