Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

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samedi 1 mars 2025

La Maison qui Tue de Peter Duffell (1971) - ★★☆☆☆☆☆☆☆☆



La Maison qui tue de... Tin ! Tin ! Tin ! (onomatopée bien connue des amateurs de petits, moyens, et grands frissons)... l'auteur de Psychose. Comme ne l'indique pas directement cette courte affirmation présente sur l'affiche française de ce film (qui n'a rien de commun avec le visuel présenté ci-dessus) en réalité signé du cinéaste Peter Duffell, The House That Dripped Blood dans sa version originale n'a donc pas été réalisé par Robert Bloch, qui demeure bien, par contre, l'auteur du roman à l'origine du chef-d’œuvre du britannique Alfred Hitchcock. Comme quoi, un simple mot de deux lettres (ici, « de ») peut trahir la volonté de faire du fric sur le nom d'une célébrité. Mais n'enterrons pas tout de suite l’œuvre de Peter Duffell, surtout qu'au générique, outre des interprètes aux patronymes inhabituels (Denholm Elliot, Nyree Dawn Porter, ou encore Jon Pertwee), on retrouve deux immenses acteurs hélas, depuis disparus : les britanniques Christopher Lee et Peter Cushing. Pas le genre de petite monnaie dont on cherche à se débarrasser dans les magasins. Plutôt des pièces d'or dont il vaut mieux respecter la valeur.

Soit dit en passant, La Maison qui tue est quand même un gros navet. Stars de la Hammer ou pas, la Amicus récupère nos deux glorieux interprètes et leur file entre les mains la responsabilité d'incarner des personnages dans une séries de sketches pitoyables qu'ils partageront avec d'autres acteurs nettement moins prestigieux mais dont le faciès parlera sans doute à certains d'entre nous.

Le récit tourne autour d'un inspecteur mandaté par Scotland Yard afin d'enquêter sur la disparition d'un acteur. Les quatre sketches ont pour cadre une demeure qui, on l'apprendra bien plus tard, s'identifie à ses locataires. Pour une anthologie d'épouvante, on reste froid devant l'indigence de la mise en scène, servie par des décors terriblement laids et sommaires noyés dans des lumières crues qui donnent à l'ensemble l'allure d'un théâtre grand-guignol plutôt navrant. Il faut s'armer d'un courage sans borne pour supporter les cent minutes et quelques que dure La Maison qui tue. Un titre alléchant pour un long-métrage qui s'étire à l'infini. Avec un tel patronyme, certains durent fantasmer à l'idée d'observer un ouvrage abordant les mêmes terres angoissantes qu'un Burnt Offerings hautement anxiogène. Mais ici, point de maison dévorant l'âme de ses locataires. Juste des personnages vivant des situations vues mille fois auparavant mais, ici, avec nettement moins de classe et de moyens.

La Amicus propose à ce point une telle accumulation de poncifs éculés que l'on ne peut que raisonnablement penser que la concurrente de la prestigieuse Hammer l'a forcément fait exprès. Comme une version parodique de très mauvais goût et surtout, très ennuyeuse des films à sketches britanniques qui émaillaient la filmographie de la célèbre société de production britannique fondée par William Hinds et Enrique Carreras en 1934. Comment vous expliquer le peu d'intérêt qu'évoque La Maison qui tue sinon qu'il est comparable au vide qui sépare notre planète du prochain système solaire... Le néant absolu en terme de mise en scène pour un cinéaste qui signait en cette année 1971, son second long-métrage dix ans après le premier. Pauvre Christopher Lee, pauvre Peter Cushing... qu'allaient faire dans cette galère ces deux grands Messieurs de l'horreur britannique ? Et dire que sur Amazon le film est vendu à l'hypnotique prix de 20 euros, dans une édition (Bach Films) habituée à proposer d'immondes nanars, chacun pour une poignée de centimes seulement (on comprend la gêne des revendeurs qui n'oseraient tout de même pas revendre ces infamies plus chers que leur valeurs artistique)... Au mieux, la jaquette vous fera hurler de rire. Au pire, ben, si vous l'achetez, vous pourrez toujours caler le pied d'un meuble avec le boitier. Quant à la galette argentée, un bon conseil : Jouez au frisbee avec le cd de cette Maison qui PUE !...



jeudi 27 février 2025

Hellraiser VII : Deader de Rick Bota (2005) - ★★★★☆☆☆☆☆☆

 


 

Voici venu le temps de rabaisser ma fierté d'avoir tenu jusque là. Car après six longs-métrages dont au moins un classique (le premier) deux bousins (les deux suivants) et trois raisonnables productions (les quatre, cinq et sixièmes opus), voici que déboulait en 2005 Hellraiser VII : Deader de Rick Bota. S'agissant de celui-là même qui réalisa le sympathique Hellraiser VI : Hellseeper trois ans auparavant, on pouvait espérer de nouveau tranquillement naviguer au sein de la franchise initiée par son créateur Clive Barker en 1987. Près de trente ans plus tard, Rick Bota signe cependant ce qui demeurera certainement comme l'un des pires rejetons de la franchise Hellraiser. Le genre d'excroissance que l'on rangera du côté des maladies incurables tant il est difficile, même près de vingt ans plus tard, de lui trouver la moindre des qualités. Une fois encore l'on change ici de casting. En dehors de Doug Bradley qui courageusement va de nouveau accepter de porter le fameux ''masque'' à pointes de Pinhead et ce, même si son temps de présence sera une fois encore écourté par rapport aux premier volets de la saga (qui à contrario avaient d'ailleurs tendance à cette fois-ci l'exposer un peu trop régulièrement à l'image). Confiant l'écriture du scénario à Neal Marshall Stevens et Tim Day, Rick Bota s'en ira tourner son film en Roumanie. À Bucarest, pour être plus précis. Terre d'accueil pour quiconque veut mettre en scène un projet cinématographique à moindres frais ! Et ça tombe bien puisque la nouvelle héroïne de la franchise Amy Klein (qu'interprète l'actrice américaine Kari Wuhrer), une journaliste d'investigation à laquelle est confiée la mission de mener une enquête sur une étrange secte, doit justement se rendre dans la capitale roumaine. Seule, sans cameraman, avec ses petites jambes et ses petits bras frêles. Le genre de mission suicidaire si l'on tient compte du fait que Winter Lemarchant (Paul Rhys), descendant de Philippe Lemarchant que l'on découvrait alors dans Hellraiser IV : Bloodline en 1996, est le gourou d'une secte dont il n'hésite pas à sacrifier les membres avant de les ressusciter.


