Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

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dimanche 9 novembre 2025

Werner Herzog Eats His Shoe d'Errol Morris (1980) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

J'ai bien envie de changer mon pseudonyme sur Facebook. Ou plutôt, envie de le modifier. D'y ajouter une syllabe supplémentaire... J'hésite entre quatre : ''Wer'', ''Ner'', ''Her'' ou ''Zog''... Alors qu'il passe son temps à rendre hommage à de grands hommes et de grandes femmes et pas seulement dans des fictions mais également dans de passionnants documentaires, Werner Herzog s'est également ''servi'' lui-même en piochant dans ses archives personnelles afin de revenir sur sa relation avec l'acteur Klaus Kinski (cinq films en commun) dans le stupéfiant Mein Liebster Fiend sorti chez nous sous le titre Ennemis intimes en 1999 ! Dix-neuf ans plus tôt, il fut au centre d'un court-métrage relatant un événement public qui pu à l'époque paraître totalement absurde et dangereux mais qui témoigna de l'honnêteté de cet immense cinéaste allemand dont on ne compte plus les chefs-d’œuvre mais dont la postérité retiendra sans doute avant tout Aguirre, la colère des dieux et Fitzcarraldo... Tenant toujours sa promesse, même lorsqu'à l'issue du tournage de son premier long-métrage Les nains aussi ont commencé petits (Auch Zwerge Haben Klein Angefangen) il en honora une en ce jetant sur un cactus après que deux de ses principaux interprètes aient mis leur existence en péril lors de deux plans distincts (le premier étant passé sous une voiture et le second ayant pris feu), Werner s'est lancé un pari improbable. À ses fans de décider si le concept est encore plus fou mais en 1980, il tint donc une seconde promesse. L'évoquant alors même que son interlocuteur semblait avoir remisé cette dernière au fin fond de sa mémoire. Mais pour bien comprendre de quoi l'on parle, il faut remonter jusqu'au printemps et à l'été 1977 lors desquels le tournage du documentaire Gates of Heaven d'Errol Morris eut lieu. Alors que le cinéaste américain manque de confiance, notamment motivé par Werner Herzog qui le pousse à aller au bout de son projet, l'allemand lui promet que s'il arrive à traiter le sujet du film (lequel tourne autour du business des cimetières d'animaux) jusqu'à son terme, celui-ci mangera l'une des chaussures qu'il portait au pied au moment de faire cette promesse !




Pourtant fauché puisque financé à hauteur de cent-vingt cinq mille dollars, Gates of Heaven finit cependant par voir le jour le 19 octobre 1980 aux États-Unis. Loué par Werner Herzog et même par Wim Wenders qui va jusqu'à le qualifier de chef-d’œuvre, le film est depuis considéré comme une œuvre culte ! Et par conséquent, l'auteur de Cœur de verre, de Nosferatu, Fantôme de la nuit ou de Cobra Verde va s'employer à tenir sa promesse. Bien que n'ayant pas spécialement envie que l'événement soit filmé, Werner Herzog accepte finalement de manger sa chaussure devant un public amusé. Sur le ton de l'humour, Werner Herzog Eats His Shoe est en fait beaucoup plus profond que la simple exhibition d'un artiste qui va au bout de son engagement, évoquant son dégoût de la télévision, sa passion pour le cinéma ou pour la cuisine dont il réalise alors que son art a pris le dessus sur son amour pour l'art culinaire depuis un an. Le réalisateur Les Blank filme la préparation du ''plat'' que le cinéaste allemand s'est engagé à dévorer... Quoique, dévorer est un bien grand mot. L'événement étant lui-même dévoilé sans grandiloquence puisque l'ingestion de la chaussure ne semble pas être l'essentiel de ce que contient le court-métrage qui ne dépasse pas une vingtaine de minutes, après que Werner ait préparé le met agrémenté de sauce piquante, de graisse de canard, d'oignons et de divers condiments, c'est devant un parterre de curieux qu'il se met à manger la chaussure par petits bouts. La séquence étant d'ailleurs entrecoupée de plusieurs plans issus de la ruée vers l'or dans lequel Charles Chaplin, dans le rôle du prospecteur, mangeait la semelle d'une chaussure dont la composition était faire à partir de réglisse ! On conseillera avant tout Werner Herzog Eats His Shoe aux fans du cinéaste puisque le court-métrage de Les Blank est bien moins ''sensationnel'' que le laissait présager son sujet !

