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mardi 28 février 2023

Possessor [Uncut] de Brandon Cronenberg (2020) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Avec son second long-métrage Possessor, le réalisateur Brandon Cronenberg poursuit son chemin sur les traces de son père David Cronenberg. Après une très courte série de courts-métrages, il réalise Antiviral qui sort en 2012 mais ne fait pas l'unanimité au sein de la critique même s'il s'avère déjà très prometteur. Il faudra attendre huit ans pour que sorte enfin sur grand écran son second long-métrage. Une œuvre dans la lignée de la précédente et mettant en scène une organisation secrète chargée de perpétrer des meurtres par personnes interposées. S'ouvrant sur une séquence particulièrement gratinée, celle-ci suit les pas d'une femme connectée au système neurologique de Tasya Vos (l'actrice britannique Andrea Riseborough) dont le visage est recouvert par un appareil permettant d'associer le cerveau de deux individus. S'ensuit alors une scène particulièrement gore lors de laquelle la première est sous ''l'emprise'' de la seconde et commet un meurtre au couteau. Mais alors que l'assassinat doit être logiquement suivi du suicide de la jeune femme, celle-ci est abattue par des agents de sécurité. Ce qui permet ensuite à Tasya de se déconnecter et de reprendre le cours normal de sa propre existence. Une mise en bouche qui permet d'emblée de comprendre les enjeux d'un récit qui va toutefois s'avérer relativement complexe...


En effet, si le concept se montre éventuellement abordable par le commun des mortels, les dialogues de Possessor seront en général construits autour d'un charabia scientifique parfois très flou. Alors que le récit semble presque exclusivement tourner autour de Tasya, la prochaine ''mission'' de l'organisation visant le riche PDG d'une grande entreprise (l'acteur Sean Bean dans le rôle de John Parse) met en scène l'acteur Christopher Abbott dans le rôle de Colin Tate, lequel est fiancé à Ava (Tuppence Middleton) qui n'est autre que la fille de l'homme à abattre. Brandon Cronenberg décortique alors toutes les phases menant de l'emprise cérébrale du ''cobaye'' jusqu'à l'exécution du meurtre. Mais l'implication de Colin ne va pas se dérouler comme prévu. Aussi froid que pouvait l'être Antiviral à l'époque, Possessor est une œuvre qui ne se digère que très lentement. La présence de personnages secondaires apparemment dénués de tout intérêt (le fils de Tasya ainsi que son ancien compagnon) précède une conclusion qui loin de satisfaire les spectateurs qui accordent énormément d'intérêt aux liens familiaux démontrera ce que d'autres auront compris dès le départ. Car si Brandon Cronenberg filme une cité aux mornes architectures, c'est pour mieux démontrer que l'environnement dans lequel l'on vit a forcément des répercussions sur la manière d'envisager son existence. Ajoutant à celui un dédain vis à vis de ces personnages secondaires, le réalisateur et scénariste canadien positionne le spectateur sur un même plan émotionnel que son ''héroïne''...


Détachée et indifférente à la mort d'autrui, Tasya ne se montrera pas davantage prise d'effroi lorsqu'elle-même sera visée par Colin. Échouant dans sa mission et demeurant toujours en vie, Colin se lance alors sur les trace de Tasya qui ne peut se déconnecter ni sortir de la machine sans risquer sa vie afin de quitter l'emprise qu'a la jeune femme sur son système neurologique. Possessor évoque le thème du dédoublement de personnalité lors de séquences particulièrement troublantes renvoyant notamment au court-métrage Please Speak Continuously and Describe Your Experiences as They Come to You que Brandon Cronenberg réalisa l'année précédente et dont on pouvait espérer une adaptation sur grand écran. C'est chose faite et autant dire que le film brille non seulement par son scénario et ses effets gore (rares mais terriblement efficaces) mais aussi et surtout par ses divers environnements. En effet, le spectacle offert par le décorateur Rupert Lazarus demande une acuité permanente de la part du spectateur qui se ravira des architectures ne s'éloignant quant à elles pas vraiment des premiers travaux de Papa Cronenberg (on pense notamment à Stereo qu'il réalisa en 1969 ou à Crimes Of The Future qu'il tourna l'année suivante). Et que dire également de l'incroyable travail de photographie de Karim Hussain, entre monochromes et visuels automnaux. Une fois de plus, l’œuvre nous replonge à l'époque des premiers longs-métrages de David Cronenberg et de rage en particulier. À tel point que Possessor aurait pu lui-même être tourné au milieu des années soixante-dix. Si l'ombre écrasante de David Cronenberg plane encore au dessus de la tête de son réalisateur de fils, ce dernier parvient cependant à se démarquer au fil de ses projets personnels... Saisissant...