Un charlatant dont les spectateurs devineront d'ailleurs très rapidement les véritables intentions. Un gourou, un maître à penser si peu charismatique que l'on a d'emblée beaucoup de mal à croire au magnétisme que ses adeptes lui prêtent avec dévotion. Visuellement, Hellraiser VII : Deader est, au mieux, très laid. Et au pire, abominable. Peut-être pire encore que les second et troisième volet de la franchise, surtout si l'on tient compte du fait que les décors n'ont ici pas l'aspect de carton-pâtes qui rendaient déjà Hellraiser II et III  visuellement irréalistes ! Filmant Hellraiser VII : Deader comme un long clip musical auquel l'équipe technique ajoute des filtres et des effets-spéciaux d'un autre âge, la photographie du roumain Vivi Dragan Vasile accentue la pauvreté de l'ensemble. Réalisé sans goût et interprété à l'arrache par la totalité du casting, entre une Kari Wuhrer qui en fait trop, un Paul Rhys qui sans doute a fait tomber par inadvertance son charisme dans la cuvette d'un chiotte et des figurants neurasthéniques que l'on croirait sous l'emprise de drogues plus ou moins dures, Hellraiser VII : Deader se permet non seulement le luxe d'être long et pénible mais de reprendre pour la troisième fois la recette du personnage évoluant dans un univers fait de cauchemars éveillés baignés dans un cadre paranoïaque. Rick Bota reprend donc sa propre recette en tournant un ersatz de Hellraiser VI : Hellseeker qu'il mit lui-même en scène en 2002 ainsi que celle qui était déjà au centre de Hellraiser V : Inferno que réalisa bien avant lui Scott Derickson en 2000. Si l'on détaille avec précision le scénario et la manière dont il fut conçu pour être intégré au récit de ce septième volet de la franchise, l'on comprend mieux alors pourquoi rien ou presque ne fonctionne.


Alors que la société de production et de distribution cinématographique américaine Miramax Films se sépare en cette année 2005 de sa filiale Dimension Films pour finalement la réintégrer au sein de la Weinstein Company (lesquelles sont à l'origine toutes deux dirigées par les frères Bob et Harvey Weinstein), Hellraiser VII : Deader sera donc l'un des derniers projets produits par Dimension Films sous la bannière de son ex-future maison-mère... Si les deux noms de Neal Marshall Stevens et Tim Day apparaissent au générique au sujet du scénario, c'est parce qu'à l'origine, le script qu'avait écrit Neal Marshall Stevens n'avait absolument rien à voir avec l'univers de Hellraiser. Un scénario qui avait donc été conçu pour un autre projet mais que la production de Hellraiser VII : Deader se réappropriera finalement. Invitant donc Tim Day à participer à son écriture en y intégrant l'un des descendants de Philippe Lemarchant en la personne de Winter Lemarchant. L'une des rares bonnes idées du scénario étant de confronter le gourou à Pinhead, l'on regrettera que cette option ait été remisée au placard. En effet, le récit tourne davantage autour de l'héroïne, que l'on peut d'ors et déjà comparer au héros du précédent volet, Trevor Gooden qu'interprétait trois ans auparavant l'acteur Dean Winters. Si quelques idées intéressantes subsistent parfois (l'étrange faune installée à l'arrière d'une rame de métro), la mise en scène et l'interprétation souvent trop théâtrale faussent tout. Rick Bota profitera de son passage en Roumanie pour enchaîner lui-même sur le tournage du huitième volet de la franchise intitulé Hellraiser VIII : Hellworld. Au vu du désastre qu'est Hellraiser VII : Deader, on tremble déjà à l'idée de lancer la projection de son successeur...

 

mercredi 26 février 2025

Hellraiser VI : Hellseeker de Rick Bota (2002) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Ça y est nous voici parvenus jusqu'à l'entame de la seconde moitié de la franchise Hellraiser. Jusqu'à maintenant, c'est avec un certain étonnement que j'ai pu constater que le voyage dans les abîmes de l'univers extra-dimensionnel où coexistent entre eux les cénobites fut plus agréable que je ne m'y attendais. Car en dehors des second et troisième opus, arriver jusqu'au terme du cinquième intitulé Hellraiser V : Inferno réalisé par Scott Derrickson s'est fait pratiquement sans heurts. Quant à cette autre réflexion que je me suis faite en lançant ce sixième chapitre de la saga s'agissant de l'hétéroclisme, il est vrai qu'en dehors de leurs nombreux défauts, les cinq premiers épisodes eurent au moins l'avantage de proposer des continus qui lors de chacun d'entre eux différaient des précédents. Une réflexion qui malheureusement dans le cas de ce nouveau volet n'arrive pas à point nommé puisque Hellraiser VI : Hellseeker vient contredire ce qui jusque là était effectivement facile à vérifier. En effet, ce sixième opus cette fois-ci réalisé par Rick Bota dont il s'agissait à l'époque du premier long-métrage en tant que réalisateur est presque en tout point similaire au précédent. Et pourtant, aucune trace de Paul Harris Boardman ou même de Scott Derrickson à l'écriture puisque seuls Carl V. Dupré et Tim Day eurent la lourde tâche de donner suite à la franchise. C'est donc sur un postulat semblable à celui de Inferno que le personnage central de cette nouvelle aventure évolue. Trevor Gooden (Dean Winters) remplace donc le personnage du détective Joseph Thorne (Craig Sheffer). Exit le flic corrompu. Le ''héros'' de ce nouveau récit vient de perdre son épouse dans un grave accident de voiture. Ayant perdu le contrôle de son véhicule qui est tombé d'un pont pour se retrouver dans les eaux d'une rivière, Trevor n'a pu sauver sa femme Kirsty de la noyade. Cependant, le corps de la jeune femme n'ayant pas été retrouvé, les détectives Lange et Givens respectivement interprétés par William S. Taylor et Michael Rogers sont chargés d'enquêter sur sa disparition. Le premier croit en l'innocence de Trevor. Sa complaisance envers le mari amnésique est telle que son attitude laissera planer le doute dès sa première apparition à l'écran. Endosse-t-il le rôle du gentil policier tandis que Givens, lui, assume celui du méchant flic ? Hellraiser VI : Hellseeker marque avant toute chose le retour dans la franchise de Kirsty Cotton qui par conséquent est devenue l'épouse de Trevor Gooden. Toujours incarnée par Ashley Laurence qui en une quinzaine d'années a bien changé, la jeune femme n'apparaît à l'image que lors de quelques séquences cruciales.


