Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

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vendredi 26 avril 2024

Un nuage entre les dents de Marco Pico (1973) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Écrit et réalisé par Marco Pico (avec la participation d'Edgar de Bresson au script), Un nuage entre les dents réuni un duo étonnant. Jusque là, Pierre Richard était surtout connu pour avoir incarné François Perrin dans Le grand blond avec une chaussure noire d'Yves Robert en 1972 ou pour s'être lui-même mis en scène dans Le distrait en 1970 ou dans Je sais rien, mais je dirai tout en 1973. De son côté, la carrière de Philippe Noiret débuta à la toute fin des années quarante avant qu'il ne devienne l'un des plus grands interprètes hexagonaux durant les décennies suivantes. Un an après avoir été notamment dirigé par le réalisateur italien Marco Ferreri dans La grande bouffe, le voici désormais aux côtés de l'un de nos plus grands acteurs comiques dans une intrigue assez curieuse dans laquelle il incarne le reporter Malisard, lequel est employé au journal Soir de Paris que dirige un directeur interprété par Claude Piéplu. Suivi de près par le photographe Prévot (Pierre Richard), les deux hommes sont en perpétuelle recherche de faits-divers tandis que leur employeur cherche à tout prix l'événement qui permettra à son journal de se vendre comme des petits pains. Ce jour là arrive lorsque Prévot part chercher ses deux fils à l'entrée de leur école. Accompagné de Malisard, le père des deux enfants se trompe cependant d'entrée et manquent à l'appel lorsque ceux-ci sortent de l'établissement. Découverts en pleine rue, ils sont emmenés par un badaud chez une nounou à laquelle il va les confier. À la suite d'un événement qui n'a pourtant aucun lien, le reporter et son photographe finissent par se persuader que les deux fils de Prévot ont été enlevés. Alerté, le directeur du journal va lui-même demander à ses autres collaborateurs de se concentrer sur l'affaire afin d'en tirer la prochaine une du quotidien... Aucun mystère donc au sujet de la disparition des deux fils du personnage incarné par Pierre Richard mais l'occasion de quiproquos divers et variés ayant comme point commun la recherche de deux enfants interprétés par Katia et Freddy Verge qui très rapidement retrouveront le chemin de leur maison (celle de l'ex-épouse de Prévot.


En effet, comme dans tout bon film mettant en scène l'acteur Louis de Funès, ce sont ici Pierre Richard et Philippe Noiret qui se trouvent au cœur de situations pittoresques qui vont les pousser à entreprendre eux-mêmes des recherches parmi les quelques suspects qu'ils vont désigner. C'est ainsi donc que l'on retrouvera par exemple l'acteur Michel Peyrelon dans le rôle du danseur de cabaret travesti Bobby Pilon. L'un des atouts majeurs du long-métrage, en dehors de son excellent duo d'interprètes principaux, c'est son casting. En effet, dans des rôles plus ou moins important l'on retrouve Marc Dudicourt, Michel Fortin, Francis Lemaire, Jacques Rosny ou encore Paul Crochet dans les rôles des collaborateurs au Soir de Paris. Un journal dirigé de main de fer par un Claude Piéplu égal à lui-même et dont un monologue récité avec une grande précision rappellera sans doute à certain sa rencontre en pleine rue avec Jean-Pierre Rochefort et Jean-Pierre Marielle dans le film culte de Bertrand Blier, Calmos deux ans plus tard... Produit par la société de production Les Productions de la Guéville fondée par Yves Robert et Danièle Delorme, Un nuage entre les dents est le premier long-métrage de Marco Pico qui près de vingt ans plus tard retrouvera Pierre Richard pour son troisième long-métrage cinématographique, La cavale des fous. L'on retrouve en de rares occasions le Pierre Richard tel que la comédie française nous le fit découvrir quelques années auparavant mais celui-ci se montre malgré tout moins expansif. Sans doute cela ayant trait au sujet dramatique de l'enlèvement même si de ce côté là les enjeux sont réduits à leur part congrue puisque très rapidement le spectateur sera mis au courant de la série de quiproquos que le récit est en train de mettre en place. Le duo qu'il forme aux côtés de Philippe Noiret (le cigare perpétuellement planté entre ses lèvres) est plutôt intéressant même s'il ne mène pas cette comédie un brin sociale vers d'authentiques éclats de rires. Bref, on passe un agréable moment en leur compagnie tandis que le récit nous permet de visiter virtuellement une capitale française qui depuis a bien changée...