 

samedi 8 novembre 2025

Visceral de Felipe Eluti (2014)





Soixante-seize minutes dont douze de générique de fin. Si je ne m'abuse, et si l'on tient compte du fait que le film du chilien Felipe Eluti est exsangue de générique de début hormis un titre rageur qui rappelle étonnamment le dérangeant Irréversible de Gaspard Noé, cela fait donc soixante-quatre minutes de film. Pas une seconde de plus, pas une seconde de moins. Comme un cahier des charges serré que le monteur aurait respecté à la lettre. Parler de Visceral va se révéler particulièrement difficile si l'on tient compte du fait, une fois de plus, que son origine et chilienne, donc peu commune. Au vu d'un tel titre, on se doute bien que le cinéaste ne va pas nous conter fleurette, d'autant plus que l'affiche du film, plutôt sobre interpelle quelque peu. 

Et puisque Visceral est court, mieux vaut faire couler le sang tant attendu par certains depuis son annonce en 2009 le plus tôt possible. On évite donc toute tentative d'explication et l'on n'essaie même pas de rendre son principal personnage attachant. Tout ce qui compte, c'est d'en mettre plein la vue à un public qui en à pourtant sûrement déjà vu d'autres. À commencer par le cinéma de Jörg Buttgereit qui, dans une certaine mesure ressemble beaucoup à l’œuvre du chilien. Même grain de pellicule, même désir de choquer, même amateurisme... sauf qu'ici, désolé, la mayonnaise ne prend pas. On veut bien excuser la pauvreté des effets-spéciaux (on n'a pas vu depuis très longtemps une hémoglobine aussi mal fichue) et la médiocre interprétation des « acteurs » et « actrices » mais Visceral est d'un ennui sans fond. A peine plus d'une heure de film et les premiers bâillements surviennent une demi-heure seulement après le début.

Le film vogue entre retours en arrière, présent, mutisme des personnages, meurtres ratés (le clochard), répétitivité des actes perpétrés, cadrages foireux qui évitent de trop représenter la médiocrité des effets-spéciaux et scénario (?) se limitant à une explication furtive (où ça ? À quel moment ?) encore difficile à définir. Pourtant, tout n'est pas totalement raté. En effet, s'il demeure un point positif à accorder au film de Felipe Eluti, c'est sa bande-son qui fait regretter que son film ne soit pas plus abouti, surtout si l'on conçoit que le cinéaste a mis plusieurs années à le réaliser. Visceral est donc un gros, un très gros navet auquel les nombreuses images trouvées sur le net tentent de donner l'image d'une œuvre forte et traumatique. Pour cela, il faudra malheureusement aller voir ailleurs...

mercredi 5 novembre 2025

Detained de Felipe Mucci (2024) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Le réalisateur, scénariste et producteur Felipe Mucci réalise avec son second long-métrage quatre ans après Two Death of Henry Baker, un thriller qui nage dans les mêmes eaux que le Reservoir Dogs de Quentin Tarantino. Mais de là à imaginer que le compatriote du célèbre cinéaste américain soit déjà prêt à prendre le même chemin de la reconnaissance de la part des critiques ou des cinéphiles, il y a un monde qui sépare l'art du premier de celui du second. Car aussi ambitieux que soit le script de Detained qu'il a écrit en collaboration avec le scénariste Jeremy Palmer, Felipe Mucci manque de ce talent inné qui lui permettrait de s'extraire d'une filmographie qui jusque là ne semble pas avoir encore brillé de mille feux ! Detained contient deux actes. Dont le premier reste le plus court. Et avant que le second ne débute et ne nous révèle une bonne partie de ce qui se trame depuis l'entrée dans un commissariat de quartier de la charmante Rebecca Kamen (incarnée par la blonde et quelque peu plantureuse Abbir Cornish), le spectateur aura tout loisir d'observer la présence de nombreuses incohérences scénaristiques dont l'outrance ferait presque regretter leur remise en question quelques dizaines de minutes plus tard. Car en effet, lorsque la jeune femme est arrêtée puis emmenée dans une salle d'interrogatoire afin de répondre aux questions que l'inspecteur Avery (Laz Alonzo) et la détective Moon (Moon Bloodgood) ont prévu de lui poser, des événement qui évacuent toute logique vont amener le spectateur à se croire devant un thriller dont l'absurdité scénaristique repousse de très loin les limites de l'invraisemblable. Pour faire court, Rebecca tente de secourir la détective Moon lors d'une altercation avec un malfrat durant laquelle elle parvient à se saisir d'une arme afin d'en user et d'atteindre le bras de l'assaillant. Malheureusement pour elle, la balle traverse l'avant-bras de l'énergumène prénommé Sullivan (Silas Weir Mitchell) pour finir sa course dans le ventre de Moon, laquelle meurt en quelques secondes...