Comme celle qui l'a montre se noyant dans la rivière alors que Trevor tente de lui venir en aide ou lorsque ce dernier, à travers un flash-back, lui offre en cadeau l'un des exemplaires du Cube. Une séquence dont l'importance est considérable si l'on tient compte du fait que jusqu'à maintenant, rien ne pouvait expliquer ni justifier la succession d'événements auxquels Trevor avait dû faire face autrement que par l'utilisation du fameux objet (qu'il n'eut jamais entre les mains). Dès lors, les pièces du puzzle commencent à s'imbriquer... Certains trouveront sans doute la comparaison quelque peu abusive mais Hellraiser VI : Hellseeker n'entretient-il pas quelques points communs avec l'incroyable L'échelle deJacob qu'Adrian Lyne réalisa douze ans auparavant, en 1992 ? Car si l'une et l'autre des justifications qui en conclusion des deux longs-métrages apporteront un éclairage différent sur les événements qui se sont produits, l'un et l'autre des films partagent ce goût de la paranoïa et des visions cauchemardesques dont le long-métrage de Rick Bota peut objectivement se prétendre être une relecture. Certes, d'une qualité plutôt modeste, mais compte-tenu de la réputation de la franchise Hellraiser, nous ne bouderons pas notre plaisir. Car contrairement à ce que beaucoup prétendent, entre ceux qui trouvent ce sixième opus simplement mauvais et ceux qui lui offrent le tragique statut de plus mauvais film de la franchise, Hellraiser VI : Hellseeker vaut bien mieux que son épouvantable impopularité... A moins qu'à force de regarder les films les uns derrière les autres, la franchise ait le même pouvoir d'accoutumance que la cigarette ou le café sans sucre dont les premières expérimentations ne sont pas toujours très agréables... Certains affirmeront sans doute également que le film n'a plus grand chose à voir avec la franchise. En effet, les cénobites sont ici réduits à la part congrue tandis que le plus célèbre d'entre eux n’apparaît que très sporadiquement. Ce qui n'est peut-être finalement pas si mal que cela. En effet, à force de le voir débarquer à tout bout de champ dans les précédents opus, Pinhead eut le malheur de perdre quelque peu de son charisme. Bref, cette cinquième itération est de mon avis personnel une assez bonne surprise. Très proche de la précédente. Et donc, ceux qui aimèrent Hellraiser V : Inferno apprécieront sans doute Hellraiser VI : Hellseeker tandis que ceux qui détestèrent le film de Scott Derrickson risquent de conserver la même opinion concernant l’œuvre de Rick Bota...

 

mardi 25 février 2025

Hellraiser V : Inferno de Scott Derickson (2000) - ★★★★★★☆☆☆☆

 



 

Les planètes de notre système solaire seraient-elles parfaitement alignées ? Toujours est-il que nous sommes en 2025 et que le cinquième long-métrage consacré à la franchise Hellraiser s'y positionne pile au beau milieu d'une filmographie qui en compte onze (si l'on tient bien évidemment compte du remake de David Bruckner sorti en 2022). Cela fait donc un quart de siècle que Hellraiser V : Inferno a vu le jour. Pas au cinéma, non, mais directement en vidéo sur support DVD (il faudra attendre 2006 pour que les premiers Blu-ray, tous films confondus, apparaissent sur le marché). Et si les comptes sont bons, il y a un quart de siècle, nous étions en 2000. Soit à la fin du siècle dernier et à l'orée du nouveau millénaire. Si l'Enfer est bien sur Terre (nous le retrouvons en partie sur les réseaux sociaux, en fonction de ce qu'en font certains!), il est également au centre de cette nouvelle page cette fois-ci écrite par Paul Harris Boardsman et celui qui en sera le réalisateur, Scott Derrickson. Avant d'être reconnu comme un très talentueux cinéaste, qui signera en outre le très dérangeant Sinister en 2012, Scott Derrickson se sera tout d'abord fait la main sur le court-métrage Love in the Ruins en 1995 avant de réaliser son tout premier long-métrage cinq ans plus tard. Celui-là même dont il s'agit de parler ici. Et dès ce premier très long jet dont la durée excède celles des quatre premiers films de la franchise Hellraiser, on sent l'amour du réalisateur pour le produit qu'il a entre les mains et la passion qui l'anime pour le septième art. Confiant les décors à Déborah Raymond et la photographie à Nathan Hope, ce cinquième chapitre des infernales aventures de Pinhead (encore une fois interprété par Doug Bradley) a parfois l'étrange saveur de vieilles bobines qui dans le cas présent auraient été souillées par la présence de créatures maléfiques. Cette fois-ci, le héros ne vient ni du passé ni du futur, contrairement au volet précédent, mais bien du présent.


Le détective Joseph Thorne qu'incarne l'acteur Craig Sheffer est le type de PROTAgoniste qui flirte plus que de raison avec l'ANTAgonisme. En effet, le réalisateur et son scénariste nous le présentent sous un jour des plus sombre. Un flic corrompu, qui n'hésite pas à se servir de son coéquipier Tony Nenonen (l'acteur Nicholas Turturro, frère de John Turturro) afin de parvenir à ses fins. Un type tout bonnement abjecte que le scénario de Paul Harris Boardsman dessert en permanence. Et ce, pour une raison évidente : servir les desseins de Pinhead et de ses nouveaux sbires parmi lesquels l'on découvre les jumelles Wire Twins ou même Torso. Mais celui que l'on retiendra sans doute davantage encore se nomme L'ingénieur. Un homme (une créature?) qui semble devoir être invisible durant un très long moment mais que le film cite à de nombreuses reprises avant qu'il n'intervienne lui-même en communiquant directement avec le détective Joseph Thorne. Les ressources de ce dernier en matière d'antagonisme étant semble-t-il inépuisables, celui-ci se rend également coupable d'adultère. L'on apprend d'ailleurs ensuite entre autres joyeusetés lors d'une confidence faite au détective Tony Nenonen qu'il se rendit coupable très jeune de tortures envers l'un de ses camarades de classe. Bref, alors qu'il vient de lever une prostituée, certes, très bien tanquée ( !!! alerte néo-féministes activée !!!), ayant en sa possession le Cube qu'aurait appartenu justement au gamin dont il fit son souffre-douleur étant adolescent et qui vient d'être retrouvé mort, Joseph Thorne s'enferme dans la salle de bain de l'appartement de Chloé (la prostituée en question, interprétée par l'actrice Lindsay Taylor) afin de tenter d'en activer le mécanisme.