 

samedi 8 février 2020

The Grudge de Nicolas Pesce (2020) - ★★★★★☆☆☆☆☆



Comme la majeure partie des plus célèbres sagas de films d'horreur japonais de ces vingt dernières années, celle qui englobe les films Ju-On (The Grudge) détient la deuxième place en matière de nombre d'épisodes. Alors que sa principale rivale Ringu de Hideo Nakata comporte cinq longs-métrages dont un remake et sa suite respectivement réalisés par Gore Verbinski et le cinéaste japonais lui-même, une préquelle signée de Norio Tsuruta, ainsi que plusieurs alternatives inspirées par son univers (Rasen de Jôji Iida, The Ring Virus de Kim Dong-bin, Sadako 3D 1&2 de Tsutomu Hanabusa), Takashi Shimizu fut entre autres à l'initiative de six épisodes de la saga Ju-On (Ju-On 1&2, Ju-on: The Grudge 1&2, The Grudge 1&2), The Grudge 3 ayant été ensuite réalisé en 2009 par le cinéaste britannique Toby Wilkins. Alors qu'une nouvelle étape fut franchie en 2017 avec une énième itération de la saga de Hideo Nakata à travers Le Cercle : Rings du réalisateur espagnol F. Javier Gutiérrez, voilà qu'à débarqué sur grand écran en janvier dernier le tout dernier opus de la saga Ju-on.

Cette fois-ci, c'est au tour du réalisateur américain Nicolas Pesce de s'être collé à la tâche de relancer une franchise en bout de course. Auteur des étonnants The Eyes of my Mother en 2016 et de Piercing deux ans plus tard, il tente avec The Grudge d'apporter une vision différente d'un récit dans le but de se démarquer des épisodes précédents tout en conservant le fond de l'affaire. Désormais, le film se penche sur le cas de Fiona Landers (Tara Westwood), une jeune infirmière américaine qui après avoir fuit la ville de Tokyo à la suite de manifestations fantomatiques va retrouver les siens aux États-Unis. Une petite fille et un époux qu'elle finira par assassiner avant de se suicider. Deux ans plus tard, le Détective Muldoon (Andrea Riseborough) et son collègue l'inspecteur Goodman (Demián Bichir) sont dépêchés sur un site où est retrouvée une voiture renfermant le cadavre d'une vieille femme qui s'avère avoir été au contact un an plus tôt avec un couple formé par Faith et William Matheson (Lin Shaye et Frankie Faison), lesquels achetèrent la demeure des Landers...

Ce nouvel épisode de la saga The Grudge apparaît comme un anachronisme dans le monde merveilleux du cinéma d'horreur qui semblait pourtant avoir tourné la page en matière de fantômes inspirés par la prestigieuse J-Horror qui mit au monde l'un des longs-métrages les plus terrifiants de l'histoire du cinéma fantastique mondial (Honogurai Mizu no Soko Kara (Dark Water) de Hideo Nakata en 2002). Pressant une franchise usée jusqu'à la corde pour en soutirer les dernières gouttes de sang, Nicolas Pesce s'en sort pourtant nettement mieux que son rival espagnol et signe un film-puzzle qui passe d'une intrigue à l'autre (entre les années 2004, 2005 et 2006) afin de développer un récit qui s’intéresse de nouveau au célèbre fantômes au visage barré d'un voile capillaire ! Loin d'atteindre les qualités intrinsèques de l'original sorti en 2000, ce tardif reboot qui peut s'estimer autant être un remake qu'une séquelle se regardera finalement comme un petit film fantastico-policier n'évitant cependant pas quelques débordements ''cra-cra'' qui satisferont peut-être les fanatiques de films d'horreur mais certainement pas les amateurs de frissons car c'est bien là que le bas blesse. Autant l'intrigue n'est-elle pas tout à fait inintéressante, autant il sera difficile d'éprouver le moindre sentiment d'effroi. Le genre de soucis rencontré lorsqu'une œuvre sort avec dix ou vingt ans de retard...

samedi 27 juin 2015

Birdman de Alejandro Gonzales Inarritu (2015)