Débarquant avec un train de retard, l'inspecteur Avery constate le décès de son amie et collègue et ne peut logiquement pas s'empêcher de s'en prendre à Rebecca qu'il menace d'importantes répercussions ! Et devinez quoi : le compte en banque de la jeune femme étant apparemment bien fourni, celle-ci propose à Avery de virer sur son compte personnel un million et demi de dollars s'il accepte de la laisser partir. La logique voudrait que l'homme soit offusqué et plus énervé que jamais et qu'il jette Rebecca dans l'une des cellules de la prison... Tu parles ! Le type accepte, se permettant même de négocier pour que l'involontaire meurtrière ajoute quelques centaines de milliers de dollars supplémentaires ! Bref, on nage en plein délire, au cœur d'un scénario écrit par deux types sans doute si fiévreux qu'ils ne se sont pas rendus compte de la bêtise que revêt leur concept ! C'est là qu'intervient la seconde partie du long-métrage. Un bouleversement d'ampleur relativement abyssale va tout remettre en question et transformera un script bancal en scénario extrêmement clair à comprendre même si plusieurs twists s'inviteront durant le déroulement du récit. Mais chut ! Inutile d'en dire davantage, ce qui risquerait de gâcher le seul élément qui fait l'intérêt de ce film malheureusement mal fagoté. On sent bien là toute l'ambition qui habite le réalisateur et son scénariste. Sans doute même ses interprètes qui malgré leur allégeance à Felipe Mucci ne parviennent qu'à offrir une misérable incarnation. Grillant ainsi les rares cartouches qui relancent l'intrigue. Ces fameux twists qui ne parviennent qu'à maintenir un intérêt poli face au jeu plus qu'irrégulier de chacun (quoiqu'en interprétant le personnage le plus effacé, Justin H. Min ne s'en sort pas trop mal). Le visuel rappelle ces purges qui au début des années 2020 virent Bruce Willis hanter de pauvres Direct-to-DVD, lequel est rejoint par une mise en scène indigne du sujet qu'il traite. Et quand bien même l'on peut ne pas aimer Quentin Tarantino, comparer son œuvre à celle de Felipe Mucci se doit d'être pour quiconque une offense. Dommage...

 

