Orang Ikan
avait tout pour plaire aux fans de fantastique, de science-fiction et
d'épouvante. Trois films en un. Un triple hommage au cinéma de
genre. Le premier d'entre eux, celui qui en tout cas saute aux yeux
dès la lecture visuelle de l'affiche est celui auquel semble se
référer la créature qui de dos ne laisse aucun doute quant à sa
relation avec un vieux mythe du cinéma fantastique américain datant
du milieu du vingtième siècle. Une ''bestiole'' qui évoque
Creature from the Black Lagoon
que réalisa le cinéaste américain Jack Arnold en 1954. L'une comme
l'autre semblent partager les mêmes gènes. Ou du moins leur
apparence et les modes d'existence soutiennent la comparaison. Deux
hommes-poissons hostiles et apparemment très attachés à la
préservation de leur territoire. Le second hommage intervient quant
à lui autour des deux principaux protagonistes du récit. Tandis que
nous sommes en 1942 en plein conflit mondial, enchaînés l'un à
l'autre et échoués sur une île après que le navire où ils
étaient retenus prisonniers ait été bombardé par des avions
ennemis, Saito (Dean Fujioka) et Bronson (Callum Woodhouse) vont être
contraints de collaborer. Il y a cependant un hic ! Le premier
étant japonais et le second britannique, la communication entre ces
deux hommes qui s'avèrent tout d'abord hostiles l'un envers l'autre
va être compliquée. C'est ainsi que l'on songe au film de
science-fiction Enemy Mine que
réalisa le réalisateur, scénariste et producteur germano-américain
Wolfgang Petersen en 1985 et dans lequel un terrien et le
représentant d'une espèce extraterrestre reptilienne connue sous le
nom de Drac se retrouvaient à la surface d'une planète hostile et
étaient contraints de collaborer afin d'y survivre... Là encore,
Orang Ikan
ne semble pas faire le moindre cas de cette troublante similitude qui
existe entre le classique de science-fiction et son œuvre qui, en
outre et pour en rajouter une couche encore plus probante, pompe
joyeusement l'excellent Predator
que signa John McTiernan en 1987. La relation entre les deux films
est on ne peut plus flagrante et nier ce fait serait mentir, ou pire,
prendre le public pour un imbécile, et pour un inculte ne
connaissant pas ses classiques sur le bout des doigts ! Mais au
fond, de ces trois excellents modèles dont s'est emparé le
singapourien Mike Wiluan, qu'en reste-t-il réellement ? Et
bien, pas grand chose à vrai dire. Et c'est d'autant plus dommage
qu'à grands renforts d'explosions et d'effets visuels plutôt
remarquables, le premier acte promettait une aventure ambitieuse sur
une île aussi belle que dangereuse.
Mais
au fil du récit l'on se rend compte qu'entre les prétentions du
cinéaste et ses capacités réelles à mettre en scène son propre
script et à le faire tenir debout jusqu'à sa conclusion, il existe
un fossé infranchissable. Basé sur un mythe qui remonte aux années
quarante du siècle dernier, le long-métrage se penche sur le
folklore des Îles Moluques situées à l'Est de l'Indonésie basé
sur l'observation de créatures cryptides qui auraient été aperçue
à plusieurs reprises en 1943 par des soldats basés sur une île de
l'archipel de Kei affirma. Définies comme étant d'apparence
humanoïde et bien que le responsable de la patrouille de l'île, le
sergent Taro Horiba, confirma leur existence, aucune preuve
photographique ne vint étayer la réalité de ces créatures
aquatiques capables de se déplacer sur la terre ferme. Cependant,
les habitants de l'île continuèrent à croire en leur existence et
les nommèrent Orang Ikan... Le film de Mike Wiluan, bien qu'étant
donc un hommage plus ou moins officiel des trois longs-métrages
cités plus haut, est en fait plutôt un bon gros nanar pourtant non
dénué de qualités artistiques. Filmé dans des décors
paradisiaques et donc splendides, le film est en revanche ''abîmé''
par une avalanche d'invraisemblances et de défauts directement liés
à l'attitude de la créature. Laquelle a beau se prendre notamment
une balle en pleine tête (laquelle entre par l'arrière du crâne
avant de ressortir par l'orbite droite) ou la lame d'un sabre en
plein dans le dos, ce qui ne l'empêche pas de se relever à chaque
fois... Résistant à des assauts dont la logique voudrait qu'elle y
perde la vie, notre Orang Ikan s'avère donc exceptionnellement
endurant ! Absurde ! Si les effets-spéciaux numériques du
début et les quelques effets gore sont plutôt réussis, on n'en
dira pas autant de la créature dont on devine d'emblée qu'un acteur
se cache sous son costume ! Dévoilant une gueule béante et
affreusement dentée, l'Orang Ikan prête plus à sourire qu'à faire
frémir. C'est bien simple : pour en revenir à Predator,
l'on a parfois l'impression qu'elle a été conçue par la même
équipe qui se chargea du costume dans lequel se fondit Jean-Claude
Van Damme qui, rappelons-le, devait à l'origine interpréter le
fameux alien du chef-d’œuvre de John McTiernan... Bref, entre les
incohérences, l'attitude des deux personnages et notamment de Saito
qui met des plombes à aider son compagnon alors que celui-ci est
attaqué par la créature, le ridicule costume de cette dernière et
un script qui n'offre rien de véritablement original, Orang
Ikan
s'avère malheureusement assez médiocre...


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