Chose que le flic corrompu parvient à effectuer après seulement quelques secondes, ouvrant ainsi une brèche permettant à Pinhead et les nouveaux cénobites d'apparaître dans notre univers. Dès lors s'enclenche toute une série d'événements qui au fil du récit s'expliquent par la manière dont est traité le personnage de Joseph Thorne. En optant pour un environnement plus classique que les coursives de l'univers extra-dimensionnel des cénobites, Scott Derrickson opte ici sans doute pour le choix le plus judicieux. Car en effet, jusqu'à maintenant, on ne peut pas dire que les décors sur lesquels travaillèrent successivement Michael Buchanan, Steve Hardie et Ivo Cristante (quoique pour ce dernier...) sur les trois premières séquelles de l’œuvre originale aient réussi à faire honneur à l'univers de l'écrivain Clive Barker. Lequel, soit dit en passant, a finalement choisi désormais de se désolidariser de la franchise, proprement dégoutté par la vision (pécuniaire) qu'a Hollywood de son œuvre... Il est presque regrettable que Hellraiser V : Inferno n'ait pas eu la chance de connaître une sortie sur grand écran car bien qu'il ne s'agisse pas d'un grand film, le simple fait que son auteur ait quelque peu réussi à remettre la franchise dans les rails aurait dû pousser les producteurs et les distributeurs du monde entier à faire un effort de ce côté là. Mais trop frileux, ces derniers ont finalement condamné le long-métrage à directement faire sa vie en vidéo. Pour finir, une appréciation toute personnelle. Hellraiser V : Inferno semble curieusement suivre le même cheminement que le chef-d’œuvre d'Abel Ferrara Bad Lieutenant. En effet, tout comme cette merveille de noirceur notamment incarnée par Harvey Keitel (qui interprète le rôle-titre) et par Zoë Lund, le héros du cinquième volet de la franchise Hellraiser suit un véritable chemin de croix devant le mener vers la rédemption... Qu'en pensez-vous... ?

 

lundi 24 février 2025

Hellraiser IV : Bloodline de Kevin Yagher (1996) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Derrière le projet Hellraiser IV : Bloodline, il y a deux noms. Tout d'abord, celui de Kevin Yagher, célèbre maquilleur auquel l'on doit notamment les effets-spéciaux de La revanche de Freddy, des Griffes du cauchemar, de Hidden ou encore de Child's Play. S'essayant à la réalisation entre 1990 et 1992 sur deux épisodes de la série Les contes de la crypte, le voici donc engagé pour la première et dernière fois de sa carrière derrière la caméra d'un long-métrage. Car à moins qu'on le retrouve dans les années à venir à la tête d'un nouveau projet, celui-ci fut le seul dans lequel il ne s'impliqua pas seulement du côté des effets-spéciaux. Mais au vu des conditions dans lesquelles fut traité le résultat final, on peut comprendre que la perspective de mettre lui-même à nouveau en scène un film n'ait toujours pas encore été envisagée. Remercié, il est alors éjecté du projet pour être remplacé par le producteur et réalisateur Joe Chappelle qui des années après avoir mis lui-même en scène Halloween 6 : la malédiction de Michael Myers se tournera vers la télévision en réalisant notamment des épisodes pour les séries La treizième dimension, Les experts : Manhattan et Miami, Frindge ou encore Manifest. Alors que certaines séquences tournées par Kevin Yagher sont écourtées, Joe Chappelle quant à lui en tourne de nouvelles qui seront désormais intégrées au récit. Le film, pourtant, ne portera ni le nom de l'un, ni celui de l'autre. En effet, la paternité de Hellraiser IV : Bloodline revenant malgré tout à Kevin Yagher, celui-ci le renie et c'est donc sous le nom d'Alan Smithee que sort sur les écrans américains le 8 mars 1996 et en France le 4 juin 1997 le quatrième opus de la franchise Hellraiser. Un nom, un pseudonyme qui généralement permet aux cinéastes mécontents de leur film de ne pas y voir apparaître leur nom au générique. Un peu à la manière de David Lynch qui renia par exemple la version télévisée de son Dune en 1988... Et pourtant, plus que la production chaotique que le long-métrage paraît être et bien qu'il fut le dernier de la saga à franchir les portes des grandes salles de cinéma, Hellraiser IV : Bloodline surpasse de très loin les deux précédents volets indignement réalisés par Tony Randel et Anthony Hickox.


Un effort certain a été fourni par le chef décorateur Ivo Cristante et le directeur de la photographie Gerry Lively même si une fois encore l'ambiance générale font ressembler le film à un pâle téléfilm plutôt qu'à un authentique long-métrage ayant pour vocation d'ensanglanter les salles obscures. Après que les budgets n'aient cessé d'augmenter, passant de un million de dollars pour Hellraiser : le pacte à trois puis à cinq pour les deux volets suivants, le financement de ce quatrième opus est revu à la baisse avec un rabais d'un million de dollars par rapport au précédent. Ce qui vaut surtout à Kevin Yagher et ensuite dans une très moindre mesure à Joe Chappelle de devoir se débrouiller avec quatre millions de billets verts. Comparé à ses prédécesseurs, Hellraiser IV : Bloodline se montre réellement ambitieux. Kevin Yagher et le scénariste Peter Atkins qui œuvre sur la saga depuis Hellraiser 2 : les écorchés font table rase d'une bonne partie des antagonistes et des héros des récits passés pour ne plus se concentrer que sur le plus iconique d'entre tous, Pinhead que continue à interpréter avec acharnement l'acteur Doug Bradley. Apparaissant plus tôt que ne l'avait tout d'abord envisagé Kevin Yagher après le remontage de son film, Pinhead ne sera cependant pas la seule représentation maléfique du film puisque l'on pourra observer la présence de plusieurs ''modèles'' de Chatter Beast ou, chiens de l'Enfer. Des créatures canines écorchées et animées à la ''vas-y comme j'te pousse''. Mais l'un des véritables intérêts principaux de ce nouvel opus est bien la présence à l'écran de l'actrice chilienne Valentina Vargas dans le rôle d'Angélique. Un prénom tout à fait antinomique avec le personnage de démon qu'elle incarne mais dont l'importance est considérable puisqu'elle n'est pas moins que la toute première cénobite à avoir été créée à partir du Cube. Mais pour mieux intégrer ce tout nouveau personnage, Peter Atkins crée trois époques durant lesquelles divers protagonistes vont évoluer. Tout commence donc curieusement en 2127 dans l'espace. Paul Merchant (Bruce Ramsay) tente de déclencher le mécanisme du Cube en se servant à distance d'un petit androïde. Au moment même où il parvient à occasionner le retour de Pinhead, il est arrêté par l'officier Rimmer (l'actrice Christine Harnos) qui ordonne à ses soldats d'emmener le prisonnier dans leur vaisseau.


