Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

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mardi 2 septembre 2025

L'annonce faite à Marius de Harmel Sbraire (1997) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Je n'ai jamais vraiment réussi à comprendre l'emballement autour de Jackie Berroyer. Personnage sympathique, il est vrai, mais bon, côté ''acting'', faut quand même pas pousser l'adoration au point de le considérer comme un excellent interprète ! Après, le pauvre, sans doute n'y est-il pour rien dans cette manière sans cesse hésitante, chevrotante qu'il a d'incarner les rôles qui lui sont offerts au cinéma. Cependant, l'on pourra en contrepartie affirmer que cette vision toute personnelle de l'art de se fondre dans la peau de certains personnages lui sied à ravir lorsque le génial Fabrice Du Welz l'emploie sur le tournage de Calvaire en 2004. Incarnant Bartel, un type totalement perché qui accueille dans son antre Marc Stevens (excellent Laurent Lucas), chanteur ringard pour maisons de retraites (la séquence d'ouverture située dans un hospice situé dans les Ardennes belges demeure d'ailleurs l'une des plus inconfortables qu'ait tourné le cinéaste) avant de le confondre avec son épouse regrettée... Sept ans auparavant et sur un ton nettement plus léger, la réalisatrice Harmel Sbraire l'engageait sur le plateau de L'annonce faite à Marius. Unique long-métrage pour cette dernière qui à l'occasion de cette première et donc dernière œuvre en tant qu'auteur réunit à l'image Jackie Berroyer et l'ancien Inconnus, Pascal Légitimus. Deux ans après Les trois frères de ses compagnons du rire de l'époque Didier Bourdon et Bernard Campan et après avoir été contraint de se séparer d'eux pour cause de différent juridique avec leur producteur Paul Lederman (les trois hommes n'ayant alors plus le droit d'apparaître ensemble à l'écran), Pascal Légitimus incarne le rôle-titre. Sur les conseils d'un jeune distributeur de prospectus avec lequel il travaille, Marius jette à l'égout ceux qui lui ont été confiés. Malheureusement pour lui, il a été photographié lors du délit et se retrouve immédiatement mis à la porte. Son jeune collègue lui conseille alors cette fois-ci de se présenter comme candidat dans un cabinet médical afin de tester de nouveaux médicaments. Un emploi particulièrement fructueux qui devrait enfin lui permettre de payer ses factures. Mais son groupe sanguin ne correspondant pas aux attentes des chercheurs, il est remercié... jusqu'à ce qu'il tombe tout à fait par hasards sur l'un d'entre eux, dont les méthodes de recherches sont relativement singulières...


En effet, le professeur Migeon qu'interprète donc Jackie Berroyer propose à Marius de lui servir de cobaye contre la coquette somme de douze-mille francs ! Mais alors que Marius s'attendait à suivre un protocole classique, l’obstétricien va lui faire avaler un médicament qui le rendra malade afin de mettre en place une expérience tout à fait inédite... Si à l'époque de sa sortie L'annonce faite à Marius pouvait paraître tout à fait fantaisiste, de nos jours, certains sont désormais convaincus que le projet fou du professeur Migeon pourrait être très facilement envisageable. Loin de cette pathologie rarissime qu'est le pseudocyesis masculin dont moins de vingt cas ont été recensés, la gestation masculine qui pour l'instant n'est un principe appliqué qu'à certains animaux comme l'hippocampe est donc au centre de ce récit tout à fait farfelu écrit par la réalisatrice avec la collaboration de... Jackie Berroyer. Comédie qui aurait pu n'être que foncièrement anodine si elle ne traitait pas d'un sujet aussi dénué de tout sens que la gestation masculine chez l'homme, L'annonce faite à Marius permet notamment de retrouver à l'image la toute craquante Léa Drucker dans le rôle de Brigitte. Un rôle dont les contours sont malheureusement mal définis. Comme si la réalisatrice n'avait eu surtout comme seule intention que d'ajouter une touche de féminité dans une intrigue presque cent pour cent masculine tournant pourtant autour d'un sujet qui touche essentiellement le sexe féminin ! À dire vrai, L'annonce faite à Marius est léger, très léger, comme un très long sketch qui aurait sans doute eu sa place à l'époque dans un programme de la chaîne Canal+. Une comédie qui finalement semble avoir été faite pour Jackie Berroyer dont la faiblesse du jeu colle à merveille avec ce personnage de scientifique ''fou''. Pascal Légitimus s'y perd, comme attendant son retour au sein du célèbre trio dont il fut l'une des trois incarnations. Au final, le long-métrage de Harmel Sbraire est une toute petite comédie, qui exige d'être abordée par les spectateurs avec simplicité. Le genre d'intrigue que l'on suit sans déplaisir mais qui à aucun moment ne marque véritablement les esprits. Une œuvre qui passe malheureusement à côté du titre d'O.F.N.I...

