Avant de consacrer une
partie de sa future carrière à la comédie (romantique ou non) et
au drame, le cinéaste italien Pupi Avati a posé certains jalons du
cinéma horrifique transalpin en signant l'une des œuvres les plus
cultes du genre avec La Casa dalle Finestre che Ridono
fort justement traduit chez nous sous le titre La maison aux
fenêtres qui rient.
J'en profite d'ailleurs pour évoquer une petite anecdote qui date
maintenant de plus de trente ans. Ayant mes habitudes dans la
minuscule boutique Movies
2000
située si mes souvenirs sont bons au 49 Rue Catherine de la
Rochefoucauld dans le neuvième arrondissement de Paris, je fis une
acquisition inattendue. Spécialisée dans le cinéma et véritable
mine où l'on pouvait dénicher des livres, des magazines et autres
cassettes vidéos au format VHS,
la boutique finira malheureusement par voir ses portes définitivement
se refermer en 2008. C'est là-bas que votre serviteur mis un jour la
main sur La porte de l'enfer.
Une cassette qui trône d'ailleurs toujours dans ma modeste
vidéothèque et qui derrière ce titre cachait en réalité le
fameux long-métrage du réalisateur italien... Imaginez quelle put
être ma surprise en découvrant qu'en lieu et place d'un
long-métrage dont je n'avais jamais entendu parler se trouvait en
réalité le chef-d’œuvre de Pupi Avati... Passons maintenant au
film dont il est question dans cet article. Mettre la main sur l'un
des nombreux que mit en scène le calabrais n'étant pas forcément
chose aisée, mieux vaut se préparer psychologiquement à atteindre
l'orgasme cinéphilique à la simple idée de découvrir l'une de ses
œuvres parmi les moins connues. Un euphémisme si l'on tient compte
du fait que parmi sa soixantaine de réalisations, peu sont demeurées
véritablement célèbres. Car en dehors de La
maison aux fenêtres qui rient
en 1976 ou de Zeder
en 1983, seuls les vrais fans seront véritablement capables d'en
citer un ou deux de plus sans jeter au préalable un regard sur
Wikipedia
ou le généralement très complet, IMDB !
Sur
un ton sardonique, voici comment je vois parfois les choses :
''Ouais, je
sais... la chance qui est la mienne... d'avoir autour de moi... des
personnes dont la passion principale est l'archéologie
cinéphilique...''. Ce
qui, à vrai dire, me permet de me ''taper l'incruste'' sans y avoir
été forcément convié d'ailleurs, lors de projections
privilégiées... D'où cet article consacré à Tutti
Defunti... Tranne i Morti
que Pupi Avati réalisa en 1977. Soit un an après le morbide et
dérangeant La maison aux fenêtres qui rient.
Et si les deux longs-métrages n'entretiennent pas vraiment de
relations, on sent chez leur auteur, cette même envie de laisser au
spectateur une sourde impression de malaise. Ici, ça n'est pas tant
l'intrigue que certains interprètes qui auraient pu marquer les
esprits. Mais après avoir pu apprécier un an auparavant La
maison aux fenêtres qui rient
(dont le titre à lui seul est absolument remarquable), rien ne
pouvait davantage traumatiser les esprits que ces mentalités viciées
qui s'inscrivirent au cœur de son récit... Terminé ce que d'aucun
jugèrent comme un exemple de Giallo
malgré tout très particulier. Pupi Avati passe désormais à autre
chose avec Tutti Defunti... Tranne i Morti.
Quoique. À bien y regarder, ce qui s'apparente au Whodunit
Made in Italy peut tout aussi bien s'inscrire dans cette mouvance
notamment sublimée par le maître incontesté du genre, Dario
Argento ! Deux courants rejoints bien évidemment par le Slasher
dont les codes ne diffèrent que dans de très petites proportions.
Ici, dix membres d'une même famille sont regroupés dans la luxueuse
demeure du patriarche qui vient tout juste de décéder. S'ajoute à
leur présence, celle de Dante (l'acteur Carlo Delle Piane), petit
employé d'un éditeur chargé de vendre deux exemplaires d'un
ouvrage consacré à certaines légendes entourant cette famille
originaire d'Émilie-Romagne. Malheureusement, lors de son séjour,
celui-ci ainsi que les membres de la famille parmi lesquels l'on
notera la présence de la superbe Francesca Marciano dans le rôle
d'Iliana vont être les témoins d'une série de meurtres dont ils
seront eux-mêmes les victimes...
Arrive
alors Martini (Gianni Cavina), détective qui débarque comme un
cheveu dans la soupe et qui s'autoproclame ''chargé de l'enquête'' !
Tutti Defunti... Tranne i Morti,
c'est d'abord et avant toute autre chose, une galerie de portraits
comme les affectionne Pupi Avati. Bien que la présence des très
séduisantes Francesca Marciano et de la française Greta Vaillant
(dans le rôle de Hilde) soit particulièrement appréciable, le
réalisateur insiste sur les ''difformités'' de plus ou moins grande
importance. Ainsi, dans le rôle de Donald, un pervers obsédé par
la masturbation suivant un traitement à base de chocs électriques,
l'on retrouve l'acteur Pietro Bona, dont l’œil droit est absent.
Bien qu'étant d'un physique normal, Giulio Pizzirani s'était
pourtant montré plutôt incommodant lorsqu'il avait incarné le rôle
d'Antonio Mazza dans La maison aux fenêtres qui
rient.
L'on retrouve ainsi son regard si particulier. Enfin, atteint de
nanisme, Bob Tonelli interprète de son côté le rôle d'Ariano,
l'un des frères de la fratrie. Pupi Avati s'amuse d'ailleurs de la
petitesse du personnage pour le faire railler à plusieurs reprises
par l'entremise de ses personnages. Bien que Tutti
Defunti... Tranne i Morti
appartienne effectivement à la catégorie du Whodunit,
son auteur le fait par la voie du second degré. Et même, de la
parodie la plus décomplexée. En cela, on peut regretter le choix de
Pupi Avati tant son film abuse de l'humour le plus bouffon et pas
forcément le plus drôle. Sans jamais relâcher la pression
d'ailleurs, là où justement l'on aurait sans doute aimé qu'il
fasse preuve d'un peu plus de sérieux selon les conditions dans
lesquelles se retrouvent les personnages. Il n'en demeure pas moins
que Tutti Defunti... Tranne i Morti
bénéficie d'une très belle photographie qui renvoie directement à
l'époque du tournage et de magnifiques décors dus aux séquences
dirigées à Casalecchio di Reno, Émilie-Romagne ainsi qu'à
Bologne. Notons enfin que le titre, d'une stupidité sans nom,
délivre instantanément le nom du coupable. Une réflexion de
quelques secondes permettra en effet aux plus réceptifs de
comprendre le sens de cette phrase. Ajoutant à cela la preuve
confirmant le fait que le concept final adopté dans le premier volet
de la franchise Saw
près d'un demi-siècle plus tard ne fut pas vraiment novateur...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire