Âgée de seulement
dix-sept ans, la jeune Shell vit dans une station-service plantée en
pleines Highlands écossaises et construite pour sa mère par son
père. Mais depuis qu'elle est âgée de quatre ans, Shell vit seule
avec son père Pete depuis que sa mère les a abandonné tous les
deux. Entièrement dévouée à son père pour lequel elle éprouve
un amour qui dépasse de loin celui de père-fille, Shell l'aide à
tenir la station-service. Mis les clients sont rares, et à part Hugh
qui passe une fois par mois pour retrouver ses fils que dont son
ex-femme à la garde et le Adam qui travaille dans la région, peu
sont ceux qui s'arrêtent dans le coin.
Pete fait de régulières
crises d’épilepsie. Depuis que son épouse est partie, il arrive
difficilement à faire surface. Quand à Shell, elle a appris au fil
des années à remplace sa mère. Au point même de vouloir parfois
prendre sa place dans le lit de son père. Mais Pete s'y refuse.
Jusqu'à un soir où, victime d'une nouvelle crise d'épilepsie, il
confond Shell avec sa femme...
Visuellement et d'un
point de vue strictement narratif, Shell est une œuvre
forte. Puissante mais aussi relativement austère. Les Highlands
écossaises servant de décor à ce drame renforcent l'aspect
solitaire des protagonistes. Des personnages vivant en marge de la
société et sensiblement perdus en un temps imprécis que la toute
première phrase de l'actrice Chloe Pirrie vient confirmer. « On
doit être vendredi » prononce-t-elle avec son charmant
sourire, comme rassurée de trouver enfin quelqu'un à qui parler.
L'image presque monochrome vient accentuer la sensation de froideur
que dégage le cadre terriblement austère du lieu dans lequel à été
tourné le film.
Les dialogues sont rares
mais concis. L'histoire va droit à l'essentiel, sans chichis et
seuls les regards des deux principaux suffisent à nous faire
partager leurs sentiments. Comme ces visages perdus qui toisent la
route au moindre bruit de moteur, comme si la mère de l'enfant et
l'épouse de l'homme délaissé allait revenir après treize ans
d'absence. Il y a aussi cette peur qui transpire de Pete (Joseph
Mawle) à l'idée que Shell pourrait un jour décider de partir. Et
ce regard un peu timide mais motivé par l'amour du jeune Adam (Iain
De Caestecker) envers Shell.
Les amateurs de films
d'actions qui risquent de s'endormir devant cette histoire qui paraît
aussi plate que les paysages qui lui servent de décors. La mise en
scène est à la hauteur du cadre : léthargique, lente et
statique. Très peu d'événements viennent éveiller ce « rêve »
un peu flou. La vie de ses personnages s'écoule à la même vitesse.
C'est peut-être pourquoi les quelques micros anecdotes qui
perturbent le quotidien finissent par avoir sur nous-même un impact
parfois saisissant. Il se passe tellement peu de choses que cela
laisse finalement tout le temps dont a besoin le cinéaste pour
développer l psychologie de ses personnages. Et pourtant... oui,
pourtant, lorsque l'histoire se termine, on a la sensation de ne pas
en savoir davantage qu'au début.
Shell
prouve à lui seul qu'avec un minimum de moyens et de formidables
interprètes on peut donner naissance à une grande œuvre...
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