 

lundi 1 septembre 2025

Le mélange des Genres de Michel Leclerc (2025) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Spécimen d'écologiste dégénérée, députée de l'Assemblée nationale, mariée à un homme déconstruit, Sandrine Rousseau s'est probablement sentie très fière et directement concernée par le personnage qu'incarne le sympathique Benjamin Lavernhe. Paul Lemaire, lui-même très satisfait de se positionner en tant qu'homme déconstruit sans pour autant attirer l'antipathie de celles et ceux qui considèrent le concept comme inconcevable, ridicule, offensant, débilitant... Pourquoi ? Parce que derrière ce personnage que l'on devine très impliqué au sujet de la cause féminine, le réalisateur Michel Leclerc et la scénariste Baya Kasmi n'oublient pas de dresser le portrait d'un individu qui peu à peu semble se dégrader aussi bien physiologiquement qu'intellectuellement. En outre, les deux auteurs qui déjà ont travaillé ensemble sur de nombreux projets s'amusent de ce personnage en le plaçant directement au cœur d'une fausse histoire d'agression et de harcèlement sexuels alors même qu'il représente le symbole ultime du mâle soumis à la dictature féministe ! Benjamin Lavernhe est actuellement l'un des acteurs français les plus intéressants à suivre sur un plan cinématographique. Depuis quelques années, le voici qui enchaîne les rôle sur grand écran, réservant ainsi d'excellentes surprises comme en 2024 lorsqu'il incarna le rôle de Thibault, célèbre chef-d'orchestre, dans le formidable En fanfare d'Emmanuel Courcol. Avant d'intégrer l'équipe de la future et nouvelle adaptation des Misérables de Victor Hugo réalisée par Fred Cavayé, Benjamin Lavernhe est donc ici confronté à une majorité d'interprètes féminines dont Léa Drucker qui interprète l'inspectrice de police Simone (épouse à l'écran de Vincent Elbaz qui incarne quant à lui le rôle de Jean-Jacques), Julia Piaton qui joue le rôle de la comédienne de théâtre Charlotte Landowski ou encore Judith Chemla, formidable interprète de Hélène dans le téléfilm 15 jours ailleurs de Didier Bivel aux côtés de Didier Bourdon et qui dans le cas présent incarne le principal membre d'un collectif féministe qu'intègre d'ailleurs Simone afin d'enquêter au sujet d'un lien supposé entre le groupe et la participation de certains membres à l'assassinat d'un homme violent dont l'épouse est pour l'instant seule à être accusée du meurtre !


Aussi sérieux que puisse être le sujet, aussi crispantes que puissent être certaines sous-intrigues qui pourraient passer pour du wokisme de la part des auteurs, Le mélange des genres est en réalité une excellente comédie, faussement démagogique et qui plus que de satisfaire les extrémistes constipés de la pompe aspirante et dégénératrice de la gauche bien pensante devrait surtout amuser ceux d'en face. Pour qui, le thème est ici à prendre au second, voire au troisième degré. Quand l'absurde pointe à l'horizon, on peut croire en la sincère intention des auteurs s'agissant de dédramatiser le sujet pour en faire moins l'objet de polémiques qu'une réelle envie de réunir les uns et les autres dans un même élan d'espoir où l'humour seul est capable d'unifier le peuple, quelles que soient ses idées, quelles que soient ses opinions. Arguons malgré tout que l'objectif aura du mal à être atteint du côté des ''gauchistes contrariés'' qui selon certains critères, semblent se refuser à prendre autrement qu'au premier degré tout ou partie des thèmes qui les préoccupe. Preuve que Le mélange des genres ne doit surtout pas être envisagé sous cet angle : le réalisateur offre à Benjamin Lavernhe le rôle d'un homme qui vire au surmenage, voire au burn-out, dans une posture un brin caricaturale. Autre preuve. L'accumulation de bévues causées par l'un des derniers membres du collectif féministe incarné par Melha Bedia, actrice que l'on a que trop peu l'occasion de présenter autrement que comme la sœur de Ramzy Bedia et dont la trogne ne prête jamais vraiment à autre chose qu'à sourire ! Il n'empêche que le film de Michel Leclerc s'intéresse également à des sujets qui eux ne prêtent absolument pas à sourire. Comme le traitement des victimes de viols qui parfois sont soumise à une autorité qui les considèrerait presque comme en partie responsables de l'agression... Bref, Le mélange des genres est une très bonne comédie qui malgré son sujet n'oublie pas l'un des éléments essentiels au genre : donner du plaisir au spectateur...

 

dimanche 31 août 2025

Le crocodile du Botswanga de Fabrice Eboué et Lionel Steketee (2014) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