Questionné par la jeune femme, Paul lui raconte l'histoire de sa famille en remontant près de quatre-cent ans en arrière lorsque son ancêtre, le fabriquant de jouets Philippe Lemarchant (qu'incarne une nouvelle fois Bruce Ramsay) créa une boite-puzzle à l'attention du Duc de L'Isle (Mickey Myers), un prêtre des forces occultes qui à l'occasion d'un guet-apens orchestré avec l'aide de son complice Jacques (Adam Scott) va se servir d'une jeune femme et du Cube ainsi créé par Philippe pour ouvrir les portes de l'Enfer et ainsi faire apparaître le tout premier cénobite en la personne d'Angélique. Hellraiser IV : Bloodline passe donc allégrement du futur au passé et jusqu'à ce qui semble être notre présent. L'occasion pour Bruce Ramsay d'incarner un troisième membre de la lignée des Merchant sous le prénom de John ! Si cette approche de l'univers de Hellraiser peut tout d'abord étonner. Voire même questionner quant à son intérêt, à vrai dire, le scénario de Peter Atkins tombe pile poil pour relancer la franchise. En effet, le film est plutôt bien construit et les différents passages d'une époque à l'autre évitent au long-métrage de tomber dans l'ennui. Quelques rares décors font enfin honneur à l'univers extra-dimensionnel cher aux cénobites avec ses étonnantes coursives mêlant, dans l'esprit, parfois celles de l'Alien de Ridley Scott et celles des deux précédents opus de la franchise Hellraiser. Débarrassé des ridicules Camerahead, CD et autre Pistonhead, Hellraiser IV : Bloodline intègre donc la version terminale d'Angélique ainsi que deux frère jumeaux dont le désir de ne jamais être séparés va être exaucé de manière fort cynique pour donner naissance au double cénobite Siamese Twins. Hellraiser IV : Bloodline n'est certes pas un grand film. Mais au delà des critiques que l'on pourrait lui faire, et au vu du chaos qui régna apparemment durant et après son tournage, le résultat n'est finalement pas aussi mauvais que l'on aurait pu le craindre. Ce quatrième opus permettra à ses financiers de retrouver à minima leur mise de départ puisque les résultats finaux montreront que le film aura rapporté sur le seul territoire américain plus de neuf millions et trois-cent mille dollars. Soit près de deux-cent trente pourcents du budget initial...

 

dimanche 23 février 2025

Hellraiser III d'Anthony Hickox (1992) - ★★★★☆☆☆☆☆☆

 


 

Sorti aux États-Unis quatre ans après le second volet de la franchise, Hellraiser III (Hellraiser III : Hell on Earth) a été confié à Anthony Hickox. Et Anthony Hickox, ben, ça n'est pas vraiment n'importe qui puisqu'il fut l'auteur de l'ineffable, l'inénarrable, l'époustouflant Waxwork en 1988. Ce film fantastique d'un autre âge censé être un hommage aux créatures de l'Universal Monsters mais qui au final causa d'intolérable céphalées. Des maux de tête si puissants qu'un tour chez le neurologue afin de s'assurer que l'on ne commençait pas à développer une tumeur au cerveau s'avérait indispensable. Un traitement visuel pire que l'injection dans l’œil d'une dose de vinaigre ou de jus de citron ! Et encore, c'était sans évoquer le contenu de la suite, Waxwork II : Lost in Time (plus sobrement sortie chez nous sous le titre Waxwork 2) qui quatre ans plus tard allait définitivement enfoncer le clou et ainsi mettre HEUREUSEMENT un terme à cette courte franchise tuée quasiment dans l'œuf ! Autant dire que mettre entre les mains du réalisateur, scénariste et producteur américain le troisième volet de la franchise Hellraiser était une prise de risque qui allait à peine se voir au vu d'un Hellraiser II : les écorchés signé de Tony Randel en 1988 d'une indicible médiocrité. Sans être le miracle que l'on se désespérait voir aboutir un jour dans la carrière d'Anthony Hickox et sans être non plus LA surprise inattendue que certains bavaient sans doute d'impatience de voir enfin surgir chez ce tâcheron, Hellraiser III n'est pas aussi mauvais qu'on aurait pu le craindre. Bon, ça reste quand même de la bonne vieille merde caguée par un artiste qui semble traiter la pellicule qu'il a entre les mains comme d'autres, en peinture, s'amusent avec le cubisme comme un art disant ''Je vous emmerde'' aux courbes, mais bon... ça demeure regardable. Si tant est que l'on soit capable d'accepter que l'on s'amuse avec l'iconographie entourant les Cénobites pour en régurgiter quelques nouveaux avatars du plus mauvais goût.