mardi 4 novembre 2025

Abadi Nan Jaya de Kimo Stamboel (2025) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Dans la langue ethnique des Minangkabaus originaires des hauts plateaux de la province du Sumatra occidental de l'Indonésie, le titre du dernier long-métrage du réalisateur, scénariste et producteur Kimo Stamboel Abadi Nan Jaya signifie ''Glorieux Éternel''... Mais allez savoir pourquoi, en France et à l'internationale, il a fallut que les distributeurs le traduisent simplement sous celui de L’élixir. Et quand bien même celui-ci fasse effectivement l'objet d'une attention de la part du script développé par le cinéaste et par ses deux scénaristes Agasyah Karim et Khalid Kashogi, il demeure toujours un point d'interrogation quant à l'utilité de sa transformation en un terme brut qui exploite l'idée de la vie éternelle sans pour autant conserver son cachet religieux. En Indonésie, cinq religions sont reconnues. Et parmi elles, l'Islam et le Catholicisme. S'agissant de la ''Gloire de Dieu'' à laquelle semble devoir se référer le titre dans sa langue maternelle, on supposera alors que Kimo Stamboel a choisi de faire preuve d'une féroce ironie si l'on tient compte des effets secondaires qui manifestement n'étaient pas attendus par celles et ceux qui choisirent d'employer le dit élixir. Une substance réservée aux nantis auxquels appartient la famille Sadimin et notamment le père qu'interprète l'acteur Donny Damara. Située sur l'île de Java, l'action se déroule au sein et aux alentours d'une demeure appartenant à ce PDG d'une entreprise vieillissante dont il a confié la charge de ''vendre'' ses qualités au plus offrant à travers une vidéo de promotion. Mais entre-temps, Monsieur Sadimin a reçu dans une minuscule mallette un élixir qui en un temps record (pas même une heure d'attente avant d'en apercevoir les effets) va le voir rajeunir de plusieurs années. Finis les cheveux gris et les rides qu'il avait autour des yeux. Alors que sa fille, son neveu et leur fils débarquent dans sa luxueuse propriété afin de lui présenter leur projet vidéo, celui-ci décide finalement d'abandonner la vente de son entreprise afin de commercialiser l'élixir en question ! Sauf que de nouveaux effets vont rapidement apparaître. En effet, alors que sur son dos une étrange modification de son épiderme commence à apparaître, Monsieur Sadimin commence à ressentir d'atroces démangeaisons.


Première étape d'une transformation en infecté et le début d'une épidémie de cas chez ces futures créatures qui ne peuvent s'empêcher d'attaquer et de mordre jusqu'au sang leurs compatriotes... Et voilà, encore un de plus. Tandis que je découvrais tout récemment le très attrayant Párvulos - Hijos del Apocalipsis du mexicain Isaac Ezban, voici que l'Indonésie s'intéresse de son côté aux mésaventures d'une famille reconstituée et confrontée à une horde particulièrement belliqueuse d'infectés. Alors que dans son ensemble l'Asie n'en est pas à son premier coup d'essai en matière de zombies/infectés, Kimo Stamboel met en scène une famille déchirée. Entre un couple en instance de divorce depuis que le mari a trompé sa femme avec une autre et l'épouse en question, laquelle est fâchée avec sa meilleure amie depuis que celle-ci a épousé son père à la mort de sa mère. Ouh là ! Que tout ceci semble bien compliqué ! Mais en fait, non. Rien de plus simple que ce récit lambda dans lequel un groupe de rescapés va tenter de survivre à des dizaines d'infectés qui quelques heures plus tôt étaient encore des êtres tout à fait normaux. D'une vivacité hors du commun, les créatures bénéficient d'une vélocité parfois étonnante (voir la femme-tronc qui plus tôt a perdu ses jambes et une partie de ses tripes en passant sous les roues d'une voiture et qui désormais se déplace comme si elle avait un moteur de trottinette fixé sur le torse), d'une rage démente et d'un insatiable appétit ! Le cinéma indonésien n'étant jamais avare en matière de gore, le spectateur qui n'est toujours pas lassé de voir des ''créatures'' cavaler devant leurs semblables pour leur arracher à minina un bon gros bout de chair apprécieront les nombreuses effluves de sang ! Après, faudra pas s'attendre à des FX de la teneur de ceux produits par les grands pontes du genre. D'une durée avoisinant les deux heures, le film passe malgré tout à une allure plutôt appréciable. Bref, rien de très original mais de quoi combler une première partie de soirée. Disponible sur Netflix depuis deux jours...

 