 

jeudi 25 avril 2024

Les chômeurs en folie de Georges Cachoux (1982) - ★☆☆☆☆☆☆☆☆☆

 


 

Avant toute chose, je voudrais remercier notre ami Otto Rivers pour m'avoir fait parvenir ce VHS-Rip d'un film dont je n'avais jamais entendu parler jusqu'à ce qu'il l'évoque dans l'un de ses posts... Bon, ça commence plutôt pas mal puisque le film est semble-t-il distribué par ''Winner'', une maison d'édition dont je n'ai là encore jamais entendu parler mais qui avec un tel patronyme est plutôt encourageant. Ce qui l'est par contre déjà moins, c'est son titre : Chômeurs en folie... C'est étrange car bien avant d'avoir lancé la lecture, j'ai comme le sentiment que ce long-métrage réalisé par un certain Georges Cachoux va davantage ressembler au Führer en folie de Philippe Clair (légendaire cinéaste français pourvoyeur d'étrons) qu'à un drame mettant en scène notre Vincent Lindon national. Mais bon, sait-on jamais, dont acte... On se revoit pile dans une heure trente pour en parler...............................................................................................................................

Je vous le dis, Georges Cachoux est un génie. Le David Lynch de la comédie franchouillarde à tendance ''Pouet Pouet''. Le Patrick Schulman de la comédie Z. Capable de gratter encore plus profondément sous l'écorce de l'ignominie, Otto avait donc bien raison à son sujet. Vue la gueule de ses interprètes, il n'est pas improbable que le réalisateur, scénariste, compositeur et interprète se soit fourni en matière première à l'ANPE ou au PMU du coin. Une chose est par contre certaine. Parmi ces tronches de derniers de la classe plus enclins à boire des litres de Villageoise en remplissant leur grille de tiercé que de s'enfiler une bonne bouteille de Château Mouton Rothschild à une excellente tablée, les plus anciens d'entre nous reconnaîtront quelques anciennes ''gloires'' du Théâtre de Bouvard. Émission animée par Philippe Bouvard entre 1982 et 1985 qui depuis fait sans doute partie de celles qui ont le plus mal vieillies, des comiques qui montèrent sur sa scène, nous retrouvons Tchee, Smaïn et, parait-il, Didier Bourdon (sans doute au moment où je plongeais dans un sommeil très profond). Mais aussi et surtout des ''gueules'' qu'un Jean-Pierre Mocky n'aurait sans doute pas renié. À commencer par ce patron d'entreprise interprété par un parfait inconnu, sans doute trop bourré pour tenir debout sans se raccrocher aux éléments du décor et marchant comme s'il avait du verre pillé enfoncé dans le fion. Quand je pense que très récemment j'osais cracher sur l'infâme série Terminal d'AZ, Giulio Callegari et Andréas Georgiou, j'aurais mieux fait de regarder Chômeurs en folie avant de me lancer dans les pathétiques aventures de Jack, Armell ou Nabil. Cela m'aurait sans doute permis d'être moins critique envers leurs interprètes !


