Bill et Karl sont père
et fils et viennent tout juste de sortir de prison pour escroquerie.
Pourtant, le retour à la liberté ne va pas se faire sans soucis
pour les deux hommes. Ils le savent, quelqu'un dans leur entourage
les a trahi. Et ce que Bill et Karl désirent plus que tout, c'est
mettre un nom sur celui qui les a conduit en prison. La famille est
désormais reconstituée. Bill retrouve son épouse Maggie,
quand à Karl, il apprend avec étonnement qu'il va bientôt être
père. Décidé à se marier avec Valda, jeune femme avec laquelle il
a correspondu lorsqu'il était enfermé, il rêve de changer de vie,
quitte à aller vivre ailleurs.
Mes ses parents ont
d'autres projets pour leur fils. Bill n'aime pas la nouvelle petite
amie de son fils. Il la soupçonne même de porter l'enfant d'un
autre, ce que va conforter le ventripotent Garvey qui vit chez eux
depuis leur passage en prison. En effet, Valda semble entretenir
depuis des mois un contact avec plusieurs prisonniers. La paternité
de Karl est donc mise en doute et comme ce dernier est pour l'instant
le seul à être au courant des habitudes de sa future épouse, il
élimine Garvey en le tuant à coups de marteaux puis demande au
frère de Maggie de l'aider à se débarrasser du corps.
La disparition de Garvey
ne passe pas inaperçue auprès de l'équipe de malfrats dont faisait
partie Bill et Kark et un homme est envoyé de Londres pour leur
faire comprendre que la vague de problèmes dont ils sont en train de
se rendre coupable est plutôt mal vue. Bill promet de calmer le jeu
mais les tension de plus en plus violentes qui naissent au sein de sa
famille vont avoir des conséquences terribles sur lui et les
siens...
Ben Wheatley n'a que
trente-six ans lorsqu'il tourne son tout premier long-métrage Down
Terrace. Depuis, il s'est fait connaître avec un thriller
particulièrement efficace, Kill List, et une comédie
noire décapante, Touristes. Down Terrace s'inscrit,
lui, dans un contexte social difficile plutôt réaliste. Une caméra
à l'épaule et un éclairage naturel transporte le spectateur au
cœur d'un drame familial poignant qui n'empêche pas un certain
humour de s'immiscer. L’œuvre montre tous les signes d'une
indépendance qui sied si bien à ce genre de production. Le cadrage
volontairement imprécis et la multitudes de situations qui font de
ces personnages des individus qui nous ressemblent sur certains
points font de Down Terrace un
film presque immédiatement attachant. Presque
immédiatement puisqu'au départ, avouons-le, on s'ennuie un peu sans
jamais vraiment savoir au profit de quelles situations le film va
tendre.
Le
cinéma de Ben Weathley ressemble ici beaucoup à celui d'un autre
cinéaste bien connu, lui, celui de Ken Loach. La simplicité des
décors et cette manière si peu rechercher de filmer les acteurs est
une manière d'amplifier ce qui fait l'essentiel de Down
Terrace.
En effet, l’œuvre s'appuie surtout sur des dialogues passionnants.
Non pas extraordinairement écrits, mais suffisamment documentés
pour faire aimer ses personnages. Julia Deadkin, Robert Hill et Robin
Hill campent des anti-héros. Entre une mère alcoolique, un père
obtus et un fils qui traite son comportement violent à l'aide de
médicaments, on ne peut pas dire qu'ici on rêve d'une telle
famille. C'est peut-être pourquoi le spectateur s'attache aussi
facilement aux personnages. Parce qu'ils se révèlent sur certains
points beaucoup plus réalistes et proches de nous que ces belles et
beaux personnages que le cinéma américain à l'habitude de nous
asséner. Le cinéma britannique de Ben Weathley a ce petit coté
brut qui fascine. Un cinéma qui donne la parole à ceux de la classe
moyenne. Le film possède de plus une très belle partition musicale
essentiellement assurée par des artistes folks. Une première et
belle réussite de la part de son auteur et qui promettait déjà de
belles choses pour l'avenir...
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