L'un des principaux privilèges propres à certaines communautés, que l'on nie ou pas cette assertion, cette condition sine qua non dont la règle est pour certains parfaitement intégrée, est de pouvoir aborder certains sujet sans qu'aucune polémique ne vienne réveiller de vieilles rancœurs nourries entre gens de droite et population de gauche. Confier l'écriture, la mise en scène ou l'interprétation du Crocodile du Botswanga à une équipe strictement constituée de ''visages pâles'' aurait sans doute provoqué autant de remous qu'une manifestations de néo-nazis au cœur d'un territoire perdu de la République. N'en déplaise à celles et ceux qui célèbrent la mort à petit feu d'un humour sans frontières raciales, religieuses ou biologiques en terme de féminité ou de masculinité, il en est qui résistent et s'attaquent frontalement à tout ce qui peut troubler l'ordre public. L'on honorera donc le Crocodile du Botswanga comme étant l'un des parangons résiduels d'un ''je m'en branle de la morale'' dont la structure fait fi de tout ce qui pourrait engendrer de critiques nauséeuse, opportuniste et démagogiques de la part d'une part bien trop importante de nos concitoyens (suivez mon regard vous qui connaissez mon positionnement) ! Film en couleur mais mis en scène et écrit par des noirs et blancs, Fabrice Eboué prend cette fois-ci toute la place de son comparse et ancien camarade du Jamel Comedy Club Thomas N'Gijol aux côtés de Lionel Steketee. Tous trois avaient réalisé ensemble Case Départ mais pour cette seconde collaboration, seuls Fabrice Eboué et Lionel Steketee ont assuré la mise en scène du Crocodile du Botswanga. Quant à l'écriture, là encore, Fabrice Eboué l'a assurée aux côtés de la comédienne, scénariste et humoriste Blanche Gardin. Après la traite négrière au cœur de laquelle ses deux jeunes héros projetés en 1780 y découvraient que l'esclavage n'y avait pas encore été aboli, l'équipe formée autour des trois hommes s'attaque désormais au sujet des dictatures africaines dont Jean-Bedel Bokassa, Mobutu Sese Seko ou Idi Amin Dada Oumee furent les figures les plus imposantes. Le Crocodile du Botswanga met en scène dans un pays imaginaire le personnage de Didier, agent d'un jeune footballeur d'origine botswangaise au talent prometteur (Ibrahim Koma dans le rôle de Leslie Konda) qui désire déposer les cendres de sa mère défunte au Botswanga.


Accompagné de Didier, Leslie attire immédiatement l'attention de Thibault ''Bobo'' Babimbi, personnage incarné par Thomas Ngijol, lequel personnifie l'image de l'un de ces régimes militaires totalitaires et dictatoriaux qui continuent à s'étendre sur le territoire africain comme en témoignent encore les récents coups d’état qui ont notamment touché le continent en Guinée, au Burkina Faso, au Mali ou encore au Niger. Connaissant les propensions de Fabrice Eboué et Thomas Ngijol à bousculer les conventions, les deux humoristes et acteurs s'en donnent à cœur joie lorsqu'il s'agit de s'en prendre aux régimes militaires en question et à leurs dirigeants à proprement parler. Dictature, corruption, tout passe à la moulinette du trio Steketee/ Eboué/Nigijol qui ne tremble pas un seul instant lorsqu'il s'agit d'égratigner, voire de ridiculiser et pourquoi pas humilier l'image de ces ''Grands chefs'' aux apparats souvent ridicules. Aux côtés d'un casting constitué d'interprètes que l'on avait déjà pu voir dans Case départ (Franck de la Personne qui passe ainsi du Curé au conseiller de Bobo Babimbi et Etienne Chicot qui après avoir incarné l'esclavagiste Monsieur Jourdain interprète désormais le représentant de Totelf au Botswanga, Jacques Taucard), Fabrice Eboué et Thomas Ngijol sont bien placés pour évoquer le sujet puisque étant eux-mêmes fils d'immigrés camerounais, le sujet ne peut que leur tenir à cœur puisque le Cameroun lui-même est touché par la vérole de la dictature avec la présence depuis plus de quarante ans de Paul Biya à la tête de la nation camerounaise ! Malgré la gravité du sujet, Le Crocodile du Botswanga est une comédie pure jus, drôle et aussi délicieusement impertinente que pouvait l'être trois ans auparavant Case départ. Par la suite, les trois hommes feront carrière séparée. Lionel Steketee signera deux comédies tellement ''étronesques'' qu'elles en deviendront cultes (Les nouvelles aventures de Cendrillon en 2017 et Alad'2 en 2018), Thomas Ngijol réalisera Fastlife en 2014, co-réalisera avec Karole Rocher Black Snake en 2018 ainsi que Indomptables en solo en 2025 tandis que Fabrice Eboué signera le sympathique Coexister et le savoureusement trash Barbaque en 2021. En attendant que ce dernier revienne avec Gérald le conquérant dont la sortie est prévue pour le 3 décembre prochain, replongeons-nous dans cette sympathique caricature qu'est Le Crocodile du Botswanga...