Georges Cachoux signe avec le sixième des huit longs-métrages qu'il réalisa durant sa carrière un authentique.... navet. Nanar ? Difficile de savoir dans quelle catégorie ranger la chose tant son exploration se révèle éprouvante. Jamais ô grand jamais je n'avais ressenti autant de difficulté à tenir jusqu'au bout. Si j'évoquais plus haut le nom de Patrick Schulman, c'est parce que tout comme à son sujet, le cinéma de Georges Cachoux est emprunt d'une liberté de ton typique de l'époque. À la seule différence que le premier signa quelques œuvres demeurées fort mémorables quand le second s'est contenté de pondre des films intellectuellement inabordables. Faisant appel à une section du cerveau dont les hommes et les femmes de bon goût sont apparemment dispensés, Chômeurs en folie est effectivement l'une des pires expériences cinématographiques que l'hexagone nous ait offert. Un foutoir sans nom, une cascade de situations désordonnées qui sans doute donnèrent du fil à retordre au monteur. Une post-synchronisation qui ferait presque passer le sketch des Inconnus Ça te Barbera pour du Soap Opera de première classe. Du nibard triste comme une journée d'automne pluvieuse. Techniquement, le film de Georges Cachoux est un désastre qui ferait passer le naufrage du Titanic pour un fait-divers tout à fait anodin. Visuellement, c'est pareil. Car au delà du support VHS aussi fatigué qu'une bande porno qui aurait été usée à force de projections répétées, on devine derrière le parasitage continuel de la vidéo un sens artistique tout relatif. Chômeurs en folie est mal cadré tandis que les... ''interprètes'' semblent avoir eu comme mot d'ordre de faire à peu près tout ce qu'ils désiraient sauf ''jouer'' ! Cette pseudo-comédie qui ne parviendra sans doute à faire rire que les déficients mentaux de l’hôpital psychiatrique du coin, c'est un peu le Sweet Movie du pauvre. Pour finir, évoquons la bande-musicale signée du réalisateur lui-même. Apparemment peu inspiré, Georges Cachoux nous inflige littéralement durant quatre-vingt dix minutes les deux seules mêmes chansons. Une répétitivité qui très rapidement teste la résistance du spectateur au delà même de l'insondable connerie que reflète le contenu du long-métrage...

 

mercredi 24 avril 2024

End of the Line de Maurice Devereaux (2007) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Les œuvres se déroulant dans des trains ou dans le métro sont-elles suffisamment nombreuses pour que l'on estime qu'il s'agisse d'un genre à part entière ? La réponse est oui. Que l'on parle de films catastrophe (Le pont de Cassandra de George Pan Cosmatos), de thrillers et d'action (L'attaque du métro 123 de Tony Scott, Money Train de Joseph Ruben) ou d'épouvante et d'horreur (Midnight Meat Train de Ryûhei Kitamura), les fans de huis-clos en mouvement en ont généralement pour leur argent. Dans le domaine de l'effroi, les amateurs de frissons ont de quoi se régaler : Death Line de Gary Sherman ou Creep de Christopher Smith sont deux des plus illustres représentants dans ce domaine, le second n'étant rien de moins que le remake plus ou moins officiel du premier qui lui, est un classique de l'épouvante. Si trains et rames de métro ne sont pas toujours le point central du récit, nombreux sont les longs-métrages qui en usent à des fins environnementales. En France, Luc Besson en a fait en outre le décor principal de l'excellent Subway en 1985. Une œuvre qui à l'époque était d'une grande modernité et qui de nos jours demeure sans doute dans notre pays comme l'une des principales représentations graphiques essentielles du cinéma hexagonal des années quatre-vingt. Pour en revenir à l'horreur pure, le réalisateur canadien Maurice Devereaux signait en 2007 son quatrième film d'horreur. Autant dire que le bonhomme devrait logiquement être un spécialiste du genre puisque depuis ses débuts dans la mise en scène en 1992, il ne s'est intéressé qu'au genre qui nous préoccupe ici. End of the Line (Le terminus de l'horreur) est un très curieux long-métrage dont il est difficile d'évaluer les qualités réelles mais qui contrairement à beaucoup d’œuvres horrifiques et pour sa part, en possède concrètement. Écrit par le réalisateur lui-même, le film met en scène une jeune psychiatre prénommée Karen (l'actrice finlandaise Ilona Elkin), laquelle attrape tard le soir, le dernier métro en circulation.