En tout cas, de celui qui pourrait éventuellement intéresser les chroniqueurs des pages consacrées aux nanars du septième art. Bonne nouvelle, Anthony Hickox nous épargne la vision par trop exubérante du Docteur Channard, seconde génération de cénobites à avoir vu le jour à la fin du second volet de la franchise. Une bonne chose. Quant à Kristy Cotton (Ashley Laurence), celle-ci n'apparaît qu'à travers quelques images d'archive. Ceux qui apprécièrent le look S-M de Pinhead, Barbie, Chatterer et Butterball seront heureux d'apprendre qu'ils reviennent pour la troisième fois même si leur temps de présence est écourté et même si en dehors de Doug Bradley, leurs interprètes ont été remplacés. À la fin du second chapitre, un pilier (le ''Pilier des Âmes'') sorti dont ne sait où mais qui servait de prison à Pinhead est encore d'actualité dans ce troisième long-métrage de la franchise. Acquise par un gosse de riche pété de thunes et sans scrupules (il tua ses parents pour s'approprier leur fortune). L'actrice Terry Farrell incarne l'héroïne Joanne Summerskill. Une journaliste qui après avoir assisté à un curieux et très sanglant événement dans un hôpital va se rapprocher de la seule témoin encore en vie (Paula Marshall dans le rôle de Terri). Va s'ensuivre un imbroglio scénaristique commis par Peter Atkins, le même scénariste que l'épisode précédent et le même que plusieurs autres à venir. Pour faire court, Joanne va tenter de réunir les deux facettes de Pinhead Celle sous laquelle se cache le cénobite, et celle sous les traits de laquelle l'on retrouve Eliot Spencer, l'homme qui expérimenta l'utilisation du Cube il y a plus de soixante ans et qui depuis est condamné à errer dans le monde extra-dimensionnel des créatures toutes de cuir noir vêtues ! La présence du double-personnage sert de triple cause au long-métrage mais aussi à la mythologie Hellraiser.


Du point de vue du récit, il permet ainsi d'étayer l'hypothèse selon laquelle les réunir pour n'en faire plus qu'une seule entité (humaine, si possible) permettrait de faire cesser le chaos qui règne désormais sur Terre (ou du moins là où Pinhead foule le sol). Un désordre que l'on rêvait d'ailleurs d'apocalyptique lors du massacre se déroulant dans la boite de nuit mais que le réalisateur se réservera malheureusement le droit d'écourter l'horreur visible à l'image en fermant devant nos yeux pleins d'ingratitude, la double porte de l'établissement. Et ce, pour ne plus nous laisser voir qu'une large tâche de sang couler entre les interstices de celle-ci. Ensuite, le double-personnage permet non seulement à Doug Bradley d'apparaître enfin sans maquillage (ce que l'acteur méritait bien) tandis qu'il permet au récit d'avancer quelques nouvelles hypothèses quant à la biographie du personnage. Moins dur à subir visuellement que son aîné, Hellraiser III n'en est pas moins relativement laid. Des décors jusqu'aux flashs lumineux directement travaillés sur la pellicule comme au temps de Ghostbusters mais en moins réussis, les effets-spéciaux ont pris un méchant coup de vieux. Des rides qui de toute manière étaient déjà présentes lors de sa sortie en salle ( sacrément tardive chez nous, d'ailleurs!). Seuls les cénobites s'en sortent avec les honneurs. Du moins ceux que l'on connaît déjà depuis trois films puisque en dehors de Pinhead, Barbie, Chatterer, Butterball et, allez, de la nouvelle Dream (incarnée par Paula Marshall qui après avoir interprété le rôle de Terri se voit muée en une version cénobite), les nouveaux modèles ont tous ceci en commun d'être ridicules. De Kevin Bernhardt qui incarne Pistonhead (vous comprendrez pourquoi au moment de le découvrir à l'image) en passant par Cameraman (Ken Carpenter) et son objectif de caméra planté dans l'orbite droit (personnage visiblement et honteusement pompé sur les Borgs de l'univers Star Trek) et jusqu'à CD (Eric Wilhelm) dont le visage est planté de disques compacts qu'il utilise comme armes. On pouffe de rire plus que l'on ne tremble devant cette galerie de créatures sinon effrayantes, du moins pittoresques. Bref, la franchise Hellraiser s'enlise. Ce qui n'empêchera cependant pas le maquilleur Kevin Yagher et le réalisateur Joe Chappelle (sous pseudo, mais nous reviendrons dessus dans le prochain article) de mettre conjointement en scène un quatrième volet quatre ans plus tard, en 1996, sous le titre Hellraiser IV : Bloodline...

 

samedi 22 février 2025

Hellraiser II : les écorchés de Tony Randel (1988) - ★★★★☆☆☆☆☆☆

 


 

Au sens propre, la douche froide aide à rapidement nous extraire définitivement du sommeil profond dans lequel nous sommes en général plongés quelques instants plus tôt. Elle aide à raffermir la peau, à resserrer les cellules, à empêcher la chute des cheveux et à prévenir les pellicules. Même si pour cela, il faut être prêt, bien entendu, à subir quelques très légers traumatismes. Comme l'accélération du rythme cardiaque ou celle du souffle. Au figuré, c'est déjà une autre paire de manches. Ressentir une sensation inattendue et donc parfois fort désagréable. C'est sans doute en ce sens que l'on percevra Hellraiser II : les écorchés de Tony Randel. Petit cinéaste sans envergure particulière qui évita malgré tout à la franchise Amityville d'être plongée en 1992 dans un perpétuel naufrage artistique en sauvant de justesse le sixième volet intitulé Amityville 1993 : Votre heure a sonné. Un an seulement après que Clive Barker nous ait permis de faire la connaissance de ses cénobites, voilà que ceux-ci réapparaissaient sur grand écran. Partageant le script du scénariste, écrivain et musicien britannique Peter Atkins entre les couloirs d'un hôpital psychiatrique où fut internée à la suite des précédents événements la jeune et charmante Kristy Cotton et les coursives de l'univers extra-dimensionnel dans lequel les créatures évoluent, le réalisateur plonge non seulement ses personnages dans un monde torturé mais également ses spectateurs devant une reproduction de l'Enfer qui ne va avoir de cesse que de donner des boutons à celles et ceux qui oseront braver de bout en bout l'affligeant spectacle auquel il leur aura été offert le ''privilège'' d'assister. Apprécié, adoubé et même, oui, parfois, déifié par certaines personnes qui de mon avis personnel devraient rapidement prendre rendez-vous avec leur ophtalmologiste, loin de moi de pouvoir imaginer par avance la direction artistique vers laquelle allait tendre Hellraiser II : les écorchés. Une véritable abomination dont on peut se demander à l'issue de la projection comment certains osèrent par la suite et à tour de rôle, prendre le taureau par les cornes pour, l'un après l'autre, en offrir une vision toute personnelle. D'ailleurs, à la seule évocation d'Anthony Hickox qui succéda à Tony Randel à la mise en scène du troisième volet sobrement intitulé Hellraiser 3 sur le territoire français, on peut se demander dans quelles mesures les producteurs auraient pu avoir la scrupuleuse intention de tuer la franchise le plus rapidement possible ! Mais revenons à Hellraiser II : les écorchés. Après la mort du père de Kirsty qui désormais est l'héroïne principale de cette suite, la jeune femme est enfermée dans un hôpital psychiatrique suite au traumatisme qu'elle vécu lors des précédents événements.