lundi 3 novembre 2025

Párvulos : Hijos del Apocalipsis de Isaac Ezban (2024) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Tandis que l'on attendait fermement le retour de la franchise 28 jours plus tard avec la sortie cette année de 28 ans plus tard de Danny Boyle, il était sans doute plus avisé de s'intéresser à Párvulos : Hijos del Apocalipsis du réalisateur, scénariste et producteur mexicain Isaac Ezban. Cinéaste spécialisé dans les domaines de la science-fiction et de l'horreur, il signe avec son dernier long-métrage un énième film portant sur les sujets de la pandémie et des infectés. Et s'il n'est pas le premier à se pencher sur l'histoire de plusieurs membres d'une même famille réfugiés dans la campagne afin d'échapper à la mort, son œuvre demeure sans doute l'une des plus abouties en la matière. Reste que les changements de ton que le mexicain imprime parfois à son Párvulos : Hijos del Apocalipsis laissent planer le doute quant à leur intentionnalité. Le film tourne donc principalement autour de trois frères prénommés Salvator, Oliver et Benjamin, tous trois respectivement interprétés par Farod Escalante, Leonardo Cervantes et Mateo Ortega. Le plus âgé d'entre eux préservant les deux autres de tous dangers, les voilà installés dans la demeure d'une famille qu'ils ont découverte décédée. Ils s'y sont en outre réfugiés avec leurs parents (incarnés par Norma Flores et Horacio F. Lazo). Un couple qui au départ du récit est absent mais dont on devine cependant très rapidement ce qui se trame autour de leur disparition bien avant qu'un twist ne vienne expliquer de manière frontale ce qu'il est advenu d'eux. Dans la cave de la demeure en question vit un ''monstre'' que seuls Salvator et Oliver sont autorisés à approcher. Une créature tapie dans l'ombre et que les deux frères de Benjamin nourrissent alors que la nourriture se fait de plus en plus rare. Objet d'interrogation de la part du spectateur qui voit en cet illogisme le départ d'une révélation tant attendue qu'elle apparaîtra bien moins choquante que prévu ! D'autant plus que ce ''monstre'' qui en réalité sont au nombre de deux donne tout ou partie de son sens au récit. Car si les films d'infectés et autres zombies ont épuisé toutes les ressources du sujet depuis bien longtemps (et c'est pourquoi l'on peut considérer qu'avec 28 ans plus tard, Danny Boyle et son scénariste Alex Garland n'ont absolument rien inventé), l'un des concepts centraux de Párvulos : Hijos del Apocalipsis remet tout en question s'agissant de l'intérêt ou non dans cette veine horrifique qui depuis des années s'est tarie !


La question de la survie étant réglée à travers l'organisation d'une fratrie à la tête de laquelle se trouve Salvator (entre élevage et consommation de vers, chasse aux chiens errants, recherche d'eau potable, etc...) ainsi que celle de la préservation de l'humanité à travers des reliquats du passé (le disque, le film), Isaac Ezban exploite une idée rarement abordée au cinéma même si elle n'est pas tout à fait inédite : car si l'on comprend très vite que les ''monstres'' enfermés dans la cave sont en fait les parents des trois frères, il est étonnant de voir que malgré leur état de délabrement physique, Salvator accepte l'idée émise par son plus jeune frère et selon laquelle un peu d’entraînement pourrait permettre de ''rééduquer'' leurs parents. Aussi absurde que puisse paraître l'hypothèse d'un retour à la normale pour deux êtres décatis qui ne pensent qu'à dévorer leurs prochains et ne font que grogner comme des chiens enragés, bien avant le cinéaste mexicain, George Romero s'était attelé à cette tâche consistant à humaniser et éduquer l'un des zombies du Jour des morts-vivants en 1986. Près de quarante ans plus tard, Isaac Ezban reprend donc le principe en accélérant les répercussions sur ses infectés qui au bout d'un temps qui nous paraîtra logiquement trop court, commencent à produire certains mots ! Bénéficiant d'une très jolie photographie opérée par le directeur de la photographie Rodrigo Sandoval, l'image du film est d'une dominante de noir, de blancs et de gris à peine troublés par l'intervention de rouges qui rappellent sans cesse le monde éminemment dangereux dans lequel vivent nos jeunes héros. Concernant les (involontaires) changements de ton, peut-être est-ce intentionnel mais certaines interventions de celle que les trois frères appellent Mama (la mère) se révèlent parfois extrêmement drôles alors qu'à l'origine ces séquences tendaient probablement à l'effroi ! Un ''raté'' qui donne parfois au long-métrage l'allure d'une parodie de film d'infectés, avec ces parents ''zombifiés'' qui ressemblent à des ersatz de Marilyn Manson et dont certaines séquences (dont celle du réveillon de Noël demeure la plus emblématique) ont l'air de clips vidéos spécialement conçus pour ce célèbre rockeur américain ! Mais au final, Párvulos : Hijos del Apocalipsis demeure l'une des meilleures alternative au genre que le film aborde, offrant un dernier acte... apocalyptique, à la religion délirante et à la violence outrée...