Grâce à un inconnu qui attend comme elle que se présente la rame, la jeune femme échappe à un individu un peu trop entreprenant. La soirée est bien avancée et en dehors de ces trois là, il n'y a pas âme qui vive sur le quai. Lorsque Karen monte dans son wagon, celui-ci est vide mais elle est bientôt rejointe par celui qui lui vint en aide quelques instants auparavant. La rame démarre mais bientôt, elle stoppe sa course au beau milieu d'un tunnel. Les lumières s'éteignent tandis qu'un certain nombre de voyageurs placés dans divers wagons reçoivent un étrange SMS qui les pousse à adopter un inquiétant comportement : armé de dagues en forme de crucifix, une voix enjoint alors à ces adeptes d'une secte religieuse de tuer tous les passagers présents dans la rame. Commence pour Karen et une poignée d'autres voyageurs, une véritable nuit d'enfer. Sans avoir les qualités requises pour devenir aussi culte que Une nuit en enfer de Robert Rodriguez, End of the Line est un peu du même tonneau. Un film d'horreur bourré d'action, situé dans un lieu clos et opposant un certain nombre de protagonistes à des individus sanguinaires. Ici, pas de vampires, mais ce qui semble être des hommes et des femmes dont le comportement est visiblement dicté par des créatures démoniaques. Entre scènes d'action et ventres mous, le film de Maurice Devereaux ne convainc pas totalement mais demeure malgré tout une agréable surprise. Entre meurtres et agressions en tous genres, End of the Line ne fait pas dans la dentelle et les effets gore sont en général plutôt réussis (l'égorgement du conducteur). Un sympathique petit film d'horreur, donc...

 

mardi 23 avril 2024

Slotherhouse de Matthew Goodhue (2024) ★★★★☆☆☆☆☆☆

 


 

Je suis sûr que ce film est une merde mais je vais quand même le regarder en mémoire de ce jour où ma compagne et moi avons passé l'après-midi au zoo du Jardin des Plantes dans la capitale parisienne. Là-bas nous avions pu y contempler beaucoup de merveilles, telle une panthère des neiges, des chacals ou bien des paresseux. Ce jour là, des encul... Pardon, des touristes originaires d'Allemagne s'étaient mis à gueuler dans l'une des serres comme s'ils se croyaient dans une foire au bétail, effrayant par là-même ces attachants mammifères arboricoles originaire d'Amérique centrale et du sud. D'où, vous l'avez deviné, cet irrépressible envie de voir des gugusses se faire défourailler par l'un de ses représentants retiré de son milieu naturel. Slotherhouse (ou la maison du paresseux) bêtement traduit chez nous sous le titre La mascotte est le second long-métrage du réalisateur Matthew Goodhue quatre ans après le thriller horrifique Woe. Le ton est semble-t-il donné dès les premières images lors desquelles nous est présenté un paresseux dans un environnement bucolique sur fond de flûte de pan. Tout paraît aller pour le mieux lorsque subitement, l'adorable créature alors en pleine cueillette de feuillage pour son alimentation se fait malheureusement attraper par un crocodile qui l'emporte entre ses féroces mâchoires et la fait disparaître sous les eaux troubles d'un fleuve ! Mais si l'on ne donne pas cher de sa peau, c'est pourtant bien le saurien qui se retrouvera quelques instants plus tard à la surface de l'eau, les quatre pattes en l'air et le ventre lardé de coups de griffes. Le sort s'acharne pourtant sur le victorieux paresseux qui est ensuite endormi à l'aide d'une fléchette par un chasseur qui passait par là et qui l'emporte avec lui jusqu'en Amérique où il vend ensuite les animaux sauvages qu'il a réussi à enlever... L'intrigue s'intéresse par la suite à Emily Young (Lisa Ambalavanar), jeune étudiante d'une université qui entre-temps a récupéré le paresseux et qui tout comme ses camarades s'apprête à voter pour les prochaines élections de la sororité Sigma Lambda Theta dont elle fait partie.