Le nouveau film d'Alejandro Gonzales Inarritu, le bonhomme qui signa quinze années plus tôt un excellent premier film, Amours Chiennes, avant d’enchaîner les succès, revient donc avec un ambitieux projet. Birdman est l'adaptation au cinéma (au théâtre?) d'une nouvelle écrite par Raymond Carver en 1981, Parlez-Moi d'Amour. Pour interpréter le rôle-titre, le cinéaste mexicain fait appel à une ancienne gloire du cinéma américain que l'on a surtout suivi dans les années quatre-vingt, quatre-vingt dix, Michael Keaton. Il y a dans ce choix, n'en doutons pas, une certaine ironie, et même pourquoi pas un amour immodéré pour cette vedette qui a perdu ce visage lisse que certains pouvaient parfois trouver agaçant. Aujourd'hui l'acteur a pris de la bouteille et son regard possède désormais une dimension émotionnelle assez stupéfiante qui dénote avec l'interprète d'autrefois. Le Batman vieillissant de 1989 et 1992 a laissé la place à un Birdman dont les fans attendent toujours le quatrième volet de ses aventures. Un nouveau héros mis à nu, aussi fripé que ceux de son âge et caractérisé par un ego parfois tellement gonflé qu'il lui arrive de s'entendre parler à travers la voix du héros qu'il a jusqu'à maintenant campé par trois fois.

Et pour se sentir exister, quoi de mieux que de monter une pièce de Broadway afin de revenir tout en haut de la scène, là où justement de jeunes loups aux dents longues ou au contraire totalement immatures et sûrs d'eux à force de critiques élogieuses vont jouer des coudes pour s'imposer et rendre le retour de ce héros du passé caduque. Face à Michael Keaton, un Edward Norton très « dans l'air du temps ». De cet air frais que d'aucun osera décrire de malodorant, surtout si l'on n'adhère pas à ce point de vue qui fait honneur aux réseaux sociaux plus qu'à l'image glamour de ces vieilles stars du cinéma (et sans doute de la chanson) dont la valeur n'a d'intérêt aux yeux du plus grand nombre que s'ils sont raccordés à Facebook ou Twitter pour ne citer qu'eux. Alejandro Gonzales Inarritu en profite donc pour dresser un constat cinglant et particulièrement réaliste sur le réel statut que l'on veut bien accorder à telle ou telle célébrité.

Birdman offre d'ailleurs à ce propos de très belles ruptures de ton, entre humour, drame, et parfois même fantastique. Michael Keaton n'a peut-être jamais été aussi touchant, surtout dans la langue qui est la sienne, ce regard parfois perdu, tendre, sévère, insoumis mais jamais véritablement abattu. Le film est une plongée dans l'univers implacable du théâtre, celui-là même que l'on n'imaginait pas être aussi féroce que celui du septième art. C'est aussi la reconstruction d'un homme qui doit faire face aux affres de la drogue qui touchent la plus importante créature à ses yeux : sa fille.

Alejandro Gonzales Inarritu nous jette à la gueule une œuvre sensible qui, au delà de sa caméra portée à l'épaule, le brouillard épais qui recouvre certaines situations et l'ultra-réalisme de certaines autres, parvient à atteindre un but auquel on peut avoir du mal à croire les premières minutes. Non, Birdman n'est pas une œuvre « auteurisante » qui se caresse les zones érogènes pendant que les spectateurs s'endorment dans leur fauteuil. Il ne fait même pas partie de cette frange du cinéma dite intellectuelle qui ne s'adresse qu'à un public « d'avertis ». Le cinéaste s'offre le luxe de filmer son œuvre de la manière la plus classique possible, sans jamais nous tromper autrement qu'à travers un faux plan-séquence de presque deux heures que l'on imagine évidemment impossible à réaliser quel que soit le talent du cinéaste.
S'il n'y avait d'ailleurs qu'une seule chose à reprocher au film, ce serait peut-être d'ailleurs cette volonté qu'a eu Alejandro Gonzales Inarritu de faire de Birdman un plan-séquence durant la totalité du film. Car derrière cette petite supercherie se cache un piège dans lequel tomberont inévitablement les forcenés de l'image qui voudront trouver toutes les failles visuelles et dresser ainsi le portrait précis du montage de Douglas Crise et Stephen Mirrione. A part cela, chapeau l'artiste...


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