Martine
et Jacques invitent leur vieil ami Philippe à venir diner chez eux
un samedi soir. Cet écrivain-journaliste à succès vit depuis dix
ans avec Charlotte, également une amie de Martine et de Jacques,
mais aussi de Georges qui vit depuis un certain chez ces derniers.
C'est après avoir rencontré Philippe dans une galerie marchande
d'un grand magasin que Martine a eut l'idée de l'inviter diner, eux
qui ne se sont pas revus depuis dix ans. Fred, le frère de Martine
est lui aussi convié, en compagnie de son amie Marylin.
Malheureusement,
tout commence mal. Les invités arrivent avec deux heures de retard,
arguant qu'un embouteillage les a empêché d'arriver à l'heure.
Georges s'est gavé de pistaches en attendant l'apparition de
Charlotte et Philippe, et reste imperturbablement ancré entre la
cuisine et le balcon qui donne sur l'immeuble d'en face. Il fume
cigarette sur cigarette pendant que Jacques tente désespérément de
le convaincre de revenir dans le salon. Martine est surexcitée et ne
sait plus où donner de la tête. Charlotte croise Georges dans la
cuisine après que celui-ci l'ai copieusement ignorée à son
arrivée. Fred est un joueur de poker invétéré qui joue des sommes
d'argent folles mais qu'il n'a pas sur lui. Alors, pour rembourser
ses dettes, il emprunte chaque fois à sa sœur et son beau-frère au
point de leur devoir aujourd'hui 70 000 francs. Marylin est une jeune
femme facile qu'il a croisé quatre jours plus tôt dans une boite de
nuit. D'après Fred, ils sont devenus inséparables.
Martine
et Jacques espèrent que la soirée sera parfaite. Georges s'en fiche
et s'enfonce dans un pessimisme désespérant. Fred a le couteau sous
la gorge et compte sur la générosité et la compréhension de
Jacques pour se faire prêter à nouveau de l''argent. Charlotte,
dévouée corps et âme à la carrière de Philippe suit patiemment
la superficielle conversation de Martine, et assiste aux lamentations
de Georges. Philippe ne décolle pas du salon et se laisse charmer
par les formes séduisantes de Marylin...
Cuisine
Et Dépendances est l'adaptation
de la pièce éponyme écrite par Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri,
et mise en scène par Stephane Meldegg. Signé Philippe Muyl, le film
s'articule autour d'une scène pratiquement unique puisque les
dépendances du titre ne sont pratiquement pas exploitées. Ce qui
n'empêche pas l'œuvre d'être une merveille d'un point de vue de
l'interprétation et de l'écriture. La cuisine est donc le théâtre
de conversations souvent houleuses entre conjoints et amis. Entre
Georges (Jean-Pierre Bacri), écrivain raté qui envahit l'existence
de sa sœur Martine (Zabou Breitman) qui, elle, rêve de le voir
faire ses valises une bonne fois pour toute. Fred (Jean-Pierre
Darroussin), frère immature qui perd son temps entre les de jeunes
femmes inconsistantes et les parties de poker. Et Charlotte (Agnès
Jaoui) qui sacrifie son existence au profit de celle,
professionnelle, de Philippe avec lequel elle a choisi dix ans plus
tôt de faire sa vie, laissant Georges sur le carreau. Quand à
Jacques (Sam Karmann), il tente avec plus ou moins de bonheur de
tempérer les humeurs de son épouse et les tracas de Fred. Une
attitude qui cache peut-être davantage de lâcheté qu'un vrai désir
d'aider son prochain. Bref, tout ce petit monde dévoile une facette
monotone de son existence.
Sans même avoir jamais été mis en présence des
personnages de Philippe et de Marylin, les seuls dialogues entre les
autre protagonistes nous donnent une image assez précise de la
personnalité de ces deux individues occultés visuellement dans le
film. Pas à un seul moment nous n'aurons le plaisir (ou le malheur)
de les rencontrer. Le personnage de Georges, outre le fait que l'idée
de revoir un ancien ami devenu célèbre le révulse, montre très
vite une propension au pessimisme. Quand au rejet qu'il cultive
envers Philippe, il cache, bien au delà du dégout que lui inspire
le succès de cet homme qu'il n'a pas revu depuis des années, une
rancœur liée au choix de Charlotte de vivre avec ce dernier plutôt
qu'avec Georges.
Sous le vernis des apparences, Martine et Jacques ont
bien du mal à cacher la tristesse de leur quotidien. La première
avide d'une vie sociale espère sans doute qu'au delà d'une simple
soirée de retrouvailles percera l'espoir d'une existence nouvelle.
Quand au second, le voilà amorphe devant les situations les plus
délicates, au point de ne pas sembler parvenir à combattre ce qui
certainement mettra en péril l'avenir de son couple.
Entre agacement (Zabou en maitresse de maison
hystérique) et jubilation (Jean-Pierre Bacri en colocataire au
tempérament noir et qui dénigre toute chance de parvenir au
bonheur), Cuisine Et Dépendance est un catalogue rempli de
scènes et de répliques savoureuses servies par des acteurs de
talents mis en scène de manière sobre et aux mouvements de caméras
savamment orchestrés.
Acheté (je renouvelle ma DVDthèque) et revu hier. Contre toute attente, je dois avouer que la mise à l'écran de pièces de théâtre, quand elles sont de ce niveau (aussi : Le diner de cons, Le Père Noël est une ordure ou, des mêmes, Un air de famille) en tous cas, fonctionne parfaitement.
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