L'actuelle mentor (Sydney Craven dans le rôle de Brianna) est une sacrée pimbêche qui refuse tout d'abord d'accueillir dans la fraternité qu'elle dirige l'adorable créature avant de constater l'engouement de la quasi totalité des membres. Surnommée Alpha, la nouvelle mascotte toute de poils vêtue devient si populaire qu'Emily (qui depuis a décidé de se présenter aux élections) gagne de plus en plus de points dans la course à l'élection. Mais ce que ne savent pas encore les étudiantes de l'université est que la douceur et l'apparente fragilité de l'animal cachent une personnalité psychopathique. Entre farniente au soleil et match de balle au prisonnier durant lesquels Alpha se fait dorer la pilule, siffle des bières et... les débuts de la compétition, l'animal commet plusieurs meurtres horribles grâce à ses puissantes griffes. Si Alpha ne porte pas de pull rayé et n'arbore pas le visage d'un grand brûlé, ses griffes demeurent cependant aussi redoutables que celle d'un certain Freddy Krueger. Le xénarthre n'a donc pas de leçon à recevoir de ce monstre sacré du cinéma fantastico-horrifique mais ne restera sans doute pas dans les mémoires comme étant une authentique réussite du cinéma d'horreur. Traité en grande majorité sur le ton de l'humour, le long-métrage de Matthew Goodhue est d'une bêtise certes volontaire mais également incommensurable ! Un film rempli de pouffes et de benêts dont les représentants de sexe masculin, en étant minoritaires, sont encore ceux qui s'en sortent le mieux. Le pire est qu'en matière d'horreur, Slotherhouse manque terriblement d'hémoglobine. Un teen-movie pseudo-horrifique pour adolescents attardés voilà ce que semble être tout d'abord le film. À dire vrai, le seul ''protagoniste'' du récit à s'en sortir véritablement avec les honneurs est le paresseux lui-même. Le voir décapsuler sa bière, surfer sur le net ou rouler à deux-cent kilomètres heures à bord d'une voiture demeure parmi les rares séquences amusantes. Pour le reste, Slotherhouse n'est qu'un tout petit slasher dans lequel l'habituel tueur est simplement remplacé par un animal ! Bof, bof !


 

lundi 22 avril 2024

Jack the ripper : eine frau jagt einen mörder de Sebastian Niemann (2016) ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Jack l'éventreur est sans doute le tueur en série ayant fait l'objet de la plus grande attention auprès des arts tels que la littérature ou le septième art et même auprès des enquêteurs de toutes origines, des professionnels de la recherche criminels en passant par les détectives en herbe. Des films par dizaines dont pas mal de classiques et quelques passages par le petit écran parmi lesquels l'excellente mini-série Jack l'éventreur (Jack the Ripper) de David Wickes avec Michael Cain dans le rôle du célèbre inspecteur en chef de la police de Londres affecté dans le quartier de Whitechapel en 1888, Frederick Abberline. Rarement les téléspectateurs auront eu l'occasion d'être happé par ce récit aussi passionnant que sordide dans une Angleterre de fin de dix-neuvième siècle parfaitement retranscrite. Alors, lorsque le plus célèbre tueur en série refait surface dans la petite lucarne, forcément, le concept aiguise à nouveau la curiosité. Auteur d'une dizaine de longs-métrages, d'épisodes de séries télévisées et de téléfilms, le réalisateur allemand Sebastian Niemann se pencha à son tour en 2016 sur le cas de celui dont aujourd'hui encore nous ne connaissons pas l'identité malgré de nombreuses recherches qui ont mené certaines personnalités publiques à apporter leur expertise dans le domaine de la criminalité en général et concernant plus spécifiquement ce tueur de prostituées qui entre le 31 août 1888 et le 9 novembre de cette même année fit officiellement cinq victimes parmi les prostituées du quartier de Whitechapel situé dans le borough londonien de Rower Hamlets dans le grand Londres. Assassinées dans des conditions absolument abominables Mary Ann Nichols, Annie Chapman, Elizabeth Stride, Catherine Eddowes et Mary Jane Kelly (une photographie prise post-mortem de la dernière victime témoignera d'ailleurs des atrocités commises lors de son meurtre) ne seront pourtant pas au cœur du récit du téléfilm réalisé par Sebastian Niemann qui s'intéresse plutôt à l'idée de s'inspirer du fait-divers macabre pour concevoir auprès du scénariste Holger Karsten Schmidt, un script inédit. Il demeure alors deux manières d'aborder ce téléfilm dont la durée n'excède pas les cent minutes. Soit l'on estime qu'un sujet aussi fort ne souffre pas d'une quelconque forme d'opportunisme pour œuvrer en dehors des faits, soit l'on détermine le procédé comme une manière de donner un second souffle à un sujet qui aurait tendance à trop se répéter dans la forme et dans le fond.