 

samedi 30 août 2025

Watcher de Chloe Okuno (2022) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Des films de ''peur'' jouant sur la présence hostile, réelle ou fantasmée d'un ou de plusieurs voisins, il en existe une cohorte. Les lister prendrait des heures mais à la simple évocation de la trilogie de l'appartement de Roman Polanski (Répulsion, Rosemary's Baby etLe locataire) ou d'autres petites friandises comme le norvégien Naboer de Pål Sletaune, il y a mille et une manières d'aborder la chose. Comme l'a récemment entreprit la réalisatrice et scénariste américaine Chloe Okuno avec son premier long-métrage en date Watcher, il n'y a meilleur terreau que l'inconnu... que le dépaysement, voire, le déracinement pour cultiver ce sentiment de paranoïa qui naît d'une situation incontrôlable. Sans être tout à fait comparable à la fameuse trilogie réalisée par Roman Polanski entre 1965 et 1976 qui reste de toute manière inégalable, Watcher propose un voyage anxiogène en terre inconnue. Bucarest, capitale de la Roumanie, pays emprunt de fantasmes liés à la présence du Château de Bran que d'aucun célèbre comme étant celui d'un certain... Dracula. La Roumanie sert également de terreau fertile pour un certain nombre de films d'horreur. Tel le Ils de Xavier Palud et David Moreau. Ou la comédie. Comme celle qu'a réalisé Antoine de Maximy en 2020, J’irai mourir dans les Carpate. Adaptation plutôt intelligente de sa propre émission de télévision, J'irai dormir chez vous. Malgré le ton employé, on pouvait déjà noter une ambiance parfois trouble liée à quelques environnements et certains comportements. De quoi vous donner le vertige et créer un certain malaise. Le barrage de la langue. Voilà qui en ajoute dans le côté anxiogène d'un voyage ou d'une installation à l'étranger qui ne va pas tout à fait se dérouler comme prévu. L'actrice Maika Monroe que l'on a pu notamment découvrir dans l'excellent It Follows de David Robert Mitchell voilà déjà huit ans est l'héroïne de Watcher qui en angoissera très certainement plus d'un. Suivant son compagnon Francis (l'acteur Karl Glusman), la jeune et jolie Julia part donc s'installer à Bucarest. Ne parlant pas la langue, ne travaillant pas et Francis étant régulièrement absent pour le travail, la jeune femme se retrouve rapidement seule dans leur grand et glacial appartement. Un décor lui-même anxiogène qui tranche avec l'immeuble qui fait face. Et au dernier étage duquel un homme semble l'observer...


Et pas seulement puisque Julia est persuadée qu'il l'a récemment suivie jusque dans un magasin. Le contexte actuel du quartier n'arrangeant d'ailleurs pas les choses puisque un tueur sévit et s'en est déjà pris à quatre jeunes femmes auxquelles, l'américaine va apparemment s'identifier. 1+1 ne faisant jamais zéro, l'accumulation d'inconvénients va transformer l'existence de Julia en véritable cauchemar. Chloe Okuno s'y connaît lorsqu'il s'agit de maintenir une tension moite envers les spectateurs forcément touchés par ce que vit la jeune femme. D'autant plus que Francis va très vite douter des propos que tient sa compagne. Reste que pour l'heure, certains événements témoignent de la situation. Heureusement pour elle, Julia va faire connaissance avec la strip-teaseuse Irina (l'actrice Madalina Ane) qui vit dans l'appartement à côté du sien. Ne reste plus qu'à savoir désormais si tout n'est que le fruit de l'imagination de la jeune américaine ou si tout ce que projettent ses pensées est bien réel ! Tendu et parfois même agaçant (le genre de sensation que l'on ressent lorsque le héros ou l'héroïne est incompris(e) de son entourage), Watcher maintient un climat d'oppression et de paranoïa quasi-permanent notamment nourri par la barrière de la langue dans sa première partie et ininterrompu durant la seconde. Chloe Okuno a beau avoir une sensibilité toute féminine, la réalisatrice et scénariste n'en a pas moins dans le pantalon et abordera le grand final de manière tout à fait inattendue (quoique pas tout à fait justifié). Mention spéciale pour l'acteur et musicien britannique Burn Gorman qui dans le rôle du voisin habitant dans l'immeuble d'en face (Weber) n'a pas beaucoup d'efforts à fournir pour incarner cet individu louche dont on se demandera souvent quelles sont ses véritables intentions. Malgré ses qualités, le film ne connaîtra malheureusement pas le succès dans son pays d'origine puisque au bout de cinq semaines de sortie étalées sur sept-cent soixante-quatre salles de cinéma, Watcher n'engrangera même pas deux millions de dollars. Une déception au vue des qualités narratives, de la mise et en scène et de l'interprétation de Maika Monroe. L'un des jolis frissons de l'année 2022...

