Ezra Cobb a toujours vécu en compagnie de sa mère
Amanda dans leur vieille ferme familiale depuis la mort de son père,
quinze ans plus tôt. Un jour, Amanda est victime d'une attaque
d'apoplexie et se retrouve clouée dans son lit, paralysée des deux
membres inférieurs. Durant les douze années qui vont suivre, Ezra
va s'occuper d'elle jours et nuits, dormant derrière sa porte, la
nourrissant, la lavant, lui faisant la lecture et la réconfortant.
Les voisins des Cobb voient en Ezra un fils dévoué,
sans même imaginer que derrière les apparences se cache un mal
profond qui va véritablement éclore lorsqu'Amanda va décéder. Car
l'emprise de cette dernière est telle qu'Ezra ne peut concevoir la
vie sans la présence à ses cotés de sa chère maman.
Un an après le décès d'Amanda, Ezra n'a toujours pas
accepté sa mort. Il a transformé sa chambre en mausolée, rêve
sans cesse d'elle et lui écrit des lettres. Ses voisins le
considèrent désormais comme un homme un peu fou mais profondément
honnête. Il a laissé tomber son boulot à la ferme et travaille
comme homme à tout faire auprès de ses voisins. Ceux-ci ne l'ont
pas encore remarqué mais Ezra a totalement perdu la raison. A tel
point qu'il parle seul, dialoguant avec sa mère. Celle-ci lui
demande de la ramener à la maison. Alors, le soir même Ezra quitte
la ferme et se rend au cimetière où est enterrée Amanda. Armé
d'une pelle et convaincu que sa mère sera telle qu'elle était de
son vivant, il déterre son cadavre et l'emporte chez lui, l'installe
dans sa chambre et dépose sa bible sur le torse momifié d'Amanda.
Celle-ci étant en très mauvais état, Ezra imagine alors une façon
de lui redonner un peu de sa superbe. Il consulte des ouvrages
jusqu'au jour où l'idée d'utiliser de la chair humaine lui vient à
l'esprit, inspirée lors d'un repas chez ses voisins...
Le nom d'Edward Théodore Gein n'est sans doute pas
aussi célèbre que ceux de Charles Manson, Henry Lee Lucas ou Jack
l'éventreur, mais pourtant, il servit d'inspiration à de grandes
oeuvres cinématographiques depuis, entrées dans la légende. Alfred
Hitchcock s'en inspira pour son personnage de Nathan Bates dans
Psychose. Tobe Hooper, le papa de Massacre à La
Tronçonneuse fit de sa famille de chômeurs anthropophages les
enfants illégitimes de ce tueur en série particulièrement
croustillant. Si bon nombre de films se sont partiellement inspirés
des méfaits de cet homme originaire de Plainfield dans le Wisconsin,
c'est certainement l'œuvre signée Jeff Gillen et Alan Ormsby qui
respecte au plus près l'histoire de Ed Gein, surnommé alors Le
Boucher De Plainfield.
Alors que son père est alcoolique, c'est
sa bigote de mère qui va façonner la personnalité d'Eddy. Lui
interdisant tout contact avec le monde extérieur, elle va lui
inculquer la haine des femme et du sexe. Loin de vouoir fuir cet
univers étouffant, Gein va au contraire vouer une véritable
fascination pour sa mère. C'est sans doute pour cela qu'après la
mort de cette dernière, le fiston, un brin dérangé, s'est mis en
tête de déterrer du cimetière voisin, toutes les femmes
ressemblant de près ou de loin à sa mère. On suppose que le nombre
de cadavres découverts dans la ferme familiale se montait à une
trentaine. Ed Gein tua également deux femmes qui, selon lui,
étaient les portraits crachés de sa maman. La particularité de ce
tueur fou était de fabriquer à l'aide de bouts de cadavres, des
vêtements, des abats-jour, des gants, etc... Il fut arrêté fin
1957 et mourut en prison en 1984, l'année de ses soixante dix-huit
ans.
Deranged
transpire le malaise. Pas seulement celui de son personnage principal
mais aussi celui de son cadre. Laissé à l'abandon après le décès
de sa mère, il perd la tête et transforme la ferme en lieu de culte
dans lequel les cadavres s'y entassent. Du sujet original, les
cinéastes ont conservé une grande partie, transformant les
identités et le nombre des victimes. Si Gein a tué à deux
reprises, Cobb fait une victime supplémentaire. Quand aux décors,
il respectent assez bien l'état dans lequel fut retrouvée la ferme
du tueur en série. Un chaos indescriptible, représentation visuelle
de ce que pouvait être l'état psychique de son propriétaire.
Finalement moins exubérants que ceux de Massacre à La
Tronçonneuse mais tout aussi
dérangeants. Deranged
a certes vieilli, mais il reste néanmoins la plus fidèle adaptation
d'une histoire incroyable survenue dans les années 40-50 aux
États-Unis.
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