Si le documenteur est un
concept fort intéressant, il faut d'abord qu'il puisse parvenir à
piéger le spectateur. À titre d'exemple, l'on pourrait notamment
évoquer l'excellent et drôlatique Incident at Loch Ness
de Zach Penn dans lequel le réalisateur et scénariste allemand
Werner Herzog et son équipe de tournage étaient supposés réaliser
un documentaire sur le monstre du Loch Ness. En voyage en Écosse, le
cinéaste allait être confronté à toute une série d'événements
relativement stupéfiants. Le projet allait pourtant malheureusement
montrer toutes les failles d'un tel concept en accumulant des faits
qui termineraient de convaincre que l'expérience était montée de
toute pièce ! S'agissant de I Love Peru
de Hugo David et Raphaël Quenard qui deux ans auparavant réalisèrent
ensemble le court-métrage L'acteur,
le principe est presque identique à la seule différence où la
frontière entre le Raphaël Quenard que le cinéma et les médias
nous ont présenté et celui que les deux hommes mettent en scène
reste floue. Personnage haut en couleur dont a notamment su exploiter
le caractère si particulier Quentin Dupieux en 2023 avec Yannick,
Raphaël Quenard apparaît tel qu'on l'imagine dans la vie avec ce
soupçon de grandiloquence nécessaire à tout individu qui désire
(ou pas) briller devant la caméra. Tourné à l'aide d'un
appareil-photos, I Love Peru
a semble-t-il rencontré un certain succès avec, probablement pour
Raphaël Quenard, la conséquence d'agrandir le fossé qui sépare
ceux qui apprécient son jeu et ceux qui n'ont aucune accointance
avec son caractère très particulier. Le documenteur a même des
chances de faire naître de nouvelles vocations. Comme celle de
passer de l'indifférence au rejet total. Car il faut dire qu'en
surjouant hypothétiquement de son image, si l'on tient comme fait
accompli qu'il n'est pas aussi radical dans sa vie personnelle,
Raphaël Quenard peut ici profondément agacer...
C'est
pourquoi l'on devra tout de même prendre des pincettes et ne pas
prendre comme un fait accompli les remarques positives à l'encontre
de ce moyen-métrage finalement pas très inspiré et surtout bien
moins divertissant qu'on pouvait le supposer à l'origine. Désabusant
pour qui sait ce que peut valoir la différence entre une œuvre
réellement inspirée et un film qui prétend sortir des sentiers
battus en jouant la carte de la provocation, je m'étais mis en tête
de jouer sur le dit concept pour invoquer au cœur de cet article la
notion ''d'anti-critique''
ou de ''Non-article''.
Pour ''paraphraser'' le titre du premier long-métrage de Quentin
Dupieux Nonfilm
en racontant non pas mon expérience vécu lors de la projection de I
Love Peru
mais celle de ma propre existence de voyageur du rail, je m'étais
dit qu'elle n'en serait pas moins passionnante... Bref, l'expérience
s'est avérée ''compliquée'', pour ne pas dire ennuyeuse. Mais
alors, qu'en reste-t-il réellement ? Sans doute cette volonté
d'abîmer l'image d'un acteur sans cesse sollicité (pas moins de
neuf longs-métrages en 2023 et une dizaine d'apparition l'année
suivante) et qui, chose réellement amusante ici, se joue d'une
supposée réputation de pédophile qu'il semble avoir lui-même créé
sans que rien ni personne ne lui demande quoi que ce soit. Jouant
ainsi la carte du malaise lorsqu'il se retrouve au téléphone avec
une communicante de l'ambassade française au Pérou ! Au final,
I Love Peru
fut une déception sans doute aussi importante qu'il fut un régal
pour les amateurs de fausses incongruités cinématographiques...



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