 

dimanche 2 novembre 2025

Une pointe d'amour de Maël Piriou (2025) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Pour son premier long-métrage Une pointe d'amour, le réalisateur Maël Piriou adapte pour la seconde fois le script de Philippe De Clercq, Asta Philpot et Mariano Vanhoof après que Geoffrey Enthoven l'ait mis en image en 2011 avec Hasta la Vista. Si les deux films entretiennent effectivement une relation, entre les deux versions, certains personnages et certaines situations ont depuis été modifiés. Désormais, il ne s'agit plus de mettre en scène trois handicapés, mais deux. Et si l'un des trois protagonistes a disparu, il est maintenant remplacé par un ''individu'' dont l'unique ''handicap'' est d'avoir passé ces deux dernières années derrière les barreaux. Pour le reste, Une pointe d'amour demeure relativement fidèle même si certains personnages qui jusqu'à maintenant prenaient une place plus importante dans le film de Geoffrey Enthoven sont devenus des personnages beaucoup plus secondaires (les parents de Benjamin). Concernant le récit, Maël Piriou, Pierre De Clercq et Mariano Vanhoof évacuent les personnages de l'aveugle et du protagoniste atteint d'une tumeur cérébrale en phase terminale tandis que Philip (alors incarné par l'acteur belge Robrecht Vanden Thoren) est désormais remplacé par Benjamin (Quentin Dolmaire, que l'on a pu notamment découvrir dans l'excellente série OVNI(s)), lequel est atteint du même mal. Rejoint à l'image par l'avocate Mélanie (Julia Piaton), celle-ci est non seulement chargée du dossier de Lucas (Grégory Gadebois), un être passablement bougon et dépressif, mais se trouve elle-même dans un fauteuil roulant et est atteinte d'une maladie du cœur dégénérative. Pour le reste, le projet des deux handicapés du récit reste le même : se rendre en Espagne, dans un bordel, afin de permettre à Mélanie et Benjamin de faire l'amour pour la première fois de leur existence... A la lecture d'un tel résumé, il est facile de supposer que l'on est là, face à un drame de pure souche et non pas devant une comédie dramatique mâtinée de Road Trip. Et pourtant, c'est bien ce qu'est Une pointe d'amour...


Un film charmant, drôle et émouvant porté par un trio d'interprètes qui plus que de se moquer des personnages qu'ils incarnent pour en faire les produits d'une comédie française balourde et irrévérencieuse parviennent à rendre touchant chacun d'entre eux. Trimballés à l'arrière d'un van conduit par Lucas, malgré la proposition de Mélanie de traiter de son dossier de justice, Maël Piriou préfère se concentrer autour de cette nouvelle relation qui nouera nos trois héros le temps de ce voyage en Espagne. Jamais racoleur et donc jamais voyeuriste, Une pointe d'amour survole certaines contraintes liées au handicap dont est notamment atteint Benjamin. Jamais démonstratif en la matière, le film l'est en revanche lorsqu'il s'agit d'évoquer les sentiments des uns et des autres. N'étant pas censé heurter la sensibilité des personnes atteintes de handicaps ni même ceux qui craignent un jour qu'on leur annonce que leurs jours sont comptés (Les problèmes de cœur de Mélanie semblent devoir la condamner à une mort certaine à court ou moyen terme), Une pointe d'amour est un jeu de séduction permanent qui fait la part belle entre ce que ressentent les uns et les autres. Et même, lorsque la présence de Séverin (Louis Meignan) témoigne d'une incapacité à se mettre dans la peau de ceux dont il se gausse lourdement, celle de son amie Juliette (Aude Léger) désamorce le malaise qui semblait pourtant devoir s'installer ! Bien que le sujet du handicap ne soit peut-être pas à la portée de tout le monde (qu'il s'agisse d'une partie du public qui pourrait mal appréhender le sujet ou de celui-là même qui entreprend de les mettre en scène), l'écriture, la mise en scène et l'interprétation sont d'une telle finesse que le film ne peut que toucher toutes celles et ceux qui auront la chance de le découvrir. Entre un Grégory Gadebois tout d'abord grincheux, transformé en chauffeur et en infirmier de fortune, un Quentin Dolmaire en amoureux timide et tétraplégique et une Julia Piaton toujours aussi charmante et séduisante malgré son handicap, Une pointe d'amour est une petite merveille de bonheur, de légèreté et d'humanité...