Dirigé par le docteur Philip Channard (l'acteur Kenneth Cranham) dont nous découvrons rapidement que celui-ci est davantage intéressé par le Cube et par les possibilités qu'il offre que par ses patients, l’hôpital abrite en outre la jeune Tiffany (Imogen Boorman). Une jeune autiste capable de résoudre des puzzles et des casses-têtes à grande échelle. C'est ainsi que Channard confie à l'adolescente le Cube afin qu'elle découvre et mette en marche le mécanisme. Ce qui permettrait au directeur de l'établissement de pénétrer l'univers des cénobites. Mais en attendant que la gamine arrive à percer les mystères de l'objet, le directeur Channard ne perd pas son temps puisqu'il a récupéré le matelas ensanglanté retrouvé sur les lieux du précédent massacre et qu'il a emporté dans sa propre demeure. Suivi en toute discrétion jusque chez lui par l'un de ses collègues médecins, Kyle, ce dernier est bien décidé à investiguer après que Kirsty lui ait parlé de ce qui se passa dans la demeure de son père et de sa belle-mère. Quant à Channard, il fait pénétrer dans la pièce où a été déposé le matelas, l'un des patients de l'hôpital, lequel étant persuadé que sous sa peau grouille la vermine. En lui tendant un scalpel alors que celui-ci est assis sur le matelas, Channard sait très bien ce que son patient va en faire. Se tailladant tout le corps, son sang s'échappe pour s'enfoncer dans le matelas d'où surgit quelques instants plus tard, Julia (toujours incarnée par l'actrice Clare Higgins) ! L'on a donc un retour ici de l'héroïne du premier Hellraiser et un tout nouvel antagoniste en la personne de Channard. Notons avant de l'oublier que le docteur Kyle est interprété par l'acteur canadien William Hope qui bien que ses cheveux aient repoussé depuis fut celui qui incarna le Lieutenant Gorman dans le génial Aliens, le retour de James Cameron deux ans auparavant. Près de deux ans plus tôt sortait sur les écrans de cinéma le troisième volet des aventures de Freddy Krueger intitulé Les griffes du cauchemar que réalisa Chuck Russell. Un excellent volet n'ayant coûté à ses producteurs que la modique somme de trois millions de dollars. Inscrivant ses personnages dans un hôpital, il devient difficile de ne pas voir dans ce second Hellraiser un point d'ancrage commun avec la fameuse franchise créée en 1984 par Wes Craven.


Pourtant doté d'un budget supérieur de sept-cent mille dollars environ, Hellraiser II : les écorchés est en tout point inférieur au long-métrage de Chuck Russell. Ou même plus, simplement à son aîné réalisé par Clive Barker un an plus tôt. Rarement l'on aura pu visualiser un tel ramassis de décors en carton-pâte et de fonds verts visibles à des lieues à la ronde. D'une laideur presque systématiquement repoussante, il devient difficile de s'imprégner de l'univers des cénobites tant leur ''demeure'' paraît factice ! Les plans larges sonnent tellement faux (l'intégration de maquettes ou de Matte-Painting se voyant comme un œil au milieu du front) que l'on ne croit pas un seul instant, pas une seule seconde à ce qui s'affiche à l'écran. Mais si encore, à côté de cela, le script nous avait proposé matière à occulter ces défauts déjà hautement rédhibitoires... Mais non ! Surtout pas ! Sachons conserver une certaine homogénéité et intégrons au récit des lignes de dialogues dont la stupidité confine au contenu de myriades de séries Z. D'un ridicule qui n'a pas de nom, Ashley Laurence, Kenneth Cranham, Imogen Boorman et Doug Bradley semblent parfois se promener dans les décors recyclés et réarrangés de manière volontairement sombre de L'histoire sans fin que réalisa Wolgang Petersen quatre ans auparavant. Film qui, soit dit en passant, mérite ses galons de classique de la Fantasy pour jeune public. À contrario, les spécialistes en effets-spéciaux de maquillage ont grandement amélioré la forme écorchée de Julia par rapport à celle de Frank dans le premier Hellraiser. Mais pour le reste, cette suite est remarquablement laide et atrocement ridicule. Ou vice-versa ! L'on retrouve bien entendu les cénobites du premier volet de la franchise : Pinhead, Barbie, Chatterer et Butterball sont donc toujours au rendez-vous mais sont désormais suivis par Channard qui sous la forme du Docteur cénobite ira jusqu'à tuer ses nouveaux congénères à la fin !!! Pour les anglophobes, sachez que la version française renforce le caractère nanardesque de cette séquelle. Bref, ni fait ni à faire, Hellraiser II : les écorchés aura malgré tout vu le jour sur grand écran, parvenant tout de même à cumuler sur le seul territoire américain un peu plus de douze millions de dollars. Loin d'être un exploit, ces chiffres auront au moins permis aux producteurs de rentrer dans leurs frais. De quoi permettre à Christopher Figg de proposer la mise en chantier d'un troisième opus qui verra donc le jours quatre ans plus tard, en 1992...