vendredi 29 août 2025

Discount de Louis-Julien Petit (2014) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Après avoir notamment travaillé comme assistant-réalisateur aux côtés de Dany Boon sur Bienvenue chez les Ch'tis en 2007, de Quentin Tarantino sut Inglourious Basterds en 2009 ou encore de Christopher Nolan sur Inception deux ans plus tard, le réalisateur et scénariste français Louis-Julien Petit s'est lui-même lancé dans la mise en scène de longs-métrages dès 2013 avec le drame Anna et Otto. Avant de réunir à nouveau les actrices Corinne Masiero et Sarah Suco en 2018 dans les invisibles, le cinéaste les a tout d'abord engagées sur le tournage de Discount, une comédie sociale prenant pour cadre un supermarché et une partie de ses employés au moment même où la direction a pris la décision de faire installer des caisses en libre-service. Ce qui en langage ''inhumain'' coïncide avec le licenciement prochain de plusieurs salariés. Écrit par le scénariste Samuel Doux (lequel retravaillera aux côtés de Louis-Julien Petit sur le téléfilm Carole Matthieu en 2016) sur une idée du réalisateur, Discount s'intéresse donc à une poignée de travailleurs qui plutôt que de se lancer dans une grève illimitée comme cela est généralement le cas dans ce genre de long-métrage décident d'arrondir leurs fins de mois avant la date fatidique de leur licenciement. Comment ? En volant au sein même du supermarché qui les emploie des denrées dont la date limite est proche de l'échéance ainsi que des produits écartés par leurs propres soins de la mise en rayon. Mais alors que certains d'entre eux se montrent tout d'abord frileux, lorsque l'argent commence à rentrer, ce qui paraissait tout d'abord ressembler à un moyen de se remplir les poches et de faire payer à leur entreprise le sort qui allait leur être accordé va se transformer en véritable entreprise de solidarité entre collègues et au profit de clients triés sur le volet... Louis-Julien Petit signe avec Discount une comédie dramatique sociale plutôt réaliste. Un groupe de personnages interprétés par Corinne Masiero et Sarah Suco, donc, lesquelles interprètent les rôles des caissières Christiane et Emma, mais également par Olivier Barthelemy qui incarne, lui, leur collègue Gilles. L'instigateur du projet de détournement de marchandises...


Acteur que l'on redécouvrira notamment en 2018 dans la sympathique comédie Chacun pour tous de Vianney Lebasque ou dans le très inutilement controversé Vaincre ou mourir de Paul Mignot et Vincent Mottez en 2023. Autre acteur que l'on ne présente plus, Pascal Demolon interprète celui d'Alfred, lui aussi employé du supermarché, et que l'on a pu voir chez Xavier Gélin, Jan Kounen, Guillaume Nicloux, Tonie Marshall, Kheiron (dans l'infâme Brutus vs César) ou encore chez Albéric Saint-Martin dans le récent De mauvaise foi... Face à ce petit régiment de résistants qui acceptent logiquement mal leur sort, Zabou Breitman incarne Sofia Benhaoui, la directrice du supermarché. Une femme dénuée d'émotions qui ne vit qu'à travers sa carrière et demeure détachée vis à vis du ressenti de ses employés ainsi que sur le plan relationnel. Mais Discount ne met pas simplement à mal le concept de remplacement de l'humain par des machines automatisées conduisant ainsi à la mise au chômage des employés mais s'intéresse également au phénomène du Hard-Discount qui permet à des hommes et des femmes de pouvoir se nourrir à moindres frais et selon leurs moyens. Une entreprise hors-la-loi, risquée, mais finalement bénéfique... Les principaux interprètes forment un groupe soudé relativement attachant. D'autant plus que le réalisateur et son scénariste ne se contentent pas que de faire évoluer leurs personnages au sein du supermarché ou à travers le plan qu'ils ont en tête mais les font vivre au delà de leurs activités professionnelles. C'est ainsi que l'on découvre que Gilles vit auprès d'un père atteint de cécité ou qu'Emma élève seule et dans une grande difficulté, sa fille. Discount est dont l'occasion d'un spectacle parfois dramatique mais non dénué d'un certain humour. Notamment lorsque intervient le personnage d'Alfred. Bref, à choisir entre Le grand partage Alexandre Leclère qui vit le jour en toute fin d'année 2015 et le long-métrage de Louis-Julien Petit qui apparu sur les écrans français en janvier de la même année, dans le domaine de la comédie sociale le choix, à l' époque, devait impérativement se porter sur ce dernier...

 

jeudi 28 août 2025

Les cadors de Julien Guetta (2022) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Lorsque l'on redécouvre pour la seconde fois un film mais que l'on n'est pas fichu de s'en souvenir, c'est peut-être le signe d'une maladie neurologique dégénérative grave. Ou peut-être plus simplement celui d'une œuvre dont l'intérêt est si faible que dans le meilleur des cas l'on en oublie l'essentiel et dans le pire, que l'on a purement et simplement omis son existence. Mais lorsque cela vous arrive deux fois, coup sur coup, il y a, je pense, moyen de s'inquiéter de l'état de ses neurones. Les premiers symptômes se déclarèrent avant-hier soir, au moment de ''découvrir'' Discount de Louis-Julien Petit dans lequel une poignée d'employés d'une supérette apprenaient qu'ils allaient bientôt faire partie d'une charrette et qui avant l'échéance de trois mois allaient entreprendre d'arrondir leurs fins de mois en détournant des marchandises et en les revendant à une clientèle triée sur le volet. Des symptômes qui ont perduré puisque hier soir, au beau milieu de la projection des Cadors de Julien Guetta, je me suis rendu compte que j'avais déjà vu le film... que j'avais oublié jusque là ! Mettant en scène deux frères interprétés par Jean-Paul Rouve et Grégoire Ludig, Christian et Antoine Dagostino se retrouvent à l'enterrement de leur père après des années de séparation. Ayant vécu une enfance douloureuse après que leur mère ait choisi de quitter le cocon familial et après avoir subit des violences physiques de la part de leur père, on ne peut pas dire que sa mort soit réellement traumatisante pour les deux hommes. Surtout pour Christian qui passa son enfance et son adolescence à protéger son frère des coups de leur géniteur. Antoine en a d'ailleurs gardé une profonde reconnaissance qui aujourd'hui le contraint à veiller à son tour sur son électron-libre de frère. Un brin marginal, fan du chanteur Renaud et adepte de bagarres et de concours de baffes, Christian est ingérable ! Antoine va cependant l'accueillir chez lui, au sein du couple qu'il forme avec Alexandra, interprétée à l'écran par Marie Gillain.