 

samedi 1 novembre 2025

Les Disparus de Saint-Agil de Christian Jacques (1938)



Au pensionnat de Saint-Agil, les jeunes Mazeau, Beaume et Sorgue forment à eux trois l'association secrète « Les Chiches Capons ». Mais alors qu'ils préparent dans la clandestinité leur départ pour les Amériques, Sorgues aperçoit un homme étrange disparaître derrière un mur. Le lendemain, après avoir été renvoyé de sa classe pour avoir osé répondre à l'un de ses professeurs, le jeune garçon se volatilise. Ses deux compagnons de chambrées Mazeau et Beaume finissent par croire, après avoir raillé leur compagnon lorsque celui-ci leur a raconté son étrange mésaventure, que celui-ci les a abandonnés pour partir découvrir les Amériques sans eux...

Mais quel est donc ce mystère qui entoure le pensionnat de Saint-Agil ? C'est ce que va tenter de nous dévoiler le cinéaste Christian Jacques dont c'est ici l'une des œuvres les plus marquantes, du moins, les plus réussies.

Et pour mener à bien cette histoire mystérieuse à bien des égards, il va se faire épauler par un contingent d'acteurs tous plus talentueux les uns que les autres. Avec en tête de liste, Erich Von Stroheim dans le rôle du professeur d'anglais Walter. Un homme au comportement trouble et inquiétant qui se révèle au final plutôt attachant. Puis Michel Simon en professeur de dessin alcoolique et raciste qui profite du statut d'étranger du prof d'anglais pour le harceler.

Ce qui étonne peut-être avant tout, c'est le jeu des enfants. Il n'y a guère que dans ce cinéma d'avant-guerre que l'on puisse découvrir une telle qualité d'interprétation de la part d'aussi jeunes interprètes. La diction et la qualité des dialogues font plaisir à voir. Et voir ces enfant mimer le comportement des adultes possède une saveur toute particulière comme peut nous le faire ressentir également le cadre et l'époque choisis.

Il y a dans cette œuvre, si on le désire un brin fantastique, une part d’expressionnisme dans les jeux d'ombres et surtout dans les visages de certains avec bien évidemment celui de Erich Von Stroheim. Ce travail sur les mimiques et les visages grimaçants renvoie directement à l’expressionnisme allemand. Christian Jacques réussit le tour de force de passionner avec peu de moyen et à l'aide d'un cadre plutôt étriqué. Où le jeu et la direction d'acteurs possèdent une importance fondamentale. Les Disparus de Saint-Agil demeure encore aujourd'hui comme un grand classique du cinéma français d'avant-guerre.

A noter les présences de Charles Aznavour et Serge Reggiani dans les rôles de deux figurants...

