Presque dix ans après sa trilogie
consacrée au Seigneur Des Anneaux, Peter Jackson explore à nouveau
le vaste univers de J. R. R. Tolkien en
revenant sur son roman Le Hobbit,
dont la sortie remonte à l'année 1937, soit dix-sept ans avant
celle de son œuvre la plus célèbre.
D'abord
prévu pour être un diptyque, Le Hobbit
sera finalement lui aussi une trilogie
constituée des épisodes Un Voyage
Inattendu (celui qui nous intéresse
ici), La Désolation De Smaug
et enfin Histoire D'un Aller Et Retour.
Bien moins long que le roman Le Seigneur
Des Anneaux(d'un avis extérieur au
mien puisque je n'ai jamais eu le plaisir de m'y plonger), il peut
apparaître étonnant que celui consacré à un récit remontant
soixante années avant les événements survenus dans le Mordor ait
besoin de s'étendre sur une durée qui avoisinera sans doute six ou
sept heures de projection. D'où la question de savoir si ce premier
volet provoquera la même sensation de mollesse que celle parcourant
quelques étapes importantes de l'aventure du héros Frodon. La
réponse est non. Exit les ingénieux feux d'artifice du magicien
Gandalf. Si l'introduction de l’œuvre passe par un évident retour
en arrière (ou avant?), histoire de rappeler aux spectateurs les
prémices de La Communauté Des Anneaux
et la
courte apparition de Bilbon Sacquet dans celui-ci, Le
Hobbit aménage
des scènes où l'humour est suffisamment présent pour divertir les
spectateurs lors de la mise en place des personnages ( la savoureuse
apparition des treize nains qui l'un après l'autre viennent déranger
la paisible existence de Bilbon en "saccageant" son
douillet petit habitat.)
On
retrouve avec un plaisir non dissimulé les figures importantes du
Seigneur Des Anneaux
telles que les elfes Elrond (Hugo Weaving) et Galadriel (Cate
Blanchett), les magiciens Gandalf (Ian McKellen) et Saroumane
(Christopher Lee), ainsi que pour une courte apparition, Frodon
(Elijah Wood qui interprète l'inquiétant Frank Zito dans le remake
du cultissime Maniac
de Wiliam Lustig).
Alors,
le film est-il aussi délicieusement bon qu'on l'espère depuis la
vision de la première trilogie signée Peter Jackson ? Ou bien
le film est-il une déception ? D'après certains critiques (sur
lesquels on ferait mieux, parfois, de faire l'impasse, surtout avant
d'être allés voir l’œuvre en question), "Jackson
ne fait qu'enchaîner des scènes platement illustratives comme on
débiterait du boudin"
(Cahiers Du Cinéma). Platement illustrative ? A prendre au sens
propre, le travail tenterait à prouver le contraire tant l'impact
visuel est saisissant, même en 2D (un choix qui détermine avant
tout le niveau de confort désiré). On comprendra que le critique
qui a pondu cette ânerie déteste le boudin, ce qui n'a pas vraiment
d'importance puisque moi-même, je l'adore. "Un
torrent d'images hyper graphiques au milieu duquel coule un tout
petit film, ridicule, corseté dans son académisme" (Les Inrocks).
Évidemment, il reste difficile de défendre un scénario écrit à
huit mains (Peter Jackson, Guillermo Del Toro, Philippa Boyens et
Ffrances Walsh) et qui frise le minimalisme.
Profitant
des dernières technologies en matière d'effets-spéciaux numérique,
Peter Jackson semble s'être amusé comme un gamin
(Bilbon
le Hobbit est convoqué par Gandalf à participer à une aventure,
entouré d'une troupe de nains, rares survivants d'un combat dont est
sorti vainqueur un immense dragon nommé Smaug. Ceux-ci, menés par
leur courageux chef Thorin Écu-de-Chêne, devront parcourir des
contrées hostiles afin de se réapproprier leur domaine, désormais
aux mains d'un Smaug gardien du royaume d'Erebor et endormi sous un
amas d'or.
Vu
ainsi, que peut-on attendre d'un tel scénario sinon un voyage
fantastique au visuel extraordinaire et à la bande-son héroïque ?
Profitant des dernières technologies en matière d'effets-spéciaux
numérique, Peter Jackson semble s'être amusé comme un gamin. Si
une grande partie des scènes se révèlent invraisemblables il ne
faut pas oublier que l'on est ici dans un univers d'Heroic-Fantasy.
Autant dire que l'on a droit de croire à tout et n'importe quoi.
Sauf qu'à une ou deux reprises, on peut, il est vrai, se regarder
entre spectateurs et se dire : "Heu,
ça va p't'tre un peu loin, non ?
".
Le bestiaire semble avoir été victime d'un effet
diamétralement opposé à celui qu'à connu le héros de L'Homme
Qui Rétrécit.
Les chutes sont nombreuses, vertigineuses, mais sans le moindre
impacts sur les organismes. On finit par croire que nos héros sont
insensibles à la moindre agression. Ceci est amusant mais peut avoir
sur le long terme des répercussions sur ce délicieux sentiment de
peur que l'on ressent lorsque des Trolls (ici affublés de la
parole), une armée entière de gobelins ou d'inquiétants orcs font
leur apparition. Scénario faiblard, ok. Inutile de revenir dessus.
Effets-spéciaux gargantuesques, c'est vrai. Et l'interprétation ?
Sans avoir les moyens de prouver leur talent d'acteurs (surtout
doublés en français), les interprètes font leur travail
proprement. Ils parviennent d'ailleurs à distiller sur certains
plans une véritable émotion, de celle qui, je trouve, manquait au
Seigneur Des Anneaux.
Quelques
plans inutiles qui n'entachent pourtant jamais l'intérêt du film
2H45.
Une durée qui aurait pu user la patience des moins aguerris. Mais
heureusement, Peter Jackson en bon artisan parvient à maintenir une
attention constante, et ce grâce notamment à une musique superbe
signée Howard Shore. Malgré tout, le film aurait mérité d'être
expurgé d'une dizaine de minutes. C'est vrai quoi ! Si la scène
des géants de pierre (sûrement pensée pour la 3D comme me l'a si
finement suggéré ma compagne) est plutôt sympa (bien qu'assez
brouillonne d'un point de vue visuel), on ne saura jamais pour quelle
raison précise ces être immenses faits de roche noire se réveillent
afin de se livrer à un duel dont les premières victimes sont nos
héros, alors bousculés. Quand au jeu entre Golum et Bilbon (un
prétexte pour nous montrer la rencontre décisive entre les deux
personnages), il n'a visiblement d'autre intérêt que de rallonger
le film. Ou bien, le grand héros du film est moins intelligent qu'il
n'y paraît. Comprenant qu'il détient un objet dont l'étrange
créature tient plus que tout autre chose, il lui suffisait de jouer
la carte du chantage pour la pousser à lui révéler la sortie
(qu'il finira par ailleurs à trouver sans l'aide de Golum). Ces
détails paraissent malgré tout comme stériles devant l'ampleur du
projet qui selon moi se solde par un résultat plus que convainquant.
Vivement la suite...
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