Parallèlement à sa vie de couple et de parent, Antoine arrondit ses fins de mois en acceptant de travailler pour un certain Jean-Pierre Deloup (Michel Blanc). Un escroc, un contrebandier qui contre d'importantes sommes d'argent agit dans le trafic de drogue ou le vol de voitures. Mais indirectement puisqu'il fait donc appel à Antoine... Les Cadors débute comme une pure comédie. Avec un Jean-Paul Rouve qui débarque dégingandé à bord d'un camion de glaces à l'enterrement de son père, un Grégoire Ludig qui gère plus ou moins bien son couple et un Michel Blanc en responsable malfaisant d'un syndicat des dockers situé à Cherbourg, le long-métrage de Julien Guetta plonge dans le second degré, voire le troisième, avant de changer presque radicalement de ton lorsqu'il évoque justement les agissements de Jean-Pierre Deloup, infâme personnage qu'incarne avec un naturel presque déconcertant le regretté Michel Blanc ou lorsque les deux frangins se remémorent tour à tour l'enfance parfois difficile qu'ils vécurent auprès d'un père alcoolique et violent. Sur la base d'un scénario écrit par le réalisateur, par Jean-Paul Rouve ainsi que par Lionel Dutemple (auteur pendant de longues années à Canal+ pour les émissions Les Guignols de l'info, Visiophon, Nulle part Ailleurs ou pour la série H), le film signe une tendre complicité entre deux personnages, deux acteurs, deux frères de fiction convaincants. Entre humour et gravité, Les cadors n'en est pas moins une comédie dramatique dispensable. Que l'on prend un certain plaisir à regarder mais qui s'oublie relativement vite et que l'on n'aura donc pas forcément la tentation de revoir (à moins qu'une perte de mémoire ne nous pousse justement à la ''(re)découvrir''). Notons également les présences féminines d'Aurore Broutin dans le rôle de Madeleine, pendant féminin de Jean-Paul Rouve/Christiant et de Marie Gillian, excellente actrice n'apparaissant que trop rarement au cinéma en comparaison d'autres artistes qui mériteraient parfois de disparaître des écrans-radars...

 

mercredi 27 août 2025

100 Millions ! de Nath Dumont (2025) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Pour son premier long-métrage à voir le jour sur grand écran, on ne peut pas dire que le réalisateur Nath Dumont ait choisi la facilité. Ou plutôt, si. Enfin, non. Ou alors peut-être. Quoique cela dépend de l'angle sous lequel l'on aborde le film. D'un point de vue strictement scénaristique, 100 millions ! n'est pas allé chercher bien loin son inspiration. Car des comédies qui mettent en scène des personnages face à des situations sociales critiques, il suffit de piocher au hasard et à l'aveugle dans l'immense vivier que regroupe le genre pour trouver de quoi satisfaire sa curiosité. Les mettre ensuite face à une solution radicale matérialisée à travers des gains très importants (héritages, loto, etc...) est là encore une méthode couramment utilisée dans ce genre de productions. Bref, on sait déjà à peu près sur quoi l'on va tomber. Mais encore, bien écrit et parfaitement interprété, la pilule aurait pu passer. Sauf qu'ici, le réalisateur en remet une couche en offrant les deux principaux rôles à un ''couple'' qui, réuni au cinéma, n'a jamais vraiment fait d'étincelles. Il suffit de jeter un œil à la carrière de Michèle Laroque pour s'en convaincre. Quant à Kad Merad, accepter d'interpréter en 2018 le rôle du Docteur Steinman dans l'infâme premier long-métrage en tant que réalisatrice de celle qui persévérera dans la médiocrité en 2021 avec Chacun chez soi et 2022 avec Alors on danse, le pauvre est devenu l'une des risées du cinéma français. Qu'attendre alors du long-métrage de Nath Dumont ? À priori, pas grand chose. Surtout lorsque dans sa première partie, la comédie accumule tous les poncifs du genre dans ce qu'il peut avoir de plus navrant. Un copier/coller confinant au plagiat emprunté au pire de ce que peut proposer la production française en matière de comédie ! Ouvrier syndicaliste dans une imprimerie à la dérive, Patrick (Kad Merad) vit avec son épouse Suzanne (Michèle Laroque). L'entreprise risque de fermer ses portes tandis que le couple n'arrive plus à payer les traites de leur maison. Leur banquier (Sören Prévost dans le rôle de Monsieur Troadec) les relance en permanence et ils s'attendent à voir débarquer chez eux les huissiers. Mais si l'on vient frapper à leur porte, ça n'est pas pour leur annoncer de mauvaises nouvelles mais pour leur apprendre que Patrick a hérité de la faramineuse somme de cent millions d'euros correspondant à un héritage. Bref, voilà le couple désormais à l'abri du besoin. Patrick décide malgré tout de continuer à travailler et à épauler ses collègues tandis que Suzanne compte bien profiter de tout cet argent pour améliorer son existence...