Visuellement, le directeur de la photographie Gerhard Schirlo et la décoratrice Asta Urbonaite n'ont rien à se reprocher. Ou presque... Car si la reconstitution de l'époque est parfois saisissante, le cachet esthétique est trop proche des codes télévisuels pour convaincre totalement. L'emploi de filtres n'empêche cependant pas Jack the ripper : eine frau jagt einen mörder d'être assez peu satisfaisant d'un point de vue purement esthétique. Pourtant, l'aspect ''crasseux'' de certains environnements viennent se joindre à l'ambiance délétère de certains édifices comme l’hôpital psychiatrique ou cette maison close dirigée par une matrone suffisamment laide pour cacher de mauvaises intentions et où va venir se perdre dès le départ l'héroïne incarnée par l'actrice berlinoise Sonja Gerhardt. Sorte d'équivalent physique et germanique de l'actrice américaine Jennifer Lawrence (Hunger Games), la jeune femme incarne un personnage tout à fait imaginaire qui, bizarrement, croisera malgré tout l'authentique Frederick Abberline lors d'une intrigue elle-même tout à fait fictive. Les événements se déroulent alors que la toute dernière victime de Jack l'éventreur à récemment été découverte. Anna Kosminski est l'héroïne sur laquelle le sort s'acharne décidément beaucoup trop souvent qu'à son tour. Car après être arrivée à Londres, celle-ci apprend que sa mère se prostituait pour survivre dans l'infâme quartier de Whitechapel et qu'elle est morte voilà plusieurs mois de la syphilis. Et pour ne rien arranger, la jeune femme apprend en plus que son frère est enfermé dans un hôpital psychiatrique depuis qu'il a été reconnu responsable des cinq meurtres de prostituées. Destinée à enquêter sous les dessous de l'affaire, la jeune femme va donc faire ses propres recherches en compagnie de l'inspecteur Abberline avec, à la clé, la révélation du véritable assassin ! Bon, ben, que dire ou écrire sinon que Jack the ripper : eine frau jagt einen mörder est assez fade. Surtout en comparaison de tout ce qui a été fait jusqu'ici et notamment en le comparant au téléfilm de David Wickes. Difficile en effet de se passionner pour ce récit qui ne s'inspire que de très loin des véritables événements. Bref, une déception...

 