 

vendredi 21 février 2025

Hellraiser I : le pacte de Clive Barker (1987) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

En France, tout commence en 1987. Alors que dans les domaines de l'horreur et du fantastique littéraires contemporains certains auteurs étrangers tels que Stephen King (Carrie, Le Fléau, Ça, Christine, etc...), Dean Koontz (La Nuit des cafards, Les étrangers, etc...) ou Graham Masterton (Le portrait du mal, Le Djiin, La maison de chair, Les puits de l'enfer, etc...) se sont fait une place de choix dans le cœur des fans de romans fantastiques et horrifiques, Clive Barker va dès cette année là s'imposer comme l'une des nouvelles références en la matière. Le premier de ses ouvrages à voir le jours sur notre territoire est le tout premier volume des Book of Blood intitulé chez nous, Livre de sang. Il sera poursuivit ensuite en France par le second, dès 1988, avec Une course d'enfer et les année suivantes avec les quatre autres recueils de nouvelles du même nom. Mais Cliver Barker, c'est aussi l'auteur de plusieurs romans. Dont The Hellbound Heart sera le premier à voir le jour dans l'hexagone et surtout le premier à être adapté au cinéma sous le titre Hellraiser. Dans son adaptation (l'auteur se transformant donc effectivement à cette occasion en réalisateur et scénariste), Clive Barker décrit la relation adultère entre une femme (Clare Higgins dans le rôle de Julia Cotton) et son beau-frère Frank qui après un voyage au Maroc a disparu. Mariée à Larry (Andrew Robinson) qu'elle a rapidement trompé avec le propre frère de celui-ci, elle est aussi la belle-mère de Kirsty (Ashley Laurence), une jolie femme qui vient rendre visite à son père alors que le couple vient tout juste de s'installer dans leur nouvelle demeure. Lors de leur installation, Larry aide deux déménageurs à monter un matelas au dernier étage lorsque celui-ci se blesse à la main lors de son transport. Rejoignant Julia qui se trouve au grenier et qu'il supplie de lui venir en aide, son sang tombe sur le plancher avant d'être immédiatement absorbé et de disparaître. Ne se doutant pas des conséquences que va avoir ce banal accident, Julia et Larry reprennent le cours de leur existence. Jusqu'au jour où de retour dans le grenier, celle-ci découvre une horrible créature écorchée vive qui se prétend être Frank.


Toujours follement éprise de celui qui ne donna plus jamais de ses nouvelles, Julia accepte d'apporter à son ancien amant la seule chose qui lui permettra de retrouver forme humaine : du sang. Dès lors, l'épouse de Larry fréquente les bars, séduit des hommes et les ramène chez elle, les fait monter au grenier, les tue à coups de marteau et offre leur dépouille à Frank qui se repaît alors de leur sang. Dans un même ordre d'idée que Wes Craven avec Freddy Krueger, Clive Barker crée avec Hellraiser, une nouvelle créature s'inscrivant parfaitement dans le bestiaire fantastique moderne. Mais si l'on parle bien de créature, il s'agit en fait moins d'évoquer Frank (Sean Chapman) qui en dehors de l'indéniable emprise qu'il possède toujours sur son amante n'est qu'un faire-valoir servant les véritables monstres du long-métrage, que les cénobites eux-mêmes dont Clive Barker a d'ailleurs peut-être tort de nous montrer l'un d'entre eux dès les premières minutes. Le plus célèbre parmi ces créatures de cauchemar vivant dans un univers extra-dimensionnel est leur leader Pinhead qu'interprète ici pour la première fois à l'image l'acteur Doug Bradley. Tout comme ses ''acolytes'' qui sont tous comme lui tombés un jour dans le piège de la Boîte du Chaos, sorte de cube magique originaire du Moyen-Orient (comme l'indique la séquence d'introduction située au Maroc) permettant d'atteindre un degré de souffrance au moins égal au plaisir ressenti lors d'un orgasme. En étant passé de notre plan à celui extra-dimensionnel qui retient ainsi éternellement ceux qui se sont laissés tentés, Pinhead apparaît tel un adepte du sadomasochisme. Entièrement vêtu de cuir noir mais avec la particularité d'avoir le visage et le crâne plantés d'innombrables clous (d'où son nom), il semble être le maître des lieux ! Un cadre infernal et cauchemardesque d'où lui et ses semblables paraissent vouloir pourtant échapper...


Ce premier volet de la franchise Hellraiser qui jusqu'à ce jour s'étend sur dix longs-métrages entre 1987 et 2018 (si l'on ne compte pas le remake signé par David Bruckner en 2022) dispose malgré son sujet hautement subversif d'un scénario relativement académique. En effet, le récit tourne tout d'abord autour d'un quatuor de personnages. Une femme, son époux, son amant et sa belle-fille. La première fantasme toujours sur le troisième tandis que le second, gentil, serviable mais aussi et surtout très naïf est fait cocu par sa femme et par son frère ! L'amant se montre violent (le film est d'ailleurs généralement assez sévère vis à vis de la gente masculine que son auteur traite comme les révélateurs d'une foultitude d'obsessions pour la roublardise, l'infidélité, le sexe et la violence) tandis que Kirsty semble avoir des doutes sur la fidélité de sa belle-mère. Clive Barker cherche tout d'abord à jouer sur les jeux de caméras pour montrer de quel point de vue il juge ses personnages face à certaines situations. Comme lorsque Julia est positionnée en haut des escaliers et Kirstie en bas. Champ, Contre-Champ et Plongée, Contre-Plongée définissent les uns et les autres, à savoir, qui domine et qui est soumis. Le plus remarquable exemple demeurant sans doute la première apparition de Frank en écorché vif se traînant au sol face à une Julia pourtant émotionnellement fragile mais qui le domine de sa hauteur. Signifiant ainsi la faiblesse temporaire de celui qui va avoir besoin de beaucoup de sang pour reprendre sa forme initiale. Alors que le film était une sorte d’œuvre hybride entre drame et horreur, Hellraiser vire au pur produit d'exploitation lorsque par erreur, Kirsty déclenche par erreur le Cube et ouvre ainsi un chemin vers notre univers aux cénobites. Lesquels (créés de main de maître par un imposant département de maquilleurs) affirment alors vouloir récupérer Frank pour le ramener dans leur monde à défaut de quoi, c'est la jeune femme qu'ils emporteront avec eux. Des premières effusions de sang qui s'affichent à l'image lorsque Frank subit les tortures physiques à coups de chaînes et d'hameçons dans l'univers extra-dimensionnel, en passant par les meurtres très graphiques des hommes tués par Julia à coups de marteau, et jusqu'aux quelques apparitions macabres parfois dignes du cinéma gore de l'italien Lucio Fulci (le cadavre vomissant des centaines de vers), Hellraiser dispense au spectateur son lot d'atrocités, de visions morbides et de représentations démoniaques. Le film de Clive Barker est depuis devenu un classique dont le réalisateur et scénariste passera le relais dès l'année suivante à Tony Randel (lequel signera l'une des rares tentatives réussies de résurgences de la franchise Amityville avec Amityville 1993 : Votre heure a sonné en 1992) qui réalisera alors Hellraiser II : les écorchés tout en en confiant l'écriture au scénariste Tony Randel...

 

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