Si dans les grandes largeurs le long-métrage s'inspire effectivement de nombreuses comédies similaires, dans le détail, cela est parfois encore plus flagrant. Le scénario lorgnant même du côté de l'emprunt le plus éhonté. Un exemple ? Lorsque Patrick offre à son ami et collègue Saïd (Fatsah Bouyahmed) une superbe voiture, il est quasiment impossible de ne pas y voir un authentique plagiat de la séquence de Ah ! si j'étais riche de Michel Munz et Gérard Bitton dans laquelle Jean-Pierre Darroussin/Aldo Bonnard offrait à son ami en collègue François Morel/Jean-Phi la voiture de ses rêves. Sauf qu'ici, la mise en scène de la séquence est totalement ratée. Pas la moindre trace d'émotion. Mais comment s'attendre à autre chose lorsque l'on offre à Kad Merad ou à Fatsah Bouyahmed l'opportunité de jouer sur la fibre émotionnelle quand l'un et l'autre en sont incapables ? Charriant continuellement son lot d'emprunts, de caractérisations et de sujets déjà évoqués des dizaines voire des centaines de fois au cinéma, l'on a droit à cette nouvelle mode consistant à introduire un personnage dont la vocation est de venir en aide aux migrants (Jade-Rose Parker dans le rôle d'Amandine, la fille de Patrick et Suzanne). Venant de la télévision, Nath Dumont intègre au casting l'acteur espagnol Agustín Galiana que les téléphages connaissent notamment pour son rôle de Lisandro Iñesta entre 2020 et 2023 dans la série Ici tout commence. Il incarne ici le rôle du galeriste Juan. Un homme séduisant qui va tenter de séduire Suzanne alors que le couple est en plein conflit. Notons également la présence de Martin Karmann dans le rôle de Lucas, le fils de Patrick et Suzanne, patron d'une entreprise florissante qui va avoir maille à partir avec le très zen et écologiste PDG d'une entreprise, Jérôme Gauthier qu'interprète Lionel Abelanski. Si tout est évidemment écrit d'avance et que rien ne vient pratiquement étonner le spectateur durant le déroulement du récit, on se surprend finalement à assister au spectacle avec un certain plaisir. Comparé à la majorité des immenses purges qui se prétendent être des comédies à sortir chaque année, Nath Dumont parvient à sauver les meubles en multipliant les séquences plus ou moins cocasses. Quelques petites idées originales malheureusement noyées dans un conglomérat de redites qui finissent pourtant par épuiser le spectateur...

 

mardi 26 août 2025

Avant-première : L'homme qui a vu l'ours qui a vu l'homme de Pierre Richard (2025) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

L'acteur, réalisateur et scénariste français Pierre Richard ne s'était pas installé derrière une caméra depuis presque trente ans (en dehors du court-métrage SOS Siné Mensuel: Pierre Richard en 2022). Vingt-huit, pour être plus précis. Depuis qu'il s'était notamment mis en scène aux côtés de Véronique Genest, Carol Sihol, Daniel Russo, Isabelle Candelier ou encore Daniel Prévost dans Droit dans le mur. En cette soirée du 25 août 2025, il fallait donc avoir prévu d'acheter par avance sa place de cinéma tant le public qui afflua dans les quatre salles réservées à la projection de son nouveau long-métrage projeté en avant-première au cinéma CGR de Narbonne furent combles. Pour une raison très simple : la présence avant et après la séance de Pierre Richard en chair et en os. Un événement précédé par son passage dans le hall principal du multiplex, tout d'abord accueilli par un orchestre de tambours, puis par un public immédiatement acquis à la cause de l'un de nos plus grands acteurs. Que dis-je, un cinéaste, complet, qui multiplia durant sa carrière les rôles sur grand écran. Une carrière essentiellement vouée à la comédie, débutée comme bien d'autres avant et après lui par de petits rôles, très secondaires comme celui d'un agent de police dans Un idiot à Paris de Serge Korber en 1967 avant d'interpréter le rôle très remarquable de Colibert dans le classique d'Yves Robert l'année suivante, Alexandre le bienheureux... Dès le tout début des années soixante-dix, Pierre Richard passe alors derrière la caméra avec Le distrait. Comédie qu'il réalise, écrit et incarne. Très vite il se démarque par une approche fantaisiste, parfois proche du mime où son talent de ''gaffeur'' s'y exprime volontiers. Après cette savoureuse critique du monde de la publicité dans laquelle il s'amuse des codes propres au métier pour les détourner, Pierre Richard signe Les malheurs d'Alfred deux ans plus tard. Mais c'est surtout avec Je sais rien, mais je dirai tout que le cinéaste peaufine certains très de son caractère. Si tout comme dans Le distrait le personnage qu'il interprète s'appelle Pierre, ça n'est alors sans doute pas le fruit du hasard. Dans ce troisième long-métrage, Pierre Richard se montre féroce, acerbe et donc très critique envers la société. Et notamment vis à vis de la bourgeoisie dont il est lui-même issu à l'origine. Qui ne souvient pas du fameux dîner réunissant les membres d'une famille constituée de représentants de l'armée, de l'église ou d'une grande entreprise dont Pierre Richard se pose comme antithèse n'observera sans doute pas le rapport qu’entretient son troisième long-métrage avec L'homme qui a vu l'ours qui a vu l'homme.