dimanche 21 avril 2024

Twisted Nerve de Roy Boulting (1968) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Une vie entière ne suffirait pas à étancher la soif du cinéphile. Et donc, lorsque se présente l'occasion de découvrir une œuvre inédite en ce sens où elle ne fit pas de ''bruit'' dans notre pays lors de sa sortie ou les décennies suivantes, il faut saisir sa chance, coûte que coûte... Twisted Nerve de Roy Boulting fait partie de ces longs-métrages qui longtemps demeureront dans l'ombre avant de pouvoir enfin être mis à disposition des amateurs d'étrangetés. Bien que ce type d'intrigue ait fait les beaux jours d'innombrables films, celui-ci peut se voir comme l'un des étendards du film de Psychokiller avec son jeune interprète Hywel Bennett, lequel incarne l'antagoniste du récit. Un jeune homme du nom de Martin Durnley qui durant toute l'intrigue se fera appeler Georgie. Bien que plus tard, un spécialiste apportera un certain éclaircissement quant aux conséquences de certaines difformités chromosomiques, dès l'entame, le scénario de Roy Boulting, Leo Marks et Roger Marshall explore diverses facettes de la ''folie'' à travers le portrait anonyme d'individus atteints de trisomie. C'est d'ailleurs dans ce contexte là qu'évolue Martin qui somme toute semble tout à fait normal. Sa rencontre avec la jolie Susan Harper (Hayley Mills, sœur de l'actrice Juliet Mills) va marquer une étape importante dans sa vie mais aussi dans celle de ceux qu'il va désormais côtoyer. Lors d'un vol effectué dans un magasin, Martin est arrêté ainsi que Susan qui se trouvait justement à ses côtés mais avec laquelle Martin n'entretient pour l'instant aucun rapport. Pour se dépatouiller de cette affaire, le jeune homme se fait passer pour un faible d'esprit et Susan et lui sont finalement relâchés. Objet d'attention de la part de sa mère Enid (l'actrice Phyllis Calvert) mais détesté par son beau-père Henry (Frank Finlay), ce dernier finit par le jeter à la rue. Martin se débrouille alors pour se réfugier chez Susan et sa mère Joan (Billie Whitelaw) qui tiennent une pension. Le jeune homme, de part son attitude d'enfant quelque peu attardé, va s'attirer la sympathie de la fille et de sa mère qui l'une et l'autre vont accepter de l'accueillir chez elles... En impliquant le cadre étriqué d'une pension familiale, Twisted Nerve s'approche de l'étouffante nébuleuse The Beguiled que réalisa Don Siegel en 1971. Un chef-d’œuvre oppressant dans lequel l'immense Clint Eastwood et l'éternel macho qu'il figurait souvent sur grand écran étaient pris à contre-pied. Dans sa forme, le long-métrage de Roy Boulting possède également une approche que l'on qualifiera de Kubrickienne, à l'époque où l'auteur de 2001, l'odyssée de l'espace, d'Orange Mécanique ou de Shining tournait sa version de Lolita, adaptation du roman éponyme de Vladimir Nabokov édité alors sept ans auparavant, en 1962.


Le confinement des personnages dans l'espace restreint de cette pension qui n'abritait jusque là que la mère et sa fille ainsi que deux pensionnaires (Barry Foster dans le rôle de Gerry Henderson et Salmaan Peerzada dans celui de Shashie Kadir) va jouer un rôle fondamental. Si l'on a pour habitude de faire entrer les films dans des catégories bien précises, il faut reconnaître parfois que deux types de longs-métrages peuvent tout aussi bien être regroupés dans un seul et même style. Car au fond, le giallo n'est-il pas une vision personnelle et transalpine du Slasher ? Si les amateurs de ce dernier s'accordent généralement à dire que Black Christmas de Bob Clark est le tout premier à avoir vu le jour sur grand écran, nous pourrions notamment rétorquer qu'avec Sei Donne per l'Assassino, le réalisateur italien Mario Bava s'était déjà dangereusement approché de ses codes dix ans plus tôt, en 1964. Mais pourquoi donc évoquer ce sous-genre du cinéma horrifique avec lequel Twisted Nerve semble n'entretenir aucun rapport ? Pour une raison simple : le long-métrage de Roy Boulting employait déjà en 1968 certains procédés visuels qui feront florès les décennies suivantes et à commencer par le premier volet de la franchise Halloween signé de l'un des grands maîtres du cinéma d'horreur, John Carpenter... Mais Twisted Nerve n'est pas que le petit film d'épouvante que pourrait éventuellement laisser supposer l'article que vous lisez actuellement. De la photographie en passant par la mise en scène ou l'interprétation, le long-métrage peut-être envisagé comme une série B ayant quelque peu muté pour devenir de classe A. Non pas que les environnements soient d'une élégance folle mais le choix du cadrage est souvent désarmant de modernité pour l'époque. Certains cinéastes s'en sont sans doute souvenu les années suivantes pour au final s'en inspirer... Notons que la bande-originale, signée du compositeur américain Bernard Herrmann (Psychose), surprend presque immédiatement. Georgie sifflant à diverses reprises tel le tueur du chef-d’œuvre de Fritz Lang M le Maudit un air bien connu, ces quelques notes du bout des lèvres de l'antagoniste rappellent des souvenirs lointains et pourtant demeurés furieusement ''anonymes'' jusque là !!! Bref, Twisted Nerve est un indispensable. Moite, sulfureux, angoissant, dramatique, touchant, bref, du grand art...