vendredi 31 octobre 2025

Marche ou crève de Francis Lawrence (2025) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Contrairement à ce que l'on pourrait croire, Carrie n'est pas le premier roman qu'écrivit Stephen King. Fameuse ébauche d'un futur classique de la littérature d'épouvante qui termina dans une poubelle avant que son épouse Tabitha ne parvienne à le convaincre de continuer son écriture, le célèbre roman adapté en 1976 par Brian De Palma fut édité aux États-Unis deux ans auparavant. Pourtant, bien avant cela et avant qu'il ne soit édité sous le pseudonyme de Richard Bachman, Stephen King alors étudiant s'attela à l'écriture de Marche ou Crève (The Long Walk) durant la seconde moitié des années soixante. Après plusieurs tentatives avortées, Marche ou crève devient le premier roman de son auteur a avoir été achevé. Il faudra cependant attendre plus de dix ans pour voir l'ouvrage sortir dans les librairies américaines et patienter dix ans de plus pour qu'en France l'on découvre ce roman signé de cet ''énigmatique'' Richard Bachman ! Un récit nerveux, passionnant, de plus de trois-cent cinquante pages et dans lequel cent jeunes hommes vont participer à une marche sans ligne d'arrivée et lors de laquelle seul l'un d'entre eux pourra remporter une énorme somme d'argent ainsi qu'un souhait ! La genèse du film remonte jusqu'en 1988, année qui voit l'hypothèse d'une adaptation par George Romero, celui-là même qui en 1982 réalisa Creepshow à partir d'un scénario de Stephen King et qui onze ans plus tard adapta le roman La part des ténèbres de ce même Stephen King. Une idée de projet qui pourtant n'aboutira jamais... Il faudra ensuite patienter jusqu'en 2007, lorsque Frank Darabont (fidèle adaptateur de plusieurs ouvrages du romancier, tels les formidables Les évadés en 1994 et La ligne verte en 1999) émet l'idée et l'envie de transposer Marche ou crève sur grand écran. Mais là encore, le projet tombe à l'eau. Ce dernier passe ensuite entre les mains de la New Line Cinema tandis que le réalisateur norvégien André Øvredal est pressenti mais c'est au final entre celles de la société canado-américaine Lionsgate et du réalisateur américano-autrichien Francis Lawrence (la franchise Hunger Games) qu'échouera le projet... Difficile concept que d'adapter un ouvrage tel que Marche ou crève dont le principe s'avère tellement simple et minimaliste qu'il faut avoir un tel sens inné de l'inspiration en terme d'écriture que l'on imagine mal que le scénario puisse être confié à un inconnu ou a un scénariste dont la carrière n'a pour l'instant brillé d'aucune façon. Et pourtant, le script a bien été confié à J. T. Mollner dont la carrière a débuté voilà une quinzaine d'années par une majorité de courts-métrages et poursuivie par le long-métrage horrifique Strange Darling il y a deux ans...


Quant à Francis Lawrence, rien d'étonnant que de le découvrir aux commandes de Marche ou crève s'agissant d'un cinéaste qui a déjà donné dans la dystopie à travers la franchise Hunger Games dont il a repris la direction après le premier volet réalisé par Gary Ross en 2012. D'une durée avoisinant les cent-dix minutes, Marche ou crève met non plus en scène cent jeunes gens mais la moitié, durant un parcours qui va dépasser les cinq-cent kilomètres. Une marche au centre de laquelle plusieurs personnages et interprètes se détachent du lot. Cooper Hoffman et David Jonsson incarnent respectivement Ray Garraty et Peter McVries dans les rôles principaux. D'autres acteurs les accompagnent durant cette longue et harassante marche, tel Gary Barkovitch, personnage psychotique excellemment incarné par Charlie Plummer. Quant à Mark Hamill, il interprète le Major, soldat de l'armée américaine qui dirige l'événement et pousse les jeunes gens à donner le meilleur d'eux-mêmes dans une Amérique qui s'est effondrée. Comme écrit plus haut, l'importance accordée à l'écriture est pour ce type de projet, fondamentale... Malheureusement, J. T. Mollner n'étant ni Frank Darabont ni même Raynold Gideon et Bruce A. Evans (auteurs de la formidable adaptation cinématographique de la nouvelle Le Corps qu'écrivit Stephen King et qui fut publiée chez nous avec trois autres d'entre elles dans le recueil Différentes saisons en 1986), Marche ou crève s'avère parfois aussi pénible à suivre pour le spectateur qu'il l'est pour ses personnages à poursuivre un rêve qu'un seul d'entre eux atteindra. Il y a bien quelques séquences intéressantes, notamment filmées de nuit, mais ce qui manque au film, c'est une certaine idée de profondeur psychologique. Peu ou pas du tout émouvant et alignant des monceaux de lignes de dialogue sans intérêt, Marche ou crève n'est absolument pas la digne adaptation d'un roman qui s'avérait pourtant passionnant. Reste que les acteurs sont convaincants, même si le concept dépasse de loin certaines ''lois de la physique'' (comme dans le roman les derniers concurrents tiennent plus de cinq-cent kilomètres sans s'arrêter!). Marche ou crève souffre en fait d'une longueur qui aurait pu être réduite de quelques dizaines de minutes, d'un rythme qui donc se révèle parfois trop lent et de dialogues souvent inintéressants...

 

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