Sans présager de la suite de sa carrière d'auteur puisque comme il le témoigna lui-même lors de cette avant-première, rien ne permet d'affirmer qu'il reviendra derrière la caméra, le huitième long-métrage de Pierre Richard pourrait bien être le dernier. Cela n'était pas arrivé depuis des décennies mais quatre salles furent donc réservées à la seule diffusion de sa dernière comédie devant l'incroyable affluence du public de tous âges qui est venu non seulement découvrir le film mais voir aussi et surtout en chair et en os l'un des plus attachants acteurs français. De sept à soixante-dix sept ans, comme le veut l'expression, le public est venu honorer Pierre Richard à grand renforts d'applaudissement. Soutenu avec grâce par une canne qui semble le suivre désormais partout, il a donc passé les portes du cinéma devant une foule particulièrement attentive à sa présence jusqu'à ce qu'il rejoigne l'un des symboles du film : une ''poupée' grandeur nature de l'ours du titre... La ferveur fut telle que pas un seul siège n'est resté libre. Pierre Richard ainsi que le jeune et talentueux Timi-Joy Marbot nous firent alors l'honneur de leur présence devant l'écran avant que les lumières ne s'éteignent et que ne soit lancée la projection. Après l'émotion d'avoir pu découvrir pour la toute première fois l'immense acteur à quelques mètres devant nous, L'homme qui a vu l'ours qui a vu l'homme a déroulé ses quatre-vingt huit minutes. Et au sortir de cette aventure pleine de surprises, de cocasseries, teintée d'émotion et de réparties dont Pierre Richard, l'auteur, eut toujours le secret, il n'est pas difficile de considérer L'homme qui a vu l'ours qui a vu l'homme comme faisant partie de ses tout meilleurs films en tant que réalisateur et scénariste. Un script auquel a d'ailleurs collaboré Anne-Sophie Rivière qui débute ici dans l'écriture...


Côté casting, outre la vedette et son jeune partenaire, Pierre Richard a essentiellement et volontairement opté pour des interprètes du cru. Parmi les rôles secondaires, en dehors de Louis-Do de Lencquesaing (qui incarne Christos, le fils de Grégoire), Gustave Kervern (dans le rôle de nanosh, le père du jeune Michel) ou d'Anny Duperey, l'on retrouve donc des acteurs du sud et du sud-ouest. Et ce, pour une raison simple : Pierre Richard voulait absolument avoir dans son film des acteurs et donc des personnages ''authentiques'' et pas simplement des parisiens qui n'auraient fait que mimer l'accent de la région où se situe l'action. Parmi ces derniers, l'on retrouve ainsi Patrick Ligardes, Jean-Claude Baudracco et même, un petit nouveau dans le milieu du cinéma. Un certain... Henri Forgues ! L'homme qui a vu l'ours qui a vu l'homme nous conte la relation entre un vieil homme qui a tout plaqué pour venir vivre dans le sud de la France et d'un jeune garçon atteint du Syndrome d'Asperger. Mais plutôt que de nous offrir une œuvre larmoyante, le duo ainsi que les seconds rôles nous offrent une comédie pleine de fantaisie. De ce point de vue là, on peut dire que Pierre Richard a chargé la mule. N'étant finalement pas essentiellement tourné autour de la rencontre entre un homme et un ours comme le titre pourrait le laisser entendre mais autour d'un florilège de personnages pittoresques (dont un fan de Johnny Hallyday qui tente de reconquérir son territoire amoureux auprès d'une épouse lassée de sa passion pour le chanteur), l'on retrouve le Pierre Richard de ses premières œuvres. Car derrière l'immense tendresse et le regard intense que porte l'acteur, scénariste et réalisateur sur ses acteurs et ses personnages, derrière la poésie et la folie douce des dialogues et des situations l'on retrouve un Pierre Richard taquin. Surtout lorsqu'il s'en prend encore une fois à la bourgeoisie ou plus encore à la Gendarmerie... Particulièrement inspiré, bourré de situations et de dialogues savoureux et souvent burlesques, L'homme qui a vu l'ours qui a vu l'homme a, d'après les nombreux rires qui se sont fait entendre durant la projection, remporté tous les suffrages. Une fois le générique de fin arrivé à terme, Pierre Richard et Timi-Joy Marbot sont réapparus devant l'écran pour une séance questions/réponses pleine d'humour. Puis tous les deux ont ensuite quitté la place. La salle, enfin, s'est vidée pour ne plus laisser qu'un grand vide mais nos têtes pleine d'images...

 

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