 

samedi 20 avril 2024

Cycle Requins mutants: Sharktopus de Declin O'Brien (2010) ★★★★★☆☆☆☆☆



Sharktopus sort en 2010 alors que les films de requins s'implantent de plus en plus dans le paysage cinématographique. Un genre qui ne cesse de proliférer et donne parfois lieu à un sous-genre que l'on pourrait aisément comparer aux kaijū eiga, ces films japonais dans lesquels des monstres de taille imposante s'affrontent. Le long-métrage de Declan O'Brien est le premier d'une franchise qui compte jusqu'à maintenant trois film. Dès le 2 août 2014 sera duiffusé sur la chaîne Syfy Sharktopus vs. Pteracuda de Kevin O'Neill, puis l'année suivante, le 19 juillet, Sharktopus vs. Whalewolf, lui-même réalisé par leur même réalisateur. Des œuvres improbables que d'aucun jugera de réjouissantes, surtout les aficionados qui pourraient éventuellement se fatiguer à la longue de ne se contenter que de classiques requins mangeurs d'hommes. Comme l'indique son nom, le sharktopus est une créature mêlant requin et pieuvre et fait directement écho à l'épouvantable nanar signé un an auparavant par Jack Perez, Mega Shark vs Giant Octopus. Si les deux films n'ont en réalité que les deux spécimens d'animaux marins employés, celui de Declan O'Brien a ceci de particulier de posséder la tête et le torse d'un requin, ainsi que les huit tentacules d'une pieuvre.
Ici, il n'est pas question d'exhiber un monstre marin créé par mère Nature mais une bête génétiquement modifiée par un groupe nommé « Blue Water » et à la tête duquel se trouve un certain Docteur Nathan Sands. Le monstre échappe aux contrôles de ses propriétaires et commence à s'en prendre aux vacanciers d'une petite station balnéaire.Dès lors, Nathan Sands n'a pas plus d'autre choix que de faire appel à Andy Flynn, un spécialiste de la chasse sous-marine qui contre trois-cent mille dollars promet de ramener à son propriétaire, le Sharktopus vivant. Accompagné de la bio-mécanicienne Nicole, qui n'est autre que la fille de Nathan Sands, Andy peut également compter sur la collaboration de Santos, son meilleur ami. Tous les trois, ils vont traquer le Sharktopus tandis qu'une équipe très réduite de journalistes va couvrir l'événement...

Le film de requin est un genre si encombré qu'il ne devrait pas être très difficile de s'y faire une place. Le meilleur comme le pire s'y côtoient. Certains ayant comme ici décidé de respecter leur public même si les fonds alloués au projet ne suffiront jamais à camoufler les limites d'un scénario qui ne fait reprendre ce qui a déjà été fait ailleurs. Sharktopus n'est donc qu'un film de requin classique qui ne peut compter que sur son unique originalité : son hybridation. Contrairement à Mega Shark vs Giant Octopus, qui dans le domaine demeure une véritable purge, le film de Declan O'Brien propose un rythme enlevé, avec bon nombre de meurtres originaux (la sauteuse en élastique finissant entre les mâchoires du sharktopus pour ne citer que l'un d'entre eux) et surtout des effets-spéciaux qui dans le genre, se révèlent plutôt sympathique. Pourtant, mieux vaut garder à l'esprit qu'ils ne pourront jamais rivaliser avec ceux des grandes productions. Si les mouvements de tentacules demeurent réalistes, les textures employées cachent mal l'emploi des images de synthèse. L'intégration de la créature dans les décors (surtout lorsqu'elle se saisit d'une proie) est assez mal fichue.

C'est ainsi que le film peut compter sur un rythme qui ne faillit jamais. Du haut de son statut de simple téléfilm, Sharktopus assure le spectacle en évitant la casse. Bien meilleur que beaucoup de ses adversaires d'infortune, le film de Declan O'Brien n'a certainement pas à rougir. Ceci-dit, il demeure tout de même dans le registre du nanar et permet de retrouver l'acteur Eric Roberts (frère de Julia) dans l'un de ses innombrables seconds rôles... Amusant...

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